Le discours sur les conséquences catastrophiques que pourrait avoir une sortie de l’euro pour l’économie française, et celle des autres pays de la zone euro est commun dans une bonne partie du spectre politique français.
On est en présence d’un discours de peur tenu par ceux-là même qui accusent le Front national de jouer sur des peurs. Voilà qui ne manque pas de sel quand certains de ces hommes politiques ne font que reprendre la vieille antienne du gouvernement de Vichy ! Cela montre à quel point la question de l’euro est devenue une question religieuse dans la politique française. Rester dans l’euro nous conduirait au paradis et en sortir nous entraînerait en enfer ! Mais, ce discours ne repose pas sur des bases solides. On sait qu’une dissolution de l’euro poserait deux problèmes immédiats, celui des dettes et celui des flux financiers entre les diverses économies. Ces deux problèmes sont, en réalité, bien moins compliqués que ce que certains hommes politiques, de Nicolas Sarkozy à François Hollande veulent nous faire croire. De plus, est avéré que l’euro a failli, et dans des proportions importantes, tant à engendrer la croissance qu’à protéger les économies des pays membres contres les fluctuations financières internationales. De cela, on a eu la preuve avec la crise de 2007-2009. On se propose donc de revenir sur ces différents points pour distinguer le vrai du faux.
La question des dettes
Pour ce qui est des dettes, on sait aussi que la dette souveraine de nombreux pays, dont la France à 97%, est émise dans le droit de ce pays. Or, la règle, établie par la cour d’arbitrage internationale depuis la fin des années 1920, est que tout titre émis dans le droit du pays « x » doit être payé dans la monnaie du pays « x », quel que soit le nom de cette monnaie. C’est ce que l’on appelle la lex monetae. Cela veut dire que si la France décide de quitter l’euro et de revenir au Franc, 97% de notre dette publique sera immédiatement et sans contestation possible, re-dénomminée en Franc. De ce point de vue, le seul pays qui serait obligé de faire défaut sur sa dette souveraine serait la Grèce car plus des deux-tiers de sa dette est émis en droit étranger.
Parler soit d’une multiplication importante pour la dette française comme le font Nicolas Sarkozy et les dirigeants de l’ex-UMP, ou au contraire parler d’un possible défaut, comme le fait Jean-Luc Mélenchon, n’a aucun sens. Pour les uns, cela relève du mensonge pur et simple. Les dirigeants de l’ex-UMP ne peuvent pas ignorer la composition et la nature de la dette souveraine de la France, et donc ignorer qu’une sortie de l’euro serait ici indolore. Pour ce qui est de Jean-Luc Mélenchon, l’erreur provient de son incompréhension du mécanisme des dettes publiques.