La vidéo « Coronavirus : les chiffres sont faux » :
Les experts, le corona et le trucage des chiffres
La politique de dépistage n’étant pas la même pour tous les pays, les comparaisons sont en réalité très aléatoires. En effet, c’est une loi mathématique : plus le nombre de patients dépistés et déclarés malades augmente, plus le taux de mortalité diminue. Savoir cela n’enlève pas pour autant l’impact négatif de certains chiffres repris en boucle jour après jour. Les Français soutiennent massivement les bonnes nouvelles et les informations de bon sens qui émergent de l’IUH Méditerranée Infections, mais ils n’en sont pas moins inquiétés par cette vague de mortalité de l‘autre côté des Alpes, où l’Italie affiche des taux records. Quand on sait qu’on peut faire tout dire aux chiffres, mieux vaut y regarder de plus près.
Comptage des morts : les avis divergent
En effet, beaucoup d’articles titrant « Pourquoi y a-t-il autant de morts en Italie ? » ont repris les mêmes informations. Le taux de mortalité y est bien plus élevé en raison de sa courbe démographique puisque la population italienne est la deuxième plus âgée au niveau mondial après le Japon. C’est donc un pays vieillissant, dont la population est par voie de conséquence plus sujette à développer des pathologies liées à l’âge. On a aussi pointé du doigt des habitudes de vie particulière : tabagisme élevé et, dans un autre registre, beaucoup de solidarité et contacts entre générations, ce qui multiplie les occasions de contracter le virus. Ainsi que le retard de prise en charge de la pandémie par le gouvernement italien. D’autres ne savent même pas dire pourquoi : « Quand on me demande pourquoi l’Italie, je réponds qu’il n’y a pas de raison particulière », a déclaré le professeur Yascha Mounk de l’université (privée) américaine Johns-Hopkins. « La seule différence est que la contagion y est arrivée une dizaine de jours plus tôt qu’en Allemagne, aux États-Unis, au Canada et si ces pays ne réagissent pas rapidement et de manière décisive, ils deviendront ce que l’Italie est aujourd’hui », assure-t-il. [1]
Pourtant, le professeur Walter Ricciardi, conseiller scientifique du ministre de la Santé italien a donné une autre explication – très peu mise en avant, si ce n’est dans la presse anglaise – : la façon dont les hôpitaux enregistrent les décès.
« La manière dont nous comptabilisons les morts dans notre pays est très généreuse dans le sens où toutes les personnes qui meurent à l’hôpital avec le coronavirus sont désignées comme étant mortes du coronavirus. Lors de la ré-évaluation par le National Institute of Health, seulement 12 % des certificats de décès avaient montré une causalité directe avec le coronavirus, tandis que 88 % des patients qui étaient morts avaient au moins une prémorbidité [2] – beaucoup en avaient deux ou trois » dit-il [3].
Beaucoup de morts donc, mais pas forcément à cause du Covid-19. En France, la mortalité au sein des Ehpad va bientôt être comptabilisée, considérée comme un manque dans nos statistiques nationales.
« Pour palier ce manque, l’administration travaille, sur le modèle du SI-VIC, à une autre application permettant le suivi quotidien de la mortalité dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux qui auraient au moins signalé un cas positif de Covid-19. Cette nouvelle application devrait être disponible dans les jours à venir. À partir de là, les bilans quotidiens compileront les morts survenues en milieu hospitalier puis dans ces établissements, et permettront ainsi de couvrir les deux principaux lieux de mortalité liée au Covid-19 en France ». [4]
Mais l’année dernière, en l’absence du Covid-19, les comptes d’apothicaire avaient déjà lieu. Le Parisien titrait en janvier 2019 « Décès en série dans un Ehpad : un seul cas "avéré" de grippe sur six. Contrairement aux soupçons de l’ARS, seule une des personnes décédées avec un syndrome grippal diagnostiqué a véritablement succombé au virus » [5].
Parole d’experts !
Les journalistes citent le « groupe d’experts » ou le « comité scientifique » avec déférence, comme si cela devait mette fin à toute discussion. Les politiques trouvent en eux un parapluie assez grand derrière lequel se mettre à l’abri. Les porte-paroles de la science, qu’on a souvent comparés aux prêtres qu’ils ont remplacés, sont religieusement écoutés. Ils jouent leur rôle dans des rituels assortis à nos croyances collectives et disposent d’un vocabulaire ésotérique, familier mais incompréhensible. Bref, ils font autorité. Que les nôtres soient des scientifiques à lunette qui parlent à la télévision plutôt que des sorciers sous une tente à sudation ne changent finalement pas grand-chose. Heureusement ou malheureusement pour nous, leurs prédictions sont sans doute aussi fiables que celles de Nostradamus. Nous sommes au spectacle, mais comme dirait Debord, le spectacle est le contraire du dialogue. Et sans dialogue, pas de démocratie !