Avant-propos d’Alain Soral à l’ouvrage "L’Antisémitisme, son histoire et ses causes" de Bernard Lazare, édité par Kontre Kulture.
« Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire “y a peut être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds“. Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer… » (Complément d’enquête consacré à Dieudonné, diffusé le 20 septembre 2004 sur France 2)
En 2006, suite à cette déclaration j’ai été condamné pour « incitation à la haine raciale » par le tribunal de la République française. Pour cette tirade prononcée avec agacement devant une caméra cachée, après que deux journalistes en mission m’eurent asticoté durant une heure et demie, jusqu’à me mettre hors de moi à force de mensonges et de mauvaise foi, je demande encore bien pardon à la « communauté organisée ». Si j’avais connu à l’époque les excellents prêches du Rabbin Rav Von Chaya, j’aurais dit « tous les 35 ans », puisque telle est la fréquence officiellement établie par cet homme de foi.
J’ajouterais encore, pour ma défense, que je ne faisais là que paraphraser, certes très maladroitement compte tenu de ce contexte de harcèlement et de manipulation, la préface au fameux livre de Bernard Lazare étrangement introuvable (sauf à très fort prix chez les bouquinistes) : L’antisémitisme, son histoire et ses causes. Préface à laquelle je souscris totalement et que je reproduis ici afin que vous puissiez juger de la parenté des deux citations :
« Je n’approuve pas l’antisémitisme, c’est une conception étroite, médiocre et incomplète, mais j’ai tenté de l’expliquer. Il n’était pas né sans causes, j’ai cherché ces causes. Ai-je réussi à les déterminer ? C’est à ceux qui liront ces pages d’en décider. Il m’a semblé qu’une opinion aussi universelle que l’antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps, avant l’ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l’Europe du Moyen Âge et dans l’Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et où il y a des Juifs, il m’a semblé qu’une telle opinion ne pouvait être le résultat d’une fantaisie et d’un caprice perpétuel, et qu’il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses... » (Bernard Lazare, Paris, 25 avril 1894)
Personne, je crois, n’oserait mettre en doute la probité morale et intellectuelle de Bernard Lazare, que ce soit en dehors ou au sein de la « communauté organisée ». Bernard Lazare fut l’un des premiers défenseurs du capitaine Dreyfus, il fut un pionnier aussi du mouvement sioniste au côté de Théodore Herzl (il s’en détacha rapidement, décelant les ambigüités originelles qui vaudraient à ce projet son devenir funeste). Il existe un peu partout des Cercles Bernard Lazare, notamment un à Paris au 10 rue St Claude dans le 3ème arrondissement. Bref, un Bernard Lazare au-dessus de tout soupçon dont le livre inspire tout au plus à sa communauté une sorte de silence gêné…
Pour ne pas tomber dans le piège tendu par les racialistes juifs aux antisémites, piège qui consiste à accréditer la thèse d’un judaïsme éternel et a-historique – Israël Shahak parle d’essentialisme platonicien – fondé sur un délirant racialisme métaphysique - soit la transmission d’une idéologie par le sang - resituons Lazare et sa démarche dans son époque.
A l’époque où il écrit, la fin du XIXème siècle, Lazare, en tant que juif assimilé, doit mener un double combat. Un combat pour s’émanciper du ghetto, en refusant l’autorité des rabbins sur la communauté juive, se servant pour ce faire de l’humanisme helléno-chrétien offert, avec la citoyenneté, par le pacte républicain issu de la Révolution française. Une démarche faite du refus de l’obscurantisme talmudiste et de ce goût prononcé pour le génie européen (principalement français et allemand) qui donnera les grands esprits juifs à la charnière du XIXéme et du XXème siècle, de Karl Marx à Sigmund Freud en passant par Albert Einstein, Thomas Mann ou Gustav Malher… Génies culturels dont se réclament scandaleusement nos néo-talmudistes actuels, de Bernard-Henri Lévy à Alain Finkielkraut en passant par Jacques Attali et Alexandre Adler, alors que ces sophistes tribalistes, à la fois escrocs et petits rentiers, en sont la négation même !
Combat de Bernard Lazare, donc, contre l’obscurantisme talmudique qui s’accompagnait logiquement d’une lutte symétrique contre l’antisémitisme. Antisémitisme qui prétendait également faire de tous les juifs un même être de pensée par le sang, et que cet intellectuel intègre se proposait de combattre non par l’anathème – toujours religieux – mais par la même arme universelle de l’Histoire et de la sociologie. Cette arme du logos qui seule permet de réduire l’antisémitisme à ce qu’il est : un racialisme métaphysique ; une pseudo-pensée à la fois essentialiste, a-historique et raciste. Une démarche de compréhension et d’explication critique rendue impossible aujourd’hui puisqu’il est décrété depuis Nuremberg, par ceux-là même qui prétendent parler au nom de la laïcité, Président de la République en tête, que « vouloir expliquer l’antisémitisme, c’est déjà de l’antisémitisme » ! Un pur retour à l’obscurantisme permettant à son tour, sous couvert de lutte contre un racisme inexplicable et inexpiable, le retour en force de cet obscurantisme talmudiste dont se réclament désormais les élites juives institutionnelles, Consistoire et CRIF. Une interdiction religieuse de penser institutionnalisée en douce par la jurisprudence des tribunaux de la République, et instituant – en ces temps de laïcité à double voire triple sens – un nouveau « mystère de la foi », lui-même porte ouverte à tous les délires lanzmanniens et son inénarrable Shoa… Un antiracisme institutionnel de plus en plus ouvertement racialiste et raciste qui constitue, de fait, par une ruse de la raison hégélienne, la plus sûre victoire posthume d’Adolf Hitler sur notre époque et l’Occident ! Un obscurantisme talmudo-sioniste à mille lieues, quoi qu’il en soit, du judaïsme des Lumières incarné par Karl Marx, Georg Lukàcs et autre Lucien Goldmann chers à ma mémoire !
Mais revenons à Bernard Lazare. Echappant à l’époque aux deux milices de l’hitlérisme et du talmudo-sionisme, il put écrire et publier ce livre qui constitue – avec celui d’Israël Shahak, Histoire juive, religion juive, le poids de trois millénaires – la meilleure réponse à la question juive et à l’antisémitisme posés par les hommes à l’Histoire.
Ce livre, aujourd’hui réédité par notre petite maison Kontre Kulture, vous l’avez entre les mains, inutile donc que je le paraphrase, je vous demande juste, une fois resitué dans son contexte originel et présent, de le lire et d’en juger par vous même, en conscience.
Qu’écrire de plus ? Sinon qu’il exprime, à mon avis, le meilleur du judaïsme des Lumières. Cette largeur et cette hauteur de vue des déclassés - métis de l’esprit – dont sont dotés les êtres à double culture que Jean-Jacques Rousseau appelait « consciences naturelles ». Cet élan universaliste helléno-chrétien revivifié, au XIXème siècle, par un certain messianisme laïcisé, et qui a donné à l’Histoire ces grands combattants de l’émancipation contre l’injustice et pour la liberté.
Que dire enfin ? Sinon qu’on peut trouver étrange qu’un tel livre, preuve éclatante d’un génie juif aujourd’hui malmené par la « communauté organisée » elle-même, soit à ce point ostracisé, puisqu’aucun grand éditeur ne daigne le rééditer. Oubli étrange, pour ne pas dire suspect, quand on connaît le poids de la « communauté du livre » dans le monde de l’édition, et le nombre de fadaises pondues par les BHL, Attali et autre Alain Minc qui inondent inutilement nos librairies.
Une étrangeté sur laquelle pour finir, je vous laisse méditer…
Alain SORAL 21 juin 2011