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Ukraine : la guerre à tout prix

Caroline Galactéros et Karine Bechet-Golovko

Caroline Galactéros – Ukraine : la guerre à tout prix

Au sommaire de ce cinquantième numéro de Mondoscopie :

00:00:00 - Introduction
00:03:39 - Russie-Ukraine : toujours plus loin dans l’escalade ; pourquoi et pour qui a-t-on tué le général Kirillov ?
01:10:12 - Syrie : une victoire turque à la Pyrrhus ?
01:28:21 - Conclusion

 

 

Karine Bechet-Golovko analyse l’assassinat contre le général Kirillov

Guerre en Ukraine : l’assassinat du général Kirillov et la stratégie américaine contre la Russie

 

Sous drapeau ukrainien, des attentats sont régulièrement commis en Russie contre certaines personnes dérangeantes dans le cadre du conflit ukrainien. Avant-hier, c’est le général Igor Kirillov qui a été victime d’une violente explosion. Il était bien connu pour ses enquêtes sur les laboratoires chimiques et biologiques américains en Ukraine, dont il est interdit de parler en Occident. L’ONU ne condamne pas, le SBU revendique fièrement et les États-Unis se disent bien au-delà de tout soupçon. Parallèlement, Keith Kellog affirme, que cela n’empêchera pas les négociations de paix avec la Russie, qui serait prête. Ainsi l’on comprend, que ces actes font partie des préparatifs devant, dans l’idée américaine, conduire la Russie à céder. Le terrorisme a toujours accompagné les guerres, celle-ci ne fait pas exception.

Le 17 décembre 2024, le général Igor Kirillov, en charge des forces de défense radiologiques, biologiques et chimiques a été assassiné en sortant de l’immeuble où il habite par un engin explosif mis dans une trottinette garée à proximité de l’entrée et activé à distance grâce à la caméra de surveillance placée dans un véhicule de location. L’explosion a été violente et des débris de vitre ont touché les immeubles environnants.

Le général Kirillov était une figure bien connue du public, sauf en Occident, puisqu’il était à la tête des enquêtes conduites contre les laboratoires biologiques américains, implantés en Ukraine et dans le monde. Ces enquêtes ont été présentées à l’ONU, aucune preuve de la non-véracité des faits démontrés n’a été avancée, mais en gros et en général un blocus informationnel a été imposé sur cette pratique dérangeante des États-Unis et aucune réaction politique n’a suivi dans le monde bien discipliné de la globalisation.

Son assassinat est bien un acte symbolique. Mais un acte, qui n’aura aucun impact ni sur les recherches menées sur le sujet, ni sur le cours de la guerre. Cela permet surtout de faire de la communication négative sur la Russie, comme s’y prête de bonne grâce Igor Delanoë de l’Observatoire franco-russe auprès de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe pour 20 Minutes :

« Cet assassinat leur permet d’abord d’afficher la vulnérabilité de leur adversaire et, donc, d’entraîner un effet psychologique », explique Igor Delanoë.

Certains semblent surpris, que de hauts responsables russes ne se promènent pas comme Macron avec une horde de gardes du corps et ne vivent pas dans des palais secrets, puisqu’ils sont soi-disant tous corrompus.

Mais, au-delà de la propagande de guerre, cet acte est avant tout un acte politique. Le SBU reconnaît [son implication] après que l’Ukraine eut tout d’abord démenti par la voix de Zelensky. La veille de l’attentat, le SBU a ouvert une affaire pénale contre Kirillov pour crimes de guerre. Quelle coïncidence. Et le Times de publier sans commenter, sans analyser, cette déclaration ukrainienne :

Un responsable du SBU a déclaré mardi que son agence était à l’origine de l’attaque. Le responsable, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à divulguer l’information, a décrit Kirillov comme un « criminel de guerre et une cible tout à fait légitime ».

Si un homme, qui enquête sur les crimes commis par l’ennemi, devient lui-même un criminel de guerre pour cela aux yeux de l’ennemi, et donc une cible légitime, c’est que cet ennemi est bien dans la logique d’une guerre totale. Dmitri Medvedev rappelle alors que de telles déclarations mettent potentiellement en première ligne tout responsable de l’OTAN :

Ils participent à une guerre hybride ou conventionnelle contre la Russie. Ces gens peuvent et doivent être considérés comme une cible militaire légitime pour l’État russe. Et tout simplement pour tous les patriotes russes.

De son côté, l’ONU appelle traditionnellement dans ce cas à la retenue, sans condamner l’acte commis. Que peut-on attendre d’autre de l’un des organes de gouvernance de la globalisation ? Quand la Russie est touchée par des missiles de pays de l’OTAN et qu’elle répond par un missile Orechnik, c’est évidemment elle qui est responsable de l’escalade. Elle ne doit pas vraiment répondre, elle ne doit pas lever le nez. Ici non plus. Les responsables de l’OTAN, qui agissent contre la Russie sous drapeau ukrainien en achetant un Ouzbek-cuisinier, doivent pouvoir continuer à agir en toute impunité. Rien ne doit remettre en cause leur impunité, puisque ce sont les maîtres du jeu. Si la Russie réagit réellement, elle est alors accusée de provoquer une escalade.

Le scénario est bien rodé. Dans la foulée, le futur représentant spécial de Trump pour l’Ukraine, Keith Kellog, de déclarer « que l’assassinat du général Kirillov n’était "pas une décision judicieuse" de la part de Kiev, mais il estime que cet acte ne fera pas obstacle au lancement de négociations de paix ».

Cela va bien dans le sens des « négociations de paix », qui intéressent les États-Unis, à savoir une reddition de la Russie, puis un reformatage du conflit, pour qu’il apparaisse comme étant entre la Russie et l’Ukraine, laissant les États-Unis et l’OTAN dans l’ombre et donc hors de toute responsabilité. Ainsi, Kellog est persuadé :

Selon lui, tant Moscou que Kiev sont prêts à entamer des discussions sur le conflit.

Le pari est fait d’une surenchère politico-médiatique avant l’arrivée effective de Trump à la présidence, afin de le mettre en position de force dans des négociations devant conduire, du point de vue occidental, la Russie à faire des concessions. L’on parle déjà ouvertement en Occident de la préparation d’une force d’occupation, pardon de paix, de 100 000 hommes venus des pays de l’OTAN en Ukraine, dès que la Russie aura eu la faiblesse de signer quelque chose.

Si l’on sort du paradigme communicationnel, il y a donc peu de chances pour que l’arrivée de Trump à la présidence change par miracle la situation sur le terrain. Il ne va pas abandonner l’Ukraine, car il ne va pas lutter contre la globalisation. Son but semble simplement de redonner sa puissance aux États-Unis, de ramener donc la globalisation dans un cadre, qui soit favorable aux États-Unis, notamment en gommant les excès des derniers globalistes.

 

 

Galactéros et KBG

 






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9 Commentaires

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  • #3467652
    Le 19 décembre à 20:15 par Petit-Pied
    Ukraine : la guerre à tout prix

    C’est du génie cette guerre de la part des fous bien organisés que l’on a pas le droit de nommer, les Russes et les Ukrainiens, c’est la même chose, c’est le même peuple qui s’entretue. Ce sont des Russes qui exterminent d’autres Russes, dans tous les cas la Russie est perdante.

     

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  • #3467673
    Le 19 décembre à 20:55 par !
    Ukraine : la guerre à tout prix

    Quelle analyse limpide de la situation ! Il n’y a rien à ajouter ni à retirer…

     

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  • #3467777
    Le 20 décembre à 07:30 par XR
    Ukraine : la guerre à tout prix

    La mort de Kirilov est regrettable mais il était un militaire d’un pays en guerre (et pas un civil comme Daria Douguina) qui a été tué par l’ennemi... Il n’y aucune autre justification à apporter.

    Les Russes peuvent tuer le général Boudanov s’ils y réussissent, et ce serait une belle victoire, ils n’auront pareillement aucune justification à donner.

    Les généraux sont des cibles comme les soldats, leur mort ne relève pas plus du « terrorisme » que celle du simple soldat déchiré par un obus dans son trou de combat ou par une mine sur laquelle il aura marché.

     

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    • #3467920
      Le 20 décembre à 13:23 par Babar
      Ukraine : la guerre à tout prix

      C’est un attentat à la bombe dans un espace public. Il faudrait avoir plus de détails mais ça peut être considéré comme une violation des règles de guerre de la distinction entre civil et militaire.

       
    • #3467995
      Le 20 décembre à 16:21 par XR
      Ukraine : la guerre à tout prix

      Babar

      Tu crois que le front en Ukraine est un espace privé, que l’artillerie russe n’y a pas fait de « dommage collatéraux » ? Que les obus ukrainiens et russes ne tombent jamais aussi parfois au milieu des villages ? Non, faut se réveiller... La Russie est en guerre avec l’Ukraine. Des millions de munitions de tous types ont été tirées par les deux camps et le total des morts civils et militaires se compte déjà en centaines de milliers. Le jour où Boudanov se fera éparpiller façon puzzle, et avec son chauffeur, il n’y aura pas de justification à donner.

      Crocus Hall, oui, c’est du terrorisme, mais pas la mort de Kirilov. Et la mort de Boudanov ne sera pas non plus du terrorisme. Ce sera la guerre, tout simplement : Celui qui a pris l’épée périra par l’épée...

       
  • #3467908
    Le 20 décembre à 13:07 par géörgÿ schwàrtzµÿ
    Ukraine : la guerre à tout prix

    A part peut être quelques sabotages éventuels dans des usines d’armement, aucun pays de l’OTAN n’est touché.
    Il faut donc que ça cesse si le pays et ses brics veulent encore être pris au sérieux.
    L’exemple donné aux candidats en Afrique, Asie ou Amsud est particulièrement désastreux.
    Du temps de l’URSS, le bouton rouge aurait déjà été pressé. Et ce d’autant plus s’ils avaient eu une supériorité technique quelconque. Comme ici avec l’hypersonique, les drones et la DCA, voire l’avionique.

     

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  • #3467944
    Le 20 décembre à 14:01 par Decul
    Ukraine : la guerre à tout prix

    Madame Galactéros, une suggestion. Je pense qu’avec un "petit" travail de montage, vos vidéos gagneraient énormément en dynamisme ainsi que votre travail en confort.
    Sachez tout de même que je vous écoute avec grand intérêt et que je continuerai de le faire.
    Le monde, cette poudrière inextricable avec des mèches allumées de tous côtés, à besoin de personnes courageuses comme vous, merci.

     

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  • #3467969
    Le 20 décembre à 14:46 par Aymard de Chartres
    Ukraine : la guerre à tout prix

    Ces deux femmes mentalement structurées émettent une aura qui les distingue d’avec la plupart des autres femmes et hommes compris. Leur gouvernail est inestimable en termes de vision, d’analyse, de savoirs, de capacités intellectuelles et de hauteur d’esprit. Certes, il leur encore quelques franchissements à passer pour décrocher le Graal, mais elles ont atteint brillamment les cimes de l’intelligence morale et sont en bonne voie pour se parfaite dans la précellence. Je les tiens en haute estime tout en conservant l’espoir d’avoir bien vu.

     

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  • #3468002
    Le 20 décembre à 16:36 par Decul
    Ukraine : la guerre à tout prix

    Je ne comprends pas l’intérêt d’assassiner le général Kirillov et en passant, n’importe quel individu qui aurait eu la malchance de se trouver là. J’aurais compris une tentative de faire disparaître ou de discréditer son travail d’enquête sur les labos américains d’armement chimique et bactériologique mais là, cette action ne fait que donner plus de poids à son travail.
    La manœuvre serait-elle d’en faire porter la responsabilité intégrale aux "imbéciles utiles" des services ukrainiens pour, permettre aux américains d’arriver en sauveurs lors des négociations de paix ? Ce serait quand même prendre les russes un peu pour des cons.

     

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