Kanye Unchained
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R
Sommaire
- Origines et parcours de Kanye West
- Le tournant conservateur : Kanye pro-Trump
- White Lives Matter
- Les Blancs, les Afro-Américains et les juifs
- Vers une alliance des conservateurs noirs et blancs ?
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Le rappeur et producteur afro-américain Kanye West est entré en révolte depuis quelques années. Une période durant laquelle la star mondiale, qui a baigné dans le strass et les paillettes et qui s’est mariée à Kim Kardashian – une représentante de la superficialité et de la vulgarité – s’est attaqué au monde du show business, à ses anciens partenaires, et a désigné comme ennemis ceux qui contrôlent l’industrie de la musique. Comme l’avait fait Michael Jackson, quelques années avant de mourir.
Ce qui nous intéressera ici n’est pas la personne de Kanye West, mais les évolutions de fond que connaissent les États-Unis, la guerre civile froide qui la divise, et dont les positions de l’artiste afro-américain sont autant de symptômes. Les déclarations de Kanye West – quels que soient son ton et son agitation – traduisent des lames de fond sociologiques et idéologiques qu’il s’agit d’analyser.
Origines et parcours de Kanye West
Kanye West a grandi à Chicago dans une famille de la classe moyenne. Son père, Ray West, est un ancien membre des Black Panthers qui a fait des études d’anthropologie et de sociologie, et qui devint le premier afro-américain à travailler au The Atlanta Journal-Constitution [1] (de gauche). Sa mère, Donda William (d’origine angolaise), est aussi une intellectuelle. Elle est professeur d’anglais à l’université. Lorsqu’il a 10 ans, Kanye West s’installe avec sa mère en Chine où elle devient professeure à l’université de Nanjing. Le futur producteur et rappeur apprend alors à parler chinois.
Bon élève au lycée, très tôt porté vers l’art, Kanye West compose ses premières musiques au 7e grade (équivalent de la cinquième en France) qu’il vend à d’autres artistes. À la fin des années 1990, il intègre le label de Jay-Z, Roc-A-Fella Records, et compose des musiques pour de nombreux rappeurs et chanteurs, dont Jay-Z. Kanye West connaît une ascension avec ses deux premiers albums, The College Dropout (2004) et l’excellent Late Registration (2005). En 2004, il créé son propre label, GOOD Music, et il signe des artistes importants comme John Legend, Kid Cudi ou Common.
Kanye West se lance aussi dans la mode et collabore avec GAP, LVMH et Adidas.
En 2016, épuisé, Kanye West annule une tournée trois heures avant le début. Il aurait fait une crise psychotique et a séjourné au UCLA Medical Center de Los Angeles du 21 novembre au 30 novembre 2016. Hôpital où est décédé Michael Jackson.
Le tournant conservateur : Kanye pro-Trump
Kanye West apporte son soutien à Donald Trump durant la campagne présidentielle de 2016.
Invité sur Fox News, Donald Trump a affirmé que « quand Kanye a révélé (sa position) il y a quelques mois, quelque chose s’est passé, j’ai monté de 25 % dans les sondages. Du jamais-vu. Il est très suivi au sein de la communauté noire. Très, très suivi. J’ai beaucoup de soutien chez les Afro-Américains et ça s’est pas mal développé récemment avec Kanye » [2].
De son côté, Kanye West s’est dit admiratif du président Trump et du secteur industriel. Le président Trump le reçoit à la Maison-Blanche en 2018, puis déclare ailleurs : « Je l’aime beaucoup, c’est un ami à moi, je le connais depuis longtemps. »
- Donald Trump et Kanye West à la Maison-Blanche, le 11 octobre 2018
En 2020, Kanye West annonce sa candidature à la présidentielle en admettant que détourner de Joe Biden des voix de l’électorat noir en faveur de Trump ne le dérange pas [3].
« Dire que le vote noir est démocrate est une forme de racisme et de suprématie blanche », affirme Kanye West.
Il se déclare opposé à l’avortement et appelle le vaccin contre le Covid-19 « la marque de la Bête » [4], évoquant les effets secondaires graves.
Kanye West se rapproche aussi de Candace Owens, une afro-américaine, conservatrice et pro-Trump qui œuvre au « Blexit », le détachement des noirs américains du Parti démocrate. Candace Owens fait un travail métapolitique, de guerre culturelle. En 2017, elle lance un site internet et une chaîne YouTube de promotion du conservatisme auprès de la communauté afro-américaine.
Elle est l’auteur d’un livre titré BLACK OUT : How Black America Can Make Its Second Escape from the Democrat Plantation (« Comment l’Amérique noire peut faire sa deuxième évasion de la plantation démocrate »), paru en 2020.
Si le parti démocrate est une plantation, les électeurs noirs seraient alors des esclaves consentants, si l’on suit ce raisonnement.
Les candidats démocrates, Hillary Clinton et Joe Biden – sans parler d’Obama – se sont effectivement exprimé comme des maîtres de plantation. Ils assuraient qu’il n’y aurait pas de salut pour les afro-américains en dehors du Parti démocrate.
En 2016, les minorités ont voté massivement contre leurs intérêts, pour Hillary Clinton, même si cette dernière a fait un score inférieur à celui de Barack Obama en 2012. 89 % de l’électorat afro-américain et 66 % des latinos ont voté pour Hillary. 8 % des électeurs afro-américains et 28 % des latinos ont voté pour Trump [5].
Quoi que l’on dise ou pense de Trump, les Noirs et les Latinos ont fait partie des bénéficiaires de sa politique économique. En un an de mandat, Trump a réduit le nombre de demandeurs d’allocations chômage américains au plus bas depuis les années 1970. Et la baisse du chômage afro-américain et latino, ainsi que celui des femmes, a atteint le niveau le plus bas depuis l’année 2000.
Ces résultats économiques lui ont valu une progression dans l’électorat des minorités en 2020. En 2016, sur 10 électeurs trumpistes, 2 étaient des Latinos, et en 2020 ils étaient 3 sur 10. Au total, Trump a progressé de 3 % dans le vote des minorités : Hommes blancs : moins 5 ; femmes blanches : plus 2 ; hommes noirs : plus 4 ; femmes noires : plus 4 ; hommes latinos : plus 3 ; femmes latinos : plus 3 ; pour les autres minorités : plus 5. [6]
Musa al Gharbi, sociologue à l’université Columbia de New York, avait prédit que Donald Trump ferait encore mieux en 2020 qu’en 2016 avec ce vote des minorités. « En 2016, Trump avait déjà gagné 3 % chez les Noirs et 2 % chez les Hispaniques, ce qui lui avait permis de remporter le Wisconsin, l’Ohio, la Floride et la Pennsylvanie. » Il en a encore gagné presque autant en 2020. Et le sociologue de poser la question : « Si la perception raciste de Trump éloigne une partie des Blancs, pourquoi est-ce l’inverse chez ceux qui semblent être la cible de son racisme ? » [7]
La réalité est que Trump ne tenait pas de discours contre les Noirs, il visait spécifiquement les clandestins venus du Mexique et l’immigration en général. Or, ce discours anti-immigration recevait un très bon accueil chez les Noirs et les Latinos. Jonathan Smucker, sociologue à l’université de Berkeley (Californie), a réagi à la publication du sondage sur l’électorat de Trump issu des minorités : « La démographie n’est pas un destin. Ceux qui pensent que les basculements démographiques à long terme vont automatiquement donner une super majorité aux démocrates n’ont pas évalué correctement le dynamisme et la faculté d’adaptation extraordinaire du capitalisme racial. » [8]
Malgré cela, Joe Biden a tout de même fait un meilleur score que Trump auprès des minorités. Une victoire du candidat sénile qui interroge ; d’autant plus que des bulletins magiques sont apparus pour faire basculer l’élection du côté de Biden à la dernière minute.
White Lives Matter
Kanye West a défié le politiquement correct sur plusieurs terrains. Il s’est attaqué récemment au mouvement sorosien Black Lives Matter.
Lors de la Fashion Week de Paris (du 26 septembre au 4 octobre 2022), où il a présenté sa nouvelle collection Yeezy, Kanye West est apparu, en compagnie de Candace Owens, portant tous deux un tee-shirt floqué du slogan « White Lives Matter ».
Lors d’une interview accordée à Mouloud Achour en France, Kanye West a expliqué la signification du slogan « White Lives Matter » :
« À un certain moment, j’ai vu des Blancs porter des t-shirts qui disaient "Black Lives Matter". Ils me rendaient un tel service en portant un t-shirt qui me rappelait que ma vie comptait, comme si je ne le savais pas déjà. Alors je me suis dit que j’allais leur rendre la pareille. Comme ça, les Blancs savent que leur vie est importante également. C’est comme quand vous regardez le documentaire Jeen-Yuhs et que la troisième partie du documentaire dit : "On aime tous Kanye, mais parfois, il faut lui couper la caméra. Il ne faut pas tout écouter. On sait que c’est un génie, mais n’hésitez pas à lui couper le micro lorsqu’il n’est pas d’accord avec ce qu’on vous dit." »
Et à la question « pourquoi dis-tu que Black Lives Matter est une arnaque ? », Kanye répond :
« Parce que ça a été prouvé. Il y a des personnes qui ont réussi à tirer des bénéfices de cette initiative. Les preuves existent. Pour aider les populations noires, on aura besoin de plus que des tee-shirts, plus qu’une maison à 6 millions de dollars.
Il nous faut ce qui nous a été promis. Comme on n’a jamais reçu nos 40 acres et une mule, on nous a mis dans une position où l’on a l’impression que nous devons avorter nos enfants. À New York, il y a plus d’enfants noirs qui sont avortés qu’il y a de naissances, aujourd’hui.
C’est similaire à ce qui s’est passé chez Gap. Ils ont promis des magasins, Adidas aussi, mais ils n’ont pas tenu leurs promesses. » [9]
Kanye West fait référence au détournement de millions de dollars par des dirigeants de Black Lives Matter. L’un des dirigeants de Black Lives Matter, Shalomyah Bowers a détourné 10 millions de dollars de dons fait à BLM.
La cofondatrice de Black Lives Matters, Patrisse Cullors, a acheté entre 2016 et 2021 quatre maisons pour une valeur de près de 3 millions de dollars [10]. Elle a acheté également une maison à Los Angeles, dans le quartier chic de Malibu, à 6 millions de dollars, en utilisant les fonds de la fondation Black Lives Matter Global Network, qu’elle dirige à titre bénévole [11].
Les Blancs, les Afro-Américains et les juifs
En 2013, année de sortie de son sixième album, Kanye West fait sa première déclaration politiquement incorrecte : « Les Noirs n’ont pas les mêmes rapports que les Juifs. Les Noirs n’ont pas les mêmes rapports que les gens du pétrole. »
L’organisation communautaire juive Anti-Defamation League l’accuse alors d’antisémitisme, et Louis Farrakhan prend sa défense.
Plus récemment, Kanye West a posté sur Twitter un message virulent, suite à la censure qu’il a subit sur Instagram : « Ce soir, je suis un peu fatigué, mais une fois réveillé, les Juifs vont subir la "Death Con 3" . Ce qui est amusant, c’est que je ne peux pas être taxé d’antisémitisme car les Noirs sont, en réalité, également juifs.
Vous vous êtes joués de moi et vous avez essayé de faire du chantage à tous ceux qui se sont opposés à votre agenda. » [12]
Il s’en était également pris à Mark Zuckerberg, propriétaire d’Instagram : « Regarde ça, Mark », a écrit Kanye West, partageant une photo d’eux côte à côte. « Comment tu m’as viré d’Instagram ! Toi qui étais mon poto. »
Ce que « reproche » Kanye West à une partie des élites économiques juive est d’être « propriétaires des voix noires (artistes noirs), que ce soit lorsque nous portons des pulls Ralph Lauren, ou lorsque nous sommes utilisés pour signer avec un label musical, ou lorsque l’on a un manager juif, ou lorsque nous signons avec une équipe de basketball juive, ou lorsque nous sommes sur une plateforme juive comme Disney » [13].
Kanye West n’est d’ailleurs pas le seul à évoquer le sujet. George Lucas, le créateur de Star Wars, a déclaré, après avoir vendu les studios Lucas à Walt Disney, « j’ai vendu mes enfants à des marchands d’esclaves » [14]. La raison en est qu’il a été écarté par Disney, alors qu’ils lui avaient promis de rester fidèle à son œuvre. « Ils n’avaient de toute façon pas très envie que je sois impliqué dans les nouveaux films, poursuit-il. Si j’y étais allé, je n’aurais causé que des problèmes, parce qu’ils ne faisaient pas ce que je voulais qu’ils fassent. J’aurais tout foutu en l’air », a expliqué George Lucas [15].
L’opération Black Lives Matter s’inscrit dans une stratégie politique que j’ai appelée « la violence par tiers interposé » [16].
Avant de rentrer dans le vif du sujet, schématisons cette relation à trois. Le mouvement BLM a été créé et piloté par une partie de l’oligarchie financière pour augmenter la tension entre les Afro-Américains et les Blancs, et tout particulièrement les Blancs de droite. C’est une opération politique, qui visait notamment à maintenir les Noirs américains dans le giron du Parti démocrate. En outre, par le déclenchement d’une guerre civile raciale entre Noirs et Blancs, l’oligarchie américaine veut conjurer la véritable guerre civile froide qui a démarrée, à savoir celle qui oppose le monde de la finance et le monde de l’industrie, des travailleurs et des entrepreneurs, qu’ils soient noirs ou blancs.
Reprenons la chronologie des faits. En juillet 2016, cinq policiers blancs ont été tués à Dallas par un franc-tireur noir américain, vétéran de la guerre en Afghanistan. C’était là un acte de vengeance pour les bavures policières dont ont été victimes ses frères noirs.
Cet événement a été l’occasion pour Black Lives Matter de se faire connaître du grand public, de surfer sur la vague et d’attiser la colère des Noirs américains en accentuant les tensions raciales aux États-Unis.
Black Lives Matter a été fondé en 2013. Dans la même période sortent des films comme Django Unchained et Twelve Years a Slave dont le contenu vise clairement à attiser la haine des Noirs envers les Blancs. Ces deux films ont été produit par des juifs américains et un israélien. Django Unchained a été produit par The Weinstein Company, créé par Bob et Harvey Weinstein, alias le porc d’Hollywood. Et Twelve Years a Slave a été produit par Arnon Milchan, ancien espion israélien, marchand d’armes et ami de Benyamin Netanyahou.
Cette stratégie de la tension entre Noirs et Blancs aux États-Unis est mise en œuvre à la fois par des pro-israéliens d’extrême droite et des juifs libéraux globalistes comme George Soros.
Dans un article du 17 juillet 2016, Pierre Hillard retrace la genèse des deux principales organisations qui « soutiennent » (comme la corde soutien le pendu) les minorités, Black Lives Matter et Democracy Alliance ; celle-ci a été « fondé en 2005 par Rob Stein, dont les activités multiples se sont manifestées en particulier en tant que chef de cabinet du bureau de l’administration Clinton/Gore de 1992 à 1993, cet institut promeut les idées progressistes dans les domaines politiques et éthiques en soutenant de nombreuses associations, dont Black Lives Matter (BLM, « Les vies noires comptent »), créée en 2013. Parmi les nombreux donateurs, on relève le nom de George Soros (ainsi que celui de son fils, Jonathan), milliardaire à l’origine de la création de l’Open Society Foundations promouvant les idées les plus libérales (politique, mœurs, droits des minorités, etc.) dans le cadre d’un monde sans frontières » [17].
Le Washington Times rapporte, dans un article du 14 janvier 2015, que George Soros a versé 33 millions de dollars à plusieurs groupes activistes noirs après le meurtre d’un membre de leur communauté par un policier blanc à Ferguson [18] :
« M. Soros a stimulé le mouvement de protestation à Ferguson en finançant et en mobilisant des groupes à travers les États-Unis pendant des années, selon des entretiens avec des acteurs clés et des dossiers financiers examinés par le Washington Times. En tout, M. Soros a donné au moins 33 millions de dollars en un an pour soutenir des groupes déjà établis qui ont enhardi la base, les militants de terrain à Ferguson, selon les dernières déclarations d’impôts de sa fondation à but non lucratif Open Society. Le lien financier entre M. Soros et les groupes d’activistes a donné naissance à un mouvement de protestation enflammé qui a transformé un événement criminel d’un jour dans le Missouri en une cause nationale célèbre 24 heures sur 24. »
Kenneth Zimmerman, directeur du programme US de la fondation de Soros, Open Society, affirme lors d’une interview accordée au Washington Times, que l’Open Society Foundations a fait des dons à ce type de groupes depuis sa création au début des années 90, et que, bien que les groupes impliqués dans les manifestations aient reçu des subventions de M. Soros, ils n’étaient en aucun cas dirigés pour protester à la demande de l’Open Society.
Monsieur Zimmerman compte sur la crédulité des lecteurs. On sait que la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit, et par conséquent, celui qui paye ordonne et dirige. Comme le rapporte le Washington Times, que l’on ne peut taxer de complotiste et d’antisémite :
« Les organisations parrainées par Soros ont aidé à mobiliser les protestations à Ferguson, en créant des coalitions de base sur le terrain, soutenues par une campagne nationale en ligne et dans les médias sociaux.
D’autres groupes financés par Soros se sont donnés pour mission de surveiller à distance et d’exploiter tout ce qui se rapportait à l’incident et qu’ils pouvaient présenter comme un faux pas conservateur, et de développer des recherches universitaires et des éditoriaux à diffuser aux médias pour maintenir l’histoire en vie. »
#BlackLivesMatter – un hashtag qui a été développé après le meurtre de Trayvon Martin en Floride – a été créé par les féministes [19] Kassandra Frederique et Opal Tometi.
Kassandra Frederique est responsable politique à la Drug Policy Alliance [20], qui a été fondée par George Soros et qui reçoit 4 millions de dollars par an de sa fondation.
Opal Tometi, qui a contribué à la promotion de Black Lives Matter sur les flux d’informations de la Drug Policy Alliance, dirige la Black Alliance for Just Immigration, un groupe auquel M. Soros a donné 100 000 dollars en 2011, selon la déclaration d’impôts de sa fondation.
Avec le soutien d’organisations nationales de défense des droits civils et le financement de Soros, explique le Washington Times, Black Lives Matter est passé d’un hashtag à un phénomène de médias sociaux, avec une marche et une tournée en bus de #BlackLivesMatter en septembre 2014.
« Plus de 500 d’entre nous ont voyagé depuis Boston, Chicago, Columbus, Detroit, Houston, Los Angeles, Nashville, Portland, Tucson, Washington, D.C., Winston-Salem, Caroline du Nord et d’autres villes pour soutenir les habitants de Ferguson et aider à transformer un moment local en un mouvement national », a écrit Akiba Solomon, journaliste à Colorlines, pour décrire l’événement.
Soros a donné 5,4 millions de dollars à Ferguson et Staten Island en 2014 pour aider à « faire avancer la réforme de la police, la responsabilité et la transparence publique », a déclaré l’Open SocietyFoundations dans un article de blog en décembre 2014. Environ la moitié de ces fonds ont été affectés à Ferguson, l’argent allant principalement à des groupes défendant les droits civiques : Organization for Black Struggle et Missourians Organizing for Reform, a déclaré la fondation.
L’une des organisations que M. Soros finance et qui a alimenté les manifestations à Ferguson est la Fondation Gamaliel (du nom du célèbre rabbin et maître du Talmud, Gamaliel l’Ancien [21], Ier siècle), un réseau d’organisations de terrain, interreligieuses et interraciales. Barack Obama a commencé sa carrière en tant qu’organisateur communautaire dans une filiale de Gamaliel à Chicago.
Par ailleurs, rapporte Pierre Hillard, « cet engagement se poursuit avec l’action d’un autre fils de George Soros, Alex. Ce dernier est le généreux donateur d’une association promouvant la justice sociale, les droits pour la cause LGBT ou encore la lutte contre les discriminations raciales : Bend the Arc PAC (PAC : Political Action Committee), comme le souligne la Jewish Telegraphic Agency (21 avril 2015). On peut relever aussi dans la liste des donateurs le nom de Paul Egerman. Or, celui-ci est aussi le trésorier de Democracy Alliance. Cette dernière, en liaison avec Black Lives Matter, a donné naissance à Campaign Zero, dont la figure de proue, Deray McKesson, poursuit l’objectif de concrétiser les ambitions de BLM ».
Dans le contexte de la confrontation entre Trump et l’État profond américain, Black Lives Matter a été utilisé par l’oligarchie judéo-américaine démocrate pour déstabiliser Donald Trump, en mettant les États-Unis à feu et à sang. Ce que les réseaux d’extrême gauche, Cohn-Bendit en tête, ont fait au général de Gaulle en 1968 avec l’aide de services secrets étrangers [22].
D’ailleurs, en janvier 2020, Soros prévenait Donald Trump : « Son problème est que les élections sont encore dans 10 mois et dans une situation révolutionnaire, c’est toute une vie. » [23]
Vers une alliance des conservateurs noirs et blancs ?
Le célèbre humoriste afro-américain Dave Chappelle a fait un sketch en novembre dernier qui a fait grand bruit et qui donne la température exacte de l’ambiance politico-idéologique dans l’Amérique d’aujourd’hui. Durant son stand-up, il a évoqué longuement Kanye West et Donald Trump pour illustrer la situation.
« Je vois aux infos maintenant que c’est la fin de l’ère Trump. OK, je peux comprendre qu’à New York vous y croyiez. Mais je vais être honnête avec vous, je vis dans l’Ohio au milieu des Blancs pauvres. Beaucoup d’entre vous ne comprennent pas pourquoi Trump est aussi populaire, mais je le comprends car je l’entends tous les jours. La raison pour laquelle il est aimé, c’est que les gens de l’Ohio n’ont jamais vu quelqu’un comme lui. C’est ce que j’appelle un menteur honnête.
Ce premier débat, je n’ai jamais rien vu de tel : un homme blanc milliardaire, criant "TOUT CE SYSTÈME EST CORROMPU !" Et de l’autre côté de la scène, il y avait cette femme blanche, Hillary Clinton et Barack Obama assis et le regardant, "‘non, c’est faux".
J’ai dit "attends une minute frère ! C’est ce qu’il vient de dire !"
Et le modérateur a dit "bien, Monsieur Trump, si le système est effectivement corrompu, comme vous le dîtes, quel sera votre preuve ?"
Tu te souviens de ce qu’il a répondu frère ? Il a dit "je sais que ce système est corrompu, car je l’utilise."
J’ai dit "nom de Dieu !"
Personne n’a jamais vu quelqu’un venant de l’intérieur de cette maison, sortant et disant aux roturiers "nous faisons tout ce que vous pensez que nous faisons à l’intérieur de cette maison". » [24]
Et l’humoriste a consacré une longue partie de son discours humoristique à la polémique opposant Kanye West et les Juifs.
« Je fais probablement ce métier depuis 35 ans maintenant, et au début de ma carrière j’ai appris qu’il y a deux mots que vous ne devez jamais prononcer ensemble. Et ces mots sont "les" et "Juifs". Je n’ai jamais vu quelqu’un bien se porter après avoir dit cela…
Il y a une règle. La règle des perceptions. S’ils sont noirs, c’est un gang. Si ce sont des Italiens, c’est la mafia. S’ils sont juifs, c’est une coïncidence et vous ne devez jamais en parler…
J’ai été à Hollywood, et il y a énormément de juifs, genre, beaucoup de juifs ! Mais ça ne veut rien dire.
Je peux comprendre que si vous avez quelques problèmes, vous quittez Hollywood et vous pouvez commencer à connecter quelques fils et vous pouvez avoir l’illusion que les Juifs dirigent le show business. Ce n’est pas être fou que de le penser, mais c’est être fou que de le dire ! » [25]
Pourtant, personne n’a jamais condamné le grand sociologue Max Weber quand il écrivait dans son fameux ouvrage L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme :
« On dénombre par exemple pour l’année 1895 en Bade un capital assujetti à l’impôt sur le revenu de 954 060 marks pour 1 000 protestants ; de 589 000 marks pour 1 000 catholiques. Les juifs, avec plus de 4 millions de marks pour 1 000, arrivent il est vrai largement en tête. » [26]
C’est un fait économique que l’on n’aurait plus le droit de mettre en évidence ? En tout cas, c’est au fond ce qui est reproché à Kanye.
Dans la tempête, Kanye West est attaqué par tous les libéraux (gauchistes) médiatique, de P. Daddy à Jimmy Kimmel en passant par des mannequins débiles et le fils de Will Smith. Mais Candace Owens et Donald Trump ont refusé de lâcher Kanye West, même quand ce dernier faisait l’éloge d’Adolf Hitler dont il apprécie le sens de l’esthétique. Kanye a d’ailleurs dîné avec Donald Trump dans sa résidence de Miami en novembre dernier.
Et, le 7 décembre 2022, le Rolling Stone Magazine publiait un article titré « Trump’s Jewish Allies Are "Begging" Him to Condemn Kanye. He’s Refusing » [27] (Les alliés juifs de Trump le "supplient" de condamner Kanye. Il refuse).
« D’éminents leaders juifs et des droits de l’homme font circuler une lettre demandant à l’ancien président de prendre ses distances avec West et Nick Fuentes. Un conseiller de Trump répond : "Je l’ai vue, et je m’en fiche".
Les activistes et dirigeants juifs républicains, ainsi que les éternels donateurs du GOP (NDA : Grand Old Party, surnom du Parti républicain), mènent une campagne de pression en coulisses pour forcer Donald Trump à dénoncer et à désavouer le rappeur Kanye West, ami et soutien politique de Trump par intermittence.
Cela ne marche pas.
Selon trois sources au fait de la situation, cet effort sur plusieurs fronts – et jusqu’à présent infructueux – pour amener Trump à dénoncer West fait suite au dîner "nazi" de l’ex-président à Mar-a-Lago le mois dernier avec Kanye West, qui débite des propos antisémites et hitlériens, et le chef de la jeunesse fasciste Nick Fuentes.
Des partisans juifs de haut niveau de Trump et des donateurs conservateurs pro-israéliens ont réclamé avec colère une audience avec l’ex-président. »
Les deux convives de Trump – qualifiés de nazis par des gens qui défendent le régime d’apartheid israélien – sont Kanye West, un Noir, et Nick Fuentes, un nationaliste américain d’origine hispanique (comme son nom l’indique) et italienne.
Peut-être l’ancien président des États-Unis a-t-il souvenance de la façon dont « ses alliés juifs » l’ont remercié pour la ferveur pro-israélienne qu’il a affiché durant tout son mandat.
Mais plus profondément que cela, cette alliance inédite entre des conservateurs blancs, et des représentants de la communauté afro-américaine, est un des résultats de la stratégie visant à les pousser à s’étriper. Cette stratégie à ceci de dangereux qu’elle peut avoir comme effet pervers de pousser dans les bras l’un de l’autre vos deux ennemis qui finissent par vous identifier comme leur ennemi commun.