Vers la fin, Finky dit à Juvin qu’on ne peut reconnaître à l’autre "le droit d’être sauvage", car cela signifierait le "laisser dans la barbarie".
Dommage que Juvin, qui aime citer l’exemple des Américains exterminant les Amérindiens, ne connaisse pas un peu mieux, pour répliquer, l’histoire de l’Amérique du Nord, et d’un continent méconnu : la Nouvelle France, qui distinguait officiellement les Français et assimilés des "Sauvages", sans connotation péjorative.
Contrairement aux colonies anglaises universalistes qui traitaient l’indigène comme un gibier méprisable dont on prenait les terres, la Nouvelle France lui laissait le droit d’être différent, et de vivre selon ses coutumes et ses lois.
Cela incluait, certes, la tolérance à l’égard du cannibalisme et autres cruautés habituelles en ces contrées, mais permettait un partenariat dans le respect, dont le meilleur résultat fut le ralliement de 80% des Nations "sauvages" aux Français, contre les Anglais.
Respecter les lois et usages de nos alliés hurons, abénaquis, outaouais, ojibwés, mascoutens, illinois, etc, cela signifiait :
que, sous les murs de Québec, lors de la venue annuelle des délégations amérindiennes, on laissât les délégués dévorer des prisonniers anglais que l’on eût préféré sauver.
que, dans la Vallée du Saint Laurent, pour un crime de sang à l’égard d’un Amérindien, on pouvait exécuter un soldat français, mais que pour le même crime à l’égard d’un fermier français, on demandait au guerrier amérindien coupable, d’offrir des cadeaux et de demander pardon à la famille de la victime, ou à l’autorité française la plus proche, selon les usages indigènes qui ne punissaient pas de mort l’assassinat.
que, au bord du Mississipi, pour une aventure amoureuse hors mariage d’une Amérindienne avec un Français, on laissât les hommes de sa tribu l’enlever à l’intérieur du fort français et la violer collectivement, alors qu’une Française qui aurait couché avec un Illinois n’aurait jamais subi pareil châtiment.
C’était la force de la Monarchie française, que de respecter les spécificités, différences, et privilèges de chaque communauté dans chaque Province.
Cette manière de traiter les gens avait été appliquée en Amérique du Nord, pour le plus grand bien de la cohabitation des Européens et des Amérindiens dans le respect mutuel.
Evidemment, l’individu subissant certaines cruautés d’un côté ou de l’autre n’y trouvait pas son compte, mais les deux collectivités si.
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