6 mai 2012, la France est en émoi. Marine Le Pen est élue présidente de la République pour 5 ans, avec près de 60 % des suffrages face à François Bayrou (1).
C’est la crise dans le camp de la démocratie, de la république, de la liberté, de l’égalité et des fraises tagada (soit l’UMPS-Front de gauche-MODEM-NPA-LO etc.).
Les premières réactions ne se font pas attendre :
Olivier Besancenot : « C’est le retour du fascisme. À partir d’aujourd’hui, je n’irai plus travailler ! »
Jean-Luc Mélenchon : « La République est en danger, il faut s’unir avec l’UMP dans un front d’opposition dont je serai le leader. »
Nicolas Sarkozy : « J’assume ma défaite et je quitte la vie politique ainsi que la France pour un pays sain où règne l’égalité et la liberté : les États-Unis. »
Dominique Strauss-Kahn : « Je me lèverai tous les jours en pensant à ce que je peux faire pour libérer la France de l’extrême droite extrémiste. »
Daniel Cohn-Bendit : « Ce soir, je suis fier d’être allemand. »
De son côté, soucieux de sauver sa seconde Ferrari, Jamel Debbouze annonce qu’il va jouer le premier rôle dans le nouveau film de Rachid Bouchareb qui se nomme « Harki, ou comment le FLN en fait c’était des enculés ». Philippe Val change le nom de son journal en « Patrie Hebdo ». Raphaël et Cali s’associent pour sortir en duo la chanson « On est pour la préférence nationale à la radio » qu’ils proposent de chanter gratuitement aux BBR. Les chiennes de garde louent les bienfaits du patriarcat. Stéphane Guillon et Muriel Cousin divorcent. Michel Drucker programme un Vivement Dimanche avec Dieudonné et Alain Soral puis, dans un excès de zèle, propose d’aider la cause nationale à identifier les francs-maçons et les juifs qui travaillent sur les chaînes du service public.
Au bout de quelques mois, le nouveau gouvernement fasciste entame son processus extrémiste : sortie de l’UE, de l’OTAN et réappropriation de la monnaie nationale.
En face, la Résistance s’organise :
Les professeurs n’assurent plus les cours, les étudiants sont dans la rue et font les boutiques, Pierre Arditi n’arbore plus sa légion d’honneur, Guy Bedos assure ses spectacles dans un bus.
À l’étranger, les journalistes français témoignent de leur mal être à la vue de la dégradation de « notre beau pays que fût la France » et fustigent le gouvernement qui « empêche les étudiants d’étudier et les professeurs d’enseigner ».
Soucieux de sauver le peuple du pays des droits de l’homme, les États-Unis imposent un embargo contre la France et sanctionnent « toute nation qui continuerait à avoir des échanges avec la France, sauf la Chine, la Corée du Nord et Israël ». Tout juste auréolé d’un nouveau mandat, Barack Obama se dit prêt à être « encore plus dur avec la France que les USA l’ont été avec Cuba, dans un soucis de liberté et de paix dans le monde ». Ce qui lui vaudra un deuxième prix Nobel de la paix. Le Corps des Marines est envoyé à la frontière Franco-Allemande pour prévenir toute tentative d’intrusion et de conquête de la Pologne par le régime Le Pen.
Du côté des « dissidents », on s’active :
Michel Collon : « Même si je n’approuve pas les méthodes étasuniennes, je constate que la France connaît le retour du régime colonialiste blanc, une fois ». Annie La(bip)Riz sort son nouveau livre « Le shoah de la victoire : d’Adolf à Marine ». François Asselineau qui avait fait breveter son programme, porte plainte devant la Cour de justice européenne contre Marine Le Pen car c’est lui le premier qui avait demandé la sortie de l’UE. Stéphane Hessel publie « Indignez-vous 2 : Pétain, le retour, avec des effets spéciaux ». Jean Robin se rase la barbe et perd quelques kilos « en solidarité avec mes compatriotes musulmans français qui vont être persécutés comme les juifs en 40, mais ça sera quand même pas comme la shoah ». Paul-Éric Blanrue plaide pour la création d’une loi « pour se souvenir de l’existence de la loi Gayssot ».
À Wall Street, on se dit qu’il est temps de redorer l’image du « capitalisme seul vrai libérateur des peuples », alors ordre est donné de spéculer contre la France. Malgré le risque d’expropriation par le régime fasciste français, les multinationales délocalisent leurs (dernières) usines. Mc Donald’s ferme ses « restaurants ». Les étudiants qui ne peuvent plus étudier ont encore plus de temps libre pour descendre dans la rue et faire les boutiques. L’Apple Store et les grandes marques de fringues ayant fui le pays, il ne leur reste plus que les magasins Tati et quelques commerces de vêtements orientaux. Faute de mieux, la mode du foulard est lancée, les strings ayant disparu des rayons avec les grosses enseignes...
Aux États-Unis, on y voit la montée de l’islamisme dans une population française paupérisée et opprimée par son gouvernement. Pour la première fois, Barack Obama évoque la possibilité d’une intervention préventive car « certains éléments en notre possession montrent que le gouvernement français dictatorial élu démocratiquement serait en passe d’envahir la Belgique ». Conseiller de sa sainteté Obama, Zbigniew Brzezinski affirme, carte météo de l’Espagne à l’appui, que « des troupes française en uniforme nazi armées d’armes de destructions massives se regroupent près de la frontière Franco-Belge, entre Bordeaux et Nice. L’Iran serait aussi sur le coup. Quant à Ben Laden, son corps pourrait être conservé secrètement au Musée Grévin à Paris. »
En France, les effets de la spéculation et des fermetures d’usines se font sentir. C’est la crise. La vraie. D’autant plus que le nouveau Franc est en chute libre. Les réserves d’or sont à sec. L’ancien président Nicolas Sarkozy se félicite d’avoir pensé à « alléger la France de son or pour limiter l’action du gouvernement d’extrême droite » et remercie au passage son ami Édouard de Rothschild « avec qui tout devient possible ».
Les Français sont dans la rue, réclament la tête de la présidente de la république et chantonnent la Marseillaise. Le CNT distribue des tracts contenant les paroles de l’hymne national et des drapeaux tricolores aux manifestants. Les dirigeants syndicaux ont réussi l’exploit de s’unir en créant le syndicat unique ‘UNION’ car « l’union fait la force » et entraînent avec eux les travailleurs qui se sentent trahis, mais aussi les patrons qui se sentent floués, et vice versa. Bernard Thibault, porte-parole de ce « super syndicat » déclare : « Nous avons réussi une réconciliation historique entre les ouvriers et les patrons pour aller dans le bon sens et mettre fin aux agissements de ce gouvernement d’extrême droite extrémiste xénophobe et refermé sur lui même. Même le MEDEF nous soutient depuis le début… Enfin, je veux dire depuis la création de ce nouveau syndicat ».
Dans la foule, outre la France d’en bas, on trouve des « people résistants ». C’est-à-dire la France de tout en bas, tellement bas que plus bas, tu arrives à Smaïn et Jean Amadou. Tout d’abord, il y a Claude Lellouche, Danny Boon et Carole Bouquet qui sont scandalisés que le festival de Cannes soit annulé cette année à cause du boycott contre la France, « un pays ouvertement raciste ! » pour Matthieu Kassovitz. Francis Lalanne essaie de se frayer un chemin entre Guy Carlier. Arlette Chabot, Christine Ockrent, Marc-Olivier Fogiel et PPDA chantent main dans la main pour la liberté de la presse, contre la pensée unique. Caroline Fourest et Tarik Ramadan marchent ensemble contre l’islamophobie et l’homophobie du gouvernement.
En treillis et batte de baseball à la main, Olivier Besancenot rameute ses troupes. Ce dernier est suspecté d’être le responsable de la rafale de stickers collés sur la façade de la banque postale du 16ème arrondissement. « Même les sans-papiers quittent le pays ! » s’exclame le porte-parole de la NR (Nouvelle Résistance qui regroupe tous les partis politiques sauf le Front National) sous les acclamations avant de conclure : « Nous avons réussi à réunir dans un même mouvement transcourant des libéraux, des écolos, des anarchistes, des syndicalistes, des libertaires, des communistes, des féministes, de l’UMP au PS, en passant par le MODEM et les Verts, jaunes, beurs, juifs, blacks ou blancs, autour de la même valeur d’égalité, c’est la grande réconciliation nationale contre Marine Le Pen. »
La boucle est bouclée. Résignée, la présidente de la République propose un référendum pour demander aux Français s’ils souhaitent sa démission et de nouvelles élections présidentielles.
« C’est un semblant de démocratie ! » déclare Bernard Kouchner, secrétaire général de la NR. Puis il clame avec virulence : « Nous ne voulons pas d’élections dans ces conditions, il faut rendre le pouvoir au peuple ! Donnez-le nous ! »
Le pays est au bord de l’implosion. L’alliance internationale sous ordres étasuniens menace. Après une énième réunion de crise, Marine Le Pen présente la démission du gouvernement.
Voici la déclaration de la désormais ex-première présidente de la France :
« Nous, Front National, avons toujours défendu les couleurs de notre pays, nous y avons consacré notre vie, pensant que l’intérêt général primait sur l’individualisme et le lobbying. C’est aujourd’hui en pensant à l’intérêt général que nous quittons nos fonctions à la tête de l’État afin de limiter les dégâts commis par les forces mondialistes et apatrides au préjudice de nos concitoyens.
Nous nous retirons de la vie politique.
Allez vous faire foutre, pays de merde. »
Pour l’humoriste et philosophe-romancier-cinéaste Bernard-Henri Lévy, il faut désormais faire place à la fête et reconstruire le pays :
« Aujourd’hui est la victoire historique de la liberté face au fascisme. Ce jour du 6 juin 2013 doit devenir fête nationale. Il y a eu le 14 juillet, il y a désormais le 6 juin. Je propose que nous remplacions Noël qui n’a plus de sens à notre époque par cette date qui est également la date d’anniversaire de l’opération Paix en Galilée (2).
Cette expérience nous oblige à changer notre constitution, notre vision de la démocratie car, il faut bien reconnaître que c’est à cause de la démocratie que nous en sommes arrivé là. Nous devons en tirer les conséquences. Les Français et, je l’avais un peu prédit dans mon livre ‘L’idéologie Française’, ne sont pas capables de choisir ce qu’il y a de mieux pour eux car ils sont intrinsèquement mauvais et attirés par des idées nauséabondes.
Je… pardon… Nous proposons désormais de composer une élite, une équipe de sages qui sauront prendre les bonnes décisions pour notre pays. À commencer par la nomination du nouveau président de la République.
Cette équipe de sages, présidée par Alain Minc, est composée des personnalités suivantes :
L’expert Jacques Attali dont le savoir et la sagesse ne sont plus à démontrer, Daniel Cohn-Bendit pour l’écologie et ses compétences dans l’éducation des jeunes et très jeunes, Jean-Pierre Elkabbach pour veiller à la liberté de la presse , Pierre Benichou pour apporter un peu de joie et de bonne humeur, Georges-Marc Benamou parce que c’est mon pote, Rama Yade pour les cafés et enfin Clara Morgane car c’est le choix de notre prochain président de la République.
Nous avons décidé, ensemble, démocratiquement et surtout à l’unanimité, de nommer pour ses compétences économiques Dominique Strauss-Kahn à la présidence de la République. Il aura 10 ans pour redresser le pays et le réincorporer dans l’UE, puis dans la nouvelle structure mondiale dont le congrès se réunira deux fois par an à Jérusalem pour faire face à la crise de la mondialisation. »
Les premiers résultats sont visibles dès les premiers mois. Même si les Français doivent se serrer la ceinture en passant aux 45 heures, en reculant le SMIC à 550 € et l’âge de la retraite à 68 ans, en avançant l’âge légal du travail à 13 ans s’il n’est pas rétribué. Le pays se redresse économiquement grâce à sa réintégration dans l’UE et le nouveau marché transatlantique. En attendant la Communauté Mondiale.
À la télé, les français ont l’air heureux...
Notes :
(1) Sarkozy et Hollande sont éliminés dès le premier tour à cause de la multiplication des candidatures à droite.