La section Santé d’Égalité & Réconciliation réunit des professionnels actifs couvrant à peu près tous les secteurs de la santé (praticiens médecins ou non médecins, journalistes, auteurs, chercheurs) qui se donnent pour ambition d’être les sentinelles des dérives du système de soins moderne. La section Santé se veut aussi un outil pragmatique présentant des solutions concrètes pour rester en bonne santé.
Le 19 mars dernier, 124 médecins et professionnels de santé ont signé une tribune, qualifiée par les médias de « tribune au vitriol », contre l’utilisation des médecines complémentaires que sont l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie et l’ostéopathie.
Soulignons que cette prise de position a été immédiatement relayée par Le Figaro, et reprise dans la foulée par France Télévision, interview de spécialistes à l’appui. Pourtant, 124 médecins constituent une goutte d’eau par rapport aux 8 000 professionnels regroupés autour du Professeur Joyeux sur la question vaccinale. Cela confirme bien notre précédent article sur le verrouillage de l’information santé ( La santé dé(sin)formée ). Chacun peut constater impuissants, que 8 000 professionnels remettant en question le médicalement correct ne disposent d’aucun relai dans les médias dominants.
Mais analysons un peu le corrosif de leur vitriol
Nos médecins accrédités proposent seulement trois angles d’attaques :
1/ le manque de fondement scientifique ;
2/ le retard de diagnostic ;
3/ le coût des pratiques « charlatanesques ».
Commençons par trois extraits très parlants, en termes de niveau d’analyse, de l’interview du cardiologue Jérémy Descoux :
Extrait 1 :
Nous, ce que nous défendons, c’est de pouvoir faire une médecine qui se revendique scientifique et donc qui soit au service du patient.
C’est illogique, car se revendiquer ou être scientifique n’implique pas forcement d’être au service du patient. Nous ne rentrerons pas dans les détails de la recherche médicale sur laquelle il y aurait beaucoup à dire, et renvoyons les lecteurs intéressés à un précédent article Réflexion sur la recherche médicale : la Section Santé d’E&R répond à ses lecteurs . Mais nous posons cette question : est-il préférable de mourir scientifiquement d’effets secondaires non maîtrisés ou de vivre mieux de façon inexpliquée ? Rappelons un brillant exemple de ce que peut faire la recherche pharmacologique fondamentale : le cataclysme du VIOXX dont les études attestaient pourtant l’efficacité et la sécurité d’emploi. Bilan : entre 160 000 et 700 000 morts selon les sources. À l’inverse, il faut rappeler l’inexpliqué d’aujourd’hui, sera peut-être l’avancée scientifique majeure de demain. Car « inexpliqué » ne veut pas dire « hasardeux » ou « non reproductible ». En effet, nous pouvons manquer d’explication sur un mécanisme (le mode d’action « énergétique » de l’homéopathie ou de l’acuponcture par exemple, ou les régulations viscérales suite aux levées de dérangements vertébraux), mais le maîtriser parfaitement pour améliorer l’état général du patient.
Extrait 2 :
Et ce qu’on voit, c’est qu’il y a des mouvements « anti-science » qui se développent et ces mouvements anti-science, ils comportent un danger pour la population qui va être craintive vis-à-vis des médicaments, qui va refuser des traitements comme la chimiothérapie parce qu’ils ont une publicité effroyable alors que c’est eux qui vont être en mesure de les soigner.
Malheureusement, c’était le plus mauvais exemple à prendre ! La chimiothérapie est très chère et ne soigne pas… Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont les plus grandes publications scientifiques, et ce depuis des dizaines d’années. Nous y avons consacré notre dernier article ( N’ayez pas peur du crabe ! ).
Extrait 3 :
Donc plutôt que de dire aux gens « allez voir un homéopathe qui va vous raconter des choses mystiques », peut-être redistribuez ce temps vers des professionnels, des psychothérapeutes qualifiés pour organiser ce soutien relationnel.
Raconter des choses mystiques… Comme c’est indigne de la part de confrères médecins ! Qu’il y ait des brebis galeuses, soit. Mais c’est bien la chose la mieux partagée du monde. En ce qui nous concerne à la section Santé, nous ne nous abaissons pas à parler des cas de gynécologues abuseurs, de chirurgiens esthétiques pratiquant dans leurs caves, ou de dépassements mafieux pratiqués par des spécialistes sans scrupules. C’est une mauvaise guerre qui fait passer l’anecdote, aussi dramatique soit-elle, pour la généralité. Il vaudrait mieux utiliser nos forces à nous rassembler pour apporter un vrai confort et de vraies améliorations aux malades. En ce qui concerne le soutien relationnel, le socle de la médecine depuis la nuit des temps est de « Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours », et ce que V.E. Frankl appelait « cure d’âme médicale » n’est heureusement pas réservée aux psychiatres et psychologues. L’empathie, l’écoute et la bienveillance, devraient être au cœur d’une consultation médicale bien faite. Si nous en sommes aujourd’hui, comme le laisse entendre Jérémy Descoux à les sous-traiter, tarifés à l’heure, alors oui, il y a bien du souci à se faire pour l’avenir de la médecine !
Urgences médicales versus maladies fonctionnelles
Cette mauvaise tribune cherche à faire passer la médecine pour ce qu’elle n’est pas : une course contre la montre perpétuelle, faite uniquement d’urgences médicales. Dans ce cadre, les approches alternatives sont présentées comme une entrave à la prise en charge à temps de ces urgences. Quel raisonnement tronqué ! De nos jours, combien de médecins ont vu un œdème du poumon ou un tétanos au cours de leur carrière ? Les médecins de ville ont depuis bien longtemps délaissé ce secteur aux Urgences, et il est désormais pratiquement impossible d’avoir une visite de médecin dans la nuit. C’est encore plus vrai pour les médecins de pratiques complémentaires. Car bien sûr, personne ne consulte un ostéopathe pour une fracture ouverte. On ne consulte pas un acupuncteur pour une rupture de trompe lors d’une grossesse extra-utérine. On ne cherche pas à remplacer une dialyse par une granule homéopathique. C’est un affront fait à l’intelligence des patients. Un affront fait à un français sur deux, puisqu’ils sont aussi nombreux à consulter.
On peut peut-être tromper le grand public en lui faisant peur, mais toute la profession sait que les principaux motifs de consultation ne sont pas des maladies graves. En réalité, au moins de 80 % des consultations le sont pour des troubles fonctionnels, sans urgence, et sans lésions apparentes. La médecine orthodoxe elle-même s’avoue impuissante face à ces maladies dites fonctionnelles, pour lesquels elle ne dispose pas de solution adaptée. Or, les quatre disciplines complémentaires reconnues du bout des lèvres par l’Ordre des médecins (homéopathie, acupuncture, mésothérapie et ostéopathie) sont assurément une solution pertinente, parfois irremplaçable pour les maladies fonctionnelles. Et elles ne sont pas du tout chères, car n’utilisent pas ou peu de médicaments. Rappelons qu’un tube de granules homéopathiques coûte moins de trois euros.
La réalité est que, pour ces disciplines que le public sait écologiques et sans effets secondaires, les rendez-vous sont la plupart du temps pris à très long terme. Ils sont pris sans précipitation, souvent après discussion avec d’autres malades. Car pour que le bouche à oreille fonctionne et compense ses incessantes attaques du médicalement correct, il faut bien qu’il y ait des résultats ! Et les bons professionnels ont souvent plusieurs mois d’attente.
Surmédicalisation et iatrogénie
Il faut rappeler les deux fléaux de la médecine contemporaine : la surmédicalisation d’une part, qui fait le lit des démences et de la maladie d’Alzheimer, et de l’iatrogénie d’autre part. Il est impossible à la médecine hospitalière, à cause justement des effets secondaires des molécules de chimiques de synthèses des médicaments d’appliquer aujourd’hui le principe d’Hippocrate « D’abord, ne pas nuire ». Les médecines complémentaires, dont le point commun est l’absence d’effet secondaire, sont au contraire une bonne option pour les minimiser. Dans cette optique, semer le doute ou écarter ces possibilités thérapeutiques est criminel. Cela fait courir le risque de renforcer la surmédicalisation, voire de s’orienter vers une médicalisation inappropriée. Car, il ne fait pas bon en 2018 de souffrir sans raisons apparentes, c’est-à-dire non objectivées aux analyses sanguines ou à l’imagerie médicale. Nombre d’entre nous ont entendu cette plainte des centaines de fois : « Mon médecin traitant, et tous les spécialistes consultés m’ont dit que je n’avais rien. Ils m’ont mise sous antidépresseurs ». Dommage, car il existe des solutions simples, sans effets secondaires qui ont fait leur preuve… ainsi que la réputation de médecins de quartier inconnus des médias.
Heureusement, la manipulation marche de moins en moins. L’engouement pour les pratiques dites alternatives, est vérifiable partout dans le monde. La médecine non conventionnelle se répand sans bruit et sans publicité. Elle prend une place énorme aux USA, où le montant total des dépenses dans ce type de soin est identique aux dépenses de la totalité de toutes les hospitalisations (New Eng. J. Medecine. Eisenberg DM, Kessler RC et al. Janvier 93). Mais nous n’avons besoin de convaincre personne, les bonnes adresses circulent d’ores et déjà !