L’Europe et les États-Unis sont en pleine négociation du TAFTA, autrement dit un traité instaurant le libre échange entre les deux zones. Le débat sur l’opportunité d’instaurer une dose de protectionnisme, dont vous êtes un partisan, est-il de fait clôt ?
Un débat comme celui sur le protectionnisme, ou sur la dissolution de la zone Euro, n’est jamais clôt, par définition. Les références critiques sont extrêmement nombreuses. Dans le cas du protectionnisme, depuis maintenant plus de 150 ans, nous avons eu des phases de libre-échange débridé auxquelles se sont succédées des phases de protectionnisme. Par ailleurs, on ne peut sans cesse promouvoir le « fabriquer français » et se refuser à accorder certaines protections aux producteurs et à leurs salariés. En fait, le bénéfice de tels accords est des plus discutables. Ou, plus précisément, si l’on constate que ces accords sont favorables à une petite majorité de la population, ils sont très défavorables au plus grand nombre.
En fait, depuis que nous avons basculés dans le libre-échange, l’écart dans l’appropriation des richesses s’est énormément accru, que ce soit aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et en France. On a eu l’illusion, que c’était par l’abolition des barrières aux échanges que l’on avait obtenu une croissance très forte dans les années 1990 à 2005. Mais, dans une large mesure, ceci a recouvert le processus de constitution en « économies nationales » de pays dont le commerce ne représentait jusqu’alors que le commerce intérieur. L’éclatement du bloc soviétique en Europe, mais aussi de l’URSS à « révélé » un commerce qui existait avant mais qui soit n’était pas comptabilisé, soit l’était selon des règles différentes. Ce processus entraînait mécaniquement une hausse du volume des échanges commerciaux. De plus la modification du prix de vente des produits suite au passage des prix planifiés aux prix du marché international a encore accru cette apparente hausse du volume. C’est pourquoi on peut parler ici d’un artefact statistique.