NPI : Bonjour Alain Soral. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis écrivain, journaliste et cinéaste (de fait, aujourd’hui interdit de cinéma pour “mal-pensance” !), auteur de plusieurs essais polémiques qui m’ont fait connaître… Bref, un publiciste qu’on peut qualifier de nationaliste de gauche… et actuellement président d’une petite association politique : Egalité & Réconciliation…
NPI : Vous êtes membre du Comité central du Front National, coopté par Jean-Marie Le Pen.
A votre avis, pourquoi le Président du FN vous a-t-il fait intégrer le Comité Central alors que vous n’étiez pas candidat ?
Sans doute parce que la sensibilité politique que je représente correspond à une certaine partie de l’électorat de JMLP, à défaut d’être représentée dans l’actuelle direction du mouvement, ce dont JMLP a pleinement conscience… JMLP a donc, sans doute, voulu envoyer un signe à ces électeurs de gauche, atypiques ou trans-courants. Une nomination que je n’avais pas sollicité, n’ayant pas le profil du bon apparatchik, mais que je n’aurais pas eu l’arrogance de refuser, bien que cette cooptation ne m’ait apporté que des emmerdes : encore un peu plus tricard dans les médias, en butte à l’hostilité de certains jaloux et autres médiocres du FN qui s’inquiètent pour leur gamelle, sans oublier une poignée de cons extrémistes qui pensent que je dénature, par ma présence, ce qu’ils croient être un parti nazi !
NPI : A quel moment vous êtes-vous décidé à rejoindre le FN ? Pourquoi ?
L’année qui a précédé la dernière présidentielle, parce que je pensais, après le 21 avril, le refus de la France de s’engager dans la deuxième guerre d’Irak et le « non » au référendum sur la Constitution européenne, que la candidature Le Pen constituait, de fait, et compte tenu de ses positions sur ces deux derniers sujets, la seule candidature d’opposition sérieuse au Système euro-mondialiste-libéral représenté par tous les autres candidats de poids…
NPI : Quels sont les points qui vous séparent, s’ils y en a, de JMLP ? de Bruno Gollnisch ? de Marine Le Pen ?
De Le Pen, ses vieux réflexes anti-Etat, quand il attaque inconsidérément la fonction publique, ce qui me semble contradictoire pour un nationaliste, puisqu’il ne saurait y avoir, dans notre monde démocratique et républicain, de Nation forte sans un Etat fort et largement présent dans la sphère économique. Pour moi, le national-libéralisme, longtemps prôné au FN, est un oxymore…
De Gollnisch, son anticommunisme viscéral, qui lui fait confondre LCR et PCF, et qui n’a plus beaucoup de sens depuis l’écroulement de l’URSS. Une confusion et un passéisme qui l’empêchent de fraterniser pleinement avec un certain électorat du FN, à mon avis majoritaire, constitué d’anciens communistes patriotes. Les communistes de la base ayant toujours été patriotes, contrairement aux élites qui les manipulaient, ici comme en Russie…
De Marine, sa légère confusion entre dédiabolisation nécessaire et ralliement à l’idéologie des droits de l’homme. L’idéologie des droits de l’homme étant le catéchisme même de cette mondialisation libérale à laquelle elle veut s’opposer. Une idéologie sournoise du « plus jamais ça » qui ne voit, en fait, qu’une alternative : la mondialisation libérale ou… Auschwitz !
NPI : Et les points qui vous rapprochent ?
Tout le reste ! L’amour de la France, de son Histoire, de son destin et de son peuple… Au FN j’ai rencontré de tout, mais jamais d’anti-patriotes volontaires !
NPI : Comment voyez-vous l’avenir du Front National ?
Soit le FN, pour survivre au retrait inéluctable de JMLP – et du rôle fédérateur qu’il jouait par sa seule personne – devra enfin produire une doctrine rassembleuse et cohérente, et je n’en vois pas d’autre que celle que je propose, à savoir : « gauche du travail, droite des valeurs »…
Soit le FN, après Le Pen, éclatera en plusieurs tendances opposées : atlantistes et anti-atlantistes, cathos et païens… pour redevenir ce qu’était la « famille nationale » avant que JMLP ne la réunisse derrière sa personne et ne la sorte du groupusculaire… La soi-disant « union des droites », où se mêlent les intérêts sociaux et géopolitiques les plus contradictoires, ne pouvant déboucher que sur des chamailleries et des trahisons sans fin, que personne au FN n’aura plus les moyens, demain, de transcender…
Et le votre au FN ?
Je crois être plus utile à l’extérieur, indépendant, en continuant à produire librement analyses et idées… Conseiller de Jean-Marie Le Pen, voilà le rôle qui me va. Mon avenir ce sont les livres et l’animation de mon association E&R. Ce qui me fait bouger depuis toujours c’est la « cause nationale », pas cette « famille nationale » dans laquelle je ne suis pas né !
NPI : Avez-vous des propositions à faire à la direction du Front National ? Lesquelles ?
Bien sûr, dans la droite ligne de ce que je viens d’évoquer : fédérer la cause nationale sur une doctrine cohérente de rassemblement, plutôt que de tenter de réunir une famille nationale consanguine et dégénérée sur des compromis intenables, débouchant sur une politique illisible et contradictoire…
Eviter une dédiabolisation-banalisation qui conduirait le FN a devenir, face à l’UMP, ce qu’est aujourd’hui le PCF face au PS…
Eviter aussi la voie strictement réactionnaire qui ramènerait le FN à un mouvement muséal et nostalgique pesant ses 2 %…
Bref, il y a beaucoup de travail à faire quand toutes les énergies sont investies dans une guerre de succession à héritage hypothétique !
NPI : Votre conclusion ?
Je dirais, en conclusion, que la tentation est grande - notamment pour les apparatchiks soucieux de plan de carrière - de choisir la voie de la collaboration avec l’Empire : ce mondialisme libéral porté et incarné par la thalassocratie anglo-saxonne… Une extrême droite de collaboration à l’Empire sur le modèle italien ou hollandais, avec vernis sécuritaire tourné contre l’islam pour le spectacle et, pour le racket, contre les petits blancs fumeurs et automobilistes… La voie de la cohérence, de l’honneur et du courage exigerait plutôt, au contraire, que nous nous engagions sur la voie néo-gaullienne d’un Poutine, d’un Chavez… Mais je ne suis pas sûr que l’extrême droite organisée, compte tenu de ce qu’elle est historiquement et socialement, ait les moyens intellectuels et moraux de cette cohérence et de ce courage…
Pourtant, je pense que la voie de la collaboration à l’Empire mènera inéluctablement à la dilution du FN – comme elle a mené hier à l’écroulement du PCF… Et à la renaissance toute aussi inéluctable d’un mouvement patriote de résistance authentique à la mondialisation ; une mondialisation qui n’est ni musulmane ni marxiste, mais bien capitaliste et anglo-saxonne…
Comme je ne suis ni devin ni tenté par l’aventure harkie, en attendant de voir, je me tiens à distance respectueuse de cette fameuse famille nationale… Et pour me rendre utile, je continue, d’où je suis, à produire des idées, aidé en cela par les nombreux talents qui me rejoignent chaque jour à Egalité & Réconciliation… Idées que je mets au service de qui veut bien les reprendre, au FN sinon ailleurs !
Pour que vive la France, vive l’internationale nationaliste comme dirait Martinez !
Bien à vous tous,
Alain Soral
Source : http://www.nationspresse.info
Je suis écrivain, journaliste et cinéaste (de fait, aujourd’hui interdit de cinéma pour “mal-pensance” !), auteur de plusieurs essais polémiques qui m’ont fait connaître… Bref, un publiciste qu’on peut qualifier de nationaliste de gauche… et actuellement président d’une petite association politique : Egalité & Réconciliation…
NPI : Vous êtes membre du Comité central du Front National, coopté par Jean-Marie Le Pen.
A votre avis, pourquoi le Président du FN vous a-t-il fait intégrer le Comité Central alors que vous n’étiez pas candidat ?
Sans doute parce que la sensibilité politique que je représente correspond à une certaine partie de l’électorat de JMLP, à défaut d’être représentée dans l’actuelle direction du mouvement, ce dont JMLP a pleinement conscience… JMLP a donc, sans doute, voulu envoyer un signe à ces électeurs de gauche, atypiques ou trans-courants. Une nomination que je n’avais pas sollicité, n’ayant pas le profil du bon apparatchik, mais que je n’aurais pas eu l’arrogance de refuser, bien que cette cooptation ne m’ait apporté que des emmerdes : encore un peu plus tricard dans les médias, en butte à l’hostilité de certains jaloux et autres médiocres du FN qui s’inquiètent pour leur gamelle, sans oublier une poignée de cons extrémistes qui pensent que je dénature, par ma présence, ce qu’ils croient être un parti nazi !
NPI : A quel moment vous êtes-vous décidé à rejoindre le FN ? Pourquoi ?
L’année qui a précédé la dernière présidentielle, parce que je pensais, après le 21 avril, le refus de la France de s’engager dans la deuxième guerre d’Irak et le « non » au référendum sur la Constitution européenne, que la candidature Le Pen constituait, de fait, et compte tenu de ses positions sur ces deux derniers sujets, la seule candidature d’opposition sérieuse au Système euro-mondialiste-libéral représenté par tous les autres candidats de poids…
NPI : Quels sont les points qui vous séparent, s’ils y en a, de JMLP ? de Bruno Gollnisch ? de Marine Le Pen ?
De Le Pen, ses vieux réflexes anti-Etat, quand il attaque inconsidérément la fonction publique, ce qui me semble contradictoire pour un nationaliste, puisqu’il ne saurait y avoir, dans notre monde démocratique et républicain, de Nation forte sans un Etat fort et largement présent dans la sphère économique. Pour moi, le national-libéralisme, longtemps prôné au FN, est un oxymore…
De Gollnisch, son anticommunisme viscéral, qui lui fait confondre LCR et PCF, et qui n’a plus beaucoup de sens depuis l’écroulement de l’URSS. Une confusion et un passéisme qui l’empêchent de fraterniser pleinement avec un certain électorat du FN, à mon avis majoritaire, constitué d’anciens communistes patriotes. Les communistes de la base ayant toujours été patriotes, contrairement aux élites qui les manipulaient, ici comme en Russie…
De Marine, sa légère confusion entre dédiabolisation nécessaire et ralliement à l’idéologie des droits de l’homme. L’idéologie des droits de l’homme étant le catéchisme même de cette mondialisation libérale à laquelle elle veut s’opposer. Une idéologie sournoise du « plus jamais ça » qui ne voit, en fait, qu’une alternative : la mondialisation libérale ou… Auschwitz !
NPI : Et les points qui vous rapprochent ?
Tout le reste ! L’amour de la France, de son Histoire, de son destin et de son peuple… Au FN j’ai rencontré de tout, mais jamais d’anti-patriotes volontaires !
NPI : Comment voyez-vous l’avenir du Front National ?
Soit le FN, pour survivre au retrait inéluctable de JMLP – et du rôle fédérateur qu’il jouait par sa seule personne – devra enfin produire une doctrine rassembleuse et cohérente, et je n’en vois pas d’autre que celle que je propose, à savoir : « gauche du travail, droite des valeurs »…
Soit le FN, après Le Pen, éclatera en plusieurs tendances opposées : atlantistes et anti-atlantistes, cathos et païens… pour redevenir ce qu’était la « famille nationale » avant que JMLP ne la réunisse derrière sa personne et ne la sorte du groupusculaire… La soi-disant « union des droites », où se mêlent les intérêts sociaux et géopolitiques les plus contradictoires, ne pouvant déboucher que sur des chamailleries et des trahisons sans fin, que personne au FN n’aura plus les moyens, demain, de transcender…
Et le votre au FN ?
Je crois être plus utile à l’extérieur, indépendant, en continuant à produire librement analyses et idées… Conseiller de Jean-Marie Le Pen, voilà le rôle qui me va. Mon avenir ce sont les livres et l’animation de mon association E&R. Ce qui me fait bouger depuis toujours c’est la « cause nationale », pas cette « famille nationale » dans laquelle je ne suis pas né !
NPI : Avez-vous des propositions à faire à la direction du Front National ? Lesquelles ?
Bien sûr, dans la droite ligne de ce que je viens d’évoquer : fédérer la cause nationale sur une doctrine cohérente de rassemblement, plutôt que de tenter de réunir une famille nationale consanguine et dégénérée sur des compromis intenables, débouchant sur une politique illisible et contradictoire…
Eviter une dédiabolisation-banalisation qui conduirait le FN a devenir, face à l’UMP, ce qu’est aujourd’hui le PCF face au PS…
Eviter aussi la voie strictement réactionnaire qui ramènerait le FN à un mouvement muséal et nostalgique pesant ses 2 %…
Bref, il y a beaucoup de travail à faire quand toutes les énergies sont investies dans une guerre de succession à héritage hypothétique !
NPI : Votre conclusion ?
Je dirais, en conclusion, que la tentation est grande - notamment pour les apparatchiks soucieux de plan de carrière - de choisir la voie de la collaboration avec l’Empire : ce mondialisme libéral porté et incarné par la thalassocratie anglo-saxonne… Une extrême droite de collaboration à l’Empire sur le modèle italien ou hollandais, avec vernis sécuritaire tourné contre l’islam pour le spectacle et, pour le racket, contre les petits blancs fumeurs et automobilistes… La voie de la cohérence, de l’honneur et du courage exigerait plutôt, au contraire, que nous nous engagions sur la voie néo-gaullienne d’un Poutine, d’un Chavez… Mais je ne suis pas sûr que l’extrême droite organisée, compte tenu de ce qu’elle est historiquement et socialement, ait les moyens intellectuels et moraux de cette cohérence et de ce courage…
Pourtant, je pense que la voie de la collaboration à l’Empire mènera inéluctablement à la dilution du FN – comme elle a mené hier à l’écroulement du PCF… Et à la renaissance toute aussi inéluctable d’un mouvement patriote de résistance authentique à la mondialisation ; une mondialisation qui n’est ni musulmane ni marxiste, mais bien capitaliste et anglo-saxonne…
Comme je ne suis ni devin ni tenté par l’aventure harkie, en attendant de voir, je me tiens à distance respectueuse de cette fameuse famille nationale… Et pour me rendre utile, je continue, d’où je suis, à produire des idées, aidé en cela par les nombreux talents qui me rejoignent chaque jour à Egalité & Réconciliation… Idées que je mets au service de qui veut bien les reprendre, au FN sinon ailleurs !
Pour que vive la France, vive l’internationale nationaliste comme dirait Martinez !
Bien à vous tous,
Alain Soral
Source : http://www.nationspresse.info