Mister Couz – 21 heures et 11 minutes. On s’excuse pour le retard. Bienvenu à tous sur la 15-18Radio pour cette nouvelle émission politique. On se retrouve tous les quinze jours, le dimanche soir pour parler politique entre jeunes. Et ce soir nous nous retrouvons donc pour cette nouvelle émission. Alors je vais présenter rapidement le programme de l’émission et je vais indiquer quelques trucs et puis on va pouvoir commencer.
(…)
Mister Couz – Alors tout ceci rappelé, il me reste plus qu’à présenter l’équipe et donc à commencer l’émission. Donc avec nous ce soir, il s’occupera notamment du Twitter de l’émission, Campos, étudiant en master de génétique et microbiologie, fédéraliste, centriste et soutien de François Bayrou depuis 2006. Salut à toi Campos.
Campos – Salut, salut.
Mister Couz – On continue avec Imperitum. Dix-huit ans, en prépa Math supérieur, éternel indécis, disant aimer son prochain. Salut Imperitum.
Imperitum – Salut à tous.
Mister Couz – Avec nous également, on continue les présentations, Enriozaki, vingt-trois ans, licencié en sciences politiques et étudiant en master, en sociologie. Bonsoir à toi Enriozaki.
Enriozaki – Pourquoi t’as pas lu la suite ?
Mister Couz – Ah non je ne lis pas la suite. Je ne fais que les présentations standards.
Enriozaki – Ah c’est bon.
Mister Couz – On continue les présentations. Matcoson, vingt-six ans, professeur de mathématique en école privée hors contrat, passionné d’astrophysique, d’histoire, d’économie, de politique, également fan de cultures extrême-orientales, nationaliste modéré et plutôt libéral, encarté FN cette année après 6 ans avec l’UMP, on appelle Matcoson, salut à toi.
Matcoson – Oui, bonsoir Monsieur Soral. Bonsoir à tous.
Mister Couz – On continue donc les présentations. BusterCo, vingt-et-un ans, libéral, licence en sciences, agnostique athée, passionné de philosophie et d’économie, influencé par André Comte-Sponville. Bienvenu à toi Buster.
Buster – Bonsoir.
Mister Couz – Et pour finir donc, on a avec nous Windaube qui a d’ailleurs un message à vous passer. Vingt ans, il vient de terminer sa troisième année de licence d’histoire. Il est anarcho-communiste, influencé par des auteurs allant de Marx à Kropotkine, en passant pas Rosa Luxembourg et Proudhon. [prononcé Proudonne] : « Je suis condamné… »
Windaube – Proudonne !
Mister Couz – Oui, ben excuse-moi.
Windaube – C’est Proudhon.
Mister Couz – Proudhon oui, excuse-moi : « Je suis condamné à devenir millionnaire en élevant des caribous. » Bravo Windaube pour cette magnifique présentation. Je te laisse te présenter. Je te laisse faire ton portrait.
(…)
Mister Couz – Bonsoir Alain Soral et merci d’avoir accepté note invitation.
Alain Soral – Oui, bonsoir à vous. J’ai juste fini mon repas là, c’était bien.
Mister Couz – Eh ben, on espère juste que ça c’est bien passé. On va faire rapidement.
Nous Alain Soral, on a une tradition sur la 15-18Radio. En début d’émission, on fait un petit retour sur l’actualité. Je propose à chaque animateur de revenir sur un fait qui l’a marqué durant la dernière semaine. Donc on va vous laisser réfléchir. Un fait d’actualité qui vous a particulièrement marqué. Et moi, je vais faire un tour des animateurs et ils vont me dire un petit peu quels sujet ils ont choisis.
(…)
« Faites ce que je dis ne faites pas ce que je fais. »
Christine Lagarde nette d’impôt
Mister Couz – Est-ce que, Alain Soral, y’a quelque chose qui vous ait venu en tête sur justement quelque chose, j’ai envi de dire, un fait d’actualité qui vous a particulièrement marqué cette semaine, Alain Soral ?
Alain Soral – Y’en a deux.
Mister Couz – Ben allez-y, on vous écoute.
Alain Soral – Un c’est…, j’ai découvert que Christine Lagarde qui disait aux Grecs qu’il fallait en gros qu’ils se serrent la ceinture et qu’ils se mettent les mains dans les poches, j’ai découvert qu’elle n’était pas assujettie à l’impôt pour ses revenus en tant que patronne du FMI. Elle ne paye pas d’impôts. Donc c’est assez marrant de voir justement ces cadres de l’hyperclasse qui demandent aux classes moyennes en voie d’effondrement de se serrer la ceinture ou de mettre la main à la poche. Et puis de voir que ces gens-là, eux... Elle, elle a des revenus annuels de je sais pas combien, je sais pas, 400 000 euros ou des trucs comme ça.
Mister Couz – On pourra peut-être se renseigner justement sur combien elle gagne.
(…)
Alain Soral – Net d’impôt voilà. Elle, elle paye pas. Donc c’est assez drôle. C’est « faites ce que je dis, pas ce que je fais » qui est assez répugnant. C’est…
Défense des propos de Christien Lagarde par un des animateurs : « Oui mais les Grecs sont des fraudeurs ! »
Alain Soral – Excusez-moi mais je vais vous reprendre. Ne pas payer d’impôts quand elle gagne ce qu’elle gagne, ça s’appelle pas de la fraude fiscale ? C’est qu’elle est la plus mal placée pour faire ce commentaire.
Et la légitimité du commentateur, si vous comprenez pas. Quand on ne paye pas d’impôt pour ce qu’on touche comme elle, on ne dit pas…
But de l’Islande en match amical de football contre la France, à Valenciennes.
Alain Soral – Oui, but de l’Islande qui vient de mettre un but à la France. Ce qui est assez symbolique.
Le deux poids, deux mesures
Alain Soral – Il y a un autre truc qui m’avait fait rire d’un rire crispé. C’est la sélection officielle à Cannes du documentaire agiographique de Bernard-Henri Lévy. J’ai vu la bande-annonce qui mériterait peut-être la Palme du film comique, mais c’est pas si drôle que ça, où on le voit en permanence en costume Charvet, chemise sur les hanches en train de guider la révolution libyenne.
Voilà, non seulement il avait organisé la destruction de la Libye mais il avait déjà prévu le coup puisque il s’est fait filmer tout le long, il avait déjà prévu le coup de se faire une espèce de film documentaire apologétique. Comme quand il avait fait Bosnia.
Et là, ça a été sélectionné à Cannes, officiellement. Ça ne pose aucun problème. Personne ne proteste. Ça veut bien dire que le milieu du cinéma est de la merde et qu’il y a plus d’artiste là-dedans, plus de conscience. Parce que normalement, ça aurait dû provoquer au moins un petit remous de contestations de certains cinéastes de gauche. J’ai pas vu le commentaire de Ken Loach par exemple, etc. C’est vraiment ce qui prouve bien que tout ça, c’est de la merde.
Il y a pas une projection du film de Dieudonné aussi ?
Alain Soral – Oui, le film devait passer au marché du film qui est un truc de marché, qui était proposé à la vente par les iraniens qui vont là-bas vendre des films.
Et le Festival a comment dirais-je, a exigé que le film ne soit pas projeté alors qu’il était projeté dans un forum commercial, c’est-à-dire pour les gens qui voudraient l’acheter.
Ce qui veut bien dire qu’on est dans un monde qui dysfonctionne totalement parce que c’est même pas libéral. C’est ça que je veux dire.
Normalement au marché du film, surtout que Dieudonné a gagné au tribunal puisque je crois que la Licra – il me semble que c’était la Licra ou le Crif, je sais plus, c’est la même chose – avait voulu faire interdire son film et que le tribunal a dit qu’ils étaient pas…, que c’était subjectif et que y’avait pas matière à l’interdire. Donc normalement ce film est autorisé par la loi française et le Festival en interdit la projection.
C’est-à-dire qu’on est toujours systématiquement dans un état de droit français qui est bafoué et qui est soumis à un rapport de force où une petite communauté qui représente moins de 1% de la population française dicte sa loi en fonction de sa sensibilité, c’est-à-dire quand elle estime qu’on lui a manqué de respect ou qu’on ne s’est pas assez…
Par cette communauté, vous entendez quelle communauté ? La communauté juive ? Pourquoi généraliser ainsi !
Alain Soral – Moi, quand je vous dis : « les Allemands nous faisaient chier pendant la guerre », y’a pas un petit con qui vient me dire : « Tous les allemands n’étaient pas nazis pendant la guerre. » Et quand je vous dis « que les Américains ont écrasé l’Iraq. », y’a pas un branleur qui vient me dire : « Et tous les Américains n’ont pas écrasé l’Iraq. » Donc votre remarque est une remarque de trouille qui montre bien qu’on vit dans un climat de trouille, sur ce sujet. Quand je dis « la communauté organisée », il est évident que je parle des instances dirigeantes.
Non, t’as pas à le préciser ! Quand on dit « la France a attaqué la Libye », on veut bien dire le pouvoir français. On dit pas le paysan français ou l’ouvrier français. Donc pourquoi doit-on préciser ça que pour ce sujet-là ? C’est ça la question. Vous ne demandez jamais qu’on précise quand on dit les Américains, les Allemands, les Russes.
Et chaque fois qu’on dit « les Allemands pendant la guerre », y’a pas vingt-cinq mille allemands qui décrochent leur téléphone pour nous emmerder en disant : « Moi, mon père était communiste. Moi, le mien, il était insoumis. Moi, le mien, il avait fui l’Allemagne nazie. », etc. On a pas ce genre de réaction. Donc pourquoi doit-on ? C’est toujours sur le même sujet qu’il faut venir sur la pointe des pieds.
C’est pareil pour tout. Notamment quand on dit « les Arabes ».
Alain Soral – Le réalité sur les Arabes, on peut dire ce qu’on veut ! Houellebecq a gagné son procès quand il avait dit que « l’Islam était une religion d’enculeurs de chameaux, la plus bête du monde. » Il a gagné son procès en France. Donc il y a deux poids, deux mesures.
Attendez ne me faites pas passer pour ce que je ne suis pas, un défenseur de la communauté juive !
Alain Soral – On s’en fout. Mon sujet, c’était que ce film a été déprogrammé. Les iraniens ont eu l’interdiction de le passer alors que le film n’est pas interdit. Et ça c’est terriblement agaçant que, voilà c’est tout.
Bernard-Henri Lévy peut être en sélection officielle pour passer un documentaire où il fait l’apologie finalement du meurtre de Kadhafi et de la destruction sociale et économique d’un pays qui était le pays le plus prospère d’Afrique, et ça ne gêne personne. Y’a pas eu une once de protestation. J’ai pas dit que ce film devait être interdit d’ailleurs. Mais il était en sélection officielle. Ce qui prouve bien d’ailleurs que Cannes n’est pas le lieu du talent. Parce que je ne vois pas comment on a pu sélectionner un truc comme ça.
Mais par contre, qu’au marché du film, les iraniens ont voulu proposer à la vente le petit film autoproduit de Dieudonné qui s’appelle L’Antisémite qui est un film comique qu’on peut aimer ou pas aimer, et ce film a été interdit de projection.
Je dis donc que nous ne sommes plus dans un État de droit, voilà. C’est ça que je voulais dire. Le reste, c’est des remarques à côté du sujet.
Présidentielles de 2012. Globalement qu’avez-vous pensé des résultats du premier et du second tour ? Quels enseignements en tirez-vous ?
Alain Soral – J’ai écrit un texte là-dessus, j’ai fait une vidéo. Donc j’ai été très étonné que malgré le quinquennat catastrophique de Sarközy, il puisse encore faire 27 % au premier tour. Ce que Chirac n’a jamais fait, je vous rappelle. Chirac, il plafonnait à peine à 20 %. Ce qui veut bien dire qu’on est dans une période d’abaissement de la conscience populaire française. Et ce qui démontre bien que la puissance des médias aujourd’hui, et je dirais effectivement la baisse de conscience citoyenne au profit finalement de la dimension émotionnelle du consommateur, est quelque chose qui s’est terriblement aggravé depuis dix ou vingt ans.
Ça je le sais parce que j’ai un certain âge. C’est qu’on peut faire à peu près gober n’importe quoi aujourd’hui au peuple – qu’on va appeler d’ailleurs « la masse » – grâce à la puissance médiatique, à la puissance de la propagande médiatique. Parce que Sarközy à 27%, c’était assez consternant ! Et Hollande à 28,5, ça je ne le commente pas. C’était l’autre, voilà.
Et pour le gros score de Marine Le Pen ?
Alain Soral – Je crois pas qu’elle ait fait un gros score, excusez-moi. C’est pas un gros score. Elle a fait… Combien elle a fait ?
17,9 %
Alain Soral – Ben, c’est pas un gros score. Compte tenu de son commentaire de la crise, de la validité de son commentaire, compte tenu de la situation réelle, je pense que c’est un score assez faible. Moi, si le peuple français avait une conscience, je pense qu’elle aurait dû arriver deuxième de la…, on va dire de la présidentielle. Peut-être juste derrière Hollande et devant Sarközy.
C’est l’islamophobie qui a tué Marine Le Pen finalement ?
Alain Soral – C’est pas à moi qu’il faut dire ça puisque ça c’est ma théorie, vous êtes gentils. Il est possible que l’affaire Merah lui ait fait prendre un virage qui était presque un piège – d’ailleurs l’affaire Merah est une affaire très étrange – et qu’effectivement, quand on stigmatise une partie de la population française et qu’on a un discours d’opposant, et même je dirais d’« extrémiste », on cesse d’être un présidentiable. Car les français sont des petits bourgeois lâches et faux-culs. Et ils veulent qu’on règle le problème de l’Islam en France, mais en douceur. Ils veulent pas que ce soit fait brutalement. Et c’est vrai que Marine Le Pen, à un moment donné, sans doute à cause de son entourage, sans doute à cause de sa sensibilité de femme de la bourgeoisie moderniste, a eu une réaction à mon avis qui n’était pas une réaction présidentielle à l’affaire Merah.
J’ai senti là qu’elle a effectivement perdu des points. Il fallait sortir de cette affaire par le haut, comme j’essaye plutôt de le faire.
Comment aurait-elle pu faire autrement ?
Alain Soral – Fallait pas faire l’amalgame entre les musulmans du quotidien, l’islamisme radical qui est une histoire de services – souvent manipulés – et le petit Merah qui était un voyou qui travaillait comme vous le savez, qui était un indicateur de police avec un CV particulièrement étrange.
Et elle n’a pas découplé ces trois composantes, mais assimilé voyou, musulman du quotidien, islamisme radical. Elle est tombée dans le piège de cet amalgame. Et je pense que quelque part, ça lui a couté un peu cher.
Parce que je vous le dis, un président doit être un réconciliateur et quelqu’un qui trouve des solutions pacifiquement.
Et là, elle a été dans une position d’opposant un peu extrémiste. Et même si les français ont peur de l’Islam et sont comment dirais-je, lassé de la délinquance immigrée qu’ils identifient parfaitement, ils ne veulent pas que celui qui va régler le problème le fasse brutalement ou en aboyant.
Et je pense que là, elle a baissé de stature. C’est mon analyse.
Ceci dit, Dupont-Aignan qui était exactement sur ma ligne, il n’a fait qu’un pour cent, ou un et demi pour cent. Donc c’est assez compliqué tout ça.
Et puis je finirai que si Marine Le Pen passe dans les médias, c’est aussi comme je l’avais dit chez Taddeï y’a un an, et ça s’est vérifié, c’est parce qu’en fait, on lui délègue le comment dirais-je, l’agressivité antimusulmane. Alors qu’en réalité, l’anti-islamisme en France a deux structures très profondes. Le réseau sioniste à cause de la question palestinienne et le réseau laïcard maçon qui déteste toutes les religions monothéistes transcendantes, qui a détruit le catholicisme et qui ne veut pas que l’Islam puisse s’implanter.
Donc en réalité, on fait porter à Marine le chapeau de l’anti-islamisme alors que le gouvernement actuel, si vous regardez sa constitution, le noyau dur, est maçon du Grand Orient et sioniste. Ces gens-là en fait, sont beaucoup plus anti-islamiques radicalement et structurellement que peut l’être Marine Le Pen qui même si elle était antimusulmane, n’a pas vraiment les moyens.
Et la barre psychologique des 20 % telle qu’annoncée franchie à un moment lors de la soirée du premier tour ?
Alain Soral – Mais y’a pas eu 20 %. Y’a eu 20 % tant que les résultats de Paris n’étaient pas tombés. Ce qui a fait chuter le pourcentage de Marine Le Pen, c’est l’élection parisienne dont les bureaux fermaient plus tard. Ce qui veut bien dire que Paris qui est la ville de la bourgeoisie dirigeante et des riches, est très anti-Front national. Ce qui est un marqueur social pour répondre à Mélenchon d’une certaine manière.
A-t-on le profil socioéconomique de la population parisienne ?
Alain Soral – Le mètre carré. Le prix au mètre carré. Le loyer, le prix du mètre carré à l’achat. Et la sociologie de Paris depuis trente ans. Parce que Delanoë n’a fait que continuer ce qu’avait fait Chirac. On a une expulsion depuis trente ans, méthodique, des classes populaires de Paris qui était avant une ville socialement mixte, ce qui faisait son charme. Parce que maintenant, toutes les capitales du monde, dans une vision mondialiste, sont des musés vivants et doivent être des lieux pour touristes à fort pouvoir d’achat et bourgeoisie supérieure.
C’est une tendance lourde de la sociologie occidentale qui est valable d’ailleurs pour toute les capitales occidentales puisque Paris est une des moins chères.
Donc on sait que comme c’est la capitale préférée des touristes du monde, elle a vocation à grimper encore. Et plus on fait monter le prix de l’immobilier, plus on chasse les classes populaires. Y’a pas besoin d’avoir fait de l’économie pour comprendre ça.
Les classes populaires voteraient donc plus Marine Le Pen que les classes aisées. Mais nous d’où l’on vient, on fréquente des classes populaires…
Alain Soral – Ça dépend où.
La ruralité est marquée Front national.
Alain Soral – C’est normal. Les vrais miséreux sont là. Les vrais miséreux, ils sont dans le monde sub-sub-urbain. On le sait aujourd’hui par toutes les études récentes.
Ce qui est certain, c’est que la bonne bourgeoisie française ne vote pas Front national. Les cadets de la bourgeoisie votent parfois Front national dans leur période étudiante, comme les cadets de la bourgeoisie de gauche peuvent voter Mélenchon ou NPA, mais globalement, le socle sociologique du Front national, c’est d’abord la petite et moyenne bourgeoisie, petits commerçants, artisans, petits entrepreneurs.
C’est la classe poujadiste, ce qui n’est absolument pas honteux. C’est la classe moyenne. Et après on va dire, s’est agrégé à ça, à cause de l’aggravation de la crise et aussi de la trahison de ce qu’on appelle la deuxième gauche, s’est agrégé à ça, les salariés en difficulté, les ouvriers en déshérence, etc.
Ce qui a une réalité, c’est que le Front national est après l’abstention – qui n’est pas un parti – le premier parti ouvrier de France, bien, bien loin devant le Front de gauche ou le NPA, on le sait. Le Front national est le premier parti ouvrier de France.
Quel candidat avez-vous soutenu lors de ces élections ?
Parce qu’on se souvient qu’en 2007, vous aviez dit : « Le Pen méritait la France mais je ne suis pas sûr que la France méritait Le Pen. », et que finalement, vous aviez voté Royal au second tour. Aujourd’hui, votre position vis-à-vis des candidats et vis-à-vis de Marine Le Pen ?
Alain Soral – Moi, j’ai soutenu aucun candidat officiellement. J’ai dit que moi, personnellement, j’ai voté Marine Le Pen parce qu’on vote pour le moins pire et que Marine Le Pen… D’abord pour sa vision on va dire, sa critique du mondialisme assez bien articulée, cohérente et très proche de la mienne. J’ai voté Marine Le Pen pour sa critique du mondialisme. Elle est quand même une des seules à produire cette critique de façon totale, globale et articulée, avec Dupont-Aignan. Les autres n’osent pas le faire.
Même Mélenchon est en contradiction permanente, puisqu’il critique à la fois un certain mondialisme financier mais il est pour l’immigration. Il est dans les mêmes contradictions où était le NPA et d’une façon général tous les trotskystes.
Donc j’ai voté Marine Le Pen mais je n’ai pas appelé à voter pour elle parce que d’une certain manière, je vais aller jusqu’au bout de ma logique, je ne suis pas démocrate. Je pense que rien ne sortira jamais des urnes. Et que si à un moment donné, on doit opérer en France un changement radical de gestion, c’est-à-dire sortir effectivement de cette gestion capitaliste néolibéral financière, ça se fera je dirais, par quelque chose de type révolutionnaire.
Quelle société souhaiteriez-vous idéalement mettre en place ? Une démocratie ou bien autre chose ?
Alain Soral – Déjà, je suis comme tous les gens un peu sérieux. Ce qu’on appelle la démocratie représentative n’est pas la démocratie. C’est un mensonge et une fausse démocratie. Dans mon livre d’ailleurs, j’explique, j’appelle ça « démocratie de marché et d’opinion ». Et je remarque comment petit à petit, on a ramené toute la gauche à l’électoralisme. Etienne Chouard fait des critiques très radicales avec le tirage au sort qui revient au système grec de l’époque la plus démocratique grecque.
Oui mais une démocratie grecque reposant sur l’exclusion des esclaves et des femmes…
Alain Soral – D’accord, oui, oui. Vous m’apprenez rien mais c’était quand même il y a quelque deux mille années. Mais en tout cas, le tirage au sort parmi les citoyens…, parce qu’on parle des citoyens. Les citoyens votent, ni les métèques ni les esclaves. Vous avez raison de le dire.
Mais le tirage au sort parmi les citoyens est un système authentiquement démocratique. Je suis pour une démocratie authentique radicale, ce que Céline appelait le « communisme Labiche », c’est-à-dire faisons le jusqu’a bout. Mais la mascarade actuelle qui prétend qu’on est dans un système démocratique... De ce point de vue-là, je préfère l’Ancien Régime et je suis de plus en plus en vieillissant, pour un retour à la monarchie.
Et l’anarcho-nationalisme ?
Alain Soral – Excusez-moi mais c’est un peu des catégories de jeunes.
Un peu comme dans les années 20, les cercles proudhoniens inspirés par Maurras.
Alain Soral – C’est-à-dire issus du syndicalisme révolutionnaire donc de mes maîtres à penser à moi, effectivement, qui sont Sorel, Proudhon, qui dialoguaient avec les gens de l’Action française puisque c’est…
Maurras a produit une théorie très intéressante qui est le nationalisme intégral : retour au catholicisme religion d’État, retour à la monarchie pour préserver l’indépendance nationale. C’est-à-dire qu’il n’est pas a priori catholique et monarchiste : il le devient par nationalisme ce qui et intéressant parce que c’est un positionnement dialectique.
Et c’est vrai que moi, je me sens à l’aise avec les anarchistes, ce qu’on appelle l’anarchosyndicalisme – les Sorel et Proudhon – et je me sens à l’aise aussi avec certains monarchistes de type justement maurassiens.
Et c’est vrai qu’entre les deux, je pense que c’est la grande mascarade démocratique qui est en fait l’alternance du pouvoir on va dire du Grand Orient et du la Grande Loge nationale de France. C’est tout ça effectivement que j’appelle la mascarade démocratique. Dans mon bouquin j’appelle ça « démocratie de marché et d’opinion ».
Le Venezuela est-il fidèle comme la Suisse, à la démocratie telle qu’Etienne Chouard la conçoit. Or un tel régime ne serait pas forcément l’assurance d’avoir au pouvoir un État authentiquement de gauche, comme le Suisse en atteste qui reste un pays très libéral.
Alain Soral – Il faut déjà donner une définition rigoureuse au mot libéral. Le libéralisme philosophique et le libéralisme économique ne sont pas tout à fait la même chose.
Et en fait la Suisse est un pays, une petite nation orgueilleuse avec un système citoyen par votation qui a beaucoup à voir avec la vision rousseauiste de la démocratie, d’ailleurs. Et c’est pas un pays spécialement libéral. C’est un pays qui est devenu riche par la banque parce que sinon, c’était des paysans de moyenne montagne et des fabricants de chocolat. Et traditionnellement, le travail du suisse, c’était soldat. Il faut savoir que le suisse a fourni – qui est un pacifiste – toutes les armées royales et impériales d’Europe depuis Marignan.
N’est-ce pas le pays le plus armé d’Europe, par habitant ?
Alain Soral – Oui c’est une petite nation fédérale. C’est « Confédération helvétique », qui a un grand sens de la souveraineté, qui a résisté à l’Union européenne. Et résumer ça à « c’est un pays libéral » parce que ce n’est pas un pays où il y aurait une dictature socialo-communiste, c’est un peu léger. Le mot « libéral » on doit le cerner de plus près.
Y’a pas juste « libéral » et puis comment dirais-je, « socialiste ». C’est un pays aussi où l’État est fort. Oui. C’est-à-dire que c’est un pays de liberté d’entreprendre. Mais y’a eu des tas de pays de liberté d’entreprendre qui n’ont été ni libéraux d’ailleurs ni socialistes. Ne croyez pas que sous l’Ancien Régime, il n’y avait pas de liberté d’entreprendre. Je suis désolé. Y’avait les corporations.
En fait, c’est plutôt un pays « subsidiariste ». C’est-à-dire qu’ils aiment les petites échelles. C’est-à-dire que c’est un pays de 6-7 millions d’habitants. Et la subsidiarité, c’est qu’il faut que les instances soient toujours le plus proche des bénéficiaires des décisions. Et ça à mon avis, c’est une grande garantie de démocratie.
Le communisme sans État avec une démocratie directe ?
Alain Soral – Si vous aviez lu Marx vous verriez qu’il n’y a pas une ligne sur le communisme dans Marx.
Au contraire dans la Critique du Gotha, il dit bien que c’est à l’État d’être éduqué par le peuple, et pas l’inverse.
Alain Soral – Excusez moi, c’est des phrases, c’est de la philosophie, c’est de la branlette. Marx, il a produit une critique de l’économie politique. C’est-à-dire une critique de la société capitaliste en montrant que ses contradictions mèneraient à sa destruction.
Première chose : il a souhaité politiquement une transition qui s’appelle le socialisme qui passait par la dictature du prolétariat, c’est-à-dire que les victimes du capitalisme prendraient le pouvoir de manière autoritaire pour essayer d’amener petit à petit un dépérissement et une disparition de l’État. Ce qui est très utopique. En réalité le communisme dans la vision marxiste, c’est un peu comme le paradis dans le christianisme. C’est ce qui adviendra lorsque les contradictions historiques seront surmontées. Il n’y a pas une ligne dans le marxisme sur la gestion communiste de l’État et le communisme n’a jamais existé puisque l’URSS était une Union des républiques socialistes soviétiques. Le communisme, on en sait rien. Le communisme c’est le paradis, c’est l’au-delà.
Et la Commune de Paris. N’était-elle pas une forme de communisme ?
Alain Soral – A l’époque, c’était même pas théorisé complètement. En 1870, une tentative autogestionnaire on va dire. Mais c’est pas une discussion très intéressante.
Ce qui est intéressant, c’est de voir que quand il y a une économie qui est contrôlée par une État tout-puissant et quand à l’inverse y’a un secteur économique laissé libre, et on se rend compte historiquement que quand c’est entièrement sous tutelle de l’État par une bureaucratie, ça a tendance à se bloquer et à produire de la pauvreté. Ça, on l’a constaté. Même les analystes, les gens qui aimeraient plus d’égalité, plus de socialisme, etc., l’ont constaté systématiquement. Donc c’est pour ça que c’est un débat d’arrière-garde.
Moi, j’ai des gens qui m’ont emmerdé y’a pas très longtemps, qu’on avait raté l’expérience communiste à cause des trahisons et qu’il fallait recommencer de a à z.
Comment dirais-je, le marxisme est une pensée dialectique, une pensée sur l’histoire. Ce n’est pas une religion, voyez.
Que reprochez-vous au système actuel et pour vous, qui en est responsable ? Le considérez-vous comme un échec ?
Alain Soral – Ce que je reproche au système actuel, c’est assez simple. C’est d’être… En fait le politique est devenu aujourd’hui un spectacle qui est là pour habiller en fait, quelque chose qui est de l’ordre de l’oligarchie et de l’oligarchie économico financière. Et même de l’oligarchie financière qui est le vrai pouvoir.
Et qu’en réalité, il suffit de voir la ministre Duflot pour comprendre qu’elle n’a aucun pouvoir. Et heureusement d’ailleurs qu’elle n’en a pas.
Le Conseil des ministres est un spectacle qui est totalement un spectacle d’hommes de paille et qui n’a pratiquement rien à voir avec le pouvoir politique réel qui lui est un rapport de force permanent, un bras de fer, entre les détenteurs du capital qui essayent de comment dirais-je, de maximiser la rente et qui brutalisent on va dire le peuple du travail, qui justement n’a plus les moyens d’être protégé par le politique.
Et tout ça est masqué. Toute cette brutalité est masquée par le monde médiatique qui lui-même est sous contrôle via la logique de l’argent de comment dirais-je, de l’oligarchie financière.
En réalité, on est dans un monde pyramidal, oligarchique avec voilà, les politiques qui sont des animateurs, les clercs qui fournissent de l’idéologie dominante, sinon ils sont expulsés. Et tout ça n’a pas grand-chose à voir avec la démocratie, c’est une évidence, mais surtout correspond, en ce moment, à une dérive parce qu’on pourrait avoir comment dirais-je, un pouvoir assez autoritaire mais qui serait un pouvoir juste. Alors que là, on voit bien que l’idée est de maximiser à court terme le profit sans aucun souci de destruction des richesses, de destruction de la planète ou d’aggravation des inégalités sociales avec à terme, une évidence qui est un chaos social pouvant déboucher sur la guerre, la guerre civile, etc.
Donc nous avons un pouvoir oligarchique cannibale et irresponsable qui a les pleins pouvoirs politiques et qui est caché. Et c’est ça qui est triste. C’est que moi-même, j’attaque pas trop les politiques parce que finalement je sais que Hollande n’a aucun pouvoir. Que s’il tentait de faire quelque chose, il finirait comme Kennedy et qu’il est payé pour prendre les coups dans la gueule.
Alors justement, qui a le pouvoir ?
Ben l’oligarchie financière mondiale, c’est une évidence, qu’on appelle la Banque avec un grand B.
Et d’ailleurs on voit bien aujourd’hui que chaque fois, même quand on a viré Berlusconi qui était un gentil chef d’État de l’Italie d’après-guerre, un peu n’importe quoi, rigolo, machin, qu’on a déstabilisé sur des histoires de mœurs assez minables, derrière on a mis un cadre de Goldman Sachs qui immédiatement a exigé que les Italiens payent l’impôt, comme on le paye en France. Or toute l’économie italienne fonctionne sur un État faible et déficient et un tissu de PME-PMI qui ne fonctionnent que parce que justement, il échappe comment dirais-je, à la fiscalité drastique.
Et là, la Goldman Sachs va chercher l’argent où il est parce qu’elle a fait des spéculations qui ont ruiné les dépôts bancaires. Et ils vont chercher l’argent à tout prix en Italie en mettant en danger la structure même de l’économie PME-PMI de l’Italie. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ils sont obligés de sécuriser les perceptions par l’armée.
Et on voit ressurgir des attentats étranges, style années de plomb. C’est-à-dire des entreprises de déstabilisation pour dévier les colères.
Et là, on est bien face au pouvoir oligarchique, à sa monstruosité, à sa violence. Et ce qui montre bien que ces gens-là ont les pleins pouvoirs politiques et sont en fait des gens qui normalement devraient être chassés du pouvoir politique car ils sont dangereux. Ils sont dangereux pour la paix civile, l’équilibre, etc.
Ce qui veut dire que moi, je peux très bien ne pas être démocrate et souhaiter un pouvoir autoritaire. Mais si c’est un pouvoir un peu comme essaie de l’incarner de Gaulle dans les années 60, c’est un pouvoir autoritaire mais moral et soucieux du bien public. Ce qui est possible aussi. Voilà ma vision.
Quelqu’un de vertueux ?
Alain Soral – Oui, bien sûr.
Vous citez souvent les mots de « système » et « subversif ». Pourriez-vous les définir ?
Alain Soral – Le système, c’est ce processus qui s’appelle le capitalisme qui aujourd’hui a sa phase qu’on appelle le capitalisme mondialiste financier purement spéculatif et qui effectivement entraîne derrière lui tout un système, toute une organisation d’allégeance.
Y’a des modes opératoires. La manière dont le médiatique est articulé sur le politique, qui est articulé sur le financier. La manière dont l’universitaire est soumis à cette logique notamment on va dire, néolibérale. La manière dont. C’est ce que j’appelle le système. Le système, c’est un processus avec une logique profonde et qui s’accomplit, et que moi, je vois s’accomplir depuis trente ans.
Donc je le vois pratiquement et théoriquement. Et chez moi la théorie a suivi la pratique. C’est-à-dire que j’ai constaté une évolution, une soumission de plus en plus grande de certaines grandes écoles à la logique néolibérale, aux instances américaines, au sionisme. Une destruction petit à petit effectivement, des humanités classiques, de la culture générale, au profit de l’axiomatisation de comment dirais-je, de l’économie.
La culture de la monographie en sciences humaines au détriment d’une vision globale. La séparation totale aujourd’hui des sciences humaines et de la culture philosophique qui permet de réduire les sciences humaines à de la pure propagande, etc., etc.
Et l’économie de plus en plus à une science.
Alain Soral – Oui, bien sûr. Axiomatisée à l’extrême et qui n’a plus aucun rapport, aucun référent au réel et à la production.
En sciences humaines, à l’université, philosophie et histoire sont étudiés ensemble. Alors qu’en sciences économiques, on assiste à un découplage des deux avec tout un discours fataliste sur la crise en général, la crise en Grèce en particulier.
Alain Soral – Oui on a mis des mathématiques en économie.
On veut nous faire croire que l’homme économique se réduit à des données objectives appréciables par une approche de type « sciences dures ».
Alain Soral – Si je peux résumer, a Avant on appelait ça l’économie politique et petit à petit on a appelé ça les « sciences économiques ». On a mis les mathématiques au service de l’économie, ce qui est possible au plan topique et local. Et finalement, on a fini par dire que l’économie était une branche des mathématiques, c’est-à-dire que c’était une science exacte et qu’elle était entièrement autodéterminée par des logiques internes de type mathématique.
C’est-à-dire qu’on a exclu les rapports humains, notamment les rapports de classes de tout ça. Ce qui permet de faire croire aujourd’hui aux gens que finalement, la crise économique est une conséquence fatale et inéluctable d’une logique mathématique au dessus de tout le monde, contre laquelle on ne peut rien faire et dont personne n’est responsable.
On voit bien que derrière ça, y’a un mensonge et un projet politique de domination, mais que malheureusement les élites qui ont été formées dans cette idée de la science économique, branche des mathématiques, sont aussi des imbéciles savants, on va dire. Et malheureusement elles y croient. Il y a beaucoup, une grande partie des élites aujourd’hui qui sont en train de nous amener droit dans le mur, et notamment les élites européistes dont Delors était le champion, croient à ces fadaises. C’est ça qui est catastrophique.
Nous avons des imbéciles, des salauds tout en haut du système. Mais nous avons immédiatement en dessous, des exécutants qui sont des imbéciles, qui sont sortis de Sciences Po, de HEC.
Qui sont les plus responsables selon vous ? Les exécutants ou bien les planificateurs agissant dans le sens de leurs intérêts propres ?
Alain Soral – C’est pas important. C’est-à-dire que globalement, ce système est catastrophique parce que. C’est même pas parce qu’il ne serait pas démocratique. C’est surtout parce qu’il est dysfonctionnel, il marche mal.
On voit très bien que l’Union européenne, la zone euro, est la zone de la plus faible croissance du monde. Et que tout ce qu’on a fait à marche forcée en termes de standardisation européenne avait pour but la croissance et le plein emploi. Et que ça n’a fait que faire perdre des points de croissance et de l’emploi.
Et que des gens ne veulent pas y renoncer pour des raisons dogmatiques parce qu’en réalité pour eux, c’est une religion. Ils sont nés là-dedans.
Ce qui est tragique chez les technocrates de moins de cinquante ans, c’est qu’ils y croient comme on croit à une religion. Et c’est assez inquiétant, c’est ça que je veux dire.
Y’a sans doute des roublards en dessus, des malins qui se disent évidemment tout est un rapport de force et qui pilotent peut-être tout ça sans idéologie d’ailleurs autre que l’instinct de la prédation. Bien évidemment en dessous, y’a toutes ces cohortes d’exécutants.
On voit la même chose chez les journalistes. Quand on voit une Audrey Pulvar parler, on voit bien que c’est une idiote et qu’elle croit à ce qu’elle dit. Alors évidemment, c’est le principe de l’armée. Y’a le soldat qui tire et y’a le général qui donne les ordres. Et le problème est global.
Mais comment faire pour inverser la tendance ? Pour refaire rentrer de la conscience dans tout ça. Pour refaire rentrer du bon sens d’une certaine manière. Parce que je pense aujourd’hui que ce n’est plus une discussion de salon. C’est qu’on va droit dans le mur. On est dans une situation d’avant-guerre. On le voit bien avec la Grèce.
La responsabilité de 68 dans cette dérive, côté citoyen ? Les effets néfastes du politiquement correct.
Alain Soral – On peut pas tout mettre sur le dos de mai 68. Ce qui est sûr, c’est que mai 68 est un marqueur d’une colère assez saine du peuple français et des étudiants qui s’ennuyaient dans la société de consommation gaulliste des trente glorieuses.
Et c’était en fait, y’avait beaucoup, le fond de mai 68, c’est respectable. Ces gens demandaient un supplément d’âme qui a à voir finalement avec la société chrétienne, humaniste française qui ne peut pas se résoudre à des points de croissance et à du bien-être matériel. Ce qui est pas tout à fait le cas de la société américaine justement, qui elle se contente du barbecue avec très peu d’épaisseur d’âme.
Et en fait ce qui est triste, c’est que cette colère de mai 68 a été déviée et récupérée pour détruire les humanités classiques, et au nom de la pensée libertaire, détruire la morale qui était quand même un frein à certains abus et notamment un frein à la toute-puissance du Capital.
Puisqu’effectivement dans la morale humaniste française qui était avec un fond chrétien et un fond égalitaire, il y avait jusque dans les années 70 un certain mépris pour l’argent. Y’avait pas de publicité pour les banques comme maintenant. Y’avait une bourgeoisie qui affichait quand même un certain respect des valeurs. On était pas dans l’époque « bling bling ».
Ce qui est tragique, c’est que mai 68 a amené comme conséquence finale Sarközy alors que la colère de mai 68 était contre l’impérialisme américain, contre la guerre du Vietnam, pour un supplément d’âme, pour la poésie, etc.
Et ce qui est tragique dans le politique, c’est qu’on est toujours dans des colères et dans des soulèvements qui ont du charme – on peut parler même des printemps arabes – mais qui sont systématiquement récupérés, détournés et inversés par le pouvoir intelligent et pervers. Et c’est ça qui est triste dans le politique quand on le regarde avec recul.
On peut parler de la Révolution française de la même façon. C’est qu’en général, le pouvoir oligarchique sait très bien dévier et récupérer des colères saines et légitimes, pour finalement leur faire faire le contraire de ce à quoi elles aspiraient. Et c’est ça qui est très déprimant.
C’est pour ça que sur mai 68, y’a plusieurs mai 68. Dans mon livre, je l’explique. Y’en a au moins trois : y’a un mai 68 syndical, y’a le mai 68 libertaire et puis y’a le mai 68 politique et oligarchique dont la fonction est de chasser de Gaulle parce que de Gaulle résiste justement au processus mondialiste en politique étrangère et en politique économique.
Si vous regardez ce qu’il a fait par rapport à l’étalon-or, par rapport à la politique friedmanienne, ce qu’il a fait par rapport à la France comme choix de troisième voie par rapport au deux blocs, de Gaulle sorti de l’OTAN. De Gaulle, entre 61 et 67, a tenté des choses assez révolutionnaires en réalité dans le contexte français et c’est pour ça qu’il a été chassé. Et il a été chassé par le monde de l’argent qui s’est servi de la naïveté de la colère étudiante pour le chasser. Ce qui est d’une grande perversité.
Et c’est ça moi que j’ai étudié avec du recul. C’est d’ailleurs dans mon bouquin. Et je vous invite à vous poser là-dessus. C’est pas oui pour « oui ou non », « pour ou contre mai 68 ». C’est : qu’est-ce que mai 68 voulait dire, de quoi il était le stigmate ? Quelles ont été les composantes de 68 ? Et quel était l’effet final de 68, à long terme ? Ça a amené le mariage de Sarközy et Carla Bruni. Ce qui est totalement tragique.
Le système financier tire sa puissance aussi du soutien qu’il reçoit du pouvoir politique. D’où la déresponsabilisation qui s’installe. Exemple, les faillites bancaires, les spéculations boursières dont les pertes sont garanties, à coup sûr, par les pouvoirs publics. Pareil du côté du peuple. L’État pense à notre place : par exemple, en matière de morale, il définit pour nous quels sont les massacres à qualifier de génocides ou pas. L’État soutient le marché. Donc le peuple soutient le marché. L’autonomie du citoyen a été abolie, celui-ci préférant s’en remettre aux avis autorisés du pouvoir.
Alain Soral – Soyez un peu plus simples. L’argent est le pouvoir. Et cet argent a le pouvoir d’acheter le pouvoir. Il faut bien que vous compreniez que les politiques aujourd’hui sont les ayants-droits comment dirais-je, sont les émanations, sont redevables au pouvoir de l’argent. Les carrières politiques, ça se finance. En réalité, les politiques aujourd’hui sont presque toujours des hommes de paille. Ils n’ont pas les moyens de s’opposer au pouvoir. Et le vrai pouvoir, c’est l’argent.
Donc la question c’est de savoir : comment l’argent s’accumule-t-il ? Et dans les mains de qui est-il ? Quel est le projet de ceux qui ont l’argent ? Voilà. C’est tout ça qu’il faut essayer de comprendre. Mais il faut parfois être plus simple.
Le pouvoir, c’est l’argent. Y’a ceux qui possèdent l’argent et qui sont d’ailleurs cachés.
On ne voit pas, les grands banquiers sont très peu mis en avant médiatiquement. Ils sont discrets.
Mais ce qui est certain, c’est que quand Hollande dit : « Mon ennemi c’est la finance » pour essayer de plaire à l’électorat populaire qui a bien compris qu’il y avait un problème d’inégalités sociales et de violence sociale liée à la violence du pouvoir financier, le lendemain il va à Londres vite fait.
Londres qui est la vraie capitale mondiale du pouvoir financier, puisque Wall Street n’est qu’une émanation de Londres. Londres, c’est là qu’a été inventé ce que j’appelle l’Empire pour ceux qui s’intéresse à mon livre, c’est-à-dire effectivement cette jonction de la couronne d’Angleterre et de la grande Banque, qui a donné l’impérialisme, qui a donné le pouvoir anglo-saxon sur le monde, qui a donné la Compagnie des Indes orientales, etc., etc. Et là on voit bien que le lendemain Hollande va à la City discrètement et dire : « J’ai dit ça pour des raisons électoralistes mais évidemment, je ne m’opposerai pas à vous. ». Parce que sinon ils ont des moyens de le détruire.
De même que le lendemain de son élection, le pouvoir financier mondial, par ses moyens de coercition, peut faire une attaque contre la France par le mur de l’argent, peut déstabiliser le pays, le faire plonger au niveau de son CAC 40, etc.
Ce qui veut dire que les hommes politiques sont des hommes de paille qui sont pris en sandwich entre la colère populaire et la brutalité du monde de la finance. Et qu’ils sont essentiellement des acteurs qui sont là pour faire tampon et qui en réalité, ont très peu de pouvoir. Car le pouvoir politique n’est pas entre leurs mains. Ce sont des représentants du pouvoir financier et des bons acteurs pour déguiser en problématiques humanistes ou en problématiques sociopolitiques, en réalité des choses qui sont des injonctions du pouvoir financier dont la logique est toujours la même : toujours plus de libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes dans le but de maximiser le profit.
Et vous verrez qu’on est toujours là-dessus. C’est toujours là-dessus que y’a le hiatus.
Quand on parle de l’immigration, c’est ça. Ça n’a rien à voir avec le racisme.
Quand on parle des frontières ou du protectionnisme intelligent, c’est pour essayer effectivement, pour essayer de maintenir de la production et de l’industrie pour des raisons sociales. Mais ça serait au détriment de la maximisation du profit. On est toujours finalement dans ce combat Capital-Travail dont il faut bien établir toutes les médiations.
Et moi, c’est le travail que je fais qui est assez excusez-moi, c’est assez complexe. Ça demande du temps, ça demande de la connaissance, de la culture et ça ne se réduit pas à des slogans.
C’est pas « pour la liberté d’entreprendre » ou « pour l’État fort », etc. Il faut plutôt analyser des processus historiques, de lois tendancielles et des dérives.
Et aujourd’hui, on est dans une dérive financière du capitalisme où aujourd’hui, on voit très bien que le profit fonctionne sur la destruction de richesse. Et que c’est devenu un système. C’est devenu structurel. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, le profit financier inventé par Wall Street avec des machines qui travaillent à la nanoseconde, etc., produit de la fausse richesse, c’est-à-dire de l’argent immédiat par de la destruction systématique de richesses. Et c’est ça dont il faut prendre conscience par une analyse économique. Et remonter aux responsabilités politiques.
Et après effectivement, arriver à des conclusions comme Ron Paul qui dit : « Il faut que le pouvoir politique américain reprenne, par exemple, le contrôle de la Réserve fédérale américain », qui n’est ni une Réserve, ni fédérale, ni américaine, mais qui est en fait un conglomérat de douze banques privées mondiales, etc., etc.
Et en France, c’est pareil. La loi de 73, si je veux finir mon raisonnement, qui a prétendu lutter contre la dérive des politiques qui faisaient marcher la planche à billets pour des comment dirais-je, de la démagogie électoraliste, c’était l’excuse.
En réalité, on a privatisé la planche à billets et aujourd’hui on a une Banque centrale européenne qui fabrique de l’argent parce que c’est de la création monétaire pure, qui le prête à 1 % à des banques privées, et qui le reprêtent à 4 % aux États. Ce qui veut dire qu’on a fabriqué un intermédiaire inutile qui prend 3. Vous voyez ce que je veux dire.
Et ça ce sont des arnaques oligarchiques maquillées par des élucubrations. Là on parle de trahisons d’économistes qui eux aussi sont payés. Il faut voir que depuis Friedman, les économistes américains ne sont pas que des professeurs dans leur tour d’ivoire. Ils touchent ! C’est-à-dire qu’ils sont impliqués dans le processus de spoliation et ils sont payés pour mentir.
Les politiques sont dans la manipulation. Et les plus rationnels sont les patrons de banque dont chaque parole se transformera en réalité. Ils montrent la voie à suivre aux autres acteurs économiques.
Alain Soral – Y’a une convergence d’intérêt et il y a une logique dynamique du profit. Ce que Marx appelait la dérive de l’accumulation capitaliste. C’est-à-dire que le système produit en permanence des contradictions et doit surmonter ces contradictions.
Donc y’a des gens qui réfléchissent et y’a des logiques globales. Ce qui fait que globalement, le système avance dans une certaine direction je dirais, sans même que y’ait un complot hiérarchique comment dirais-je, parfaitement, voyez y’a personne qui se réunit avec des cagoules sur la tête, etc.
Simplement, y’a la logique de l’accumulation capitaliste en régime comment dirais-je, hautement financiarisé. Et tout ça débouche à la fin quand même sur des choix politiques. C’est-à-dire il faut spéculer sur des domaines qui n’ont pas encore été épuisés par la spéculation. Alors on dit : on va spéculer sur les matières premières agricoles. Voyez donc on dérégule, on privatise, etc. On mène des attaques, on fait des achats et des stockages pour spéculer sur les stocks et les prix. Et derrière, on produit cinq cents millions de morts dans le tiers monde. C’est démontré, c’est mathématisé. Ça veut dire que…
Jean Ziegler le fait beaucoup.
Alain Soral – Oui, mais il est pas le seul à le faire. Et donc à un moment donné, qui est le responsable de ces cinq cents millions de morts ?
Le banquier va dire : « Mais moi, j’ai obéi à une logique du profit pour mes actionnaires. Moi, je n’ai fait que finalement monter une martingale habile qui permet effectivement d’optimiser le profit. »
Finalement chacun peut se cacher. Et c’est un peu comme si vous regardez la fourmilière. Qui est responsable de la fourmilière ? La fourmi ne sait pas ce que c’est, mais elle le fait. Et même la reine des fourmis n’a pas le logiciel de la fourmilière en tête. Et le problème c’est que la fourmilière existe. Et on peut parler quand on parle de la « bourgeoisie », dans le marxisme, de la bourgeoisie qui est une classe, c’est-à-dire que c’est une être collectif qui a une intelligence collective et un projet collectif assez logique et assez implacable. Et qui est très au dessus de la conscience individuelle des bourgeois.
J’ai jamais rencontré de bourgeois intelligent mais la bourgeoisie est très intelligente comme classe dans l’histoire. Elle a surmonté toutes les contradictions et toutes les attaques de la critique socialiste.
Que pensez-vous qu’il va se passer en France prochainement au niveau économique et politique ?
Alain Soral – Eh ben pour ça, il faut avoir une vision globale et prendre de la hauteur.
Et pour ça ne pas trop s’intéresser à la politique politicienne et voir en fait que la France est un pays riche encore assez égalitaire et qui n’a pas subi encore, et qui n’a pas accepté la mise au pas néolibérale qui s’est faite en Angleterre sous Thatcher.
Et de toute façon, il y a dans une logique de pilotage mondialiste de comment dirais-je, de l’économie des pays et des peuples, il y a une volonté comment dirais-je, de dérégulation et de dérèglementation totale qui n’est pas encore effectuée en France.
On a vu sur les retraites, on attaque petit à petit. Sur les fonctionnaires, etc. Il y a un des verrous qui doit sauter en France demain qui est le CDI, le contrat à durée indéterminé. C’est quelque chose qui est comment dirais-je, incompatible avec une société libérale intégrale. Il ne doit exister que du CDD, c’est-à-dire la flexibilité et la mobilité totale.
Et malheureusement je vous le dis, exactement comme Obama a été payé finalement, avec sa négritude de gauche, pour continuer et aggraver encore les guerres néocoloniales engagées par Bush, on fait toujours dans une logique d’auto-alternance faire le sale boulot de droite par un élu de gauche.
C’est-à-dire qu’effectivement, les privatisations accélérées ne se sont pas faites en France sous Giscard mais sont faites sous les deux septennats de Mitterrand. Et c’est Jospin qui a vu le plus grand nombre de privatisations. Parce que pour le peuple, c’est moins visible.
Et je pense que ce pauvre Hollande, qui est un homme officiellement de gauche, va se prendre dans la gueule la phase finale de mise au pas de l’économie française au libéralisme anglo-saxon, à la brutalité anglo-saxonne. Pour l’instant, on est encore dans un système semi-français, semi-latin, semi-égalitaire, etc.
C’est la même chose qui se passe au Canada en ce moment avec les Québécois. Les Québécois se révoltent contre une mise au pas de l’État-providence à la française sur le système anglo-saxon dominant dans le reste du Canada.
C’est de là que vient la révolte. Et je pense que l’avenir c’est ça. C’est que le système oligarchique bancaire mondial qui a besoin d’argent parce qu’il n’a fait que des bêtises et qu’il est face à des gouffres qui le mettent en danger, cherche l’argent par tous les moyens. Pour ça il doit aller chercher l’argent là où il est.
L’argent il est notamment en France dans la production, chez les classes moyennes, dans ce qui reste d’État-providence, etc. Ils vont aller rogner sur tout ça, piquer sur tout ça.
Ça passera par une mise au pas politique, par des réformes que Hollande ne pourra pas empêcher, car il n’en a pas les moyens. Mélenchon fera son numéro de syndicaliste et il fera exactement comme l’ont fait les syndicats au moment comment dirais-je, au moment de la transformation de la loi sur les retraites. Ils ont mis des milliers de couillons dans la rue avec des fanions et à la fin, la réforme est passée. Et donc la France va être mise au pas comme l’a été, comme le sont les autres pays d’Europe. Et ça va provoquer des troubles sociaux.
Et le problème de l’oligarchie, c’est de gérer ces troubles sociaux.
Pour ça il y a comment dirais-je, les lois policières qui empêchent les réunions publiques. Il y a les manipulations, il y a la déviation comme je vous l’ai dit, de la colère populaire en crises ethnico-religieuses, avec la diabolisation des musulmans. Il y a des tas de stratégies pour dévier la colère populaire.
Cette colère populaire va venir. Elle sera due à l’aggravation de la crise économique et des inégalités sociales et de la hausse du chômage, notamment chez les jeunes, etc.
Et pour toute l’oligarchie, c’est finalement la stratégie qu’on appelle du chaos. C’est d’exiger face à des troubles aggravés, une dictature policière et financière. Et c’est ça le projet oligarchique final. C’est pour ça que mon livre s’appelle Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations. Vous verrez que ces processus sont en route en Grèce, sont en route en Italie, sont en route en Espagne, sont en route au Canada, sont en route aux Etats-Unis avec le Patriot Act – qui s’est encore étendu récemment –, qui est finalement de faire des États policiers au service de la dictature bancaire pour maintenir la schlag sur des peuples, finalement réduits à quelque chose qui ressemble à l’esclavage, mais l’esclavage avec des gadgets technologiques voyez, ce qu’on appelle le [teating], c’est-à-dire des jeux et du McDonald’s.
Comme moyen de résistance, la Nation ? Et pourquoi pas la coordination de plusieurs pays ?
Alain Soral – Ça, c’est la naïveté des altermondialistes.
Parce que déjà le problème des étudiants, moi je dis pas que vous êtes des imbéciles. Je dis que vous êtes dans des abstractions. Vous n’avez pas de vécu et donc vous êtes dans l’hyper-abstraction. Ce qui est très dangereux. Vous n’avez pas le sens du réel, de l’empirisme que j’ai appris, moi, avec les années et les années.
Y’a une mondialisation qui existe et c’est le mondialisme oligarchique. C’est-à-dire des élites qui se réunissent au G20. En face, il y a des peuples qui n’ont aucune solidarité entre eux parce qu’historiquement, ce sont des processus qui n’existent pas. C’est-à-dire que le français s’en fout de savoir le destin de l’islandais. L’islandais…
Et les Brigades internationales en Espagne pendant la guerre civile contre Franco ?
Alain Soral – De la merde ! C’était rien, c’était zéro. Qui a gagné ? Franco. Donc ne dites pas de bêtises.
Sans l’Allemagne nazie, c’était pas sûr.
Alain Soral – N’importe quoi ! Si vous vous taisez, je vais faire monter le niveau, je veux dire. C’est pas comme ça que ça s’est passé. Franco a gagne aussi parce que Staline s’est trouvé face aux trotskystes et face aux anarchistes. Et que de toute façon en face, c’était mal coordonné. Et puis que de toute façon, Staline avait décidé de ne pas vraiment soutenir l’Espagne parce qu’il y avait un partage de l’Europe qui se mettait en place et que c’était loin de sa base, etc. Mais je veux dire.
La volonté des peuples, quand ce sont plusieurs peuples qui se réunissent.
Alain Soral – Ça n’existe pas. Il faut arrêter avec les conneries d’adolescents et d’étudiants sur la volonté des peuples.
Le peuple, c’est quoi ? C’est une abstraction, c’est un mot dans votre bouche. Elles [ces populations] ne sont pas réunies. Jamais, nulle part. Elles ne parlent jamais d’une seule voix, elles n’ont pas de représentants uniques.
Plus on gagne en extension, moins on gagne en compréhension. C’est pour ça que la réalité française du pouvoir, c’est quoi ?
Ce sont les loges maçonniques. C’est entre 40 000 et 150 000 personnes en France. Le reste, ce sont des cochons de payants, des moutons, et des gens qu’on envoie voter parce que de toute façon, les très grandes échelles sont incompatibles avec le pouvoir. Le pouvoir est toujours le pouvoir des 1 %.
J’ai étudié les sociétés brahmaniques, égyptiennes, les sociétés hiérarchisées. C’est toujours 1 % de la population qui domine 99 %.
L’aristocratie française a régné mille ans sur la France. Ils étaient 1 % de la population.
Et je vous ferai remarquer que les élites mondialistes aujourd’hui financières transnationales sont également 1 % de la population. C’est même si vrai que les manifestants américains qui défilent à Wall Street, en ce moment, s’appellent eux-mêmes les 99 %. Ils ont bien compris que le pouvoir, c’était 1 %.
Le peuple ça n’existe pas. C’est un énorme fatras de gens qu’on ne peut pas faire bouger ensemble. Mais simplement on vous fait bander, un avocat révolutionnaire qui vise…, on va dire un Danton, vous fait rêver avec ça parce que vous êtes un étudiant idéaliste. Mais ça n’existe pas.
Il y a des choses qui existent. Ce sont les réseaux de pouvoir qui sont des structures oligarchiques parce que c’est des gens peu nombreux, très organisés, avec un savoir et surtout une vision, une téléologie. C’est-à-dire que eux, ils savent où ils vont.
Et le peuple, c’est une masse protéiforme traversée par les oppositions de classes, par les différences de culture nationale, par les différences psychologiques qui fait que c’est en même temps les plus nombreux, mais ils n’existent pas. C’est le principe de la logique dialectique qu’il faut comprendre en lisant Hegel. C’est que finalement, plus une idée est vraie, moins elle est vraie. Plus vous étendez un concept, plus il perd sa force de validité, sa réalité pratique, voyez. C’est-à-dire que.
La nation n’est-elle pas aussi une échelle trop étendue ?
Alain Soral – Il n’y a pas de peuple monde. Par contre il y a une oligarchie mondiale. L’oligarchie mondiale, vous la voyez au G20. C’est quelques centaine de technocrates et de banquiers. Ils peuvent travailler ensemble. L’association des peuples du monde, ce n’est pas possible parce que ce n’est pas gérable. Vous ne comprenez pas ça !?
Pareil au sein des nations. Même contradictions. Pourquoi des provinces aussi éloignées que le nord et le sud s’organiseraient ensemble ?
Alain Soral – Le processus mondialiste est un processus de domination historique constaté.
L’échelle humaine que les sociétés humaines ont réussie à atteindre – qui sont des échelles d’organisation et de solidarité –, historiquement la plus grande échelle de communauté humaine solidaire et consciente qui ait existée dans l’histoire, c’est la nation.
Au-delà, on a fait un empire mais pas une supernation. C’est une nation qui domine d’autres nations. Il faut le comprendre.
Donc en réalité, face au processus mondialiste, les échelles de résistance valides mais suffisamment lourdes pour peser sont les nations.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, le processus mondialiste joue le régionalisme. Parce qu’on voit par exemple que l’Union européenne joue à la fois l’Europe et le fédéralisme, c’est-à-dire les régions. Ce qui leur fait peur, c’est l’échelle nationale. Parce que l’échelle nationale, on le voit d’ailleurs avec le Front national, c’est l’échelle d’opposition valide au processus mondialiste. Et c’est un constat que je fais. Ce n’est pas une théorie.
C’est que l’histoire du monde, si on veut employer les outils du matérialisme historique, c’est des échelles de solidarité humaine et de conscience humaine qui grandissent. Au début, c’est la famille, après c’est le clan, après c’est la tribu, après c’est des tribus de tribus, ce qui peut donner la société écossaise, etc., etc. Et à un moment donné, on arrive à une échelle assez importante de plusieurs millions d’âmes qui donnent la nation.
La France était la grande nation. Elle a dominé le monde car elle était la première à faire marcher ensemble, derrière un drapeau et un roman national, une trentaine de millions de personnes. Ce qui a donné l’épopée napoléonienne. Ça, c’est des constats historiques.
La nation américaine domine aujourd’hui parce que malgré le communautarisme américain, ils sont tous patriotes et d’accord pour aller botter le cul aux irakiens au niveau de la masse qui bouffe au McDonald’s. Et ça, ça existe. L’Amérique est une nation. Il faut bien le comprendre.
Et au-delà de ça, on est dans les abstractions. Et même quand Monsieur Hugo Chavez que j’ai rencontré moi, personnellement, essaie de lutter contre l’hégémonie mondialiste, qu’est-ce qu’il fait ? Il passe des accords de solidarité entre nations avec la nation iranienne. Vous avez qu’à regarder la nation syrienne, etc.
Et en fait aujourd’hui, y’a un processus impérial mondialiste et pour y résister, il peut y avoir des coalitions de nations, ce qu’on appelle le monde multipolaire. Et vous voyez bien que y’a la Russie qui essaye de le faire avec l’Iran, avec la Syrie, avec le Venezuela. A la marge, les chinois sont partie prenante à distance. Et on voit bien effectivement, ce qui peut contrer le processus impérial, ce sont finalement des fédérations de nations. C’est ça, mais ça c’est un constat que je fais qui est valide. Après si vous voulez rêver à l’altermondialisme, c’est très joli.
Mais les nations sont une invention récente. La mobilité totale préexiste aux nations. Sans compter le libre commerce qui lui aussi reste très ancien.
Alain Soral – La notion de citoyen du monde est une escroquerie mondialiste. Y’a pas de citoyen du monde en réalité.
Pourquoi les nations plutôt que d’autres échelles plus petites d’action comme les villes ou quartiers ?
Alain Soral – D’opposer la nation par exemple à la commune est une bêtise. La nation est la plus grande échelle de solidarité humaine. Elle s’articule sur des échelles plus petites, hein. Si vous apprenez l’administration française, si vous faites des études, vous verrez bien qu’en France, y’a des structures. Y’a la nation, puis y’a la région, puis y’a la commune. Et ça, vous voyez très bien que ce sont des communautés humaines de solidarité humaine, de décision commune – il faut lire Jean-Jacques Rousseau – qui à un moment donné s’agrègent par briques de plus en plus grandes. C’est complexe. C’est pas la nation et puis rien d’autres.
Vous êtes pour le fédéralisme comme Proudhon !
Alain Soral – Mais non ! Moi, ce qui m’amuse, c’est que vous ne savez pas penser ce problème. Quel est le discours politique qui s’oppose au processus mondialiste ?
Comme par hasard, c’est le discours nationaliste du Front national. C’est pas un hasard. C’est-à-dire que finalement aujourd’hui, la résistance à ce processus mondialiste ne s’incarne pas au Parti socialiste, ne s’incarne pas à l’UMP, mais s’incarne principalement au Front national justement parce que c’est un front national.
Et qu’on se rend bien compte que ce Front national défend quoi ?
Des acquis sociaux qui sont historiquement acquis notamment par ce qu’on appelle le CNR, le Comité national de la Résistance, qui a amené la privatisation (sic) [nationalisations] des banques, la création de la sécurité sociale, un certain mutualisme française, et une certain État-providence d’économie mixte. Donc tout ça, c’est historique. Donc on voit bien qu’à un moment donné, c’est un sursaut national lié à une invasion nationale d’une autre nation qui était l’Allemagne, qui a produit un certain nombre de structures de protection du peuple français qui est aussi. On parle bien du « peuple français », pas des bretons ou des auvergnats bien que le peuple français [soit] constitué de bretons, d’auvergnats, de savoyards, etc.
C’est toujours des petites échelles qui s’intègrent dans des échelles plus grandes. Au-delà de la nation française qu’est-ce qu’on a eu ?
On a eu le processus européiste qui n’est pas une « Europe puissance » comme le rêvait de Gaulle, qui aurait été effectivement des nations qui s’associent entre elles pour former un empire. Ce qui aurait pu être un rêve. Le rêve gaulliste.
On est passé à ce que Pierre Hillard décrit très bien, qui est un processus de mise au pas des individus réduits à des ilotes consommateurs, par une oligarchie mondialiste qui s’appuie, pour exercer son pouvoir dictatorial sur les individus du monde entier, sur la logique financière et le pouvoir financier. Et ça, c’est une description de la réalité telle qu’elle est.
Moi, je pense qu’on doit. La pensée, c’est toujours bricoler le réel. Ce n’est pas écrire sur un tableau noir : je veux ceci, je veux cela.
Voyez quand vous faites la guerre, vous dites pas : « Je veux 300 000 soldats ». Il faut que vous les trouviez concrètement dans la vie réelle et que vous puissiez leur acheter à chacun un fusil.
Donc je dis aujourd’hui : quel est le moyen concret de résister à la déferlante mondialiste qui est une agression ? Comment résister ?
Eh ben évidemment, il y a la conscience individuelle, il y a la solidarité familiale, ce que vous voulez. Mais en dernière instance, l’échelle critique qui peut faire contrepoids sérieusement, c’est l’alliance des nations antimondialistes. Et ça se vérifie par la politique telle qu’elle s’applique aujourd’hui.
On voit bien que Kadhafi a été détruit parce qu’il voulait notamment faire le dinar-or et essayer de donner à l’Afrique les moyens de son insoumission à la puissance occidentale. Et que pour ça, il régnait sur une petite nation qui s’appelait la Libye, et qu’il a été détruit.
On voit bien qu’aujourd’hui, on assiste à la mise au pas d’une nation baasiste qui s’appelle, qui est un des derniers restes de ce qu’on appelle le panarabisme laïque, qui est la nation syrienne.
Moi, je regarde la réalité, c’est ça que je veux dire. Je ne suis pas dans les abstractions. Et après je fais marcher la théorie. Mais après avoir regardé la réalité. Aujourd’hui la résistance au processus mondialiste qui est un processus oligarchique, doit passer pour être efficace, par des solidarités nationales. Ce qui veut pas dire que ça ne passe pas par de la conscience individuelle, de l’association, du syndicat même, etc., etc.
Mais je veux dire que le mondialisme dans sa vision guerrière a bien compris qu’il fallait qu’il détruise les nations. Et c’est bien la preuve que les nations sont le moyen le plus efficace de résistance au mondialisme puisque l’objet principal d’attaque du mondialisme aujourd’hui, c’est les nations.
Le mondialisme veut détruire les nations.
Et vous voyez bien que le gouvernement socialiste aujourd’hui est un ramassis d’antinationalistes, c’est clair et net.
Que pensez-vous du licenciement d’Éric Zemmour de RTL ?
Alain Soral – Ouais je connais bien Eric Zemmour, pour les gens qui ne le savent pas. On se parle, on s’échange des mails. Un peu moins en ce moment d’ailleurs. On est en contact régulier.
Éric Zemmour représente on va dire, cette frange de la communauté juive qui est pour un rapprochement avec les nationalistes et de façon plus générale, qui est pour une fusion ou une collaboration de l’UMP et du FN, dans le but que la droite reste majoritaire en France. On est dans une culture Figaro et donc y’a ces deux déterminations qui se mêlent chez Eric Zemmour.
Il est pour une alliance de la droite et de l’extrême droite contre la gauche et l’extrême gauche.
Et son autre marqueur est qu’il est assez hostile aux musulmans parce qu’à mon avis voilà, en tant que membre de la minorité juive d’élite, il a une angoisse du fait qu’il vient de banlieue, d’ailleurs. Il est on va dire un juif de droite.
Le pouvoir a changé après Sarközy : c’est Hollande. Et là, visiblement, les juifs de gauche et les juifs de droite qui s’engueulent entre eux, se font un peu la peau. On a la tendance Askolovitch et la tendance Goldnadel si on veut voir les gros marqueurs. Et on va dire que Zemmour est plus du côté Goldnadel. Et là, avec le PS, c’est plutôt les Askolovitch qui ont repris la main. C’est-à-dire que plutôt que de tendre la main à la droite catholique et à l’extrême droite, ils sont plutôt encore dans leur logique « mains tendues aux immigrés ».
Pouvez-vous définir pour nos auditeurs ces catégories de la communauté juive ?
Alain Soral – Y’a des juifs de gauche et des juifs de droite. Y’a des juifs qui sont pro-immigrés, donc ça veut dire pro-maghrébins, en disant : voilà nous sommes les protecteurs des immigrés contre les méchants racistes français.
Et puis il y a l’autre tendance déterminée par l’évolution de l’État d’Israël qui dit : l’ennemi, c’est l’immigré parce qu’il est musulman. Et il faut se rapprocher, puisque nous sommes des nationalistes de droite, des autres nationalistes de droite d’Europe, donc des extrêmes droites européennes.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, on voit un rapprochement assez systématique et visible des extrêmes droites européennes, notamment le Vlaams Belang. On le voit donc en Hollande, on le voit en Belgique, on le voit en Autriche, on le voit en Angleterre. On voit un rapprochement entre les extrêmes droites européennes et comment dirais-je, Israël et les juifs de droite.
On voit très bien que des leaders d’extrême droite autrichiens ou hollandais vont régulièrement en Israël, sont reçus à la Knesset, etc.
Donc il y a dans la communauté juive française un déchirement. C’est-à-dire qu’il y a les juifs de droite qui sont pour se rapprocher des nationalistes européens contre les musulmans en disant : finalement Israël est une nation de droite et « Vive les nations de droite ethniquement pures et militarisées ! »
Et puis y’a les juifs de gauche, ce qui est plus traditionnel en France, [pour qui] l’ennemi, c’est le nationaliste français catholique qui n’aime pas les juifs et qui n’aime pas les immigrés : « Nous juifs de gauche sommes solidaires des immigrés et donc des gens du tiers monde. » Et ça, c’est la tendance Nouvel Obs, Askolovitch, etc.
Et Zemmour était sur la ligne de droite qui correspond plus aux juifs qui étaient avec Sarközy. Et puis là, on est sur la ligne de gauche avec Hollande, des juifs qui sont avec Hollande et Askolovitch. Donc voilà.
Zemmour qui est un juif de droite pro-nationaliste, pour un rapprochement UMP-Front national, eh ben dans le petit jeu des ménages postprésidentiels, il perd un de ses boulots.
Je vais pas pleurer parce que moi, j’en ai pas de boulot dans les médias ! Mais c’est assez logique. Et je le dis assez sereinement parce que je connais bien Éric Zemmour. C’est un copain, on discute assez sereinement de tout ça.
Et voilà je pense qu’avec Sarkö, c’était des juifs de droite qui tenaient le haut du pavé. On va dire au Crif, c’est la tendance à Goldnadel. Et là, avec le retour de Hollande, c’est plutôt les juifs de gauche qui reprennent la main. Alors peut-être pas Julien Dray, parce qu’il est un peu cramé. Mais ces juifs de gauche pro-immigrationnistes.
D’ailleurs sans doute, il suffit de regarder : Valls, Peillon, etc., qui sont sans doute sur cette ligne-là : mains tendues aux banlieues, dialectique de l’excuse, antinationalisme, sionisme plus discret que les autres ou pour un « sionisme de gauche », etc., etc.
Je pense que c’est ça l’analyse qu’il faut faire. Moi, ce que je remarque, c’est que Zemmour a quand même cinq ou six boulots, et que moi j’en ai pas !
Votre opinion sur Ron Paul, libertarien favorable à la limitation des pouvoirs de l’État fédéral américain, pour une remise en cause du soutien à Israël, contre le Patriot Act, contre la régulation Internet, contre les guerres...
Alain Soral – Oui, ben déjà je fais remarquer que Ron Paul vient de se retirer de la course à l’investiture.
Non pas exactement.
Alain Soral – Il dit « qu’il n’a plus les moyens financiers pour continuer ». Donc il sort du jeu. C’est-à-dire qu’il aurait pu, il était à la course pour être candidat républicain et il est sorti du jeu.
C’est sans doute dans les gros candidats officiels le plus intéressant puisque effectivement, c’est ce qu’on appelle un républicain authentique américain et non pas un républicain néoconservateur.
Il faut comprendre que le système américain n’est pas le système français. L’Amérique est un pays de pionniers qui n’a pas une distinction gauche droite comme chez nous.
En fait, les républicains sont à moitié de gauche selon nos critères. Ils sont pour une État faible parce qu’ils veulent la liberté d’entreprendre et cet esprit pionnier qu’on appelait la Frontier. Ils sont pour le droit de porter des armes. Ils sont en même temps pour la non-intervention. Ils sont contre la doctrine Monroe. Ils sont pour un certain isolationnisme.
Ils représentent en fait les petits américains de l’Amérique du centre, c’est-à-dire ni la côté est ni la côté ouest. C’est-à-dire on va dire ni Hollywood et Los Angeles, ni New York et Wall Street.
C’est ce qu’on appelle un leader populiste. Ron Peul est le représentant des populistes, c’est-à-dire de la classe moyenne américaine issue de l’esprit pionnier, des petits entrepreneurs. C’est un comment dirais-je, c’est l’esprit populiste américain. C’est pas facile à transposer en France. Et c’était le candidat le plus intéressant dans les gros candidats. Et malheureusement, j’ai toujours dit qu’il ne pourrait pas être investi car il est trop marginal et trop subversif – puisque c’est un mot qui existe – par rapport au pouvoir oligarchique financier pour pouvoir accéder ne serait-ce même qu’à la candidature républicaine.
Quand sortira Pour en finir avec l’antisémitisme sur lequel beaucoup de rumeurs circulent ?
J’ai renoncé moi-même à sortir ce livre parce que d’abord, ça m’emmerde de passer huit heures par jour à écrire sur la question juive. Y’a pas que ça dans la vie. Et parce que je pense que si j’étais allé jusqu’au bout de ma démonstration et de mes analyses, ça m’aurait attiré encore tellement d’ennuis, que je suis un lassé d’être l’objet de la vindicte de cette communauté dans la communauté qui est comment dire, très, très – vous avez pu le vérifier ce soir – remarquable par sa capacité de haine et sa volonté d’en découdre avec les gens qui essaient d’analyser, critiquer, ne se soumettent pas, etc.
Donc j’ai reporté la sortie de ce livre.
J’écris en ce moment une bande dessinée parce que j’ai envie de me détendre et de m’amuser un peu.
Et j’estime de toute façon que dans mon bouquin Comprendre l’Empire, y’a à peu près tout pour comprendre le processus oligarchique mondialiste et l’implication de la communauté juive organisée, tant sur le plan théorique que pratique, dans ce processus. Et puis de toute façon, même si je ne sors pas ce bouquin, vous pouvez accéder à un livre qui est à mon avis le plus intelligent, le plus complet sur ce sujet-là, qui est le livre de Werner Sombart qui est le très grand sociologue allemand qui était à la charnière du XXème siècle et qui a écrit un livre passionnant qui s’appelle Les Juifs et la vie économique, qui a été entièrement copié comme le fait toujours Attali dans son livre qui s’appelle Les Juifs l’argent et le monde ou un truc comme ça, puisque Attali est réputé pour voler les bouquins des autres. Il a déjà été condamné deux fois.
Et de toute façon, ce que j’avais à dire dans mon propre bouquin est à peu près entièrement dans celui de Werner Sombart qui date de 1910 et qui existe, [bien que] très difficile à trouver en France.
Mais ceux qui veulent approfondir cette question passionnante – parce que la question juive est une question passionnante – eh ben qu’ils lisent en attendant celui que je sortirais peut-être jamais, justement pour échapper au judéocentrisme, qu’ils lisent le bouquin de Werner Sombart qui s’appelle je crois Les Juifs et la vie économique. Il a été traduit en France en 1921 et jamais réédité depuis. C’est une somme de six cents pages passionnantes et je vous le dis, qui a été un peu copié et vulgarisé par le bouquin d’Attali qui s’appelle Les Juifs le monde et l’argent ou un truc comme ça.
Donc ce livre ne sortira pas, et ne sortira peut-être jamais.
Quelles sources avez-vous utilisées pour Comprendre l’Empire ?
Alain Soral – C’est marrant comme question. C’est une question d’étudiants, ça. Quelles sources !? Les sources que j’ai utilisées pour ce livre ?
Nous sommes sur une radio étudiante, Monsieur Soral. (rires)
Alain Soral – Trente-cinq ans de lectures, de réflexion et de vie pratique ! C’est-à-dire que moi, j’ai été non seulement étudiant à l’école des hautes études en sciences sociales, j’en ai pas tiré grand-chose, le niveau était déjà très bas, et pourtant c’était au milieu des années 80.
Mais j’ai aussi été militant communiste CGT, membre du Front national, journaliste, cinéaste, j’ai été journaliste au Zimbabwe. Voilà.
Donc c’est une dialectique du vécu et de la culture. Et je me suis appuyé sur toutes les sources possibles et imaginables, voyez. Alors évidemment dans ce bouquin de 240 pages, je n’ai pas mis de bibliographie, simplement parce que y’aurait quarante pages de bibliographie et que je voulais échapper au livre universitaire.
Et je pars du principe qu’aujourd’hui, contrairement à mon époque où il fallait aller chez les bouquinistes et en bibliothèque pour trouver les bouquins – j’ai passé beaucoup d’années à aller chez les bouquinistes rue des Feuillantines pour trouver des vieux bouquins de philo épuisés, etc. – , aujourd’hui par Internet, avec les mots clefs, en étant un petit peu comment dirais-je, exigeant et volontaire, on trouve à peu près tout ce qu’on veut.
Les menaces d’Internet, la fiabilité des sources Internet.
Alain Soral – Je vous parle de Werner Sombart. A un moment donné, je cite Werner Sombart, je cite Marx, ou je cite Hegel, etc. Vous tapez Hegel, vous allez déjà rien que sur Wikipedia, vous voyez que c’est un philosophe allemand voilà, qui a comment dirais-je, théorisé sur le processus de la Raison dans l’Histoire, etc. Enfin, c’est assez facile d’aller compléter les informations et les réflexions que je mets dans mon livre par une recherche personnelle via Internet.
Après vous avez votre esprit critique pour essayer de comment dirais-je, de peser ce qui est sérieux et ce qui n’est pas sérieux sur Internet. Mais moi, je vous parle simplement d’aller à des livres.
C’est-à-dire qu’un certain nombre de livres dans mon livre dans le cours du texte, quand je cite les travaux de Pierre Clastes sur la chefferie indienne, ben vous tapez Pierre Clastres, et il y a les bouquins accessibles de Pierre Clastres.
Vous allez sur Amazon où il y a 700 000 titres disponibles. Vous pouvez acheter même tout ce que vous voulez instantanément. Si vous avez pas l’argent, vous allez en bibliothèque. C’est-à-dire que y’a pas besoin...
Moi, je ne suis pas un universitaire. C’est pour ça que je suis d’un niveau très supérieur aux universitaires qui sont souvent des bourrins et des tout-petits penseurs. Et je n’aime pas jouer l’esthétique de l’universitaire à lunettes qui travaille sur son petit corpus de bouquins.
Moi quand j’étais élève en hautes études en sciences sociales, j’ai proposé deux sujets de diplôme. J’ai proposé un sujet sur les mouvements de mode parce que j’avais théorisé à l’époque la dialectique des modes. Ça m’a été refusé. Pourquoi ?
Parce qu’il n’y avait pas de corpus de livres, parce qu’effectivement, c’était un sujet nouveau.
Parce que la mode telle que je l’entendais ne pouvait exister que dans une société de consommation avec une classe moyenne salariée très importante, un secteur tertiaire urbain, etc. Je dis y’a pas de corpus. Je suis obligé de tout inventer. Alors on me l’a refusé, j’ai fait le bouquin, ça s’appelle Les mouvements de mode expliqués aux parents. C’était un bestseller voyez, vous pouvez le chercher, 1984.
Après j’ai proposé un deuxième sujet de diplôme sur la drague. J’ai dit : « voilà je veux faire un livre sur la drague de rue. » On m’a dit quel est votre corpus de livres ? J’ai dit : y’a pas de corpus de livres parce que la drague c’est un truc qui n’existe pas au XVIIIème siècle, qui n’existe pas dans les sociétés primitives, qui n’existe pas dans les sociétés de castes.
Pour qu’il y ait drague de rue, il faut qu’il y ait classes moyennes salariées généralisées, société de consommation, révolution sexuelle et grands centres urbains. Et donc c’est un phénomène qui n’existe qu’à partir des années 60. Donc il n’y a pas de corpus. Donc j’invente tout. Eh ben on m’a refusé. J’ai fait un bouquin, ça s’appelle Sociologie du dragueur, c’est devenu un bestseller.
C’est-à-dire que pour moi, les universitaires globalement sont quand même des imbéciles. C’est une usine à médiocres, voyez. Et je suis d’un autre niveau. C’est pour ça que vos petits trucs : « Ouais votre corpus, votre machin, votre truc, votre bibliographie… », je comment dirais-je.
Pourquoi ce mépris par rapport aux universitaires ? Parmi eux certains travaillent aussi avec Internet !
Alain Soral – Je cite tous les auteurs que je cite. Ben vous allez chercher.
Quand je dis : comme le dit Proudhon, machin, etc., ben vous allez chercher Proudhon. Et puis quand je dis : comme le dis Sorel dans les, sur le titre du bouquin je crois que c’est Les Illusions du progrès, eh ben vous tapez Sorel, Les illusions du progrès et puis vous allez vous instruire.
Qu’est-ce que ça change que je mette à la fin du bouquin vingt pages de plus qui va faire que le livre va pas couter quinze euros mais dix-neuf euros, avec tout le blabla pour faire le malin ?
C’est ce que font tous les universitaires pour faire les malins et être adoubés par leurs pairs. C’est un truc de crétins, c’est un truc de lourdingues. Ça ne m’intéresse pas. Mes livres sont atypiques sur le plan formel, mais d’une haute teneur conceptuelle.
Aucun de vos profs d’université n’est capable de produire Comprendre l’Empire qui est une synthèse bien plus vaste que les petits secteurs dans lesquels vous êtes confinés, car vous êtes contraints à la monographie.
Il faut avoir une connaissance historique, religieuse, économique, comprendre ce que c’est que la monnaie et avoir étudié le mouvement ouvrier, la lutte des classes à l’intérieur du mouvement ouvrier... Tout ça je l’ai fait. Aucun prof d’université n’a cette culture.
Je sais parce que je lis. Et je vois bien que ce que produisent les universitaires sont parfois.
Vous ne connaissez pas tous les profs ! Les sujets étudiés sont vastes. Vous faites de la généralisation à outrance.
Alain Soral – Ce n’est pas de la généralisation à outrance. Je suis un autodidacte et les universitaires pour moi sont globalement des médiocres. C’est une usine à petits penseurs. C’est du produit de série. Moi, je suis un atypique. Et je produis des livres qui me ressemblent. Et je fais exprès.
Sociologie du dragueur est un livre totalement atypique dans la sociologie française. Et c’est un livre de très haut niveau qu’aucun universitaire français n’aurait pu écrire. Et je sais, j’ai cette conscience, j’ai cette arrogance et c’est démontré.
Parce que quand j’ai sorti sociologie du dragueur en 94, je me suis fait cracher à la gueule. Aujourd’hui c’est un classique qui est traduit en Italie, qui est traduit au japon, etc.
Et c’est pareil pour Comprendre l’Empire. Les droits viennent d’être achetés en Corée du Sud, et il sort en Russie préfacé par Monsieur Douguine.
Et j’emmerde les universitaires français de sciences humaines, les économistes français, etc. Ce sont globalement des médiocres. Ce sont des fonctionnaires d’État de toute façon qui sont en général des lâches. En général ils ont des cultures livresques très parcellaires, ils ont un vécu infinitésimal parce qu’ils ont passé, ils sont sorti de l’école pour rentrer à l’université.
Ils n’ont jamais été dans la vraie vie. Ils n’ont jamais travaillé en entreprise. Ils ne savent pas ce que c’est qu’une baston. Ils ne savent pas ce que c’est une manif. Ils ne savent pas ce que c’est un mouvement politique vu de l’intérieur.
Moi, j’ai été la plume de Jean-Marie Le Pen. J’ai été membre du Comité central du Front national. J’ai été membre du collectif des travailleurs des médias au Parti communiste. J’ai une culture du dedans et du dehors. Et ma capacité d’analyse et de synthèse est bien supérieure à ce que peut faire un universitaire, justement à cause de son petit parcours médiocre.
Et je refuse de me soumettre à la médiocrité, au formalisme médiocre des règles universitaires, de la biographie de fin de bouquin, de bouquins en général chiants, illisibles où finalement, ils disent très peu de choses en beaucoup de pages. Ils enfoncent des portes ouvertes, etc.
Je dis que Comprendre l’Empire est une synthèse que ces gens-là n’ont pas produite. Et j’attends de voir quels sont les bouquins qui peuvent.
Quand on est salarié par l’État et qu’on est prof, on est soumis à des injonctions, on est soumis à un programme. Et si on dévie sur l’histoire, si on dévie sur toutes les normes, on se fait virer. Pierre Hillard s’est fait virer récemment de l’université.
Ma prof d’histoire moderne, Florence Gauthier, renseignez-vous sur elle.
Alain Soral – Vous me l’amènerez et puis on parlera des sujets qui fâchent et on verra combien de temps elle tient la route.
Envisagez-vous de retourner derrière la caméra suite au succès du film L’Antisémite ?
Alain Soral – Alors j’ai aussi une vie de cinéaste, oui et d’acteur. Parce que je suis un maître généraliste, j’ai été acteur et j’ai été cinéaste. J’ai ma carte de réalisateur de longs métrages. J’ai réalisé du film d’entreprise pour gagner ma vie. Ce qui m’a appris la technique cinématographique. J’ai réalisé plusieurs courts métrages dont certains ont été primés par ce qu’on appelle l’aide sélective aux courts métrages. Certains ont même été achetés par Canal + à l’époque. Tout ça, ça se situe entre 1987 et 2000.
Et j’ai fait un long métrage que j’ai écrit, réalisé, monté, mixé. La seule chose que je n’ai pas faite, c’est la direction de la photo qui demande comment dirais-je, une connaissance mathématique et scientifique qu’on ne peut pas comment dirais-je, apprendre intuitivement. Donc je suis capable en cinéma de tout faire, sauf la direction de la photo : monter, mixer, cadrer, dialoguer, scénariser, etc., etc.
Donc effectivement, j’ai eu un parcours de cinéaste – après on peut discuter de mon talent ou pas, c’est pas la question –, mais qui a un moment donné s’est heurté effectivement à un mur qui était un « mur idéologique ». Je sais de quoi je parle. C’est-à-dire que j’étais déjà politiquement incorrect à l’époque.
Et la question d’un retour derrière la caméra ?
Alain Soral – Ben je vais vous en parler savamment. A moins que je tourne un film en DV, à la sauvage, avec très peu d’argent, le monde du cinéma tel qu’il est construit et qui m’amène à ma remarque du début sur la sélection officielle du documentaire agiographique à Cannes, je ne peux pas faire de cinéma en France car je suis sur une liste noire exactement comme Dieudonné.
Et je vous dirai franchement que compte tenu de mon énergie et de mes qualités, je préfère produire des bouquins de synthèse comme Comprendre l’Empire que Dieudonné ne pourrait pas produire, et laisser Dieudonné faire un film amusant comme L’Antisémite que je n’aurais peut-être pas le talent de faire.
Mais par contre, je suis très heureux quand il me propose de jouer un rôle de composition dedans de le faire parce que j’aime bien m’amuser.
C’est aussi pour ça que je suis pas un universitaire. Mes livres sont aussi des livres comiques pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué. Mes livres sont drôles, ils ne sont pas chiants. Ils sont elliptiques, synthétiques et drôles et provocateurs souvent, tout en étant relativement rigoureux.
Donc si on me propose un rôle dans un film, je l’accepterai avec plaisir car j’aime toutes les expériences. J’ai joué dans un film de Catherine Breillat.
J’ai fait, quand j’ai fait très jeune, pour gagner ma vie, de la figuration. Pour ceux qui ont l’œil, ils me verront derrière Jacques Dutronc dans certains films, etc. Parce que j’avais un copain qui était régisseur et qui me mettait sur des coups de figuration. Ce qui consistait à venir, à passer une journée à me faire chier et à prendre 240 francs.
Comme je suis aussi un autodidacte, un déclassé et un marginal, j’ai survécu de tas de manières dans ma vie. C’est pour ça que j’ai une grande culture et une grande connaissance. Parce que je me suis cogné contre tous les murs de la réalité. Et j’ai aussi été acteur de complément anonyme entre 78 et 1985, en tant que figurant régulier.
Mais je vous réponds. Je ne peux pas revenir dans le cinéma parce que je suis interdit.
Après il faut vous poser la question par qui suis-je interdit ?
Votre intérêt pour le survivalisme vient-il d’une crainte quant à la possibilité d’une solution politique à la crise ?
Croyez-vous qu’une révolution soit possible ?
Alain Soral – C’est une très bonne question. Moi, je mène un combat politique et un combat essentiellement métapolitique de pédagogie.
Mais je vois très bien, compte tenu de la lenteur, de l’épaisseur, de la domination médiatique, qu’en fait, les effets de la politique politicienne sont minuscules.
On dit que Marine Le Pen a fait un gros score parce qu’elle a fait 17,9. Ils auront peut-être trois députés. Tout ça ne change rien à la marche en avant du processus oligarchique mondialiste, etc. Et je pense qu’en France à un moment donné, ça va péter. On aura une situation à la grecque, une crise économique violente.
Quand la moitié des assistés sociaux en France ne touchera plus d’argent, le tiers de ces assistés se transformeront en prédateurs.
Vous avez qu’à regarder la carte géographique de la France. Vous regardez la carte du bassin parisien entre les banlieues et le centre ville. Vous regardez de quoi sont faites les banlieues et vous regardez de quoi sont faits les centres villes. Et vous vous imaginez ce que c’est que d’être un bobo qui habite porte de Bagnolet quand à un moment donné, le PIB français va plonger de 20 points.
Je suis un vrai sociologue et je dis qu’à un moment donné, il faudra être capable d’aller à la campagne, loin comment dirais-je des zones urbaines, des zones de mixité sociales et ethniques, près d’un potager avec un groupe d’amis fidèles structurés, équilibrés psychologiquement, pour attendre que ça se passe sans prendre trop de coups dans la gueule.
C’est pour ça que dans les guerres, il faut aller à la campagne, voilà. Et moi, je ne mets pas tous les œufs dans le même panier. Je sais qu’on va vers l’effondrement économique. C’est pratiquement inéluctable. Même chez Taddeï l’autre jour, y’a un type qui a dite « de toute façon on est mécaniquement devant la Troisième Guerre mondiale ».
C’est ce que je dis moi depuis deux ou trois ans. Maintenant chez Taddeï, y’a des mecs qui le disent depuis trois semaines. C’est que finalement les grands penseurs que certains admirent parmi vous.
Ce soir (ou jamais !), la quotidienne de Taddeï.
Alain Soral – Oui, il a dit : « Nous allons mécaniquement, à cause de l’effondrement financier, vers la Troisième Guerre mondiale. »
Vous n’y allez plus dans cette émission.
Alain Soral – A la fois je mène un combat politique et en même temps j’anticipe sur les catastrophes à venir car je crois, moi, que le monde n’est pas virtuel. Et quand on annonce des catastrophes, c’est pas pour le plaisir de produire du spectacle. C’est que réellement ça peut arriver. Et si ça arrive, le survivalisme est quelque chose à prendre en compte.
L’auteur c’était Emmanuel Todd qui a commencé à faire du Soral, du sous-Soral depuis quelques mois.
Alain Soral – Et après devant Philippot qui est le penseur intelligent du Front national et qui vient de chez moi, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, quand il est face à Philippot, il se met à mentir comme un arracheur de dents parce qu’en fait, il veut pas finalement, comme il est quand même sociologue d’État, payé par l’État – et on travaille pour qui vous paye –, il veut pas qu’on lui reproche finalement d’avoir fait à son insu, par une critique rigoureuse et courageuse de la dérive européiste, la campagne du Front national pendant toute la précampagne.
Et comme maintenant on le lui reproche, il s’est permis de cracher à la gueule de Philippot dans une émission de Schneidermann avec une malhonnêteté répugnante, en se tordant les mains et en prétendant que le Front national n’avait plus d’avenir « parce que Hollande allait réconcilier la gauche avec la classe ouvrière » !
Je veux dire ce jour-là pour moi comment dirais-je, Todd s’est déshonoré, et demain il va se ridiculiser.
Mais Todd se met même en porte-à-faux avec des auteurs qu’il avait l’habitude de citer comme Nonna Mayer laquelle dit bien que les ouvriers votent à droite depuis longtemps.
Vous avez un message pour les 15-18 ans surconnectés de notre époque ?
Alain Soral – Ben qu’aujourd’hui dans un monde réel qui est très dur – car moi, je n’aimerais pas avoir 20 ans aujourd’hui, car pour trouver un travail, trouver un logement dans un quartier agréable, tout est tellement cher, on est tellement mal payé, etc. – que quel est le refuge finalement pour le jeune aujourd’hui, c’est le virtuel. Sinon il serait en dépression.
Et ce qui est triste, c’est que le virtuel n’est pas le réel. Mais c’est quand même un pis-aller.
Moi-même je suis souvent le soir sur Facebook, parce que j’ai plus le courage d’aller trainer au bistrot pour des raisons qui me regardent.
Donc effectivement le virtuel est un pis-aller à une période très difficile. C’est très dur d’avoir 20 ans aujourd’hui, j’en suis certain.
J’ai eu vingt ans à la fin des années 70. C’était beaucoup, beaucoup plus facile et je ne pourrais pas avoir aujourd’hui je pense, le parcours que j’ai pu avoir à l’époque tellement les conditions sont plus dures, comme je l’ai dit.
Donc le virtuel effectivement est un pis-aller.
Le pouvoir le sait d’ailleurs !
Vous vous révoltez virtuellement, vous êtes sur Internet, sur Facebook. Le virtuel c’est mieux que rien. Mais malgré tout, ce n’est pas le réel.
C’est-à-dire qu’à un moment donné, ça peut donner un piège, un endormissement, une fausse révolte. Pour les gens qui pensent qu’on fait la révolution par Internet, à un moment donné, il suffit de couper Internet et ça peut être un retour au réel très violent.
Donc il faut je dirais « doser ». C’est pour ça que moi, si je prends mon exemple, j’anime une association, je communique beaucoup par Internet, mais je me force à bouger, notamment à donner des conférences en vrai, parce que c’est pas pareil d’aller affronter les gens dans des salles, etc., dans des villes. Je me déplace pour voir aussi ce que c’est que Roubaix, ce que c’est que Lille. Je vais à Marseille mercredi. Ça va être chaud encore. C’est-à-dire qu’il faut doser.
Le danger c’est de tomber dans le virtuel intégral comme certains japonais qui deviennent complètement dingos et qui ne sont plus que dans le virtuel.
Et pour rééquilibrer, c’est effectivement être en contact avec les autres.
Moi je préconise notamment la pratique du sport. Le sport c’est faire marcher son corps dans un effort de coordination et de maîtrise souvent collective.
Parce que le virtuel est un pis-aller. Ça peut devenir un piège et ça peut devenir même quelque chose de l’ordre de la pathologie. Et ça peut devenir dangereux. Ça peut devenir une maladie.
Donc faites de l’Internet, c’est bien. Mais pratiquez, bougez-vous, faites du sport, visitez. Enfin je sais pas, allez visiter d’autres villes. Et c’est bien d’équilibrer les deux.
Pour revenir sur les problèmes que vous avez eu à la radio Al-Manar Bruxelles. Ne craignez-vous pas l’importation en Europe du conflit sunnites-chiites, sunnites-salafistes ? Un conflit empêchant toute réconciliation nationale en France encouragé par certains intellectuels, tels Marc-Édouard Nabe.
Alain Soral – Oui, bien sûr. Ce que je fais n’est absolument pas gagné d’avance. Et y’a beaucoup de gens qui ont intérêt justement.
Y compris sur le site d’Égalité & Réconciliation. Y’a pas mal de débats entre sunnites et chiites.
Alain Soral – Oui parce qu’on censure assez peu et qu’on veut, on laisse les gens s’exprimer.
Il faut déjà que vous sachiez qu’en France, il n’y a que 15 % de chiites. Donc il n’y aura pas de guerre sunnites-chiites en France parce qu’il n’y a pas de chiites en France.
Par exemple en Belgique, il y a eu un sunnite qui a tué des chiites.
Alain Soral – Non mais en France, on ne déstabilisera pas la France par une opposition chiites-sunnites.
On déstabilisera la France par une opposition entre islamistes radicaux et français voilà. Tout simplement. C’est ça le piège. C’est le montage de Mohammed Merah.
Mais l’opposition chiites-sunnites en France n’est pas pertinente puisque c’est ce que je vous dis, y’ pas de chiites en France. Ils sont très, très, très minoritaires. Donc on ne ferra pas péter la France là-dessus.
Par contre, y’a une montée de peur de l’Islam en France qui s’appuie sur une base réelle qui est l’immigration, et après sur une instrumentalisation qui est la production de la fantasmagorie de l’islamisme radical généralisé. Ça c’est une certitude.
J’essaie de lutter contre ça sans mentir. Je combats quand même, je défends quand même je dirais, la nation française dans sa culture, etc. Je ne suis pas dans la concession, vous voyez ce que je veux dire. Je suis dans la réconciliation, dans l’honneur, la main tendue ferme.
Ça marche assez bien mais je ne suis pas du tout sûr de gagner car je pense que justement, les tenants de l’oligarchie et leurs mandants ont plutôt intérêt à ce que ça pète de ce côté-là justement, pour ne pas assumer leurs responsabilités sur le plan économique et social. C’est ça que je dis.
C’est qu’en réalité les politiques, demain, s’ils ne veulent pas se faire rattraper par la foule comme responsables de la souffrance du peuple parce qu’ils auront comment dirais-je, soumis, ils se seront soumis à l’oligarchie financière, auront détruit les acquis sociaux – c’est ce qui va se passer dans des négociations à venir – eh ben ils ont intérêt, pour ne pas avoir à se sauver quelque part, à dévier la colère contre l’islamisme, etc.
Et c’est là qu’on verra sans doute des attentats sous faux drapeau, des choses comme ça, qui sont très faciles à organiser.
Et là, la colère populaire, le cerveau reptilien, se mettra en place et moi-même je ne pourrai plus rien faire.
Donc moi je fais un travail qui est un travail moral. Je fais ce que je dois faire. Je ne pense pas du tout que je vais gagner. Je ne me pose même pas la question. Je fais ce que je dois faire. D’une certaine manière, je suis un mystique authentique. J’agis comme si Dieu me regardait en permanence et comme si mon problème n’était pas ce qui va se passer ici mais ce que j’airai à, comment Dieu me jugera lors du jugement dernier. C’est comme ça que je me comporte.
Ce qui veut dire quelque part que je suis un religieux malgré moi. C’est ça qui guide mes pas. Ce n’est pas du tout l’efficacité pratique, etc.
Si j’étais dans l’efficacité pratique, avec la gueule que j’ai, j’aurais rallié la ligne Zemmour, j’aurais accepté les mains que la communauté juive m’a tendues en rejoignant les nationalistes sionistes. C’est une… comment dirais-je, c’est une main qui m’a été tendue pendant très longtemps. Et je l’ai refusée pour des raisons morales parce que j’estimais que j’étais contre la diabolisation des musulmans, parce que j’estimais qu’elle était injuste et mensongère.
Et je suis pour faire une analyse d’intellectuel authentique et dire [que] le problème vient de la dérive du capitalisme financier mondialiste. Et que ce ne sont pas les musulmans qui sont derrière.
Votre départ du Front national est directement lié à la question musulmane ?
Alain Soral – Je l’ai déjà dit plein de fois. Oui, je l’ai quitté pour cette raison. Parce que je suis arrivé au Front national en disant en gros au Front national : vous devez évoluer sur une ligne sociale anticapitaliste et même je dirais, pro-fonctionnaire, sinon vous disparaitrez parce que votre place de parti d’opposition authentique est là. J’ai été entendu sur cette question-là par Marine Le Pen qui d’ailleurs aujourd’hui a coopté Philippot qui est exactement sur cette ligne.
Aujourd’hui ce n’est plus un combat gauche-droite, c’est une combat contre le mondialisme avec les nationalistes.
Et finalement le Front national étant un parti nationaliste, avait vocation à être le parti qui combat efficacement et intelligemment contre le processus mondialiste.
Le parti des perdants de la mondialisation.
Alain Soral – Oui, bien sûr, aussi. Des petites gens, oui. C’est le parti antimondialiste. Il n’est ni de gauche ni de droite.
Mais le FN possède-t-il des gens assez vertueux et tournés vers la bonne gestion des choses comme l’était de Gaulle ?
Alain Soral – Vous pensez qu’il y en a plus ailleurs !
Y’a pas des crapules du côté du FN !?
Alain Soral – Y’a moins de crapules de FN qu’ailleurs, parce que y’a moins d’argent à gratter. Donc les plus honnêtes sont au FN parce qu’au FN, on ne prend que des crachats dans la gueule. Quand on est politique FN, on ne se fait que cracher à la gueule. Quand on est à l’UMP, au PS, on touche, on palpe.
Monsieur Mélenchon, au cas où ça vous aurait échappé, a été deux fois sénateur.
Y’a pas de sénateur Front national. Donc au Front national, il y a les moins malhonnêtes, c’est une certitude. Surtout au niveau de la base.
Doutes exprimés par un des animateurs.
Alain Soral – Je ne vous demande pas votre avis ! Je réponds à une question. Il faut être clair. Je ne vous demande pas votre avis. Je vous dis pourquoi moi j’ai été au Front national et pourquoi je l’ai quitté.
J’ai quitté le Front national, c’est parce que si j’ai gagné sur la ligne économique et sociale où maintenant je dirais que le FN est le seul parti de gauche au sens du rapport capital-travail.
Un animateur intervient.
Alain Soral – Vous me coupez ma parole ! Si vous me coupez la parole, je m’en vais ! Vous êtes gentils, je suis là, c’est pour répondre aux questions qu’on me pose.
Je suis parti du Front national parce qu’effectivement, sur la question de l’Islam, je n’ai pas obtenu gain de cause : c’était pour une main tendue à ce que j’appelle, les « musulmans du quotidien » et pour ne pas faire l’amalgame entre les wahhabo-salafistes manipulés par Bernard-Henri Lévy et les petits musulmans du quotidien qui sont le petit peuple humble du travail français, aussi. Les musulmans du quotidien font partis du prolétariat français, et j’étais contre leur diabolisation.
Et au Front national, il y a encore une ambigüité sur cette question qui fait que comme je ne voulais pas assumer cette ambigüité, j’en suis parti. Et je l’ai dit clairement.
Donc je suis content que le Front national soit sur une liste antimondialiste sur le plan économique, et ça me peine quand Marine Le Pen à propos de l’affaire Mohammed Merah, je dirais amalgame une voyou de banlieue, les musulmans du quotidien et un salafo-wahhabisme parfaitement instrumentalisé par les puissances impériales.
Et tant que le Front national ne sera pas clair sur cette question, comme l’est par exemple Dupont-Aignan, je m’en tiendrai à distance.
Mais malgré tout, j’ai quand même voté Marine Le Pen à la présidentielle parce que c’est la candidate la moins pire. Car je fais passer la question économico-sociale avant toutes les autres.
L’émission se passe-t-elle bien au niveau temps de parole donné et relation invité-animateurs. Arrive-t-on quand même à bien gérer ça ?
Alain Soral – C’est pas que « ça se passe pas bien. » Je suis quelqu’un de colérique et de toute façon, je pense que les gens sont là pour entendre ce que j’ai à dire et répondre à des questions qui sont complexes. Et je dois y répondre longuement. Donc je n’aime pas quand on me coupe en plein milieu, comme si j’étais à la télévision.
À la télévision, c’est le lieu où on ne peut rien dire, parce qu’il y a toujours sept invités alors qu’il en faudrait qu’un et qu’on doit tout répondre par slogan. C’est une mécanique qui est faite volontairement pour que rien de sérieux ne puisse se dire. Donc je ne veux pas, quand je viens sur un média indépendant et marginal comme le vôtre et que je vous donne deux heures et demie de mon temps, subir les mêmes mécaniques qu’à Europe 1 où on vous coupe au bout de dix secondes, pour vous empêcher de construire un raisonnement. L’intérêt de votre média c’est que je peux construire une réponse.
C’était d’ailleurs le charme de l’émission de Taddeï au départ. Mais maintenant qu’il essaie de mettre sept mecs d’un côté, sept de l’autre, finalement ça tend à s’annuler parce que.
Et on vous en remercie Monsieur Soral.
Alain Soral – Donc ne me coupez pas quand je construis ma réponse parce que les gens sont là, les gens qui sont en train d’écourter, c’est moi qu’ils écoutent, c’est pas vous. Ayez l’humilité de le comprendre, ils sont venus pour moi, pas pour vous.
Non là, je suis pas d’accord avec ça !
Alain Soral – Mais on s’en fout ! Les gens sont là pour réfléchir, pour voir s’ils sont d’accord ou pas. Je veux susciter une réflexion en eux et parfois aller contrer des préjugés qui sont sur moi parce que la plupart des gens qui disent des conneries sur moi, ne savent rien de ce que je dis, de ce que j’écris. Parce qu’ils se disent : « On va pas quand même lire les livres de Soral, c’est un facho ! »
Donc là je me dis, les gens vont se poser la question de savoir que j’ai un raisonnement construit, une vision complexe, assez humaniste, etc. Donc je suis là pour effectivement leur dire quel est le vrai Soral.
Je me fous assez totalement de vos avis contraires et de vos médiations. Je le dis honnêtement. Je suis venu pour m’adresser au public.
Des conseils de drague pour nos auditeurs ?
Alain Soral – Ben il faut bien comprendre que j’ai aujourd’hui 53 ans passés. Et que j’ai un peu quitté le truc, c’est-à-dire la problématique de la drague.
C’est une problématique de jeune effectivement qui est dans une période de découverte de l’autre, de découverte de maîtrise de sa sexualité et [de la façon] de mettre en place, par un apprentissage fondé sur l’échec, un apprentissage comment dirais-je, de la séduction, de la relation à l’autre.
C’est très intéressant, très passionnant et très douloureux. Je l’ai vécu moi-même quand j’avais 18-19-20 ans, etc. Et j’en ai fait un livre qui s’appelle Sociologie du dragueur qui est un livre assez complexe, pour ceux qui l’ont lu. Ça se résume pas qu’à ça.
C’est un livre je dirais, pour montrer que le marxisme touche aussi la question sexuelle.
Et c’est un livre hégélien aussi.
Aujourd’hui j’ai 53 ans, je suis marié, j’ai un enfant. Je suis dans une espèce de logique pédagogique.
Je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus.
Je dis simplement, c’est comme je disais tout à l’heure : il faut oser.
En réalité, la terreur du jeune quand il ose pas draguer, c’est parce qu’il a peur du non, il a peur du refus, il a peur que l’autre le refuse.
Et la femme est l’être du non, comme vous le savez. Elle dit toujours non, même si elle a envie de dire oui au début, pour des raisons de codes sociaux qui sont d’ailleurs ancrés très profondément, qui ont un sens presque je dirais, « organique ».
Donc il faut – c’est quelque chose que je dis, mais malheureusement ça suffira pas – il faut que vous n’ayez pas peur de l’échec. Il faut que vous ne surévaluiez pas l’échec pour pouvoir oser.
Il faut oser aller vers l’autre d’une certaine manière, il faut oser prendre le risque de prendre un nom dans la gueule, ce n’est pas très grave.
Et je vous le dis en dernière instance, finalement l’autre aime bien que vous ayez le courage d’oser. Parce que finalement, la solitude est ce qui fait le plus peur à tout le monde.
Donc le seul conseil que je peux donner à un jeune qui est tétanisé par la peur d’un non, qui rêve d’aller vers l’autre et qui n’ose pas parce qu’on est très orgueilleux, qui surévalue la question, etc., c’est que tout ça n’est pas très grave, très important.
Il faut avoir l’ironie du théâtre de boulevard, et oser prendre des vestes, et aller vers l’autre.
Et j’ai fait ça toute la vie, moi, prendre des coups et aller vers les autres. Et finalement, eh ben on s’habitue. Finalement c’est la vie.
C’est comme au rugby finalement. Quand on joue, on prend des coups et finalement, on finit par aimer le contact avec l’autre. Et voilà. Il faut donc n’être pas trop orgueilleux et oser se bouger le cul et aller au contact voilà de la femme, de l’homme, j’en sais rien, etc. C’est un conseil assez simple que je peux donner.
Et moi, c’est ce que je faisais quand j’étais jeune. J’avais un livre dans la poche pour lire, je draguais dans la rue, dans les squares. Je draguais une heure, je m’asseyais, je lisais. J’alternais les deux choses comme ça. Et ça comment dirais-je, ça m’a permis de découvrir, d’apprendre des tas de choses. Et simplement au départ, j’ai mis mon orgueil dans ma poche. C’est-à-dire j’ai accepté quelque part l’humiliation du non, c’est-à-dire les moqueries, les vestes, etc.
Et tout ça est un travail d’humilité et d’endurcissement.
Il faut en passer par là. On peut pas y couper, sinon il faut payer.
Au sujet de vos fréquentations des milieux parisiens bourgeois durant cette période, qu’en avez-vous retiré ? Avez-vous rencontré beaucoup de gens intéressants ? Cette période de votre vie influence-t-elle encore votre pensée ?
Alain Soral – Ben non, puisque en fait, c’était. Moi je suis un marginal et un déclassé. Je n’ai pas eu les moyens de faire des études parce que personne ne me les a payées. Et en réalité, pour faire des études tout en travaillant la nuit, etc., on voit peut-être ça chez Jack London ou chez les immigrants vietnamiens, mais moi bon, j’étais un petit français, je n’ai pas pu faire d’études au sens où vous, vous en faites parce que personne ne me les a payées. Il faut que vous vous posiez ces questions-là.
Mon père est parti en prison, j’ai quitté ma famille à l’âge de dix-sept ans. J’étais dans une logique de survie.
Et je faisais des chantiers, je faisais des petits trucs comme ça, des petits boulots. Je faisais de la brocante aux puces et des choses comme ça. Et je n’ai pas pu suivre un cursus universitaire. Ce qui m’a quelque part sauvé parce que je suis devenu quelque chose de plus intéressant, à mon avis.
Et si à un moment donné j’ai dragué, j’ai fréquenté les milieux mondains, etc., c’était aussi dans une logique d’« incruste ».
C’est qu’être avec une fille de la bourgeoisie me permettait d’être logé, d’avoir accès à une bibliothèque, à une maison de campagne et d’échapper à une trop grande précarité qui m’aurait demandé de travailler beaucoup plus pour reproduire ma force de travail. Et ce travail que j’aurais produit « en plus », aurait été du temps de moins pour la lecture et la culture.
Donc moi de ce point de vue-là, j’ai une conception maoïste de la culture. Et c’est ce qu’on appelle la théorie de l’emploi du temps chez les marxistes comme [Lucien] Sève.
C’est qu’en fait pour s’instruire, il faut libérer du temps de travail, il faut que quelqu’un fasse le travail à votre place, parce que c’est improductif la culture. Ça peut qu’être productif plus tard et à degrés.
Donc toute ma question, quand j’étais jeune, c’est comment échapper à l’impératif violent de production, c’est-à-dire devenir un salarié épuisé ?
Car j’ai travaillé un moment donné en usine et à la chaîne.
Et j’ai compris au bout d’un mois qu’on rentrait chez soi épuisé, qu’on voulait uniquement que dormir. Et si je faisais ça, j’y serais dans vingt-cinq ans. Je me dis comment échapper à l’impératif de production en étant pauvre pour pouvoir m’élever culturellement ?
Et j’ai trouvé comme solution : la drague des filles de la bourgeoisie. J’en ai pas honte. J’ai écrit d’ailleurs pour des raisons presque morales. J’ai écrit plusieurs livres là-dessus pour ceux qui s’intéressent.
J’ai écrit un roman qui s’appelle La vie d’un vaurien. J’ai écrit un essai philosophique sociologique, assez poussé et assez puissant, qui s’appelle Sociologie du dragueur et j’ai écrit un mi-roman, mi-essai pour ceux qui ne veulent ni le roman ni l’essai trop conceptuel, qui s’appelle Misère du désir. Donc c’était ma vie. Mais je suis, je le dis – d’où mon irrespect pour vous d’une certaine manière – je suis un marginal.
Et en tant que marginal qui a fait sa vie lui-même dans des conditions assez difficiles, j’emmerde les petits bourgeois, j’emmerde les gens normaux, j’emmerde les étudiants que je n’ai jamais aimés. Je n’aime pas les profs, je n’aime pas les étudiants.
Chez les étudiants y’a beaucoup de galère aussi.
Alain Soral – Mais je m’en fous !
Vous faites du mal aux auditeurs qui sont aussi étudiants.
Alain Soral – Ne me faites pas la morale, jeune homme ! Je suis pas là pour faire du bien ou du mal. Je suis un diseur de vérités inconditionnel, ce qui est le luxe suprême. Car vous êtes dans un monde de lâcheté, de soumission et de violence, et de violence de l’idéologie dominante, de violence policière. Et c’est pas vos profs qui vont pouvoir vous dire la vérité, car ce sont des fonctionnaires d’État. Et je ne suis pas là.
Ils disent la même chose que vous !
Alain Soral – Non, non, ben alors en privé ! Ils l’écrivent pas, ça se saurait. Mais par contre c’est vrai par exemple, quand j’ai été chassé de Sciences Po, j’avais été invité à Sciences Po, qui est la matrice de l’idéologie dominante et de la soumission, par des élèves de Sciences Po qui avaient mis un point d’honneur à m’inviter en douce parce qu’ils aimaient ce que je faisais. Mais j’en ai été chassé par la police, vous voyez ce que je veux dire.
Les étudiants ne sont pas tous cons petits bourgeois, prétentieux.
Alain Soral – Non, mais je dis que globalement, la catégorie de l’étudiant m’emmerde parce que moi, je n’ai pas pu ni voulu être étudiant et je suis un autodidacte. J’ai produit mon propre apprentissage par des lectures, etc., etc.
Et je ne suis pas de la même race que les étudiants qui sont dans un encadrement, avec un prof, etc., etc. Et j’ai une attitude globale qui correspond à ce que je suis. C’est-à-dire que je ne veux pas, je n’ai pas à respecter les normes du monde universitaire prof-étudiants, etc., qui est aussi toute une esthétique et qui est tout aussi d’ailleurs un prestige fondé sur une esthétique. Car il y a beaucoup.
On est pas si soumis, même si on doit suivre le programme.
Alain Soral – Si vous voulez que votre diplôme soit validé, il faut bien à un moment donné.
Les profs ne sont pas d’accord entre eux !
Alain Soral – Si vous faites un devoir où vous faites l’apologie de Joseph Staline ou un devoir où vous dites que finalement.
Annie Lacroix-Riz par exemple.
Alain Soral – Allez parler à Annie Lacroix-Riz effectivement du comment dirais-je, du génocide ukrainien. Là elle va dire : « Bien sûr, c’est une escroquerie. » Parlez-lui après d’un autre génocide, vous allez voir la gueule qu’elle va faire. Elle me hait Annie Lacroix-Riz !
Y’a pas de modèle uniforme d’universitaire.
Alain Soral – Non mais ils sont tous globalement soumis à l’idéologie dominante qui est la photo de Yalta, voyez. C’est-à-dire que vous avez le droit à Staline, à Roosevelt et à Churchill. Vous avez pas droit à ceux qui ont perdu, ni Mussolini, ni Hitler, vous voyez ce que je veux dire.
Et moi ce que, je m’amuse moi, à mettre tout le monde sur la photo. Et je le fais, c’est un jeu, à la limite c’est une provocation. Et je peux vous dire qu’Annie Lacroix-Riz me hait.
Sans diplôme, ça reste à notre époque assez difficile de s’en sortir.
Alain Soral – Ben oui, mais d’où mon arrogance. C’est que moi je n’ai aucun diplôme, il faut que vous le sachiez. Je n’ai même pas mon BAC. Et je viens de publier mon dixième livre et des livres qui forcent l’admiration d’universitaires. Car je vous garantis que je reçois des compliments en douce d’universitaires pour certaines synthèses, etc., etc. Y’en a comme Etienne Chouard qui osent le disent publiquement, mais les trois-quarts le disent secrètement. J’entretiens des relations avec des tas d’hommes politiques et des tas d’universitaires. Mais en public, jamais aucun n’oserait me serrer la main.
Que s’est-il passé avec Cheminade ?
Alain Soral – Cheminade est venu à notre université d’été d’Égalité & Réconciliation. Il a donné une conférence à la Main d’Or, chez Dieudonné.
Et quand il est rentré en campagne électorale récemment, la première question qu’on lui a posé sur France Culture, c’est : « Vous avez eu un compagnonnage avec Alain Soral ! » Et là il m’a craché à la gueule, exactement comme on balance les gens aux flics quand on se fait arrêté, voyez ce que je veux dire, comme un indic. Parce qu’il fallait pour pouvoir avoir le droit de passer dans les médias, qu’il se refasse une virginité. Et voilà, c’est tout.
Et c’est pour ça que j’ai un certain mépris pour les universitaires, pour les universitaires et les étudiants.
Parce que, moi, je suis un ancien militant communiste. J’ai vu tous les étudiants d’extrême gauche communistes qui dès qu’ils ont leur diplôme n’aspirent qu’à devenir des cadres et des bourgeois.
Et moi je suis à 53 ans dans un combat radical, encore.
J’ai eu vingt ans comme vous. Il ne reste aucun de mes compagnons de combat de ma vingtaine qui soit encore dans le combat. Ils ont tous rallié le système. Je vais pas vous parler des Beigbeder, des Taddeï, Ariel Wizman. Ce sont tous mes amis de jeunesse, les Philippe Vandel, etc.
Donc je sais que potentiellement chez vous, y’a 90 % de vendus, voyez.
De gens qui rallieront le système pour un salaire parce qu’ils avaient un diplôme. Je le sais.
Ils ont besoin de survivre aussi.
Alain Soral – Et donc je vous méprise, je vous le dis.
Parce que, moi, j’ai un destin comment dire autonome et que j’ai accompli quelque chose de l’ordre de la prouesse. Et que donc j’ai l’arrogance de ce destin particulier.
Et que pour moi, c’est comme exactement un travailleur indépendant qui mépriserait un fonctionnaire. Parce qu’il y en a un qui a la garantie de l’emploi par la fonction publique, alors que l’autre est auto-entrepreneur. Il n’aurait même pas droit au chômage s’il échouait.
Je fais exprès. C’est de la pédagogie ce que je fais en ce moment. C’est pour vous bousculer.
J’ai une vision du monde d’aventurier, d’autodidacte, avec son arrogance et sa vulgarité. Et je le fais exprès.
C’est pour ça que j’aime beaucoup Jean-Marie Le Pen.
Jean-Marie Le Pen est un type comme moi. C’est un fils de marin pêcheur breton qui a sauté sur une mine anglaise, qui était pupille de la nation, qui s’est fait tout seul, et qui est devenu une espèce de self-made-man, d’auto-entrepreneur. Et il a ce côté justement que j’aime bien chez les Américains de « guerrier de la survie ». Ce qui est d’ailleurs très ancré dans la pensée populiste américaine, voyez. Ce respect du self-made-man, ce mépris pour l’université, l’État fort, etc., etc.
Et je suis dans cette vision du monde malgré moi. C’est parce que c’est de ça que je suis fait.
Et c’est pour ça que j’ai une espèce d’agressivité naturelle pour les profs et les étudiants : les profs parce que ce sont des lâches, parce qu’ils se soumettent à l’autorité étatique parce que ce sont des fonctionnaires d’État. Et ils n’ont jamais de courage jusqu’au bout dans leurs études, je l’ai vérifié dans des livres.
En ce moment je lis un livre de Pichot sur l’histoire de l’eugénisme. À un moment donné, je l’ai jeté parce qu’il y a des lâchetés dedans qui m’insupportent. Et pourtant Pichot est tout sauf un couillon. C’est une grand épistémologue, mais il est payé par l’État. Y’a des choses, il ne peut pas aller au-delà, voyez.
Et puis pareil chez des étudiants que j’ai connus.
J’ai été d’extrême gauche, j’ai été au PC, etc. J’ai vu finalement les étudiants être très engagés politiquement – en ce moment c’est le NPA ou Mélenchon – pendant qu’ils sont étudiants. Pendant qu’ils sont étudiants, ils baisent, ils se bourrent la gueule, etc. Après ça devient de bons petits bourgeois.
Et j’ai du mépris pour le monde petit-bourgeois, j’ai un mépris pour la normalité. J’ai un respect pour mes frères marginaux, pour les gens qui ont un destin particulier, qui ont pris des risques que vous ne prendrez jamais, etc., etc. Et je le fais exprès, cette agressivité, c’est pédagogique. Je tiens à bien marquer cette différence. Nous ne sommes pas pareils.
Faites-vous la distinction entre études littéraires et études scientifiques ?
Un thésard sera au SMIC pour 55 heures de travail par semaine, à vivre de sa passion, faire de la recherche sur son temps libre le week-end.
Alain Soral – Déjà si vous me laissez répondre, j’ai souvent dis que j’avais un très grand respect pour les étudiants en sciences dures. Pour moi, il n’y a que les sciences dures. Je ne respecte que les mecs qui font des études d’ingénieur, de mathématiques, etc.
Les autres, les sciences molles, tout ce qui est sciences humaines, socio, psycho-socio, etc., là c’est carrément. J’ai un mépris souverain pour ce genre de discipline.
Après l’histoire, c’est autre chose. Malheureusement un vrai historien est un historien indépendant. Y’a pas de vrai historien pour moi dans l’université, j’en ai jamais croisé.
Ils sont toujours soumis à l’idéologie dominante. J’ai croisé Duby et des mecs comme ça, excusez-moi, sur certains sujets.
Déjà excusez-moi, la question c’était : oui je respecte les étudiants en sciences dures, je respecte tout ce qui est de l’ordre des mathématiques, physique, etc.
Et la biologie ?
Alain Soral – Oui, oui. Y’a déjà une once de sciences humaines dans la biologie parce qu’il y a une dimension éthico-philosophique. Mais bien sûr, je respecte les vrais domaines où il y a de l’apprentissage dur sur lequel on ne peut pas tricher.
Mais tout ce qui est par exemple lettres modernes.
Par exemple je m’étais moqué de Finkielkraut en disant qu’il prétendait être philosophe alors qu’il a une agrégation de lettres modernes et une licence d’anglais, et tout ça passé en plus à l’époque 68, voyez !
Moi je préfère au moins être carrément autodidacte voyez, c’est plus honnête.
Quand vous avez une agrégation de lettres modernes et une licence d’anglais, vous n’avez pas de formation de philosophe. En réalité en philosophie, Finkielkraut et un autodidacte intégral, comme moi.
BHL a une agrégation de philosophie et pour moi c’est une truffe intégrale.
Posez-vous la question car dès que vous atteignez un certain niveau dans l’université notamment en sciences humaines, c’est-à-dire dans l’idéologie, tout est politique, voyez. C’est le jury de thèse, machin, le copinage.
J’ai été aux hautes études en sciences sociales au moment où ça a été entièrement disloqué pour détruire tout le marxisme sérieux qu’il y avait à l’intérieur, à l’époque où ils montaient des joint-ventures avec l’URSS en voie de dislocation. J’ai vu l’effondrent des sciences humaines françaises.
J’ai vu les gramsciens se faire liquider, etc., etc., etc., les grands auteurs disparaître.
Mettre en avant des Cassirer et des merdes comme ça, et faire disparaître les [Lucien] Goldmann, etc.
Enfin j’ai vécu tout ça, et tout ça est éminemment politique et idéologique, voilà.
Et les trois-quarts des pontes de l’université française sont des maçons issus de la deuxième gauche.
J’ai vu Rosanvallon. J’ai vu un mec comme, sa fille est ministre, le spécialiste de l’ouvriérisme-là qu’on voit moins maintenant, Alain Touraine qui est une merde intégrale. C’est une sale petite merde, c’est un lâche, c’est une lopette et c’est un con. Et que ce mec passe pour un ponte de l’université française !
Et je peux même vous parler de Bourdieu, c’était de la merde, c’était de l’enfonçage de portes ouvertes, c’était rien. Mais par contre il était douzième échelon avec palme, médaille d’or du CNRS. Grotesque !
Voyez ce que je veux dire. Et il n’a fait qu’accompagner le pouvoir toute sa vie. Ecrire sur la société kabyle au moment des accords de la France avec le FLN, écrire sur la domination masculine au moment où les loges ont fait voter la parité. J’ai un mépris souverain pour ce genre de mec, qui sont des faux intellectuels, des faux durs, des fonctionnaires d’État, des politiques purs.
Car j’ai connu des grands penseurs, moi. J’ai connu Michel Clouscard, [Dominique] Pagani, des gens comme ça. Ils étaient totalement marginalisés, ils étaient à Montpellier, voyez ce que je veux dire.
Un mec comme Michéa est un philosophe intelligent, il est prof de lycée. Il ne peut même pas mettre un pied dans l’université pour ne pas être persécuté, voyez ce que je veux dire.
Parce que dès que vous mettez un pied à l’université en sciences humaines, c’est que du politique. C’est comme être metteur en scène de théâtre, ou directeur d’opéra. C’est purement politique.
Et sur ça vous avez de la naïveté que je n’ai pas, à ce niveau-là.
J’ai très bien connu Baudrillard. J’ai vu Baudrillard être un philosophe relativement intéressant, devenir le philosophe préféré des coiffeurs de Libé et se faire marginaliser à mort par le système à partir du 11 septembre et de Dieudonné, pour mourir dans l’anonymat total, voyez. Je l’ai connu personnellement.
A quand un combat de boxe contre Besancenot ?
Alain Soral – Déjà moi je fais 90 kilos pour un mètre quatre-vingt-sept. Besancenot doit faire un mètre soixante-cinq pour 65 kilos. Je pense que le combat durerait moins de vingt secondes.
Comme vous avez remarqué, Besancenot n’est plus sur le ring, voyez. Il a déserté le combat politique.
Il a laissé la place à Mélenchon qui est d’un autre niveau quand même.
Remerciements
Merci Monsieur Soral d’être venu sur la 15-18Radio.
Alain Soral – Ouais, ouais, je me suis mal tenu mais c’était mon plaisir. Ceci dit, c’est bien.
Excusez-moi, je vais finir par un truc élogieux. Vous vous bougez, vous faites un truc à plusieurs qui demande un peu de rigueur, un peu de constance. Vous vous posez des questions, vous faites des études.
Je m’amuse à me moquer des étudiants mais bon, vous faites des études, votre cerveau travaille, vous incarnez une tradition française, des humanités françaises. Vous êtes quand même quelque part les forces vives de la nation. Je sais bien qu’à la limite, vous êtes des moralistes. Vous avez une capacité critique.
Vous êtes d’ailleurs pas très loin de mes idées, souvent. Vous essayez de produire votre petite différence pour des raisons d’égo, mais on était en accord relativement sur pas mal de choses.
Et je pense pas du tout que vous êtes ni mes ennemis ni des salopards.
Par contre j’ai vu sur votre forum des attaques contre moi qui étaient souvent très vulgaires, mais c’est le jeu. Et n’oubliez pas que je suis un comique ! Ça me fait marrer tout ça, voyez, là je m’amuse aussi.
J’ai joué le jeu, vous m’avez invité, vous avez vu aussi les menaces que vous avez subies. Comme ça vous voyez comment ça fonctionne réellement pour ceux qui pensent que je suis paranoïaque.
D’ailleurs on a pas parlé de ce sujet, tant mieux. Tant mieux parce que finalement, y’a plus sain.
On a été attaqué informatiquement alors que ça s’est bien passé.
Alain Soral – Oui regardez avec Al-Manar, ça s’est beaucoup moins bien passé. Oui, mais c’est pas grave, j’y suis allé quand même. Ils me l’ont fait deux années de suite.
Pourquoi y être allé alors que ça sentait le piège ?
Alain Soral – Parce que j’ai gagné. D’abord on mène des combats. Vous êtes des étudiants. Je suis pas là pour avoir une note, pour avoir la moyenne. Je suis un combattant. Quand vous boxez, vous ne boxez pas une adversaire qui ne sait pas boxer. Vous avez plaisir à boxer un type qui sait boxer.
Moi quand je viens ce soir chez vous, je m’attends à être mis en cause, déstabilisé. C’est un plaisir, je veux dire, c’est le plaisir de la joute, du combat, voilà, j’ai ce plaisir-là d’aller au casse-pipe.
Et ceux qui veulent approfondir le sujet, j’ai publié une dizaine de livres dont le dernier. Lisez mes livres si vous voulez vraiment vous faire une idée de ce que je pense. Là dans mes bouquins, je suis sérieux. L’oral on s’amuse, on digresse, mais dans l’écriture c’est quand même la probité, voyez. Mes livres, c’est quelque chose. Lisez mes livres.
On a du mal à trouver La vie d’un vaurien. Une réédition en perspective ?
Je vous signale que La vie d’un vaurien est édité par ma propre maison d’édition Kontre Kulture et qu’il est accessible sur le site qu’on a créé qui s’appelle Kontrekulture.com. J’ai récupéré les droits et je m’autoédite. Donc vous pouvez l’acheter sur Kontre Kulture. C’est mon premier roman.
Remerciement en cascade pour l’ensemble des intervenants.
Alain Soral – Et un petit merci à la Ldj aussi, qui nous ont fait un petit.
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