Pour ceux qui étaient à l’étranger, dans le coma, ou dans les choux en 2014, ou qui ont tout simplement quitté cette vallée de larmes qu’on appelle le système en partant vivre dans une yourte au cœur de la Drôme, voici une rétrospective des événements essentiels qui ont impacté, et fait, cette étrange année.
Janvier
- John Kerry, le président de la République égyptienne, briefe son ministre de la Défense
La petite troupe du lobby, poussant prudemment devant elle son futur Premier ministre, Manuel Valls, chargé comme une mule (à l’inverse du président), monte à l’assaut de la citadelle Dieudonné, avec l’appui de l’artillerie gouvernementale et de l’aviation du Conseil d’État, qui assure le contrôle du ciel, et qui a enterré son indépendance ce jour-là. Résultat, une claque nationale, une chute dans les sondages, les rieurs qui changent de camp, et toute la liste des comploteurs du coup d’État qui défile sur BFMTV. Heureusement, ça se passe mieux pour Israël au Moyen-Orient.
La Constitution égyptienne, faussement démocratique, chauffe la place pour le générALisSISSIme, qui a fait le ménage à la mitrailleuse pour les USA, chez qui il a été formé, et Israël. Des antisionistes en colère à la frontière israélienne, ça aurait fait désordre. Les Frères musulmans ont été priés de prendre le chemin de l’opposition, ce qu’on peut traduire par « prison » et « cimetière », en égyptien. Les médias démocratiques occidentaux eux, sont coincés : soit ils adoubent une démocratie qui porte les islamistes au pouvoir, soit ils soutiennent un pouvoir fort qui les rassure. Dictature pro, ou anti-occidentale ? Un scénario à l’algérienne.
Février
- Vladimir Pyromanov, l’homme qui met le feu au monde libre et gentil
Les JO de Sotchi (jeu de mot « Scotchi » probablement trouvé par l’inénarrable Ruquier) en Russie ont bien eu lieu, malgré une intense campagne russophobe dans les médias occidentaux en général, et français en particulier. Quelqu’un aurait intérêt à brouiller la très vieille amitié franco-russe ? Quelle idée. Les appels au boycott de la part de nos intellectuels anticommunistes ou promaméricains ne sont évidemment pas à mettre au même niveau que les appels – heureusement déconseillés par la presse – au boycott des produits israéliens. Ne confondons pas les démocrates humanistes de Tel-Aviv avec les staliniens sanguinaires de Moscou !
Justement, en Ukraine, le séparatisme commence à faire effet : les pro-russes côté Crimée, et les pro-Europe de l’autre. L’Ukraine, qui a toujours souffert de ses grands voisins (Russie et Allemagne), comme la Pologne, se voit à nouveau déchirée. Aujourd’hui, malgré les évènements sanglants, la pince germano-russe est moins dure que dans Les terres de sang, de Timothy Snyder. Quoiqu’il sorte de la crise dite ukrainienne, les Russes ne lâcheront pas la Crimée et Sébastopol, leur port stratégique sur la mer Noire, truffé de gros sous-marins nucléaires. Là, le pays natal d’Oleg Popov ne plaisante plus.
Mars
- The times, they are pas trop a changin’
depuis 1869
Disparition d’un vol asiatique, celui de la Malaysia Airlines. Ce sera le premier d’une longue série de crashs aériens – que des coïncidences – qui touchera directement ou indirectement les citoyens chinois, russes, français, algériens et iraniens. Les internautes complotistes qui parlent de « prises de commandes à distance » et autres délires ultratechnologiques seront la risée des médias dominants. Mais ce serait bien que les Chinois calment un peu les ardeurs nord-coréennes, hein. Pasque la Corée du Nord, c’est le roquet aux dents pointues très mal élevé de la Chine, qui pour des raisons diplomatiques, ne peut se permettre de mordre elle-même les mollets américains. Et aussi pour des raisons économiques : la Chine doit absolument exporter ses produits aux États-Unis, qui sont en réalité son véritable donneur d’ordres. L’ouvrier, et le patron. L’hyperpuissance chinoise, c’est du vent.
À Sotchi, après les JO des athlètes dits entiers, place aux handicapés et à leurs JOH. Dans le genre, le procès d’Oscar Pistorius s’enlise. L’Afrique du Sud ne sait plus quoi faire de sa seconde star planétaire, après Mandela. Un handi qui s’en sort avec sa rage et son courage, pour finir par concurrencer les athlètes non-handicapés… et par buter sa femme, par jalousie, sans doute, et aussi un peu à cause du melon et des produits dopants. Même sort pour l’épouse d’OJ Simpson, punie avec son amant pour avoir voulu échapper à la violence de la star du football américain, symbole, bien avant l’élection d’Obama, d’une communauté noire qui gagne (enfin). Ne jamais croire aux trop belles histoires médiatiques pour idiots manichéens, elles finissent souvent dans le réel, c’est-à-dire mal.
Avril
- T’as le bonjour de ces salauds de Français qui te maintiennent en vie, Boutef !
Bouteflika, l’increvable bon client de notre médecine militaire de pointe, est réélu pour la 75ème fois président à vie et à mort de l’Algérie, ce pays qui réussit à vivre moins bien que le Maroc avec 100 fois plus de ressources naturelles. Point de critique du peuple algérien là-dedans, juste un constat politique métallique et froid : sans le pétrole et le gaz, l’Algérie serait un des derniers pays du monde en termes économiques. Peut-être qu’un jour les forces vives de ce pays se déchaîneront, et dégageront en touche leurs dirigeants corrompus. Mais une troisième révolution nationale en 60 ans, ça fait beaucoup, de sang et de larmes. On comprend que certains soient fatigués de se battre contre des moulins. On souhaite en tout cas au peuple algérien, si fier de son indépendance (extérieure), d’avoir des dirigeants à sa hauteur.
De l’autre côté de la Méditerranée, canonisation des deux derniers représentants de l’Église sur terre. Le pape François, lui, se porte comme un charme. Critiqué par la presse sioniste française (rayez les mentions et les pléonasmes inutiles) dès sa prise de fonction, et encore plus depuis son retour aux sources du rock chrétien, exaltation des valeurs de solidarité et de respect, main tendue aux pauvres, critique radicale du libéralisme et fessée à Israël, rayez les mentions inutiles, accusé de populisme par Le Monde, le Grand Frère des Pauvres inquiète. Et nous, on l’applaudit bien fort. Bien sûr, il y a les traditionalistes, qui soulignent la dégénérescence du dogme depuis Vatican II, toujours pas remis en question, mais aller contre le courant, c’est déjà pas mal. Et puis, exaspérer notre presse vendue (mais invendue) et notre socialisme bidon, notamment sur le mariage homo et l’ignoble vente d’enfants, pardon, la gestation pour autrui, ça nous va. Vas-y l’Argentino, continue à shooter dans la fourmilière !
Mai
- Eurovision de cauchemar
Sheeta la Saucisse, euh, Conchita Wurst, remporte le concours Eurovision de la chanson de merde. Derrière la nullité artistique, l’Autrichien/chienne remet au goût du jour le voyeurisme sur monstres – en l’occurrence la femme à barbe – qu’on avait oubliés depuis Barnum, Freaks et Elephant Man. Grâce aux nouvelles méthodes de procréation, à la chirurgie inesthétique et aux délires personnels calqués sur les contes de fées hollywoodiens, on va redécouvrir des créatures que les progrès de la médecine avaient quelque peu rayés des listes de naissances. Les hommes à pénis et vagin arrivent, les femmes à deux têtes, les enfants à quatre bras, les putes à trois chattes et cinq anus (ne rigolez pas, vous n’avez encore rien vu), bref, la cour des miracles de la génétique croisée avec le socialisme émancipateur transgenre. On aura même, oui, des chimères homme-animal. Une Caroline Fourest à deux bouches (pour s’interrompre elle-même) et à corps de gazelle (pour courir plus vite dans les manifs Femen), et un président à double menton (non ça c’est déjà fait). Conchita, dans 20 ans, ce sera de la petite bière. On se dira, dans les années 2010, les travs savaient se tenir ! Dans 20 ans, ils auront des enfants de toutes les couleurs, de tous les sexes, et ce seront des animaux de compagnie. Vivement la décadence, on va rire en grand, en généticolor.
Pendant ce temps-là, élections législatives, régionales et européennes en Belgique, ce pays qui n’existe plus, depuis le Benelux et surtout le séparatisme flamand. Quand vous voulez, les Wallons, vous devenez notre 14ème région. À moins que Hollande ne vous colle avec le Nord-Pas-de-Calais. Ça donnera le Nord-Picardie-Wallonie. Un peu long, mais paraît que c’est bon. Sinon NPW.
Juin
- L’ouvrier allemand travaille surtout pour l’export
Gros discours de Hollande à l’occasion du 70ème anniversaire du débarquement de l’Oncle Sam en Normandie. Aujourd’hui, la crise ultralibérale du système capitalisme américain aidant, des petits salopards – le mot préféré de BHL, qui fait écho aux salauds de Sartre – se demandent si ça aurait pas été mieux d’être sous une Europe allemande ! Ce qu’ils ont pris dans la gueule… Mais, les gars, des deux côtés, sioniste et antisioniste, on VIT sous domination allemande, puisque l’Europe est une entité économique au service de l’Allemagne : un marché intérieur sans protection. C’est même elle qui ouvre la porte à l’Amérique et empêche de remonter un peu les droits de douane, rapport à ses exportations faramineuses. Eh oui, les intérêts de l’Allemagne sont une chose, ceux du reste de la Communauté européenne en sont une autre.
Juillet
- À la fin du match, on ramassera une bouillie jaune et verte sous les chenilles des joueurs allemands
En plus de nous enfoncer économiquement, les Allemands écrasent le monde entier au foot, en donnant une leçon magistrale de fussbal-realpolitik au Brésil, sur son propre sol. Si les Brésiliens voulaient effacer l’humiliation de la défaite de 1950 face à l’Uruguay, c’est chose faite : l’humiliation allemande est juste dix fois pire. 7-1 sur son sol, le milliard de terriens qui suivait la rencontre crut rêver. Commentaire d’un supporter auriverde, dans un café : « Je vais pisser, je reviens, l’Allemagne mène 7-0, c’est quoi ce délire ? » À la mi-temps, menant 5-0, l’entraîneur allemand Joachim Löw demandera à ses joueurs d’y aller mollo pour ne pas humilier davantage le pays organisateur.
Second avion de la Malaysia Airlines qui s’éclate, enfin, qui se fait éclater, en Ukraine ce coup-ci. Le troisième, ce sera pour le 28 décembre. Vous avez dit bizarre ?
Août
- Tiens tiens, la carte Daech recouvre le plan Grand Moyen-Orient de Bush
Enfin, les Gentils s’attaquent aux Méchants. Ah oui : les Gentils c’est l’Amérique et Israël, sauf qu’Israël envoie jamais ses soldats à l’extérieur, ce sont les GI’s qui font le sale boulot. Et les Méchants, ben c’est l’État Islamique de l’Irak et du Levant, un nom encore plus étrange que les crashs ou disparitions de la Malaysia. C’est vrai qu’Al-Qaïda commençait à faire rire le monde entier, il fallait à nouveau un épouvantail islamiste crédible : ce seront les égorgeurs de Daesh, ou Daech, peu importe le flacon de sang impur, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Après un choc émotionnel mondial – chaque grand pays occidental producteur d’armements et ayant des intérêts au Moyen-Orient aura son « journaliste » découpé vif par un daechien – on prépare la noria des bombardements. Eux, ils égorgent, nous on pilonne. Chacun son truc. Alors que tout marchait comme sur des roulettes, voilà-t-y pas que le président français, franc comme un crotale à langue fourchue du désert du Mali (ou du Néguev), déclare que jamais on ne participera à la guerre contre la Syrie, et paf, on bombarde la Syrie, enfin, non, les islamistes qui menacent le nord de la Syrie, alors qu’on est censés jouer contre Assad. Le bordel total. Et puis, cerise sur le clafoutis, voilà qu’on apprend que les Américains, ces gros naïfs, parachutent des armes pour aider la résistance kurde mais que patatras, les armes tombent chez les islamistes anti-Assad qui se battent contre le Hezbollah, qui tient le terrain depuis deux ans en Syrie. Y a de ces coups de pas de chance, vous trouvez pas ?
À Gaza, sinon, RAS, ça défouraille comme tous les deux ans. Le premier qui arrive à nous expliquer clairement et simplement la situation au MO, on lui offre un séjour pour 2 personnes en 5 étoiles à Acapulco.
Septembre
Le chômage augmente en France, les prix aussi, et le mécontentement. Car normalement, d’après nos cours d’économie de terminale (non, de prépa, ça fait plus classe), c’est soit les prix, soit le chômage ! Hollande en prend plein la gueule de tous côtés, droite gauche centre FN, et aussi sous la ceinture, de la part de sa tendre et chère Trierweiler, que les Français détestent. Mais ils achèteront son livre, coup de poignard dans le cul d’un homme qui avait largué l’emmerdeuse un peu trop publiquement. Boujenah a déclaré justement qu’aucun homme n’était à l’abri d’une folle. Là, on peut pas faire mieux, ou pire, question image. C’est une véritable bombe de merde dans la gueule, comment dire autrement. On doit reconnaître que le François, il a de la résistance. S’il pouvait résister aux patrons du CAC40 aussi facilement, il y aurait peut-être plus de rentrées fiscales et moins de chômage. Mais ne rêvons pas. La politique, c’est fait pour tuer les rêves, et pourtant, y a des Français qui rêvent encore. Raclures d’idéalistes !
Octobre
- Icare s’est-il approché trop près
du soleil russe ?
La série noire continue : Christophe de Margerie, le patron des patrons, par l’envergure, disparaît en Russie dans un crash, euh, comment dire, de série B. Là, on ne peut pas en vouloir aux complotistes de lâcher leurs chiens, leurs meutes, leurs troupeaux de renifleurs de merdier. Le scénario de l’accident est tellement alambiqué qu’on le croirait écrit par un auteur des Guignols chaussé de gros sabots de sept lieues ! Ou par le regretté Gérard de Villiers en personne. Bon, en même temps, personne ne sait vraiment pourquoi le PDG de Total s’est retrouvé là, dans ces conditions atmosphériques. Les spécialistes des vols d’importance économique majeure savent que les cadres supérieurs des grandes sociétés ne voyagent jamais en bloc. Et quand ils voyagent ensemble, c’est avec des super pros aux commandes, et un max de bouteilles à bord. Les grands crus, ça fait passer l’angoisse du crash, toujours là, malgré la technologie : l’homme a beau dominer la gravité, parfois, elle se rappelle a lui brutalement. Si 1969 était une année érotique, 2014 est une année très aérienne, voyez-vous.
Novembre
- Nabilla, en tenue noire, pose pour notre photographe avant de poignarder
Nicolas Sarkozy, revenu en politique le 19 septembre via Facebook dans l’indifférence générale – sauf des médias, qui se sont excités comme des puces sur le sujet –, est réélu président de l’UMP le 29 novembre. La France de droite se remet à espérer, mais on ne voit pas quoi. La France de gauche rigole, elle a enfin retrouvé son vieux nonosse à ronger, englué dans des affaires qui mobilisent la moitié des juges d’instruction du pays. Merci pour cette paralysie supplémentaire de la justice, qui n’avait pas besoin de ça, surtout pour finir sur des non-lieux. Seule Marine Le Pen jubile : tout ce cirque UMPS à la limite de l’overdose éloigné des préoccupations des Français lui profite. Ça sent bon les ministères en 2017. Dans la rubrique people, toujours, une retardée mentale élue par les primaires reine de la télé-réalité poignarde son compagnon, et fait un peu de taule. C’est le programme T4-T4 : des idiots qui éliminent des idiots, mais qui loupent leur coup. Bientôt, pour faire la une des magazines, la simple tentative de meurtre ne suffira plus : il faudra penser à la ceinture de bombes.
Décembre
La multinationale nipponne Sony est attaquée informatiquement ; l’Internet nord-coréen tombe en panne ; un troisième avion de la Malaysia disparaît. Pour vous amuser pendant le réveillon, composez une phrase cohérente et non complotiste avec ces trois informations, forcément indépendantes les unes des autres. Le gagnant aura droit de visiter, avec la personne de son choix (mais pas Dieudonné M’Bala M’Bala, ni Alain Soral, si possible) les installations de recherche nucléaire pacifique de Dimona, en Israël. Les perdants, eux, se taperont les dédales du site souterrain de Natanz, où les démoniaques Iraniens préparent en secret UNE bombe nucléaire pour vitrifier Israël et ses 400 ogives civiles pleines de confettis de toutes les couleurs.