Le peuple contre la banque
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
- Le projet économico-eschatologique du judaïsme
- BlackRock et la réforme des retraites
- Les Français ont identifié l’ennemi
*
Un nombre grandissant de Français commence à le comprendre, le monde de la finance – qui a bien des noms et des visages – est en guerre contre eux. La réforme des retraites est une nouvelle attaque à laquelle le peuple réagit ; une réforme à laquelle s’opposent 80 % des Français. La désignation de cet ennemi mortel qui a placé ses pions à la tête de l’Europe et de la France est la première étape, nécessaire, pour mener un combat politique efficace. L’ennemi est désormais nommé, non seulement par des manifestants, mais aussi par des personnes et personnalités qui ont accès aux médias.
Le très consensuel Gaël Giraud, jésuite, économiste et directeur de recherche au CNRS, a été foudroyé [1] récemment par le pouvoir qu’il a dénoncé lors d’un entretien avec Thinkerview le 23 octobre 2022. Pour avoir pointé du doigt le rôle néfaste de Rothschild et de son agent à l’Élysée, il a été qualifié d’« antisémite » et de « conspirationniste » par François Heilbronn (j’ai été attaqué de la même façon par ce professeur à Sciences Po peu imaginatif [2]) sur le site de BHL, La Règle du jeu [3]. Quant aux jésuites de la province d’Europe occidentale francophone (EOF) qui étaient censés prendre la défense d’un des leurs, ils ont publié un communiqué pour condamner des « propos outranciers » aux « références antisémites ».
Ayant reçu une formation théologique, le jésuite Gaël Giraud a perçu la dimension religieuse et eschatologique de la finance occidentale judéo-protestante [4].
« L’arrivée d’Emmanuel Macron à Rothschild, explique Gaël Giraud, a été un enjeu décisif pour lui, au sens où il a été pris, si je comprends bien, sous la coupe de David de Rothschild, l’ancien PDG de cette grande banque et qui en 1981 a perdu sa banque à cause de la nationalisation de Rothschild. Donc David de Rothschild est un homme tout à fait honorable mais qui a aussi une revanche à prendre sur les nationalisations de 81, et qui, lui, a un grand projet, on pourrait dire eschatologique, qui vise la fin des temps, qui est la privatisation absolue du monde et la médiocrisation, si je puis dire, de l’État, de manière à ce que les traumatismes comme celui de 1981 ne soient plus possibles.
Et Emmanuel Macron est d’une certaine façon le porte-flingue de David de Rothschild. Il est un petit peu comme les enfants soldats au Congo, c’est-à-dire des enfants qui sont capables de tout. Les enfants soldats au Congo, la première chose qu’on leur demande c’est d’aller tuer leurs parents, pour être sûr qu’ils ont brûlé tous leurs vaisseaux et donc qu’ils sont prêts à tout. La personne d’Emmanuel Macron, sur laquelle on est focalisée, n’est pas très intéressante. C’est un garçon qui exécute un programme qui lui est dicté par d’autres, notamment David de Rothschild, et ce programme c’est la privatisation du monde et la destruction de l’État social. C’est ce que j’observe. Regardez ce qui se passe avec EDF. » [5]
Rappelons encore ici que Macron lui-même s’est targué de servir David de Rothschild :
« David (de Rothschild) est au courant de mon engagement, je suis son hedge, sa couverture. Quand la gauche sera au pouvoir, je serai sa protection. » [6]
Jacques Attali, ami de David de Rothschild, qui se plaint d’être victime de théories du complot, s’est vanté d’être le créateur de Macron :
« Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. À partir du moment où je l’ai mis rapporteur, où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective. » [7]
Gaël Giraud n’est pas sans savoir que David de Rothschild est juif – il a d’ailleurs son siège réservé au premier rang de la synagogue de la Victoire [8] – et que, par conséquent, si un projet eschatologique il a, c’est un projet eschatologique juif.
Le projet économico-eschatologique du judaïsme
Le projet économico-eschatologique de certains juifs n’est pas le produit de leur cerveau. Il est inscrit dans les textes fondamentaux de leur religion, le judaïsme. Quand Giraud parle de privatisation comme projet eschatologique : il entend par là la spoliation des peuples par la haute finance qui utilise l’arme du prêt à intérêt jusqu’à la dépossession complète de toute la société, de l’individu à l’État. Ce programme méthodique est explicité dans la Bible hébraïque.
« N’exige point d’intérêts de ton frère, ni intérêts pour argent, ni intérêts pour denrées ou pour tout autre chose susceptible d’accroissement. À l’étranger tu peux prêter à intérêt, tu ne le dois pas à l’égard de ton frère, si tu veux que Yahvé, ton Dieu, bénisse tes divers travaux dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession. » (Deutéronome 23, 20-21)
« L’étranger, tu peux le contraindre (à rembourser) ; mais ce que ton frère aura à toi, que ta main l’abandonne. À la vérité, il ne doit pas y avoir d’indigent chez toi... » (Deutéronome 15, 3-4)
Voilà pour le prêt aux personnes. La Torah préconise également le prêt à intérêt aux nations pour les soumettre autrement que par les armes.
« Yahvé ouvrira pour toi son bienfaisant trésor, le ciel, pour dispenser à ton sol des pluies opportunes et faire prospérer tout le labeur de ta main ; et tu pourras prêter à de nombreuses nations, mais tu n’emprunteras point.
Yahvé te fera tenir le premier rang, et non point le dernier, tu seras constamment au sommet, sans jamais déchoir, pourvu que tu obéisses aux lois de Yahvé, ton Dieu... » (Deutéronome 28, 12-13)
Ces prêts octroyés aux nations ont pour finalité eschatologique la domination sur les peuples.
« Mais c’est quand tu obéiras à la voix de Yahvé, ton Dieu, en observant avec soin cette loi que je t’impose en ce jour. Car alors Yahvé, ton Dieu, te bénira comme il te l’a promis ; et tu pourras prêter à bien des peuples, mais tu n’emprunteras point ; et tu domineras sur bien des peuples, mais on ne dominera pas sur toi. » (Deutéronome 15, 5-6)
« Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de Yahvé rayonne sur toi (Israël). Oui, tandis que les ténèbres couvrent la terre et une sombre brume les nations, sur toi Yahvé rayonne, sur toi sa gloire apparaît. Et les peuples marcheront à ta lumière, les rois à l’éclat de ton aurore. Lève tes yeux à l’entour et regarde ! Les voilà qui s’assemblent tous et viennent à toi : tes fils arrivent de loin, avec tes filles qu’on porte sur les bras.
À cette vue, tu seras radieuse, ton cœur battra d’émotion et se dilatera, car les richesses de l’océan se dirigeront vers toi, et l’opulence des peuples te sera ramenée...
Et les fils de l’étranger bâtiront tes murailles, et leurs rois te serviront... Car le peuple, la dynastie qui refusera de te servir, périra ; ce peuple-là sera voué à la ruine...
Et tu suceras le lait des peuples et tu boiras à la mamelle des souverains. » (Ésaïe 60, 1-17)
« Des gens du dehors seront là pour paître vos troupeaux ; des fils d’étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons. Et vous, vous serez appelés prêtres de Yahvé, on vous nommera ministres de notre Dieu. Vous jouirez de la richesse des nations et vous tirerez gloire de leur splendeur. » (Ésaïe 61, 5-6)
Les passages que nous venons de citer sont tirés du Deutéronome (cinquième et dernier livre de la Torah) et de la fin du livre d’Ésaïe, qui n’a pas été écrit par le prophète lui-même mais par un rédacteur ou un groupe de rédacteurs qui ont également rédigé le Deutéronome durant l’époque perse [9].
Jacques Attali considère que l’histoire se divise en cinq périodes, chaque période correspondant à un livre de la Torah. Dans l’introduction de son livre Les Juifs, le Monde et l’Argent (Fayard, 2002), il affirme que nous vivons, depuis 1945, dans l’ère du Deutéronome.
Fidèle à cet esprit et à ce projet économico-eschatologique, Jacques Attali exige, il intime aux peuples de rembourser la dette contractée par les États auprès des banques privées :
« Quand des démocraties s’endettent, eh bien il faut en payer le prix. C’est-à-dire qu’il faut rembourser ! Il faut rembourser ! La dette elle est là, on l’a faite de façon démocratique ; il faut la rembourser .[...] C’est une erreur originelle que les peuples portent, parce que démocratiquement ils ont élu ou réélu les gens qui ont augmenté cette dette. » [10]
Et pour rembourser cette dette, Attali, le fondateur et premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), préconisait au lendemain de la crise financière de 2008, de « mener, en urgence, des politiques de restriction budgétaire et d’augmenter les impôts [...] Si nous ne faisons rien, sous l’effet de la diminution des recettes fiscales, des plans de relance, de l’absence de la croissance et des nouvelles pertes probables des banques et institutions financières, la dette continuera d’augmenter. Il est alors très vraisemblable que nous serons tous ruinés dans dix ans. » [11]
Lloyd C. Blankfein, qui a été président de la banque Goldman Sachs de 2006 à 2018, a déclaré être « un banquier faisant le travail de Dieu » [12] au moment de la tempête financière post-subprime qui entraîna le monde entier dans la récession. Des propos explicites confirmant l’origine torahique du projet d’appauvrissement des peuples et de domination par le prêt à intérêt. La domination économique, dans un monde où le capital ne connaît pas d’obstacle national, est également politique. Preuve en est, Goldman Sachs a placé ses hommes à la tête de l’Europe.
L’ancien président de la Commission européenne (de 2004 à 2014), le Portugais José Manuel Barroso, a été, après son mandat, embauché par la banque Goldman Sachs en tant que président non exécutif du conseil d’administration.
L’ancien directeur de la Banque centrale européenne (de 2011 à 2019) et ancien gouverneur de la Banque d’Italie (de 2006 à 2011) Mario Draghi, a été précédemment vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs (de 2002 à 2005).
Mario Monti, ancien commissaire européen au Marché intérieur (de 1995 à 2000) et commissaire européen à la Concurrence (de 2004 à 2005), est devenu en 2005 consultant pour Goldman Sachs. En 2011, il est nommé président du Conseil des ministres en Italie.
Romano Prodi, président de la Commission européenne entre 1999 et 2004, avait été recruté pour conseiller Goldman Sachs entre 1990 et 1993, puis après 1997, sur les questions internationales.
Rishi Sunak, l’actuel Premier ministre britannique, a été banquier chez Goldman Sachs et associé dans les fonds spéculatifs britanniques TCI et Theleme Partners [13].
« Ex-membre du directoire de la Bundesbank et chef économiste de la BCE, l’Allemand Otmar Issing a aussi été conseiller de Goldman Sachs. En 2010, il avait été pris la main dans le sac : il avait publié une virulente tribune dans le Financial Times contre tout plan de sauvetage de la Grèce, en dissimulant ce ménage grassement rémunéré, alors que la banque américaine spéculait sur les marchés en vue d’une faillite du pays…
En Grèce, Goldman Sachs a pu compter également sur d’autres employés : l’économiste Lucas Papademos qui, après avoir participé au maquillage des comptes publics sous sa houlette à la fin des années 1990 en tant que gouverneur de la Banque centrale hellénique, a été Premier ministre en 2011-2012 ; et son ex-trader Petros Christodoulou qui, en 2010, devient patron de l’agence de l’organisme de la gestion de la dette publique grecque. » [14]
BlackRock et la réforme des retraites
BlackRock est le plus gros fond d’investissement au monde qui gère 10 000 milliards de dollars. Les dirigeants fondateurs sont deux juifs américains, Larry Fink et Rob Kapito. Ce dernier est présenté par le journal israélien Haaretz comme étant un membre important de la Fédération des philanthropes juifs de New York (United Jewish Appeal – Federation of Jewish Philanthropies of New York), une importante organisation internationale communautaire juive et pro-israélienne [15].
En novembre 2017, Larry Fink est venu en France (dans les salons de l’Élysée, privatisés pour l’occasion), avec d’autres hauts cadres de BlackRock, auditionner plusieurs ministres qui avaient alors pour mission de leur expliquer combien la politique économique menée par le gouvernement français depuis 2017 est favorable aux intérêts de BlackRock, afin de les encourager à « choisir la France » pour leurs futurs investissements.
En juin de la même année, BlackRock a publié un document de seize pages intitulé « Loi Pacte : Le bon plan Retraite ». Dans cette note, BlackRock fait quatorze recommandations au gouvernement français, l’invitant notamment à envisager d’imposer l’épargne-retraite dans les entreprises, au-delà des régimes de base et complémentaires :
« Il faudra envisager un horizon à partir duquel les employeurs pourraient être contraints de proposer un dispositif d’épargne retraite à leurs salariés. De même, au niveau des professions indépendantes, l’adhésion à un plan d’épargne-retraite pourrait faire partie des obligations une fois que certaines conditions de revenus seraient atteintes. »
L’objectif de BlackRock est de mettre la main sur l’épargne retraite des Français par sa capitalisation. Le fond d’investissement a également suggéré au gouvernement français d’ouvrir les produits à des supports domiciliés au Luxembourg ou en Irlande (deux paradis fiscaux) :
« La liste des sous-jacents d’investissement éligibles aux dispositifs d’épargne salariale gagnera à être étendue aux SICAV de droit étranger, afin de stimuler la concurrence et la portabilité au profit des épargnants. Un grand nombre de gestionnaires d’actifs ont des gammes de fonds domiciliées au Luxembourg ou en Irlande, qui sont aujourd’hui exclues de cette offre. » [16]
Ainsi que l’explique Benjamin Lemoine, chercheur au CNRS et à l’ENS, « l’appauvrissement du régime public des pensions par répartition incite déjà à la souscription de retraites complémentaires privées. Il élargit le segment de marché ouvert à la gestion d’actifs par les fonds de pension. Quand l’ensemble de la population sera dépendante de la finance pour garantir la valeur de sa retraite, chaque Français pourra être considéré comme appartenant au"‘camp des investisseurs". Dès lors, la logique conduisant à dorloter les spéculateurs au détriment des salariés n’apparaîtra plus pour ce qu’elle est : la manifestation d’une politique inégalitaire » [17].
Les Français ont identifié l’ennemi
François Hollande avait désigné le monde de la finance comme son adversaire durant la campagne présidentielle de 2012.
« Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. » [18]
Monde de la finance qu’il servira durant son mandat, notamment sous l’influence d’Emmanuel Macron, l’homme placé au secrétariat général du cabinet du président de la République (de 2012 à 2014) et à la tête du ministère de l’Économie (de 2014 à 2016).
En faisant intrusion au siège parisien de BlackRock, les manifestants opposés à la réforme des retraites ont désigné l’ennemi principal. Les organisations syndicales, auxiliaires du pouvoir, et donc du monde de la finance, perdent progressivement le contrôle de leurs troupes qui ne veulent plus se contenter de défiler entre Nation et Bastille. D’ailleurs, Emmanuel Macron s’en est inquiété.
« L’exécutif navigue en eaux d’autant plus incertaines que les syndicats ont récemment été dépassés par leur base à plusieurs reprises. Et notamment lors de la grève des contrôleurs à Noël, ce qui a fait gronder Emmanuel Macron lors du dernier Conseil des ministres de 2022 : ‘‘Plus personne ne tient plus aucune troupe !’’ a-t-il enragé. L’un de ses proches pointe aussi le mouvement des médecins libéraux, les manifestations des activistes écologistes, y voyant ‘‘un phénomène de gilet-jaunisation de toutes les représentations’’. Imprévisible… » [19]
« "Il faut qu’on fasse gaffe" préviens un député macroniste, "avec les collectifs, nous n’avons pas d’interlocuteurs. C’est très inflammable. Et donc l’agrégation de ces collectifs me fait plus peur que la mobilisation syndicale. Mais ce ne sera pas les Gilets jaunes". » [20]
Au fur et à mesure que la situation se tend, que les Français s’appauvrissent, la société atomisée se réunit et cherche où situer son ennemi. Elle ne pourra le trouver que sur le terrain du théologico-politique.