Mecanopolis : Compte tenu de l’hystérie collective qu’elle provoque, l’affaire « Mohamed Merah » est très difficile à aborder, car n’importe quelle prise de position qui amènerait à questionner la version officielle serait immédiatement soupçonnée d’être teintée d’antisémitisme. Néanmoins, ne pensez-vous pas qu’elle permet un pas important en direction du « choc des civilisations » qui, comme vous l’écrivez dans votre Rapport sur le Mondialisme, voudrait faire penser que « les musulmans sont eux seuls responsables de leur déclin », et donc que « le renouveau ne peut venir que d’eux en intégrant les valeurs occidentales » ?
Pierre Hillard : C’est Bernard Lewis qui lance pour la première fois l’expression « choc des civilisations » en 1957. L’objectif développé par les élites est de favoriser un choc entre le monde occidental progressiste, démocrate et droit de l’hommiste face à l’obscurantisme de certains courants de l’Islam. Le « bon » Islam est celui qui fait allégeance aux concepts de la modernité véhiculés par l’Occident.
En fait, il faut creuser plus largement. Au même titre que nous observons une destruction du catholicisme en Occident qui voit l’Eglise éclipsée et soumise à la doxa mondialiste, l’objectif est d’aboutir au même résultat avec l’Islam. Il est intéressant de noter que les hautes autorités du judaïsme promeuvent la diffusion des lois dites noachides qui auraient été imposées selon la Tradition à Noé. Selon ces lois, sont sauvés tout ceux qui n’étant pas juifs croient en un Dieu suprême et aux sept lois noachides.
En ce qui concerne les Juifs, en plus de ces lois, il y a les prescriptions de la Thora, la loi de Moïse. La finalité étant la conversion du genre humain au monothéisme, les Juifs restent le peuple élu – le peuple sacerdotal, l’Ancienne Alliance n’étant pas révoquée – dont la mission est d’éclairer les autres peuples. Les autorités halakhiques (la halakha guide la vie rituelle mais aussi le quotidien ; Il existe une variété de courants) considèrent chrétiens et musulmans comme non idolâtres en mesure d’accepter ces lois noachides.
Ces sept lois sont : la justice civile, l’interdiction du blasphème, le rejet de l’idolâtrie (d’où un rejet complet du mystère de la Trinité catholique considérée comme du polythéisme, de la divinité du Christ ainsi que de la Rédemption et donc en opposition complète avec le Dépôt de la foi défendu par l’Eglise), l’interdiction de l’inceste, du meurtre, du vol, de manger de la chair découpée d’un animal vivant. Ces mesures consistent à réformer les religions sur le modèle hébraïque. Ces volontés de refonte des religions sur un modèle judaïsant, et conduisant par ricochet à la modification des tournures d’esprit, ont connu des étapes dont une particulièrement importante : la conférence de Seelisberg en Suisse en 1947.
Réunissant des experts catholiques, protestants et juifs (dont Jules Isaac, l’auteur du fameux manuel d’histoire en France « le Mallet-Isaac »), les « Dix points de Seelisberg » poursuivent l’objectif d’effacer les antagonismes entre les différents courants religieux, de ne plus rabaisser le judaïsme et d’aboutir à une uniformisation de la doctrine qui ne heurte plus les lois juives. L’efficacité de ces mesures encouragées d’une manière universelle peut être illustrée par l’exemple suivant.
La loi 102-14 promulguée en mars 1991 lors de la 102è session du Congrès américain appelée « Education Day » et signée par le président Bush senior reconnaît, tout en rendant hommage au mouvement loubavitch et au rabbin Menachem Mendel Schneerson, la nécessité de promouvoir les lois noachides comme socle de la société américaine[1]. Une seule phrase résume la puissance d’évocation de cette loi : « (…) nous nous tournons vers l’éducation et la charité pour réorienter le monde vers les valeurs morales et éthiques contenues dans les sept lois noachides (…) ». Bien entendu, depuis cette époque, le phénomène ne fait que s’accélérer. Nous pouvons relever le lancement pour 2014 d’un Parlement mondial des religions qui doit voir le jour à Bruxelles[2]. Cette « Tour de Babel » des religions est la conséquence logique de tous ces travaux fait en amont.
Dans le cadre de l’élection présidentielle en France, pensez-vous que cette affaire va être un tournant dans la suite de la campagne, au détriment des questions essentielles ? Egalement, pensez-vous que l’affaire « Mohamed Merah » va permettre de promulguer des lois qui seront de nature à limiter les libertés individuelles ?
PH : Une chose est sûre, l’affaire « Mohamed Merah » tombe à pic en liaison avec les bouleversements politiques dans les pays arabes, les tentatives de déstabilisation de la Syrie et les tensions croissantes entre l’Iran et Israël. « Agitez le peuple avant de s’en servir » comme le disait avec ironie le diplomate d’Ancien Régime Charles-Maurice de Talleyrand. En même temps, nous assistons à une montée en puissance de mesures de contrôle (lois liberticides en tout genre : sur internet, l’affaire Megaupload, …) pour parer aux menaces de ces activistes qui rendent décidemment de fiers services à l’oligarchie.
Quoiqu’on en dise, l’action criminelle de Mohamed Merah est un coup pour les musulmans. Même si son acte fou et fanatique n’a rien à voir avec l’Islam en général, les peuples du monde occidental vont intérioriser ces événements consciemment ou pas comme une menace. Les conséquences psychologiques conduiront le monde occidental à se rapprocher encore plus et à « mieux comprendre » Israël dans son droit à s’affirmer au Proche-Orient. C’est le principe de l’empathie psychologiquement programmé.
Dans votre Rapport sur le Mondialisme, vous démontrez que le Front National n’est pas le parti antimondialiste qu’il prétend être, notamment en citant les propos que Marine le Pen a accordé le 7 janvier 2011 au journal israélien Haaretz : « Après tout, le Front National a toujours été pro-sioniste et a toujours défendu le droit d’Israël à exister ». Pensez-vous que le Front National va maintenant « rebondir » sur l’affaire « Mohamed Merah » ?
PH : Le FN se prétend antimondialiste. Dans l’entretien accordé au journal israélien Haaretz, Marine le Pen tout en affirmant sa volonté de défendre les intérêts nationaux rappelle son engagement pro-sioniste. Ceci est d’un total illogisme en raison des liens étroits entre mondialisme et sionisme (cf. voir mon rapport). La mort le 4 juillet 2011 d’Otto de Habsbourg, président de l’institut mondialiste Paneurope, est révélatrice.
Le FN a rendu hommage à cet homme dont les idées et les actions ont toujours été de promouvoir l’idéal mondialiste contraire aux intérêts nationaux et aux principes de la tradition. Quand par exemple Marine le Pen condamne avec raison la loi Pompidou/Giscard de janvier 1973 (mesure obligeant l’Etat à emprunter auprès du privé moyennant des intérêts prohibitifs), le FN « oublie » que Georges Pompidou était le trésorier de la « Paneurope/France dans les années 1960 et que la Paneurope organisait en 1966 à Vienne un congrès appelant à la mise en place d’une monnaie unique en présence d’un jeune ministre …. Valéry Giscard d’Estaing.
Quand j’ai envoyé ces informations sur le site du Front National « Nation, Presse, Infos » en réponse à l’hommage rendu à Otto de Habsbourg, le texte a été supprimé du site en moins de 48 heures. L’humoriste Pierre Desproges aurait dit « étonnant non ! ».
L’affaire « Mohamed Merah » va apporter du grain à moudre au FN. Ses dirigeants comme les sites favorables à ces idées (par exemple fdesouche) rappellent sans cesse les méfaits du communautarisme en France et en Europe. Ils rappellent en particulier la montée en puissance d’un communautarisme musulman. Les informations étant sourcées et vérifiables, je souscris à ces informations car en tant que patriote et défenseur de la civilisation française, je n’aime pas ce communautarisme.
Cependant, là où le bât blesse, c’est que le Front National et leurs sites amis ne condamnent jamais le communautarisme juif en France et dans le monde ainsi que certains actes de la politique israélienne. A ma connaissance, il n’y a eu aucune condamnation de leur part avec la création en février 2012 d’un « Parlement juif européen ». Comme communautarisme, on ne fait pas mieux. Ce Parlement juif européen installé dans les locaux du Parlement européen déterminera l’avenir politique du vieux continent.
Il serait intéressant de passer au crible le CV des 120 membres de ce Parlement. Je ne citerai qu’un cas, celui de Pierre Besnainou, président des représentants juifs français au sein de ce Parlement juif européen. On peut relever dans son CV ses liens étroits avec des politiques israéliens, son action au sein du « Fonds social juif unifié (le FSJU) » (poumon financier de la communauté juive). Il a été aussi président du Congrès juif européen (CJE, désormais dirigé par Moshe Kantor qui a été fait « Chevalier de la légion d’honneur » par le président Sarkozy en janvier 2012)[3].
Ajoutons aussi que Pierre Besnainou prône la double allégeance – « la double gratitude » selon son expression - à la fois à l’égard de la France et à l’égard d’Israël. A tout ceux « troublés » par ce CV, je les invite à s’épanouir à la lecture de l’adresse ci-jointe[4]. J’attends de pied ferme (et je crois pour longtemps) que le Front National et leurs sites amis condamnent ce communautarisme qui ne sert en rien les intérêts civilisationnels de la France et de l’Europe.
Ne trouvez-vous pas qu’il est pour le moins schizophrène de la part du gouvernement français, qui a permis par son intervention militaire en Libye l’accession d’islamistes fondamentalistes au pouvoir, de prétendre combattre le même genre d’individu sur le territoire national ?
PH : Nous vivons depuis longtemps dans un monde de contradiction. Pensez au lancement il y a un siècle du principe de la démocratie chrétienne, principe antinomique voulant associer la « Cité de Dieu » et la « Cité de l’homme » et qui contribue au renforcement des lois noachides. Dans la vulgate mondialiste, ces oppositions permettent de faire progresser la cause dans un cadre appelé « la gestion des contraires ». Actuellement, nous assistons à l’arrivée au pouvoir de fondamentalistes dans de nombreux pays arabes.
En même temps, ces fondamentalistes sont utiles à la cause mondialiste en raison du principe d’opposition qui favorise la mise en pratique de mesures liberticides, de décisions économiques et militaires en France, en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde qu’on ne pourrait pas prendre si l’ennemi n’existait pas (relire « 1984 » d’Orwell).
L’action de l’Occident en Libye a ouvert une porte conduisant à la fragmentation de ce pays avec la proclamation de l’autonomie de la Cyrénaïque riche en pétrole favorisant les rivalités en tout genre et la politique de fragmentation. Le mal engendre le mal permettant l’accélération dans la réalisation d’objectifs que certains qualifieraient de messianiques. J’avais dénoncé cette politique de balkanisation de ces Etats musulmans ainsi que la volonté de confrontation entre l’Occident et le monde musulman dans mes livres (« La décomposition des nations européennes » et « La marche irrésistible du nouvel ordre mondial »).
Il suffit de relire les textes d’Oded Ynon en 1982, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères israélien, ou encore ceux de Richard Perle en 1996 (voir mon Rapport sur le Mondialisme) pour se rendre compte qu’un véritable programme de déstabilisation est en cours afin de favoriser la bascule d’un monde ancien vers celui prétendu glorieux …. le nouvel ordre mondial. Crise du monde musulman, volonté de la part des élites juives de favoriser les lois noachides, crise économico-financière avec en particulier l’injection de plus de 1000 milliards d’euros de la BCE aux banques européennes constituent un cocktail détonnant et dévastateur qui placent l’humanité au pied du mur … des lamentations.
[1] http://thomas.loc.gov/cgi-bin/query...
[2] http://www.parliamentofreligions.or...
[3] http://www.eurojewcong.org/ejc/news...
[4] http://williamlabi.blogspot.fr/2006...
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