Bachar el-Assad s’est très bien rendu compte de cette situation, il a très bien vu que la situation était un peu désespérée, si vous voulez, et je pense que c’est la raison pour laquelle il a commencé à négocier avec les « rebelles » pour qu’il n’y ait pas de combats. Il a constaté que la guerre de 2011 à 2017, à peu près, avait coûté de très nombreuses vies de citoyens syriens, qu’elle avait amené des destructions qui n’ont pas pu être réparées depuis, et par conséquent l’idée de Bachar el-Assad était probablement de dire « on ne va pas refaire une guerre, […] on épargne des vies et on change de régime ».
Il n’a pas été lâché par les Russes. Bachar el-Assad n’a pas voulu avoir une nouvelle guerre syrienne qui aurait fait d’énormes victimes. Et de nouveau, il faut sortir de la logique occidentale de garder le pouvoir, etc. C’était pas quelqu’un qui était attaché au pouvoir ; c’est quelqu’un qui était attaché, je pense, à ce que son peuple vive bien. Comme je l’ai dit, la soi-disant révolution que nous avons eu dans les années précédentes, était le fait des Occidentaux, et d’Israël (dans les Occidentaux, je mets Israël, parce qu’Israël n’est pas un pays du Moyen-Orient, c’est un pays en fait occidental). La logique humaine, pas la logique politique ni peut-être la logique stratégique, a fait dire à Bachar el-Assad « ça sert à rien de faire souffrir davantage le peuple ». C’est pour ça qu’il n’a pas demandé même l’aide des Iraniens ou l’aide des Irakiens. Les Russes, c’est un peu différent. Les Russes, dans un premier temps, ont voulu aider Bachar el-Assad, mais apparemment, et c’est d’ailleurs ce que dit le communiqué du ministrère des Affaires étrangères russe, les Russes n’ont pas été impliqués dans la négociation menée par le gouvernement syrien et les rebelles ou la Turquie – il n’y a pas de clarté à ce stade entre qui et qui a eu lieu cette négociation. Les Russes, dans un premier temps, ont voulu réagir parce qu’ils pensaient que l’armée syrienne réagirait, mais ça n’a pas été le cas, et les Russes ont appliqué une logique assez simple, d’ailleurs ; c’est la même logique qu’on a eu en Arménie, lorsque les Arméniens ont cédé le Nagorny Karabakh à l’Azerbaïdjan. Les Russes ont dit « si vous-mêmes vous ne voulez pas défendre cette terre, c’est pas nous qui allons la défendre à votre place ».