Un émissaire ou un fauteur de troubles ?
Quelques indices sur la reprise des activités subversives en Algérie commencent à apparaître au fil des jours, à l’ombre du drame libyen. Profitant de l’état de guerre qui ravage la Jamahiriya et qui n’a pas encore livré tous ses secrets, ce qui permet toutes les supputations au sujet d’une intervention militaire terrestre, certains éléments, qualifiés par des sources sécuritaires « d’opportunistes » tentent de provoquer des incidences au niveau local, dans le but d’impliquer l’Algérie dans une crise dont l’issue ne sera possible que sur un lointain horizon.
L’information confiée par nos sources fait état d’un récent déplacement à Ghardaïa d’un ibadite** de nationalité libyenne et dont le nom n’a pas été dévoilé, mais selon nos source, il s’agirait d’une personnalité influente de la région de Djebel N’foussa située entre les frontières tuniso-libyennes. Cet invité mystérieux aurait rencontré un certain Kamel Fekhar, rapportent nos sources. Membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, ce même Fekhar avait été au centre d’un procès retentissant au duquel il a été acquitté. Le nom de ce dernier avait été mêlé aux troubles qui ont secoué la ville de Berriane, une localité située à une quarantaine de kilomètres au nord de Ghardaïa.
Une rencontre entre un opposant algérien et un opposant libyen appartenant à la même ethnie n’étant jamais banale, surtout en cette période agitée, l’entrevue entre les deux hommes n’aurait rien de protocolaire. Fekhar est un citoyen libre qui a le droit de rencontrer qui il veut à l’instar de l’ensemble des Algériens. Cela ne souffre d’aucune contestation. Mais la visite d’un opposant à El Gueddafi dans la région du M’zab n’est pas un fait anodin.
S’agit-il d’une provocation ? Aucun indice ne le prouve à l’instant, mais rien n’indique que ce soit le contraire.
La communauté ibadite de Ghardaïa qui refuse énergiquement la stigmatisation et les particularismes artificiels est tout fait consciente des enjeux qui pourraient être transportés dans cette région par tous ceux qui ont l’intention de déstabiliser le pays. Le profil d’un coup tordu se dessine et prend forme, tous les moyens sont bons pour donner un mauvais rôle à l’Algérie.
Cette information intervient au moment ou la rumeur sur d’éventuels contacts entre le CNT libyen et le gouvernement Algérien ne cesse de prendre de la consistance et d’alimenter les débats.
Ce qui est remarquable par rapport à ce sujet, c’est l’incroyable insistance avec laquelle certaines parties tentent obstinément d’impliquer l’Algérie dans le labyrinthe du conflit libyen, d’une manière ou d’une autre. Décidemment, la position de neutralité adoptée par l’Algérie n’arrange pas les affaires du CNT libyen et ses réseaux de soutien. Ce n’est certainement pas par hasard que Belkhadem évoque à Ghardaïa justement, la crise libyenne et les incidences qu’elle pourrait avoir sur l’ensemble de la région.
Dans ce contexte, les propos de Belkhadem pourraient être assimilés à une sérieuse mise en garde contre tous ceux qui s’acharnent à importer le chaos libyen au sud Algérien.
*Mouammar Kadhafi
**L’ibadisme (arabe : al-ibaḍīya الاباضية) est une forme d’islam distincte du sunnisme et du chiisme. L’ibadisme est généralement considéré par les autres courants musulmans comme une des branches du kharidjisme (les "sortants", c’est à dire n’appartenant ni au sunnisme, ni au chiisme). Prônant une pratique puritaine de l’islam, il en serait un des plus anciens courants, fondé cinquante ans après la mort de Mahomet. L’ibadisme est le courant dominant du sultanat d’Oman.