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VERS LE GOULAG MOU OU LA COMPLAINTE DE L’INTELLECTUEL FRANÇAIS DISSIDENT... par Alain Soral
Soljenitsyne est mort ! Ah bon ? Il était vivant ? Depuis le temps qu’on n’en entendait plus parler, je croyais - comme beaucoup sans doute - qu’il était mort depuis vingt ans...
Des intellectuels dissidents, c’est vrai qu’on en a eu d’autres, depuis - pour nous le faire oublier sans doute - et des moins reluisants : le très louche Salman Rushdie avec ses gardes du corps, sa mannequin indo-new-yorkaise et ses amis jet-set... Bien payé au fond le Pakos pour faire passer les musulmans pour des sauvages, juste au moment où les Bougnoules remplaçaient les cocos dans le rôle des méchants de service... C’est du pot !
Et le Redeker ! Avec le "raie d’équerre" on a vraiment touché le fond question persécuté bidon fabriqué à partir de rien (deux mails !) - et pour les mêmes raisons - par la bande à BHL... Et on voit mal la Betancourt oser nous pondre aujourd’hui un Archipel des FARC à sa sortie de thalasso...
De Soljenitsyne à Redeker en passant par Rushdie, le modèle de l’intellectuel dissident s’est dévalué jusqu’à l’obscène.
Du coup, pour me remémorer la vie de celui dont BHL - déjà lui - nous rebattait les oreilles chaque huitaine à la fin des années 70, j’ai recherché (sur Youtube et ailleurs) tout ce qu’on a produit de documentaires sur la vie du grand Russe : Soljenitsyne libéré du goulag en 1953, Soljenitsyne chouchou de Kroutchev, Soljenitsyne dans la charrette avec Kroutchev, Soljenitsyne assigné à résidence mais star - et milliardaire en droits d’auteur - dans le monde libre, Soljenitsyne réfugié dans la datcha de Sakarov, puis de Rostropovitch, Soljenitsyne prix Nobel de littérature, Soljenitsyne expulsé d’URSS vers la Suisse et ses comptes en banque, Soljenitsyne en famille dans sa super baraque construite selon ses plans et sur mesure dans le Vermont (USA)... Puis, plus difficile à trouver, Soljenitsyne beaucoup moins pro-occidental sitôt rentré dans la Russie d’Eltsine, Soljenitsyne carrément réactionnaire en Vendée au côté de Philippe de Villiers !... Jusqu’au Soljenitsyne de Deux siècles ensemble : mille petites pages pour dire tout le mal qu’il pensait des Juifs qui - selon lui, pauvre fou ! - auraient détruit sa sainte Russie. Odieux dérapage qui explique, rétrospectivement, le mutisme de plomb de son ex-fan et petit pote, BHL, depuis vingt ans.
Et c’est en regardant ces dizaines d’heures d’archives, de commentaires que l’évidence me vint : Finalement, à partir de 1953, passé Staline et son goulag, c’était pas si mal d’être "intellectuel russe dissident".
Dans les années 60/70 où l’intellectuel, qu’il soit sartrien ou aronien, avait son rôle à jouer - et donc son prix - dans la Guerre froide, c’était même le bon temps... Pro-coco : prestige moral et petites pépées (Sartre, Godard...), pro-ricains : grillé auprès des jeunes, mais grassement rétribué par la CIA (Aron, Revel...) Pour Soljenitsyne, de 1954 à 1974, la vie c’est : vaguement surveillé par la police, mais ni passé à tabac (comme Dieudonné en Martinique), ni interdit d’enseigner (comme Gollnisch)... accueilli dans de belles datchas en bois par les plus grands esprits russes en exercice... et soutenu en sus par tout le camp occidental.
Pendant ce temps, nous, intellectuels français dissidents, devons nous contenter de quelques invitations du "Cercle des amitiés franco-nord-coréennes" dans des arrières salles de bistrot à Pigalle (véridique), d’une petite interview en Arabe sur la deuxième chaîne syrienne, de deux feuillets dans la presse quotidienne serbe... Quant aux traductions étrangères, pas de quoi faire construire dans le Vermont !
C’est qu’ils n’en ont rien à foutre à l’Est, dans le monde arabe ou en Chine, des intellectuels français dissidents !
Même le bouillant Chavez n’allonge pas un bolivar fuerte !
Vous me direz : "Oui, mais vous, dissident français, n’avez pas à subir le goulag !" Ça aussi, ça se discute... Si on y réfléchit bien, le goulag c’était de la souffrance, bien sûr, mais de la vraie souffrance frontale, formatrice, productive... qui pouvait vous faire accoucher d’une œuvre. Sans goulag - et Soljenitsyne le reconnaît lui-même lors de son passage chez Bernard Pivot - pas de grand écrivain, juste un petit prof de maths-physique... Le goulag, outre la fraternité virile, la vie collective au grand air qui vous structure un homme, c’est aussi, quand on en réchappe : l’Archipel traduit en vingt-sept langues, un réseau de dissidents formés et solidaires, le prestige du persécuté auprès des élites autochtones comme étrangères alors que nous, isolés, dépressifs, sommes obligés de survivre en pigeant sous pseudos dans des magazines conso vulgaires, voués à l’alcoolisme et à l’obésité dans des deux pièces minables à Saint-Ouen, à Gonesse... complètement ignorés de nos élites musicales et scientifiques.
Dans notre goulag mou de la relégation discrète pour mal-pensance, ni prestige, ni solidarité, ni vraie souffrance physique... Juste le découragement quotidien et la dépression sous le regard de haine et de mépris des lecteurs des Inrockuptibles...
Rien pour accoucher d’une œuvre, ou alors du Houellebecq...
Une idée en amenant une autre, pour m’affliger un peu plus sur ma condition, je pense aussi aux dissidents de l’autre camp : les fameuses victimes du Mac Carthysme ! Moi qui écris des livres, comme Alexandre, mais qui ai aussi fait du cinéma, comme Joseph Losey, j’aimerais bien, pour changer de la conférence à Harvard sur "l’erreur de l’Occident", pavoiser aussi au festival de Venise avec mon dernier film tourné à Londres, réclamé par toutes les majors d’Europe sous prétexte que je me suis fait virer d’Hollywood pour sympathies communistes ! Au lieu de ça, dans mon goulag mou, je suis juste tricard dans le métier, aucun producteur ne me prend plus au téléphone et, malgré mon talent reconnu de dialoguiste, personne n’ose même sortir mon film en DVD...
Bref, quand je vois la vie qu’on fait ici aux dissidents d’aujourd’hui, je n’hésite pas à dire, tout bien pesé, que face à cet assassinat en douce, je signe toute suite pour la dissidence officielle soviétique et la liste noire du Mac-Carthysme !
Bien à vous...
Alain Soral
Intellectuel français dissident réfugié au pays basque
ALAIN SORAL DE RETOUR DE SERBIE : "LE KOSOVO N’EXISTE PAS !"
La Serbie, premier pays chrétien à avoir été bombardé par une coalition "chrétienne" en Europe, depuis 1945, n’en finit plus de panser ses plaies. En proie à l’occupation américaine, aux mafias albanaises et à l’argent saoudien, les patriotes serbes continuent néanmoins de résister. Fièrement. L’envoyé spécial de Flash a été les rencontrer pour vous.
Alain Soral, vous revenez de Serbie où vous avez séjourné huit jours. Quel était l’objet de cette visite ?
Je me suis effectivement rendu en Serbie, ce qui à mes yeux inclut bien sur le Kosovo, à l’invitation des patriotes serbes de l’enclave de Strepce, au sud du Kosovo Nous y avons accompagné une ONG franco-russe qui fait un travail formidable pour ces populations abandonnées de beaucoup. Y êtes vous allé pour apporter votre soutien ou pour observer et comprendre la situation ?
Comme au Liban après l’agression israélienne de 2006, je me suis d’abord rendu pour comprendre et observer, renouant avec mon ancien métier de journaliste. Me méfiant du romantisme et des causes perdues, je voulais voir par moi-même et confronter mes positions avec la réalité du terrain. Tout en sachant que j’ai apporté mon soutien à la Serbie agressée par l’OTAN dès les années quatre-vingt-dix.
Estimez vous qu’il existe un lien particulier entre la France et la Serbie ?
Oui, un lien historique d’ailleurs matérialisé par un monument à Belgrade qui célèbre l’alliance militaire franco-serbe de la Première guerre mondiale. La Serbie est, comme la France, une grande nation historique avec une conscience très progressiste. Quand j’étais membre du PC et journaliste, j’avais été très marqué par l’entreprise de diabolisation du peuple serbe. Alors que celui-ci est le seul, par ses propres forces, à s’être libéré du joug nazi et à avoir vaincu la Wehrmacht, une campagne de Médecins du monde associait Milosevic à Hitler ! En dépit de sa participation à la guerre de l’OTAN en Serbie, la France bénéficie toujours d’une image très positive. Pour les patriotes serbes, deux figures incarnent la France qu’ils aiment : De Gaulle et Le Pen. Comme nous, ils aiment la France libre.
Avez-vous rencontré des responsables politiques, en Serbie ou au Kosovo occupé ?
Nous avons tout d’abord rencontré le Président de l’enclave de Strepce, puisqu’il faut rappeler que si le Parti radical serbe n’a pu l’emporter en Serbie aux dernières élections, du fait notamment, de la trahison des socialistes, il a gagné partout où il était présent au Kosovo serbe. Nous avons également rencontré la direction du Parti radical au parlement à Belgrade, ainsi que des éditeurs et des journalistes engagés. Enfin, j’ai pris la parole en public à Belgrade, où se tient une manifestation quotidienne contre le tribunal de La Haye. J’ai donc eu l’occasion de présenter des excuses au nom du peuple français, ce à quoi je tenais particulièrement.
Vous avez donc traversé le Kosovo du Nord au Sud, quelles ont été vos impressions ?
Effectivement, puisque pour nous rendre à Strepce nous sommes passés par Mitrovica et aux abords de Pristina. Ce qui frappe c’est bien sûr la considérable présence militaire, avec des soldats venus des quatre coins du monde, souvent originaires du Pakistan ou d’Afrique et qui constituent en réalité la seule autorité au Kosovo. Saisissants également, les investissements massifs dans le domaine de l’hôtellerie ou le commerce de carburant, en totale déconnexion avec l’économie réelle. Pour les patriotes serbes du Kosovo, il ne fait aucun doute que les centaines de stations services, géantes et rutilantes, tout comme les centaines de motels qui jouxtent les routes désertes ont pour principale fonction le blanchiment de l’argent sale et mafieux. Un argent généré notamment par l’afflux massif de la drogue en provenance de l’Afghanistan, avec la bénédiction tacite de l’OTAN. Le Kosovo est en effet devenu la plaque tournante du trafic de drogue et notamment de l’héroïne, à destination de l’UE. Voilà donc la probable origine de la recrudescence de la consommation d’héroïne chez les jeunes, notée ces derniers mois par les "stups". Il faut bien financer les coûteuses opérations militaires de l’OTAN, au service des États-Unis... Une autre manne semble provenir d’Arabie saoudite, illustrée par la présence de mosquées wahhabites blanches aussi neuves que vides, fort distinctes des mosquées traditionnelles en vieilles pierres présentes sur ce territoire. Mosquées, elles non plus sans lien avec le réel, puisque la population albanaise que nous avons côtoyée, très jeune en moyenne, paraît bien plus influencée par la "world culture" en provenance des US que le wahhabisme. Le gel dans les cheveux et le jeans moulant font davantage recette que le foulard, la barbe ou djellaba chez les jeunes "Kosovars". Trois pôles semblent donc assurer la survie artificielle de cet État qui l’est tout autant : l’armée d’occupation qu’est la KFOR, sous contrôle américain, la mafia incarnée par l’UCK et enfin l’Arabie Saoudite. Voilà qui devrait faire réfléchir les tenants du "Choc des civilisations" et tous ceux qui pensent, comme Dantec, que pour lutter contre l’islamisme, il faut soutenir les États-Unis.
Deux cent mille Serbes ont quitté le Kosovo depuis l’occupation, quel est l’état d’esprit de ceux qui sont restés ?
Ceux que j’ai rencontrés, simples patriotes ou responsables politiques, étaient soucieux de rétablir la vérité s’agissant des mensonges dont ils ont été les victimes, et déterminés à tenir, pour gagner le moment venu. Ils m’ont raconté souvent avec émotion les manipulations de guerre orchestrées notamment par le sieur Walker, qui avait auparavant sévi en Amérique du Sud. Comme, par exemple, celle qui a consisté à rhabiller des combattants morts de l’UCK en civil, sans même prendre la peine de faire des trous dans les vêtements, et à les présenter ensuite comme des victimes de "l’épuration ethnique" afin de justifier les bombardements à venir sur Belgrade. Ils considèrent qu’ils ont été trahis par Milosevic, qui a lui-même été trahi par les États-Unis, avec lesquels il travaillait au début. Pour eux il n’y a pas de peuple Kosovar et le château de cartes s’effondrera dès le départ des États-Unis, qu’ils considèrent comme inéluctable. Tous pensent que le Kosovo peut être repris en huit jours, et même sans combattre, dès que la présence militaire de l’ONU aura cessé. La réputation des combattants serbes suffira à faire fuir un ennemi manipulé. Il se pourrait qu’une fois de plus, ceux qui ont aidé les États-Unis dans leur entreprise de destruction soient abandonnés et paient le prix fort, comme les Kurdes en Irak. Quels enseignements peut-on tirer de ce qui s’est passé au Kosovo pour la France ?
La stratégie de manipulation et de destruction des nations, conduite par l’Empire, a fonctionné à plein en Serbie et doit nous inviter à déjouer ses pièges, qui sont grosso modo les mêmes, ici, en France. Piège qui consiste à stigmatiser l’islam et à le désigner comme ennemi tout en favorisant son implantation, au plan démographique et organisationnel et favoriser ainsi l’éclatement communautaire et pourquoi pas demain, la guerre civile. C’est la raison pour laquelle il faut plus que jamais défendre le modèle citoyen et identitaire français, fondé sur la culture et la nation, contre le modèle anglo-saxon ou allemand, qui privilégie une conception ethnique ou religieuse. Paradoxalement, les identitaires, qui prônent et un dépassement de l’État nation et l’émergence de communautés ethniques dans un cadre européen favorisent l’émergence de "Kosovo" en France et en Europe. Si on ne peut être Français en étant musulman, pourquoi pas demain la République islamique de Seine-Saint-Denis ? Le maintien de ce modèle passe évidemment par une maîtrise de l’immigration, qui doit totalement cesser. Un identitaire conséquent doit donc être d’abord et avant tout un patriote français. Et si nous devons avoir un modèle, c’est plutôt du coté des Russes que des Anglais que nous devons, comme nos amis Serbes, nous tourner. La fédération de Russie, multiethnique et multiconfessionnelle, mais patriote, nous montre la voie. Je note que le retour de la puissance russe est salué par beaucoup, à l’extrême droite, alors que le patriotisme russe est assimilationniste. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur russe est un musulman. Il n’y a pas d’autre voie pour la France que de faire triompher son modèle propre contre les visées destructrices de l’Empire.
Propos recueillis par Auguste Leroux