Dans une annonce surprise avant l’aube mardi à Bangkok, l’armée thaïlandaise a décrété la loi martiale, intensifiant du même coup la crise politique qui règne dans la turbulente nation asiatique.
L’armée a cependant nié qu’un coup d’État était en cours.
La décision survient après six mois de manifestations antigouvernementales visant à forcer la démission du gouvernement, et au lendemain du refus de la part du premier ministre par intérim de quitter ses fonctions.
Dans une déclaration, l’armée a précisé qu’elle avait posé ce geste pour « maintenir la paix et l’ordre » et que des soldats s’étaient introduits dans plusieurs stations de télévision privées de la capitale.
Un représentant de l’armée, qui a requis l’anonymat en raison de la délicatesse de la situation, a déclaré à l’Associated Press qu’il « ne s’agissait absolument pas d’un coup d’État ». « Ça n’a pour but que d’offrir de la sécurité à la population, et les gens peuvent mener leur vie normalement. »
Une bande défilante du canal 5, une station de télévision de l’armée, a également nié que l’armée avait pris le contrôle du gouvernement et demandait à la population de ne pas paniquer.
L’armée de la Thaïlande a réalisé 11 coups d’État depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
La déclaration des autorités militaires a été signée par le général Prayuth Chan-Ocyha, chef de l’armée thaïlandaise. Elle citait une loi datant de 1914 qui lui accorde le pouvoir d’intervenir en temps de crise, et précisait que la mesure avait été adoptée parce que les imposants rassemblements entre rivaux politiques « pourraient avoir des répercussions sur la sécurité du pays et sur la sécurité de la vie et des propriétés des citoyens ».
Lundi, le premier ministre par intérim a répété que son gouvernement ne démissionnerait pas, résistant aux pressions d’un groupe de sénateurs qui cherchent des moyens de régler la crise politique, et à celles de manifestants antigouvernement qui exigent un premier ministre nommé.
Le bras de fer qui prévaut en Thaïlande, deuxième plus importante économie de l’Asie du Sud-Est, s’est intensifié depuis que l’ancienne première ministre Yingluck Shinawatra a procédé à la dissolution de la chambre basse, en décembre, et depuis qu’elle et neuf ministres ont été expulsés par un jugement de la cour, plus tôt en mai, pour abus de pouvoir.
Un groupe d’environ 70 sénateurs, la plupart étant perçus comme des partisans des manifestants antigouvernement, ont soumis une proposition demandant que le gouvernement obtienne les pleins pouvoirs pour mener des réformes politiques.
Le premier ministre par intérim Niwattumrong Boonsongpaisan et le ministre de la Justice Chaikasem Nitisiri ont rencontré deux représentants du Sénat à un endroit non révélé lundi, afin d’éviter de possibles perturbations de la part de manifestants.