Une analyse de Maurice Gendre sur la situation en Ukraine. Ou quand le containement de la Russie par le bloc Atlantiste reprend, avec les mêmes acteurs, les bonnes vieilles recettes qui ont mené la Yougoslavie à la guerre civile, aux épurations ethniques, aux bombardements de civils par l’Otan et à la création du Kosovo, état fantoche narco-mafieux dirigé par les amis de nos bons french doctors et autres philosophe Botuliens.
Plus les heures passent, plus les images en provenance de l’EuroMaïdan à Kiev s’affolent dans nos esprits, plus les différentes déclarations à l’emporte-pièce des uns et des autres se succèdent et plus tout ce cocktail détonant rappelle furieusement les débuts de la guerre en ex-Yougoslavie.
Tout le monde joue sa partition malfaisante.
Les Allemands avaient déjà largement contribué à mettre le feu au poudre en reconnaissant avec le Vatican l’indépendance croate. Vont-ils cette fois encore jouer un coup pendable à l’Europe ?
Toujours la Drang Nach Osten ?
Les Polonais dont l’obsession anti-russe semblait s’être pourtant calmée sous l’impulsion de personnages comme Bronisław Komorowski [1], repartent de plus belle avec Donald Tusk qui nous gratifie de sorties toutes plus incendiaires et irresponsables les unes que les autres.
Les Américains de leur côté envoient l’ineffable sénateur Républicain John McCain pour mettre le feu aux poudres, tout heureux de voir un pays-carrefour européen implosé et une Europe en phase de déchirement avancé.
Citons pour mémoire le propos fracassant et sans équivoque de la Secrétaire d’État américaine adjointe pour l’Europe, Victoria Nuland au cours d’une conversation téléphonique avec l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt : "Fuck EU !".
Nul besoin de traduire.
Les dirigeants "français" et britanniques suivent quant à eux docilement leur maître d’outre-Atlantique. La palme revenant aux deux chefs de la diplomatie Laurent Fabius et William Hague qui espèrent tenir enfin leur revanche de la crise syrienne, après le camouflet qui leur avait été respectivement infligé par Poutine et Lavrov et le vote de la Chambre des Communes.
Et pour couronner le tout les Russes ne sont pas en reste. Ces derniers ont décidément bien du mal à rompre avec toute une série de vieux réflexes dès qu’il s’agit de leur "étranger proche", jouant une ingérence (stratégie de la tension ?) certes beaucoup plus fine et subtile que celle des Euroricains, mais qui n’en demeure pas moins tout à fait néfaste. Le Droit était largement de leur côté en août 2008 en Géorgie, c’est beaucoup plus discutable aujourd’hui.
Seule la Curie romaine et le Saint-Père n’ont pour l’instant pas commis de grosses fautes, contrairement à leur attitude il y a une vingtaine d’années lors du pontificat de Jean-Paul II. Il faut dire que le rapprochement enclenché sous Benoît XVI avec le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Kirill, poursuivi par le Pape François (qui s’est présenté lors de son élection comme simple évêque de Rome), doit pousser le Saint-Siège à une très grande prudence.
Malheureusement, le fauteur de guerre Bernard-Henri Botul a pointé le bout de son nez. Et généralement quand celui-ci fait le déplacement dans une zone où les tensions sont extrêmes, c’est que le milliardaire-vampire à chemise ouverte a flairé l’odeur du sang.
Pauvre Ukraine.