Quand l’Arabie saoudite décide en 1981 de réduire drastiquement sa production de pétrole afin de soutenir les prix qui baissent depuis un an, elle n’imagine sans doute pas que, quatre ans plus tard, 80% de ses revenus pétroliers seraient littéralement partis en fumée.
En effet, alors que sa production de pétrole baisse de 10,2 millions de barils par jour en 1981 à 3,8 millions de baril par jour en 1985, soit une baisse de 63 %, les prix du pétrole baissent aussi de 43 %, de 105 $ par baril à 60 $ par baril.
L’un dans l’autre, ce sont presque 80 % des revenus pétroliers de l’Arabie saoudite qui se sont volatilisés en quatre ans.
Lorsque le 27 novembre dernier, alors que le prix du pétrole est à 80 $ le baril, l’Arabie saoudite doit décider si, oui ou non, elle doit amputer sa production de 20 %, c’est-à-dire de 2 millions de baril par jour, ses vieux démons du début des années 80 se sont rappelés à son bon souvenir pour lui suggérer qu’elle devait alors être sûre que la hausse du prix du pétrole provoquée par cette baisse de la production viendrait au moins compenser ce manque à gagner – il lui fallait donc un prix du pétrole au moins à 3 chiffres pour assurer la stabilité de ses revenus pétroliers.
10 millions de barils par jour x 80 $ = 8 millions de barils par jour x 100 $
Rien n’étant moins sûr avec la production de pétrole de schiste américain, qui continue d’augmenter, mais aussi celle de la Russie, qui vole de records en records depuis la chute de l’URSS en 1991, la sagesse (et surtout le sens des affaires) finit par l’emporter.
L’Arabie saoudite ne paiera désormais plus pour les autres. Elle préfère le scénario inverse, qui a toutes les chances de se matérialiser dès 2015 aux Etats-Unis avec l’explosion de la bulle du pétrole de schiste, orpheline d’un pétrole à plus de 100 $ pour continuer de gonfler.