« Je vais
ajouter d’ailleurs que moi-même, je n’irai pas voter Marine Le
Pen si jamais elle commettait pour moi la faute morale et esthétique
presque grave, d’aller en Israël. Mais ça, c’est presque du
snobisme de ma part de dire ça, parce que je devrais être capable
de m’asseoir là-dessus. Mais il se trouve que je n’en suis
pas capable. »
« Quand on
me dit : "Pourquoi
vous ne jouez pas le cheval Asselineau ?",
je vous dis : parce qu’il ne court pas dans la course, voyez.
Quand on joue sur des chevaux, on joue sur des chevaux qui courent
dans la course. »
Libre Teamspeak – Bonsoir à tous.
Nous sommes le dimanche 8 janvier 2012. C’est désormais la rentrée
du Libre Teamspeak après les fêtes de Noël. Nous avons le grand
plaisir ce soir, de recevoir Alain Soral qui est auteur de plusieurs
livres, et notamment le récent livre Comprendre l’Empire,
au printemps 2011, qui fut un grand succès, dont il sera question ce
soir. Alain Soral est par ailleurs président de l’association
Égalité & Réconciliation depuis 2007, une association
politique et culturelle à tendance donc transcourant et
alternationaliste. Nous lui souhaitons la bienvenue pour ce soir. Et
nous souhaitons bonne conférence aux auditeurs.
Alain Soral – Merci pour
cette brève présentation. Ma conférence va être la plus succincte
possible puisque je pense que les gens ici ont plutôt envie de poser
des questions et de dialoguer. Moi, ce qui m’intéresse,
effectivement, c’est d’avoir le retour un peu des gens sur ce que
je produis. Ça me permet de continuer à réfléchir, plutôt que de
faire un monologue qui reviendrait plus ou moins à paraphraser mon
livre. Donc en fait, en guise de présentation, je pourrais peut-être
juste rappeler quelques détails sur moi qui permettent de me situer
et de me situer de manière à peu près exacte, parce qu’il y a
beaucoup de bruit débiles qui courent sur moi, ce qui est de bonne
guerre d’ailleurs.
Donc, je rappelle que mon nom est
Alain Soral. J’ai cinquante-trois ans. Je suis né en Savoie. J’ai
passé mon enfance essentiellement en banlieue parisienne, à
Meudon-la-Forêt. Donc, je suis un enfant de la moyenne bourgeoisie
française des années soixante. Je ne suis pas bachelier. J’ai
arrêté l’école en terminale, et je suis parti, comme c’était
la mode à l’époque, puisque c’était en 1975, j’ai fait la
route. Je suis parti en autostop essayer de visiter le vaste monde.
Je suis réentré dans le cursus universitaire en réussissant le
concours des beaux-arts et l’École des hautes études en sciences
sociales, sur dossier, essentiellement dans le but d’avoir la
Sécurité sociale et la MNEF, à l’époque. Je suis donc un
marginal, en fait, pas un vrai étudiant. J’ai très tôt été
dans une problématique de simple survie, on va dire, puisque vivant
seul à Paris, sans lien de famille, j’ai toujours été confronté
à la nécessité de gagner ma vie en me débrouillant, en échappant
au salariat. Ce qui m’a amené, à côté, d’être un faux
étudiant, à être vendeur au marché aux puces Paul-Bert pour des
antiquaires, à faire des chantiers de restauration de studettes pour
les enfants de la bourgeoisie, quand il fallait aménager les
chambres de bonnes en studios. J’ai fait des choses sans doute
aussi moins avouables, mais j’ai toujours été dans les petits
boulots et la survie.
Et bien que j’aie réussi à
rentrer aux hautes études en sciences sociales, chez Castoriadis,
c’est-à-dire chez un néomarxiste sur dossier, ma culture est
essentiellement une culture autodidacte, faite essentiellement de
lectures, lectures qui ont été orientées par mon intuition, un
livre en entraînant un autre, avec une formation marxiste assez
quand même sérieuse. C’est-à-dire que j’ai beaucoup lu les
penseurs marxistes, à partir de 1977. J’ai essayé d’étudier
pas mal la philosophie. Mais je suis un autodidacte qui a pas mal lu
de philo et de socio et d’économie politique. Que dire d’autre ?
Mes expériences diverses m’ont
amené à être journaliste puisque je cherchais, en fait, une
manière de survivre et de travailler en me servant de ce que je
savais faire, qui était, en fait, quelqu’un qui était capable, on
va dire, de « produire des idées ». Donc je me suis
retrouvé journaliste. J’ai été détenteur de la carte de presse
pendant trois ans. J’ai pas mal travaillé pour Ardisson,
notamment. J’ai fait du journalisme d’enquête. J’ai été
réalisateur de courts métrages puisque je m’intéressais au
cinéma. Et ce qui m’a conduit même, après six courts métrages,
à écrire et réaliser un long métrage, que certains ont peut-être
vu, qui s’appelait Confession d’un dragueur.
Et j’ai surtout écrit des livres.
Pareil, tout ça est un peu dû au hasard. Suite à une rencontre
amicale avec quelqu’un qui s’appelle Hector Obalk
qui aujourd’hui est un critique d’art assez connu, nous nous
sommes mis à écrire ensemble, pour nous amuser, un livre qui
s’appelait Les mouvements de mode expliqués aux parents,
qui a fait un bestseller en 1984. C’est un hasard. On a écrit ce
bouquin. André Bercoff a trouvé le bouquin amusant. Il était
directeur de collection à l’époque chez Robert Laffont. Le
livre s’est très bien vendu, puisqu’on a vendu plus de cinquante
mille exemplaires. J’avais vingt-cinq ans à l’époque. Et ce qui
m’a fait me dire que le métier de l’écriture était
intéressant, puisqu’on pouvait gagner sa vie, vendre des livres,
etc.
Je n’ai jamais refait un aussi
grand succès depuis, c’est un peu l’ironie, mais il se trouve
que bon gré, mal gré, bon an, mal an, j’ai écrit dix livres qui
sont des essais mais aussi des romans, puisque j’ai publié deux
romans, voire trois romans, puisqu’on peut considérer que Misères
du désir est un roman. J’ai publié un premier roman qui
s’appelle La vie d’un vaurien que je viens de
rééditer moi-même chez Kontre Kulture, un
deuxième roman qui s’appelle Chute !, et aussi
des essais que certains connaissent, évidemment. Le plus connu est
peut-être Sociologie du dragueur qui est une espèce
d’essai atypique de sociologie, une étude de sociologie totale sur
ce que c’est que la drague, le dragueur, que j’avais d’ailleurs
proposé comme sujet de diplôme pour les hautes études, mais qui
m’a été refusé. Donc, j’en ai fait un livre.
Donc voilà. J’ai un parcours
atypique. J’ai donc été journaliste. J’ai tâté aussi de la
peinture puisque j’ai fait les beaux-arts. J’ai tâté de la
critique d’art. J’ai fait de la sociologie populaire, donc. J’ai
publié un certain nombre de livres. J’ai écrit beaucoup
d’articles. J’ai toujours pratiqué aussi en dehors de ça, la
boxe pieds-poings et la boxe anglaise. Je suis aujourd’hui et
depuis, je crois, 1995 – il faudrait que je vérifie, je ne sais
même plus moi-même – instructeur fédéral de boxe anglaise.
Donc, j’ai un assez bon niveau en sports de combat.
Donc, je suis quelqu’un de très
atypique, je le revendique. Et aussi souvent, ce qui n’est pas
remarqué, pas compris, je suis aussi un auteur comique. J’estime
que mes livres sont assez drôles. Les abécédaires, la démarche de
Sociologie du dragueur. Même le dernier, pour ceux qui l’ont
bien lu, je ne suis pas du tout dans une catégorie de penseur on va
dire à l’esthétique sérieuse. Étant un marginal et un
non-universitaire, je ne suis pas dans la catégorie que je n’aime
pas trop d’ailleurs, de l’esthétique du sérieux universitaire à
la française. Ce n’est pas mon truc. Je ne fais pas d’efforts
là-dessus. Ce qui parfois d’ailleurs crée des quiproquos. Des
gens ne me prennent pas au sérieux parce que je ne joue pas
l’« esthétique du sérieux ». Et c’est vrai que je
dirais une je suis à égale distance de Dieudonné et de
Chauprade, par exemple, si je voulais prendre deux exemples,
en ce moment, de gens dont j’aime le travail.
Quoi d’autre ?
Je vis à moitié au Pays basque, à
mi-temps, avec une femme et un enfant.
Ben vous le savez, j’anime
l’association Égalité et Réconciliation.
Aussi, petite précision, association que j’ai créée à la
demande de lecteurs. Il y a un groupe qui s’est réuni un jour, qui
a demandé à me rencontrer, et qui avait crée un groupe Soral. Et
d’ailleurs, la personne qui était à l’initiative de cette
démarche, qui est Julien, aujourd’hui est le secrétaire
général de l’association. Ce qui veut dire qu’il y a quelque
chose de moral, là derrière, puisqu’il était au départ de cette
association, et il en est aujourd’hui le secrétaire général.
Et donc, j’ai fait Égalité et
Réconciliation pour répondre à une demande. Je n’avais
pas de pratique de gestion de groupe avant, ce qui d’ailleurs m’a
posé pas mal de problèmes. J’ai découvert ce que c’était que
de gérer un collectif. C’est aussi une leçon de sociologie
pratique, parfois douloureuse. Et j’ai refusé, à un moment donné
précis, de faire d’Égalité et Réconciliation
un parti politique, parce une je ne voyais pas l’intérêt de
concurrencer le Front national et de faire un nième groupuscule. Et
surtout, je ne voulais pas faire de parti politique car les personnes
qui me poussaient à le faire, c’était dans un but de toucher de
l’argent de l’État, avec toutes les martingales qui existent
pour vivre de la politique via des financements étatiques
politiques. Je voulais échapper à cette logique qui ne m’intéresse
pas et que je trouve sordide.
Et donc, je précise bien qu’Égalité
et Réconciliation est plutôt un groupe de réflexion, quelque
chose qui a à voir avec le métapolitique, qui garde toujours une
dimension un peu aventurière, aventureuse, artistique et un peu
punk.
Et la dernière étape d’ailleurs
dans ce cheminement a été de créer récemment Kontre
Kulture qui est une boîte de créations
contre-culturelles, qui édite des livres, réédite des livres.
Et en ce moment, dans le cadre de
cette maison d’édition, je coécris une bande dessinée que j’ai
scénarisée entièrement, avec Zéon qui est un dessinateur
que certains connaissent ici, et dialoguée par Dieudonné. Tout ça,
ce sont des projets atypiques.
J’ai aussi, j’avais oublié,
j’ai aussi fait l’acteur, deux, trois fois dans ma vie, dans un
film de Catherine Breillat pour ceux qui l’ont
vu. Et là, récemment, j’ai d’ailleurs joué un rôle dans le
film de Dieudonné qui va sortir, je pense, le mois prochain, dans un
circuit underground.
Donc, tout ça pour me présenter
par rapport aux bruits qui courent sur moi. Je suis effectivement un
personnage totalement atypique, ce que je revendique. C’est un
parcours assez long, puisque j’ai cinquante-trois ans, et que je
suis un peu sur la brèche depuis l’âge de seize, dix-sept ans.
Une culture de la vie, une production, puisque j’ai écrit et édité
dix livres, des centaines d’articles, etc. Donc j’ai une CV,
entre guillemets. Mais je ne prétends ni être un écrivain au sens
de Nabe, c’est-à-dire quelqu’un qui est fasciné par
la catégorie du livre et qui s’inscrit dans cette espèce de
volonté d’être un grand écrivain, qui est une catégorie très
récente et qui ne me touche pas spécialement. Je ne suis pas non
plus un intellectuel au sens de de Benoist.
Je n’ai pas passé autant de temps que lui à lire. Je n’ai sans
doute pas la même érudition. J’ai peut-être plus d’inventivité
d’ailleurs. Et je suis, en fait, si on prend un terme assez qui
correspond à la période humaniste qui est encore la nôtre, je suis
ce qu’on appelle un « publiciste », qu’il ne faut pas
confondre avec un publicitaire, c’est-à-dire quelqu’un qui
intervient dans le débat public.
Je crois avoir fait à peu près le
tour de la question, pour me présenter. Et ma légitimité, ce soir,
ici et maintenant, c’est d’avoir publié au mois de février un
bouquin sur lequel j’ai travaillé ces trois dernières années,
qui s’appelle Comprendre l’Empire où je crois
avoir produit une vision globale, synthétique et pédagogique de la
réalité politique contemporaine. Et il me semble que ce qui se
passe, en ce moment, dans le monde, et plus précisément en France,
tend à valider mon travail. Il semble que je ne me suis pas trop
trompé sur mes prévisions et sur mes intuitions et sur mes
analyses.
Donc, cette présentation faite, ben
ce que je vous propose, c’est de poser des questions pour que nous
puissions dialoguer. C’est à vous.
Libre Teamspeak – Très bien.
Merci beaucoup Alain pour ces rappels. Donc, on donne la parole
maintenant à Doggy pour la première question.
Embouteillages et salariat
Doggy – Bonsoir, c’est très
gentil à vous. Donc, bonsoir Alain Soral. Je suis très heureux de
pouvoir vous poser une question ce soir. Pour que vous compreniez la
nature de mes questions, je dois vous préciser que je n’ai que
vingt-deux ans. Et je suis en train de découvrir, depuis quelques
mois, les vidéos que vous faites sur Internet. Et je suis en train
de lire votre dernier livre, Comprendre l’Empire.
Donc, vous aurez peut-être une certaine indulgence pour mes
questions, peut-être un peu naïves. Donc, ma question, c’est dans
une de vos vidéos qui date un petit peu, mais bon, vous dites que si
aujourd’hui les hommes sont des sous-hommes, c’est parce qu’ils
acceptent les embouteillages et le salariat. Donc, je voulais vous
demander, dans une France d’environ 65 millions d’habitants,
est-il possible d’envisager une société qui fonctionne sans
salariat ?
Alain Soral – Déjà, il
faut comprendre que c’est une phrase de pamphlétaire à la Léon
Bloy, une phrase d’extrémiste qu’il faut assumer. Et ce
n’est pas une phrase de sociologue. Évidemment ! Mais par
contre, ça veut dire quelque chose de précis. C’est que si
j’arrive encore, il me semble, à mon âge, à avoir cette
insoumission qui me dépasse, c’est pour des raisons que j’analyse.
Et je me dis qu’il se trouve que j’ai toujours refusé d’être
salarié – alors peut-être que tout le monde n’a pas les moyens
de refuser ça – et j’ai toujours refusé d’avoir une voiture,
parce qu’il me semblait terriblement aliénant d’intégrer le
tertiaire dans une hiérarchie salariale entouré de petits chefs,
etc. C’est-à-dire que ça produit une psychologie typique très
féminisée de soumis qui est la psychologie d’employés de bureau.
Et d’accepter aussi des heures
d’embouteillages en ville, dans une voiture, me paraissait aussi
quelque chose qui était un vecteur de soumission, d’émasculation.
Et donc, c’est un constat que je fais. C’est que je crois que
s’il n’y avait pas le salariat généralisé et la bagnole, ente
guillemets, et s’’il n’y avait pas ce travail de soumission et
de dressage, il serait beaucoup plus difficile d’imposer ce que la
société, le système, impose aujourd’hui aux hommes de
l’Occident, de notre Occident on va dire postindustriel, il serait
beaucoup plus difficile d’imposer ça à un monde de petits
entrepreneurs, d’hoplites, un monde qui ne serait pas
fondamentalement centré sur le salariat du tertiaire et la bagnole.
Donc, c’est un constat plutôt de
pamphlétaire en colère. Ça vaut ce que ça vaut. Mais,
effectivement, ce n’est pas une proposition alternative politique
globale, c’est une certitude.
Mais ça, à mon avis, ça conduit
aussi, c’est mon arrogance, ça pousse aussi à. Je ne sais pas
comment l’exprimer. Je pense que, finalement, quelqu’un qui
accepte d’être salarié, de se soumettre à une hiérarchie, etc.,
devrait faire preuve d’une certaine humilité. C’est aussi
là-dessus que je pourrais faire une deuxième réponse. Il y avait
dans le temps, il me semble, le monde de ce qu’on appelait les
petites gens et les braves gens, qui étaient fondamentalement des
gens humbles parce qu’ils admettaient qu’ils n’étaient pas
grand-chose.
Aujourd’hui, nous sommes dans une
culture du « Moi, je », où n’importe quel petit
merdeux, n’importe quel coiffeur, n’importe quel sous-diplômé,
n’importe quel salarié, sous prétexte qu’il a été élevé
dans la culture du « Moi, je » prétends qu’il est un
être exceptionnel, se fait tatouer, met des piercings et prétend,
même par exemple, pour moi-même, dialoguer avec moi et me donner
des leçons, en oubliant que j’ai trente ans de vie de plus que
lui, que j’ai fait des choses qu’il n’a pas faites, qui
demandent un courage qu’il n’a pas, un talent qu’il n’a pas,
etc.
Et c’était aussi ça. Il y a une
petite dimension là-dedans, provocatrice et agressive, mais que je
revendique. J’estime que, finalement, le gros problème que je
rencontre moi, dans la société actuelle, c’est la disparition des
petites gens et des braves gens. C’est-à-dire que les trois-quarts
de gens devraient être beaucoup plus humbles s’ils étaient
réalistes car ils n’ont pas, en réalité, le parcours qui leur
permet l’arrogance dont ils font preuve et qui leur est imposée
par le système et cette culture du « Moi, je », qui est
une culture de la désocialisation, de l’amoralité, de la perte du
sens civique, etc.
Donc, c’était un peu ça, si je
veux résumer. La bagnole et le salariat produisent des sous-hommes.
Et quand on est un sous-homme, il faut accepter qu’on est un
sous-homme et fermer un peu sa gueule, et un peu moins la ramener.
C’était un peu ça, parce que ça correspond un peu à ce que
j’affronte en permanence, notamment les critiques, les agressions
que je reçois de gens qui souvent n’ont pas la légitimité et le
parcours pour. Voilà.
Le combat féministe
Libre Teamspeak – Alors, je vais
poser moi-même la deuxième question. Moi, je t’ai découvert en
1999, en fait, dans une émission, chez Ardisson, face à Bashung. Et
c’est vrai qu’à l’époque, tu mangeais un peu des féministes
au petit-déjeuner. Je voulais savoir, comment tu évalue un petit
peu le féminisme, là, douze ans plus tard. C’est-à-dire qu’à
l’époque, on avait l’impression, quand même, que c’était un
peu plus vivant avec les Chiennes de garde, après il y a eu Ni putes
ni soumises. Moi, j’ai l’impression que c’est un peu mort en ce
moment, qu’on n’en entend pas trop parler. Alors déjà, est-ce
que tu es d’accord avec cette observation ? Et si oui, comment
est-ce que tu explique ça ?
Alain Soral – Le constat
est valable. Je pense que, simplement, on parle moins du féminisme
aujourd’hui parce que ce combat-là est gagné par le système.
C’est-à-dire qu’à un moment donné, le féminisme tel que je
l’analyse, était un moyen d’affaiblir la conscience citoyenne,
d’occulter les rapports de classes, d’envoyer la lutte sociale
sur des voies de garage. Et je pense qu’à partir de la parité,
etc., il n’y a même plus vraiment d’opposition. C’est-à-dire
que ce combat a été gagné par le système, et finalement,
aujourd’hui, on agite plutôt la mondialisation, on est plutôt sur
le métissage, on est plutôt sur l’anti-islamisme.
Mais en revanche, sans ce combat des
années quatre-vingt-dix, pour nous imposer les féministes comme
l’avenir de l’humanité, nous n’aurions pas aujourd’hui, je
pense, Caroline Fourest. Caroline Fourest est impossible dans les
années quatre-vingt et même quatre-vingt-dix. L’omniprésence et
l’omniscience de Caroline Fourest est la conséquence de ce cette
guerre proféministe, qui finalement, est moins en avant aujourd’hui,
parce qu’elle a été gagnée par le système, et perdu par nous.
Libre Teamspeak – Merci de votre
réponse. Alors je vais laisser la parole à un auditeur plutôt sur
votre parcours intellectuel, sur vos lectures. Je lui laisse la
parole à l’instant. Voilà, alors Bardamu a la parole.
Louis Rougier, Maurice Allais, Jacques Rueff
Bardamu – Oui, bonjour tout le
monde, bonjour Alain Soral. Juste avant de vous poser ma question, je
voulais juste dire que le livre m’a beaucoup plu. Comprendre
l’Empire.
Libre Teamspeak – Ça ne marche
pas très bien. Pardon, je crois que je vais poser la question
moi-même, puisque, malheureusement, le micro ne marche pas très
bien. Donc, c’est sur vos lectures. Donc, est-ce que parmi vos
lectures, vous avez compté notamment Louis Rougier dont voulait
parler Bardamu, l’auteur du GRECE donc, relié au GRECE, Maurice
Allais, également, que vous connaissez bien sûr, et Jacques Rueff.
Est-ce que vous les avez lu, et si oui, quel est votre avis sur ces
personnes ?
Alain Soral – À part
Maurice Allais que je connais pour avoir lu quelques trucs de lui
parce qu’on en a beaucoup entendu parler, puisque c’est le seul
prix Nobel d’économie français, je crois, puis surtout, parce que
c’est un libéral qui est devenu antilibéral en vieillissant, lui,
je connais son travail qui l’intéresse.
Les deux autres, on n’arrête pas
de m’interpeler sur eux. Je ne les connais pas. Enfin, je connais
leur nom, mais je ne les ai pas lus. Et je vais être honnête, je
suis aujourd’hui beaucoup dans l’action. Et en fait, le temps où
je lisais énormément de livres de fond et un peu derrière moi. Je
suis aujourd’hui plus sur essayer, au jour le jour, de comprendre
ce qui se passe en Iran, en Syrie, en Russie, de comprendre ce qui se
passe en Algérie, les différentes factions qui constituent les
soixante-treize sectes de l’islam, etc.
Donc, ces gens que je n’ai pas
lus, à l’époque où j’aurais peut-être pu les lire, par
hasard, je n’ai pas le temps de les lire aujourd’hui, et je n’en
ai même pas l’envie. Parce qu’en fait, je ne vois pas l’intérêt,
c’est pas mon truc, de passer ma vie dans les bouquins pour être
plus érudit que les érudits, alors qu’en réalité, pour moi, ça
ne sert à rien. Comme ça ne me sert pas de lire des romans,
d’ailleurs.
Je suis dans l’action, dans la
vie, et je me nourris de ce qui me sert pour le combat d’aujourd’hui
et de demain. Donc, je ne connais pas bien ces auteurs. Je sais
qu’ils existent, et je suis capable de lire leur fiche sur
Wikipedia, ce que j’ai déjà fait. Et je ne peux pas en parler
parce que je ne les connais pas assez pour en parler. Et surtout, je
n’ai pas le temps de m’y intéresser maintenant. J’estime
d’ailleurs, ne pas en avoir besoin. Et donc, ce n’est pas un
enjeu central pour moi. Et je vous dis, je laisse à de Benoist
ou à d’autres gens qui, finalement, ont déserté le combat
politique et ont avoué leur impuissance, le fait, effectivement, de
passer le reste de leur vie à lire huit heures par jour des
bouquins.
Mais, moi, ma logique, c’est quand
même produire et agir. Ça ne servirait à rien que je connaisse
mieux ces deux auteurs dont vous me parlez, là. Ça n’apporterait
rien par rapport à ce que je fais en ce moment, même s’ils sont
sans doute très bons, et que je découvrirais des choses qui
recouperaient d’autres intuitions ou d’autres lectures. Je n’ai
simplement pas le temps. Parce qu’il y a un problème d’emploi du
temps. En ce moment, je me bats pour rééditer des bouquins
introuvables, puisqu’effectivement pas mal de gens passent par moi
pour lire. Eh ben par Kontre Kulture, je me bats pour rééditer
des livres introuvables ou intéressants. Et donc, je me consacre
plus à cette tâche-là, à animer le site, faire mes vidéos du
mois, qu’à lire des livres de fond qui prennent. Il ne faut pas
oublier la notion de temps, qui est aussi une honnêteté et une
humilité. C’est que ça prend beaucoup, beaucoup de temps de lire
sérieusement des livres. Et moi, j’ai passé beaucoup, beaucoup de
temps, à une époque où, effectivement, je me passionnais pour la
théorie pure. J’ai passé, je ne sais pas si c’est des centaines
d’heures ou des milliers d’heures, à lire Hegel, Marx,
etc. Je ne pourrais plus le faire aujourd’hui, je n’en aurais
plus l’envie.
Libre Teamspeak – Très bien,
merci. Fion (sic), c’est à toi.
Le sionisme du Front national
Fion – Oui, bonsoir Monsieur
Soral. Merci d’être venu participer à cette émission. Alors moi,
la question que je voulais vous poser, elle est relative au Front
national. Vous qui avez fait un passage au Front national, c’était
il y a quelques années, c’était vers 2007, je ne sais plus
exactement – vous nous direz –, je voulais vous demander qu’en
est-il de la réalité de l’influence de la ligne prosioniste au
FN. Est-elle aussi grande que certains le disent ? Et j’aurais
aimé avoir votre opinion sur ça. Vous qui avez été au FN,
justement, est-ce que vous avez senti cette influence qui grandissait
d’une ligne prosioniste, anti-Arabes, faut le dire ?
Voilà, merci à vous, et bonne
soirée.
Alain Soral – Déjà, on ne
peut pas nier qu’au Front national, il y ait, depuis deux-trois
ans, la volonté très affichée du côté du clan mariniste, de se
dédiaboliser sur la question judéo-sioniste. Alors après, le mot
sionisme est une espèce de mot qu’on emploie tout le
temps, comme le mot fascisme, ou d’ailleurs islam.
Il y a très peu, au Front national,
de prosionistes. En fait, je pense que personne n’en a rien à
foutre du sionisme d’ailleurs, y compris ailleurs. En revanche, il
y a des gens au Front national qui ont bien identifié que ce qui
avait bloqué la progression du Front national de Jean-Marie Le
Pen, c’était son insoumission, parce que c’est comme ça
qu’il faut l’appeler, à une certaine communauté surpuissante
qui s’appelle la communauté juive organisée ; c’est comme
ça que la définit Goldnadel.
Et que si le Front national voulait
se rapprocher du pouvoir, et casser la barre symbolique des quinze ou
vingt pour cent, il fallait qu’il se dédiabolise sur cette
question.
Alors, il y a des gens qui ne voient
pas l’intérêt de passer de quinze à vingt pour cent, et de
sortir de ce qu’on appelle le « parti de témoignage »,
et ça je pense que c’est la ligne Gollnisch. Il y a des
gens de l’autre côté, comme Marine Le Pen, qui
veulent se rapprocher du pouvoir et qui pensent que Paris vaut
bien une messe, d’une certaine façon, et qui ont une stratégie de
dédiabolisation sur cette question-là. Parce que c’est la seule
question qui compte en France. Il faut avoir l’honnêteté de
l’admettre ; c’est l’antisémitisme qui tue et rien d’autre.
On peut parler « du bruit et des odeurs », se moquer des
Arméniens, on peut tout faire et survivre en politique en France,
mais on ne peut pas toucher à la question juive, c’est une
certitude.
Et Le Pen a payé pour deux phrases,
il ne faut pas oublier : le « point de détail » et
« Durafour-crématoire ».
Donc en réalité, le sionisme de la
mouvance de Marine Le Pen n’est pas du sionisme au sens strict,
sauf peut-être Louis Aliot, et encore je ne crois. Mais
Louis Aliot ne pèse pas, à mon avis, vraiment au Front. C’est la
volonté de lever la fatwa qu’on appelle l’« arc
républicain », mais qui est, en fait, la fatwa qui a
été édictée par le tout-puissant lobby juif mondial qui est
piloté des États-Unis.
Et c’est sous doute pour ça,
d’ailleurs, que Marine Le Pen s’est rendue aux États-Unis, c’est
une évidence, pour dire : voilà, nous ne sommes pas
antisémites ; nous ne sommes pas spécialement hostiles aux
Juifs ; il y a beaucoup de juifs en France qui ne voient pas de
problème avec le Front national ; moi, Marine Le Pen, vu ma
naissance et ma vie, j’ai coupé avec ce qu’on pourrait reprocher
à certains membres du Front national, qui est d’être issus de la
collaboration ou d’une certaine fascination pour le IIème Reich,
puisque c’était en composante qu’on ne peut pas nier du Front
national, même si elle était déjà très minoritaire.
Et ça, c’est ce qu’on appelle
la « ligne sioniste » des marinistes. En réalité, elle
n’est pas sioniste. Elle est simplement tentée de calmer le
courroux de la communauté juive organisée qui a décrété une
fatwa contre le Front national depuis Carpentras, en gros, et
l’affaire du « détail ». Alors, déjà, l’honnêteté,
c’est ça. En se disant, si nous plus l’hostilité de cette
communauté organisée, il n’y a pas de limite à la progression du
Front. Le Front est bloqué pour l’instant pour ça.
Donc, c’est ça le sionisme, à
mon avis, du clan mariniste. Je ne pense pas que ce soit un amour
d’Israël.
Les gens qui aiment Israël au Front
national sont sans doute très, très, très minoritaires, comme
d’ailleurs, également, les propalestiniens.
Donc, ça veut dire en fait quelque
chose pour moi d’assez simple et d’assez objectif. C’est que
Marine Le Pen n’étant pas dans une logique de témoignage comme
par exemple Gollnisch, pour prendre quelque chose d’assez typique,
mais dans une logique de se rapprocher du pouvoir, et ayant
identifié, parce qu’elle l’a compris et parce une son père a
dû bien lui expliquer qu’on ne pouvait rien faire en politique en
France d’autre que de marginal si on affichait une certaine
hostilité à la communauté juive organisée, et que ce qui
définissait la non-agression, pour ne pas dire la soumission, à la
communauté juive organisée, c’était un certain sionisme :
c’est-à-dire on n’a pas le droit d’être antisioniste en France
si on veut exister à un certain niveau en politique, eh ben, comme
dirait l’autre, elle a intégré cette donnée objective pour
essayer de progresser politiquement. Je crois que c’est ça.
Et si on voulait compléter, elle a
aussi également compris, je crois, qu’il y avait un consensus en
France, aujourd’hui, de ras-le-bol par rapport à une certain
immigration. Que cette immigration était aussi majoritairement, pour
des raisons historiques et géographiques, musulmane, et que ça
rapportait aussi d’être un peu hostile à l’Islam, et de ne pas
être antisioniste.
Donc, je pense que la démarche de
Marine Le Pen, qui n’est pas forcément la plus honorable, qui
n’est pas très courageuse de ce point de vue-là, est très
stratégique. Je dirais que Marine Le Pen fait ce qu’il faut, sans
doute, pour lever les barrières qui ont été mises pour empêcher
la progression du Front national de Jean-Marie Le Pen.
Je pense que Jean-Marie Le Pen, qui
d’ailleurs lui-même est dans une position médiane entre celle du
témoignage à la Gollnisch et de la realpolitik
à la Marine, lui-même a validé cette ligne en disant :
voilà bon, il faut être réaliste. Je me suis heurté à un mur
toute ma vie. Il faut donc être stratège, rusé, etc.
Alors, il y a des gens qui peuvent
trouver ça insupportable, d’autres qui peuvent trouver ça
stratégiquement cohérent. Mais n’oubliez pas, quand même, pour
conclure par rapport à certains excités qui ne voient que cette
dimension-là, c’est que la question sioniste ou musulmane n’est
pas une question si centrale que ça, pour la majorité du peuple de
France, pour les petites-gens dont je parlais. Eux, leur problème,
c’est la question économique et la question sociale, et la
question sécuritaire.
D’abord la question économique et
sociale, puis sécuritaire. Et c’est là-dessus qu’ils jugent.
C’est pour ça que le sionisme de Marine Le Pen tel que je l’ai
défini énerve des gens qui sont strictement focalisés sur la
question sioniste ou antisioniste. Mais ces gens-là ont quand même
quelque chose d’hystérique pour moi, parce que c’est une
question très intéressante mais qui ne fonde pas une politique pour
quelqu’un qui fait de la politique de masse. Ce qui n’est
d’ailleurs pas mon cas.
C’est pour ça que moi, je ne
critique pas Marine Le Pen, malgré ce non-antisionisme stratégique,
parce que ce qui m’intéresse, c’est l’évolution qu’elle a
fait faire, très positive, au Front, sur la question économique
notamment, sur le mondialiste financier, sur la question du
libéralisme où là, elle est bien plus performante que ne l’était
son père, et bien plus performante que Gollnisch. D’où ma
position de non-agression avec le réalisme mariniste. C’est-à-dire
que bien que moi je sois un antisioniste carabiné, pour des raisons
qui me regardent, je comprends que Marine Le Pen ne puisse pas
l’être, et je sais que c’est sa démarche qui est la plus
raisonnable, par rapport à ses objectifs qui sont de faire du Front
national un parti de gouvernement. Et là-dessus, j’ai toujours eu
cette pédagogie et cette démonstration.
Et ceux qui ne le comprennent pas,
c’est qu’en réalité, ils ne font pas de politique. Ils
s’excitent, ils se font plaisir, etc., etc.
Et après, comme je le dis
régulièrement, moi, je voterai sans doute Marin Le Pen au premier
tour. Je n’ai demandé à personne d’ailleurs de le faire. Je
n’appelle pas à voter. Mais je le fais parce que, comme l’a
bien fait remarquer le gouvernement israélien récemment, pour eux,
il n’y a aucun problème entre François Hollande
et Sarközy, car ils représentent tous les deux la
tendance la plus sioniste de leur parti.
Donc moi, ce que je faisais
remarquer en dernière analyse, c’est que reprocher le sionisme du
Front national, est un peu voir le monde par le petit bout de la
lorgnette. C’est une hystérie d’extrémiste de droite typique ou
d’excité. Parce qu’en réalité, le Front national, de fait, est
sans doute, malgré même les volontés stratégiques, etc., le parti
le moins sioniste de tous les partis, car ils sont tous plus
sionistes que lui. C’est-à-dire que le Parti communiste, le Front de
gauche, le NPA, quand on connaît l’histoire de ces partis et de
qui ils sont faits. Ils sont tous, à l’évidence, plus sionistes,
au sens où on l’a bien défini, que le Front national, y compris
le Front national de Marine Le Pen. Et je ne mettrai pas là-dedans
l’histoire de Louis Aliot, dont je me suis occupé le mois dernier,
qui à mon avis, là, était une faute politique grossière, car on
peut très bien vouloir l’apaisement de la communauté organisée,
il n’est pas question pour ça d’aller applaudir aux colonies de
Cisjordanie ou à la politique de Netanyahou-Liebermann.
Pour moi, ça c’est une faute absolue.
Dédiaboliser le Front, par rapport
à la question dont je vous parlais, est une chose. D’un seul coup,
lécher le cul de l’extrême droite israélienne est grotesque. Et
je pense que Marine Le Pen est suffisamment intelligente pour ne
jamais faire ça. Mais bon, ça c’est mon analyse.
Comme je vous le dis, moi, je ne
suis plus au Front national. J’y suis resté un court moment. J’en
suis parti, d’ailleurs, un peu à cause de cette question. Mais
j’admets avec le recul que c’est Marine Le Pen qui a raison.
C’est-à-dire qu’elle veut faire de son parti un parti de masse et
de gouvernement. Et moi, je suis dans une logique d’avant-garde, un
peu plus groupusculaire. Et je peux me permettre, effectivement, un
antisionisme carabiné qui n’est accessible qu’à moi, à
Dieudonné au Parti Anti
Sioniste, et puis à des gens qui font semblant de faire
de la politique, et qui en fait se contentent d’aboyer derrière
leur ordinateur, souvent anonymement d’ailleurs.
Appel à voter Marine Le Pen au premier tour des présidentielles ?
Libre Teamspeak – Je voulais
rebondir très rapidement sur ce que tu viens de dire. Parce que
souvent, dans tes vidéos, tu dis que pour l’instant, tu ne peux
pas appeler les musulmans à voter Marine. Et qu’en est-il des
non-musulmans ? Est-ce que eux, tu les appelles à voter Marine,
ou pas ?
Alain Soral – Déjà, je
n’ai pas à appeler à voter pour qui que ce soit. Moi, je produis
une analyse. Et je dis : en vertu de cette analyse – je peux
me tromper d’ailleurs partiellement, mais je pense qu’elle est
relativement performante –, il me semble que le candidat le plus
antisystème et le moins sous contrôle du système, et qui peut
peser, et qui a l’appareil derrière lui, et qui fait des scores
dans les sondages, est Marine Le Pen et le Front national.
C’est ça que je dis. La politique, c’est le choix du moins
pire. Sinon, on est dans le monde de l’art, on n’est pas dans le
monde de la politique.
Donc, j’ai mes musiciens préférés.
Mais le rapport que j’ai avec Miles Davis n’est pas
le même rapport que j’ai avec Marine Le Pen. C’est-à-dire que
j’ai mes musiciens préférés, et j’ai mes hommes politiques les
moins détestés. Parce que de toute façon, un homme politique est
par définition un menteur, et ce n’est pas un artiste ; ce
n’est pas quelqu’un qui est touché par la grâce. Moi, je ne
veux pas faire de politique à cause de ça. Parce que je pense que
c’est un métier de peu de talent. Je n’aime pas la politique
politicienne. C’est du bricolage au quotidien, c’est de
l’à-peu-près, c’est du mensonge permanent, etc.
Mais dans une logique d’élection
présidentielle, c’est-à-dire de respecter la loi de ce qu’on
appelle la démocratie représentative, il me parait évident que
Marine Le Pen est la candidate la plus antisystème tel que je le
définis. Et si on veut faire un vote qui a du sens au premier tour,
il me semble que c’est Marine Le Pen.
Et je réponds par avance à la
question Asselineau. Je vous ai dit qu’Asselineau n’aurait
pas les signatures, et qu’il ne serait pas candidat. Donc quand on
me dit : « Pourquoi vous ne jouez pas le cheval
Asselineau ? », je vous dis : parce qu’il ne court
pas dans la course, voyez. Quand on joue sur des chevaux, on joue sur
des chevaux qui courent dans la course, sinon on parle pour rien
dire. Asselineau ne sera pas candidat. Moi, je le sais, lui ne le
sais pas encore. Ça veut dire que, quelque part, il y a un problème,
si je sais avant lui ce qui va lui arriver. Et vous le vérifierai le
jour du dépôt des signatures, qu’il ne les aura pas.
Donc les autres. D’abord, je ne
m’adresse pas, effectivement, qu’aux musulmans. J’ai une
relation particulière aux musulmans en tant que nationaliste
français, ce qui fait que j’en parle souvent. Mais effectivement,
ma raison d’être n’est pas les musulmans. Donc effectivement, je
comprends que ma position non-anti-Marine, malgré son sionisme
stratégique, me mette en porte-à-faux par rapport à mes amis
musulmans. Et je suis souvent obligé de m’expliquer,
effectivement, parce que ça grince sur ce sujet-là, précisément.
Mais les autres, les non-musulmans, je les invite à voter exactement
pour qui ils veulent, en conscience.
Mais si des gens qui disent
s’intéresser à mes idées, penser un peu comme moi, se retrouvent
à voter soit François Hollande, soit Nicolas Sarközy,
soit même – comment il s’appelle ? – Mélenchon,
j’en conclurai qu’ils n’ont pas très bien lu mes livres, pas
compris ce que je voulais dire ou que je me suis mal exprimé.
En revanche, je peux très bien
comprendre qu’il y en ait certains qui votent, par exemple,
Dupont-Aignan, parce que je pense que Dupont-Aignan est
largement autant sur ma ligne, et peut-être même plus que Marine.
Le problème, c’est que Dupont-Aignan fait un pour cent, je crois,
dans les sondages.
Quant à Villepin, il ne sera
pas candidat. Il n’a pas les réseaux, il n’a pas l’argent, il
n’a pas la volonté, etc. Donc, voilà, c’est ça être un peu
dans le sérieux politique, ce qui est un peu trivial.
Donc, pour répondre à la question,
les gens qui m’écoutent font exactement ce qu’ils veulent au
moment des élections. En plus, c’est à bulletin secret. Donc, on
la limite, vous faites ce que vous voulez. On ne saura pas ce que
vous avez fait.
Mais évidemment, si je suis
honnête, de mes analyses découle plutôt la conclusion que le vote
utile et subversif, à la fois utile et contestataire au premier tour
serait plutôt le vote Marine Le Pen.
Je vais ajouter d’ailleurs que
moi-même je n’irai pas voter Marine Le Pen si jamais elle
commettait pour moi la faute morale et esthétique presque grave,
d’aller en Israël. Mais ça, c’est presque du snobisme de ma
part de dire ça, parce que je devrais être capable de m’asseoir
là-dessus. Mais il se trouve que je n’en suis pas capable.
Le rôle d’Israël dans la guerre de Libye
Libre Teamspeak – Très bien.
Merci de votre réponse. Alors justement, puisqu’il était question
tout à l’heure du sionisme, on va continuer un petit peu sur ce
thème, si vous le voulez bien. Voilà, je relaie la question d’un
auditeur qui souhaitait vous demander ce que vous pouviez dire sur le
rôle joué par Israël, le gouvernement israélien, dans la guerre
récente en Libye, même si vous vous êtes déjà exprimé sur le
rôle par exemple de Bernard-Henri Lévy. Mais que pouvez-vous dire
du rôle d’Israël lors de cette guerre, et de liens qu’entretenait
Kadhafi avec l’État juif ?
Alain Soral – Écoutez,
moi, je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas vraiment. Je
sais que, comment il s’appelle, Thierry Meyssan a pas
mal parlé sur le sujet, parfois de façon d’ailleurs
contradictoire. Je ne peux pas répondre vraiment à cette question.
Je ne sais pas, moi, ce que les services israéliens font. Par
définition, c’est secret, comme toutes les opérations profondes
et secrètes. Je n’en sais rien. Je pense que de toute façon, un
type comme Kadhafi, comme le régime d’ailleurs baasiste
syrien, sont des régimes qui, à un moment donné de leur existence
et très profondément, ont marqué leur hostilité à Israël, et
ont financé la résistance palestinienne. Et je pense qu’il est
dans la logique de l’État hébreux, qui est la logique juive :
c’est ni pardon ni oubli. Et que de toute façon, quelqu’un qui a
été hostile à Israël.
Même si quand même Kadhafi, à la
fin, avait à peu près tout abandonné de ces questions-là. C’est
peut-être d’ailleurs pour ça qu’il pensait qu’on le
laisserait mourir tranquillement, comme potentat libyen. Il avait
laissé revenir les multinationales, il avait joué contre Al-Qaïda
quand il le fallait, etc. C’est-à-dire qu’il avait donné pas mal
de gages, parce qu’il avait compris que, et le panarabisme, et le
panafricanisme, etc., tous ses rêves, –non pas de jeunesse mais de
l’âge adulte – étaient au-dessus de ses moyens, et au-dessus de
la portée de la période historique. Donc, je pense qu’il en avait
rabattu, à juste titre, sur tout ça. Et je pense qu’il avait
pensé qu’on le laisserait mourir tranquille. Or, il a quand même
été mis, et mis à mort salement, comme a été mis à mort Saddam
Hussein, pour les mêmes raisons.
Parce que je crois que l’État
hébreux et la communauté organisée d’une façon générale, est
dans une logique qu’il faut comprendre quand on lit les écrits
sacrés de cette communauté, une logique qui n’est pas la logique
chrétienne : c’est ni pardon ni oubli, qui peut expliquer le
procès Barbie et ces châtiments, ces vengeances, à très longue
distance.
Et donc, effectivement, de ce point
de vue-là, j’intuitionne que l’État hébreux a accompagné, a
été content, et a misé sur la chute de Kadhafi, comme ils ont misé
sur la chute de Saddam Hussein, par principe, et comme ils vont
essayer de faire liquider aussi Bachar el-Assad. Parce
que tous ces régimes, ces pays, ces personnes-là, représentaient
une hostilité active à l’État hébreux et à ce que représente
l’État hébreux. Donc, c’est comme ça que je me dis que, sans
doute, Israël a dû participer à l’affaire libyenne, etc.
Mais sinon, je n’ai pas de
preuves, de chiffres, de gens, de barbouzes qui m’auraient filé
des documents comme quoi, il y avait sur le terrain des experts.
Cela, je n’en sais rien. Je peux juste subodorer que l’État
d’Israël, par principe, veut la chute de tous les régimes qui lui
sont hostiles, quel que soit d’ailleurs le temps, et même s’ils
ont cessé de leur être hostiles. C’est leur logique. Et de ce
point de vue-là, oui, on peut imaginer que si demain la Syrie a des
ennuis, ça sera sans doute aussi à cause du fait que le régime
syrien du père du président actuel a abrité des anciens nazis, et
qu’on peut trouver dans les librairies syriennes, comme chacun sait
Mein Kampf, en arabe et en vitrine. Je pense que
tout ça, effectivement, plaide en faveur de ma thèse. Et pareil
pour l’Iran. C’est une évidence.
Mais je ne peux pas dire plus que
ça, parce que je me méfie des gens qui jouent les initiés alors
qu’en fait, par définition, les opérations secrètes sont
secrètes. Et je n’ai pas d’agents du Mossad qui me renseignent
sur leurs opérations profondes, secrètes, ou sous faux drapeau.
Libre Teamspeak – OK. Maintenant,
Mister Mayonnaise, notre imitateur.
La situation de l’agriculture française
Mister Mayonnaise – Bonsoir
Monsieur Soral. Je vous souhaite une bonne année 2012, déjà pour
commencer. Donc, moi, plutôt que de vous poser les questions
sempiternelles sur par exemple les femmes, les juifs et les pédés,
sur lesquelles on vous a pas mal entendu, je me suis posé une
question toute simple. Y a-t-il un ou des sujets qui n’ont pas
encore été abordés par Alain Soral ?
Alors je vous cache pas que ça a
été assez chaud à trouver, parce qu’à la base, vous êtes
sociologue. Donc, c’est normal que vous vous intéressiez à pas
mal de sujets. Et j’en ai quand même trouvé un qui est
l’agriculture. Donc là, je vous ai sous la main, donc j’en
profite pour vous poser la ou les questions qui me taraudent, entre
guillemets. Et j’ai envie de vous demander : comment
analysez-vous la situation de l’agriculture française
contemporaine à l’heure où on parle beaucoup de réindustrialiser
la France, ou l’empêcher de se désindustrialiser ? Ne
faudrait-il pas également la, entre guillemets, réagriculturiser
ou l’empêcher de se désagriculturiser ?
Voilà. Eh ben écoutez, je vous
remercie d’avance pour votre réponse.
Alain Soral – Oui, je ne
parle pas tellement de questions d’agriculture. Mais en revanche,
je lis ce qui faut lire sur la décroissance. Je lis aussi les
travaux de – comment il s’appelle ? – Bourgoin, je crois,
(sic) [Claude Bourguignon] sur
le tout-chimique et la dérive d’apprentis sorciers d’une
certaine agriculture intensive, chimique et qui ne comprend pas de
quoi est faite la terre, en tant que substrat vivant.
Je connais à peu près les
statistiques de l’agriculture. Il y avait trente pour cent
d’agriculteurs en France dans les années trente. Aujourd’hui,
ils sont un virgule cinq pour cent de la population. Par contre, ils
produisent de quoi nourrir largement plus que la totalité de la
population française. Ce qui veut dire, une capacité de production
énorme. Sans doute qu’ils passent d’ailleurs beaucoup de
pesticides, de choses qui seraient à revoir.
Et, oui, je pense que penser
l’agriculture doit se penser dans une logique globale d’un pays
souverain qui doit être capable, quels que soient les aléas, de
subvenir à ses besoins, aussi bien dans des termes de production
d’industrie lourde, d’acier, etc., que de production alimentaire.
Et ce dont on peut se réjouir
encore, aujourd’hui, c’est que la France est un pays agricole qui
produit énormément, avec par contre une misère paysanne qui est un
vrai scandale, qui est d’ailleurs un scandale bien plus grave que
celui des banlieues dont on parle toute la journée, parce qu’il y
a une minorité de gens en banlieues qui se tiennent très mal, et
qui accaparent les médias, et aussi parce que les journalistes
gauchistes s’intéressent plus aux voyous qu’aux travailleurs
humbles et ce que j’appelle ces petites-gens.
Effectivement, il y a un vrai sujet
qui n’est pas très commercial, mais qui est un vrai scandale.
C’est que nous avons des agriculteurs hyper-productifs en France,
malaimés, avec un taux de suicide énorme, qui ont un revenu en
déclin permanent, et avec en plus, une espèce de logique européenne
de la PAC et de la fin de la PAC qui les a bringuebalés dans la
monoculture, la production intensive en les lâchant tantôt d’un
côté tantôt de l’autre, avec un endettement énorme, des
syndicats majoritaires FNSEA qui jouent un rôle assez ambigu,
qui sont du côté des grands céréaliers et des grandes productions
et pas du côté des moyens et des petits. Le Crédit Agricole
qui joue aussi un jeu ambigu sur les faillites et les hypothèques.
Dans cette logique globale qui
s’appelle la France comme vision politique et capacités de
production, effectivement, je m’intéresse à la réalité agricole
de la France.
Mais c’est vrai que j’en parle
pas, je n’écris pas beaucoup là-dessus, ce qui est un peu, c’est
sans doute lié à ma clientèle naturelle. C’est vrai que je parle
beaucoup des musulmans, pas mal de la délinquance, beaucoup de
géopolitique. Je ne parle pas des agriculteurs parce que, c’est
vrai, que je n’ai peut-être pas beaucoup d’agriculteurs, entre
guillemets, dans ma « clientèle », et que c’est vrai
que ça joue.
Mais c’est vrai que l’agriculteur,
comme le Français sub-suburbain est sans doute le malaimé de la
sociologie, de la politique, des médias.
Et il y aurait presque un travail à
faire peut-être sur le site, c’est-à-dire « le coin des
paysans », de monter une petite rubrique pour rappeler
qu’effectivement, il y a des agriculteurs qui bossent énormément,
qui souffrent beaucoup, qui sont très mal payés, et qui font
bouffer la France, et plus que la France entière. Et que la première
chose qui existe dans la production, et qui est nécessaire, c’est
la bouffe. On peut se passer de Guetta, par exemple, d’un
DJ, mais on peut difficilement se passer d’agriculture. Sinon, on
en crève, au sens physique du terme.
Donc ouais, c’est bien de le
rappeler. Et je pense que là j’ai dû expliquer pourquoi je
n’étais pas beaucoup sur ce sujet. Parce que je suis un urbain,
avec une clientèle de gens assez jeunes. Je pense que je n’ai pas
beaucoup d’agriculteurs chez mes auditeurs. Et s’il y en a, ben à
la limite, qu’ils se manifestent. Et je le dis, comme je le dis
souvent, si des gens connaissent bien ce sujet, sont agriculteurs
eux-mêmes, et peuvent produire des textes pour alerter sur certains
sujets, etc., qu’ils le fassent. Moi, mon boulot, ce n’est pas
seulement d’écrire des textes. C’est d’essayer de servir de
porte-voix à des gens qui ont une expertise, et qui savent écrire.
Sur le site, vous le remarquez, là, d’Égalité et
Réconciliation, il n’y a pratiquement plus
aucun texte de moi depuis que j’ai arrêté Flash.
Mais par contre, j’essaye de
trouver des plumes, des gens qui connaissent des sujets. Et on leur
donne la parole.
Donc, ça serait le message que
j’enverrais, pour finir de répondre à cette question. Si des gens
connaissent bien le sujet de l’agriculture, ont la légitimité et
la capacité d’écrire des textes clairs et pédagogiques, c’est
sans doute un secteur sur lequel nous ne sommes pas assez présents.
Libre Teamspeak – Merci de voter
réponse sur l’agriculture, donc. Et justement, en lien avec
l’agriculture, une question désormais de Pierrick sur le projet
survivaliste, comme on peut l’appeler parfois.
Un scénario de crise économique débouchant sur un chaos généralisé est-il sérieusement envisageable ?
Pierrick – Bonsoir Monsieur Soral.
Ce n’est pas exactement une question sur le survivalisme en
lui-même. Mais je vais la formuler. Envisagez-vous l’éventualité
d’une crise économique porteuse de chaos à la manière dont se
l’imaginent ceux qu’on peut appeler les survivalistes, à la
Piero Sans Giorgio ? Ce scénario serait-il pertinent d’un
point de vue du projet global de domination ?
Alain Soral – Déjà, Piero
Sans Giorgio est membre d’Égalité et Réconciliation.
Nous vendons son livre sur Kontre Kulture. Et
pour ceux qui ont lu son livre, il y a beaucoup de choses dans son
livre qui rejoignent mes analyses et qui extrapolent à partir de mes
analyses.
Donc, je crois que la vision un peu
catastrophique de ce livre, d’ailleurs qui s’appelle, je cois,
Survivre à l’effondrement économique, n’est pas
certaine, mais elle est possible. Et à la limite, ça ne coûte
finalement pas trop cher de s’y préparer, même si ça n’arrive
pas. Donc, c’est tout à fait possible.
Moi, je ne fais pas partie de gens
très naïfs qui vous disent : il n’y aura pas d’embargo
sur le pétrole iranien parce que les gens ne sont pas assez fous
pour pousser les iraniens à bloquer le détroit d’Ormuz, parce que
la Cinquième flotte américaine s’engagerait, et ça serait le
début de la Troisième Guerre mondiale.
Et moi, je réponds à ces gens-là :
mais c’est sûr ! « Nos dirigeants ne sont pas assez
fous » ? C’est pour ça qu’il n’y a jamais eu de
guerre mondiale et qu’il n’y a jamais eu de guerre, voyez !
Donc, effectivement, nos dirigeants
sont assez fous pour qu’il puisse y avoir une Troisième Guerre
mondiale, puisqu’il y a déjà eu la deuxième et la première, et
qui sont arrivées, comme la troisième, pour rien. C’est-à-dire
qu’elles auraient pu être parfaitement évitables. Et donc,
effectivement, tout est possible. Et le pire est possible, aussi.
Donc, envisagez un effondrement
économique total avec un chaos social, une montée de la
délinquance, de la pénurie, la rupture de tout ce qui fait une
société qui fonctionne, c’est-à-dire le courrier qui marche plus,
l’électricité qui ne marche plus vraiment, etc., tout ça n’est
pas du tout impossible, compte tenu de beaucoup de signaux qui sont
au rouge au niveau des contradictions de l’Occident, et surtout,
des élites et de la manière dont elles fonctionnent.
On peut même imaginer qu’un
certain chaos soit une stratégie, effectivement, de domination, et
ne fasse pas peur à certaines élites qui, elles, savent qu’elles
y survivront, et ont déjà anticipé pour ne pas en être les
victimes. On sait qu’il y a effectivement tout un réseau déjà en
place et structurés, pour que l’oligarchie échappe à un chaos si
jamais il devait y avoir un chaos, y compris un chaos nucléaire
d’ailleurs. Tout ça existe. Vous pouvez vous intéresser, en ce
moment, à la construction d’un aéroport aux États-Unis, je crois
que c’est l’aéroport de Denver, je ne crois pas me tromper. Il y
a des endroits bizarres où on stocke des choses, où on crée de
énormes abris, etc.
Donc, le pire est possible puisqu’il
y a eu. Imaginez ce que c’est que d’être un Allemand au milieu
des ruines de Berlin, en 1945, pour ceux qui ont lu Céline, les
derniers livres de Céline, D’un château l’autre,
Rigodon, etc. Ces gens-là ont vécu l’apocalypse, ils ont
vécu la fin du monde. Et ils étaient dans le pays le plus développé
du monde, on peut le dire, qui avait les plus hautes élites en
poésie, en philosophie, en physique-chimie, etc. Et pourtant, ce
pays a vécu l’apocalypse.
Donc, tout est possible même le
pire. Et c’est pour ça qu’à la limite, s’y préparer n’est
pas délirant. Je pourrais presque dire, que c’est l’inverse qui
est assez irresponsable.
Libre Teamspeak – Alors, Laurent,
si tu veux poser ta question. Laurent ?
Pour une action et un engagement efficace
Laurent – Oui, je ne sais pas si
vous m’entendez, si le micro marche. J’avais une question, en
fait, par rapport à l’action qu’Alain Soral développait
tout à l’heure. Justement par rapport à ce que, nous, les jeunes.
Enfin moi, pour prendre mon cas, étudiant en école de commerce,
qu’est-ce qu’on peut faire, en fait, au niveau de l’action
politique, au niveau de l’engagement associatif, pour sortir de
cette dépression générale qui touche la majorité de ma génération
mais qui ont compris le processus de l’Empire ? Donc, quelles
sont, selon lui, les actions les plus efficaces à mener ?
Comment on peut s’organiser entre nous ? Qu’est-ce qui est
le plus efficace selon lui ? Merci de sa réponse.
Alain Soral – Je dirais,
malheureusement, il n’y a pas de. Je sais que quand on est jeune,
on aimerait bien que les choses se passent vite, et fort, et
maintenant. Malheureusement, à part se former soi-même, faire de la
pédagogie autour de soi pour aider à la prise de conscience.
C’est-à-dire que, moi, chaque fois
que je vois quelqu’un qui se désaliène par rapport à l’idéologie
dominante, et qui comprend d’un seul coup, comme une espèce de
rideau qui se déchire, qui comprend l’envers du décor, c’est
quelqu’un dont je me dis qu’il s’est rallié à la bonne cause,
et qui le jour où ça bougera, bougera dans le bon sens. Ce qui est
un peu important de se préparer, faire du réseau de conscience, du
réseau de solidarité, etc.
Parce qu’il y a un moment donné
où ça va bouger très fort, je pense. Et là, il faudra choisir son
camp. Moi, c’est mon travail. Et plus j’aurai aidé à faire
basculer des gens dans la bonne lecture des choses, et les faire
bouger du bon côté, quitte même à ce qu’ils ne bougent pas,
mais au moins qu’ils ne bougent pas du mauvais côté, eh ben,
c’est toujours ça de pris et de gagné, et ça peut être décisif.
C’est pour ça que, moi, je crois énormément en ce moment, à la
formation. C’est-à-dire des gens qui comprennent ce qui se passe,
qui ne croient plus aux médias dominants, qui sont capables de
décrypter la mascarade par eux-mêmes, d’ailleurs, qui ont cette
espèce de décodeur qui fait qu’ils comprennent même
intuitivement les mensonges, les manipulations, etc., et qui le
moment venu, bougeront intelligemment. Et puis que ces gens-là,
effectivement, arrivent à aider à la prise de conscience autour
d’eux, que ça crée aussi des solidarités.
Moi, je vis comme ça depuis des
années. C’est-à-dire que je ne fréquente que des gens qui ont
compris. Ce qui est déjà beaucoup moins déprimant que de se
retrouver au milieu de gens qui n’ont rien compris, et que dès que
vous abordez un sujet, vous entendez toutes les bêtises
insupportables. C’est terriblement éprouvant et fatiguant.
Et déjà, appartenir à un réseau
de gens qui ont pigé à peu près les mêmes choses que vous,
qui ne tombent pas dans tous les pièges, et qui ont en général,
une capacité supérieure de solidarité, une générosité plus
grande, une plus grande finesse, c’est déjà une manière
d’affronter le problème au quotidien, sur le plan de la résistance
à la dépression, sur le plan de la qualité de vie, parce qu’il
ne faut pas oublier que le but, c’est quand même le bonheur, de
vivre en moins mal.
Et je vous le dis, le jour où ça
pétera, plus il y aura de gens qui auront pigé et qui bougeront
dans le bon sens, mieux ce sera. Moi, c’est à ça que je
travaille. Et je ne vois pas tellement d’autres conseils à donner,
parce que les conseils à donner genre d’aller faire des actions
violentes ou des actions solitaires. Je ne suis pas là pour attirer
des ennuis aux gens, inutiles. Ça ne servirait à rien en ce moment.
Par contre, oui, plus il y a de gens
qui échappent au baratin de TF1, de France 2, à la
mascarade qui est en train de se monter sur la campagne qu’on nous
vend avec Hollande et Sarközy, etc., plus les gens
comprennent le mensonge sur la Syrie, le mensonge sur la Libye, le
rôle joué par BHL, le vrai rapport de force en France,
politique, communautaire, etc., l’injustice de la diabolisation des
musulmans, etc., plus c’est des gens qui se comporteront bien en
période de crise. C’est ça qui est fondamental, à mon avis, y
compris d’ailleurs quand ces gens font partie, faut pas l’oublier,
de ce qu’on appelle les « corps constitués ».
Moi, plus il y a de policiers qui me
lisent, de CRS qui me lisent, de gradés et de militaires qui me
lisent, plus je suis content. Je n’ai pas du tout un snobisme de
gauchiste. Parce que je me dis, ces gens-là, à un moment donné,
seront appelés à agir. Et le rêve, à un moment donné,
effectivement, c’est qu’ils désobéissent aux ordres iniques qui
leur seront donnés. Et moi, je vous le dis, je préfère être lu
par un CRS ou un gendarme que par un gauchiste, de ce point de
vue-là. Je finirai là-dessus.
Libre Teamspeak – Merci pour votre
réponse. Je laisse la parole à Simon désormais sur des thématiques
économiques.
Libéralisme philosophique et libéralisme économique
Simon – Oui. Bonjour Alain Soral.
Merci d’être présent ce soir. J’aurais voulu savoir ce que vous
pensez des économistes qui s’inspirent de la pensée de l’École
économique autrichienne. Donc, il y a par exemple Peter Schiff ou
Ron Paul qui serait candidat à l’élection présidentielle aux
États-Unis du côté des républicains. Donc, qu’est-ce que vous
pensez de ces économistes qui offrent une lecture économique qu’on
entend peu dans les médias, mais qui d’un autre côté, par
ailleurs, prônent plutôt un retour à un certain libéralisme, dans
le sens économique, libéralisme économique ?
Alain Soral – J’ai abordé
ce sujet il y a quelques mois en montrant bien qu’on était en ce
moment face à un double processus qui rend la question confuse.
C’est que nous sommes dans une
extension de la logique libérale sur le plan philosophique,
c’est-à-dire qui consiste à la désacralisation intégrale du
monde, par la réduction de tout à la marchandise, c’est-à-dire
l’extension de la logique marchande à tout, y compris aux sphères
les plus spirituelles. Donc, il y a une extension de la logique
libérale du point de vue philosophique.
Mais en revanche, sur le plan
économique, nous sommes dans un monde profondément antilibéral,
aujourd’hui, qui est totalement, en réalité, oligarchique, et qui
ne respecte aucune des lois du marché. Puisqu’en réalité, c’est
la fausse monnaie dollar qui triche en s’appuyant sur la menace de
l’armée américaine pour, en fait, systématiquement fausser
toutes les règles du libéralisme idéal, de la libre concurrence,
etc.
Donc finalement, partant de cette
analyse, moi, je suis pour lutter absolument contre le libéralisme
philosophique, qui est pour moi la définition la plus froide de ce
que j’appelle le « satanisme », c’est-à-dire
l’extension de la logique marchande à tout, et la désacralisation
intégrale du monde.
Mais en revanche, de réintroduire
du libéralisme au sens où le comprennent assez bien les populistes
américains, les gens qui ont cette mentalité républicaine qu’on
ne comprend pas chez nous, c’est-à-dire le monde dynamisé par les
petits entrepreneurs, les inventeurs, etc., là-dessus, je ne suis
plus du tout sur la vieille phraséologie marxiste européenne qui
consiste à systématiquement assimiler la liberté d’entreprendre
à la droite et à l’exploitation, et qui finalement est une vision
du tout-État, et du tout-fonctionnaire, et du tout-salariat, qui est
beaucoup une vision d’adolescent qui, en fait, vit totalement hors
de l’économie, en général de l’argent de ses parents et des
bourses et des subventions. Je suis sorti de cette vision du monde
qui a sans doute été un peu la mienne quand j’étais jeune, parce
que c’était typiquement la vision du Français de gauche de
culture marxiste, en fait, qui avait un dégoût total pour le monde
de l’économie et de la production, qui est assez irresponsable et
assez immature.
Et moi-même d’ailleurs,
aujourd’hui, je suis, d’une certaine manière, un peu libéral
quand je monte Kontre Kulture qui est une SARL. Je suis un
auto-entrepreneur. Je suis dans une logique où j’essaye de trouver
un revenu économique tout en produisant, effectivement, du service
culturel. Donc là-dedans, je m’inscris, effectivement, dans
quelque chose de libéral, puisque je ne cherche pas de subventions
d’État.
Et c’est vrai d’ailleurs que
ceux qui me critiquent le plus sont souvent les gens issus du
gauchisme qui me reprochent d’essayer de gagner ma vie, par
exemple.
Là-dessus, je pense que j’ai lu
d’ailleurs surtout Orwell. J’ai lu finalement les
traductions, par Michéa, de [Christopher] Lash, et la
réhabilitation du populisme américain. Et j’ai finalement compris
pourquoi les Américains étaient profondément anticommunistes et
très attachés au port d’arme et à la liberté d’entreprendre.
Parce qu’effectivement, il y a une notion là-dedans de liberté,
d’épanouissement, qui est le contraire même de la vision
Soviétique.
Et en vieillissant, je me sens
beaucoup plus, de ce point de vue-là, Américain que Soviétique. Je
l’avoue.
Et ça rejoint mes lectures de
[Édouard] Berth, de Sorel, de Proudhon.
Et ça me permet aussi de comprendre cette lutte sourde qu’il y a
eu entre Marx, Lassalle, Bakounine, etc., où en
fait ces populistes français comprenaient très bien le danger de ce
qui deviendra après le marxisme-léninisme, et qui amènera,
finalement, à la bureaucratie stalinienne, qui était déjà
comprise entièrement dans le projet léniniste. Pour ceux qui
s’intéressent à ces questions un peu passées de mode, et qui
n’ont plus beaucoup d’intérêt.
Parce qu’aujourd’hui, discuter
de l’échec de l’URSS n’a plus d’intérêt, puisque c’est
devenu une certitude.
Donc, je suis un antilibéral
philosophique. Mais sur le plan économique, je suis pour un monde de
petits propriétaires, de petits entrepreneurs, un monde d’échelle
humaine. On pourrait creuser ce sujet-là. J’en parle un peu dans
Comprendre l’Empire.
Et je pense que les sociétés les
plus difficiles à dirige et à dominer sont les sociétés d’hommes
indépendants, c’est-à-dire de petits entrepreneurs, de personnes
propriétaires de leurs moyens de production, qui est le vecteurs de
la conscience politique et de l’indépendance. Et ce qui rejoint
d’ailleurs l’idéal grec de l’hoplite propriétaire terrien
soldat.
Finalement, si on donnait une
version contemporaine de la citoyenneté grecque, ça serait un
patron de PME conscrit, qui est à la tête d’une entreprise de
vingt personnes. Et finalement, c’est dans une société comme ça
qu’il est le plus dur d’imposer une dictature, qu’elle soit une
dictature communiste ou néolibérale.
Libre Teamspeak – Merci Alain
Soral. Je passe la parole à Grand cœur solide.
Les prophéties sur 2012
Grand cœur solide – Bonsoir
Monsieur Soral. Merci d’être là. Je voudrais avoir votre analyse,
donc, sur un éventuel lien entre les prophéties de 2012 et
l’avènement du nouvel ordre mondial. Je m’explique un petit peu.
Vous savez sans doute, et les gens ici le savent, que les prophéties
2012 donnent, finalement, deux scénarios, en gros, qui sont
possibles. Donc, d’une part, soit de grands cataclysmes :
météorites, tremblements de terre, extra-terrestres, et toutes
sortes de conneries, etc. Ou alors quelque chose qui est un peu plus
plausible, donc la fin d’un cycle et le début d’un nouveau
cycle, bon ou mauvais, ça dépend de quel côté on se place.
Donc, est-ce que vous pensez que le
début d’un nouveau cycle donne un fort écho au discours de nos
élites qui prônent ce nouvel ordre mondial, ce nouveau XXIème
siècle ?
Et ma question, c’est donc est-ce
que vous pensez que 2012 aiderait à faire, finalement, passer la
pilule du nouvel ordre mondial au petit peuple, en fait, puisqu’il
est désormais de plus en plus tenu, dans sa conscience, par les
médias ? Merci.
Alain Soral – Je ne suis
pas persuadé que le petit peuple soit au courant des écrits
apocalyptiques sur 2012, le calendrier Maya, etc. Je pense qu’ils
sont plutôt sur le loto, le football, le problème des fins de mois,
etc. Je pense que c’est déjà un truc d’initiés, d’Internet,
de jeunes, de complotistes. Déjà, il faut, si on fait de la socio
et de la stat, je pense que 2012, ça parle pas à tellement de gens,
en réalité.
En revanche, c’est vrai qu’on se
rend compte que notre système arrive à des contradictions
maximales, et que l’année 2012 est une année qui semble être une
année de maximum de contradictions et de tensions sur des tas
de sujets, et qui correspond à l’année où ont lieu des élections
en France, en Russie, aux États-Unis, peut-être même à la
fin du bail de la Réserve fédérale américaine, puisque c’est
une bail emphytéotique de 99 ans, je crois. Donc, il y aurait
quelque chose d’assez « magique » dans cette année
2012 qui serait le moment où tout se joue, à savoir si le monde
bascule d’un côté ou de l’autre, c’est-à-dire comme je l’ai
écrit dans mon livre, La gouvernance globale ou
la révolte des Nations.
Donc, je crois que 2012 est une
année qui a une espèce de dimension magique, que je constate. Je la
constate, puisqu’il y a des tas de choses. Tout converge pour faire
de 2012 le moment de l’épilogue – je ne sais pas comment on dit
–, « le moment de vérité ».
Mais je crois que, finalement, ceux
qui délirent sur ce sujet-là sont une minorité d’internautes
jeunes. Et qu’en réalité, si on fait un sondage à la sortie des
PMU, des bistros, des entreprises ou des bureaux, je ne suis pas sûr
que cette conscience de 2012, « date magique de prophéties »,
etc., soit si répandue que vous le croyez, vous. Parce qu’en fait,
les gens qui sont là, ce soir, sont quand même des pros d’Internet.
Et tout ça est un peu une « histoire Internet ». C’est
ce qui me semble.
Libre Teamspeak – Merci de votre
réponse. Je laisse la parole, désormais, à un auditeur qui répond
au pseudonyme d’Astérix.
Métissage généralisé, communautarisme
Astérix – Bonsoir Alain Soral,
bonsoir aux autres. Moi, je voulais vous poser une question, en fait,
par rapport. Vous avez identifié le métissage généralisé comme
un projet satanique. Vous avez aussi identifié, on va dire, le
communautarisme à l’anglo-saxonne comme quelque chose qui n’était
pas français. Et je voulais vous demander quelles étaient vos
solutions, en France, par exemple, pour éviter, et le
communautarisme, et le métissage généralisé, en sachant qu’on
compte une très forte population immigré.
Alain Soral – C’est la
question difficile par excellence parce qu’effectivement, on voit
bien qu’il y a une contradiction. C’est-à-dire que si on est pour
l’assimilation à la française telle qu’elle se pratiquait dans
le temps, eh ben on admet donc qu’on va vers le métissage, même
si c’est métisser pour uniformiser sur un modèle français.
Et si on ne veut pas, effectivement,
de ce métissage, eh ben la seule solution, compte tenu de la réalité
actuelle, à moins qu’on chasse tous les gens récemment arrivés
au pays, ce qui paraît très utopique, effectivement, le
communautarisme, finalement, est peut-être le moyen de résister au
métissage.
Alors évidemment, moi, je suis pris
dans cette contradiction qui est évidente. Et je me dis, finalement,
est-ce qu’on ne peut pas imaginer en France, à cause de ce que
nous subissons et qui est relativement irréversible, et contre
lequel on ne peut pas lutter radicalement, qui serait finalement, ce
que j’appelle, moi, qui m’a fait théorisé un petit peu l’idée
de « musulmans patriotes », pour reprendre cette
question-là, c’est finalement, des gens qui sont issus d’une
communauté et qui se sentent un lien communautaire qu’on ne peut
nier, mais qui participent au projet français et qui sont patriotes
français au-delà de ça.
Exactement comme dans la France de
la IIIème République, il y avait une très forte conscience
régionale. C’est-à-dire qu’il y avait des Auvergnats, des
Savoyards, des Bretons – et les Bretons c’était récent
d’ailleurs –, ils étaient récemment Français, mais on
articulait ça à deux niveaux. Il y avait la conscience régionale,
et tout le monde se réunissait sous le drapeau français. On le
voyait notamment au niveau du sport, etc.
Et cette double articulation :
solidarité communautaire, conscience communautaire, mais au-dessus
de ça, fraternité nationale, il me semble de c’est la chose qu’il
faut tenter de mettre en place en France, parce que c’est la chose
la plus réaliste par rapport à ce qui nous est imposé et donné,
si on veut échapper à la fois au métissage et au mensonge de
l’assimilation.
Parce que c’était un peu le
mensonge de Zemmour, malgré lui. C’est que : assimiler
à quoi ?
Quand les élites françaises sont
entièrement sur le modèle anglo-saxon et que les élites françaises
vendent en permanence au peuple de France, y compris au peuple
récemment arrivé en France, la haine de la France, on ne peut pas
assimiler à quelque chose que les élites françaises nient, et sur
lequel elles dégueulent. Donc, de toute façon, on assimile
aujourd’hui les Français au modèle américano-judéo-protestant.
Donc, ce n’est pas de l’assimilation de toute façon.
L’assimilation est morte avec la haine de soi qui nous a été
imposé par nos élites trotskystes, pour ne pas rentrer trop dans
les détails.
Par contre, il faudrait essayer.
Exactement comme on a réussi à faire une France des régions avec
cette double articulation : fier de sa région, et fier d’être
Français. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas d’opposition entre
le fait d’être Auvergnant et être français. Et même s’il y
avait une forte rivalité, par exemple, entre des Bretons et des
Normands, ils se réunissaient sous le drapeau. C’est très vrai en
sport, etc. C’est typiquement la mentalité des années cinquante,
par exemple.
Est-ce qu’on ne pourrait pas
réussir, c’est une question de volonté politique essentiellement,
cette double articulation en France qui donnerait par exemple, dont
l’idéal serait l’équipe de handball, où nous avons une France
effectivement de la diversité, parce que c’est comme ça : on
a eu un passé colonial ; il y a eu une volonté perverse de
métissage, etc. ; une stratégie d’immigration sauvage, tout
ça étant très pervers, je l’admets.
Mais est-ce qu’à un moment donné,
on ne peut pas s’en sortir par le haut, exactement comme dans
l’équipe de handball on a tous les morphotypes et on a l’apport
de Croates, des Antillais, etc., qui fait qu’on a la meilleure
équipe du monde, et que cette équipe s’appelle l’équipe de
France et qu’ils jouent tous pour le drapeau français ?
Est-ce qu’on ne peut pas avoir des
français musulmans, des français d’origine africaine, des
français d’origine algérienne, marocaine, mais qui parce que la
France leur a donné ce qu’elle leur avait promis, a rempli son
contrat, sont très fiers de leurs origines, appartiennent à une
communauté familiale d’origine culturelle, comme il y a aussi,
pareil, des Français d’origine italienne, très fiers de leurs
origines italiennes, mais quand même 100% patriotes français ?
Cette double articulation a existé
très longtemps. Les Français d’origine polonaise, quand on est
d’origine polonaise, mais totalement Français. Moi, d’origine
savoyarde, très, très fier d’être d’origine savoyarde, mais
100% Français, et n’opposant jamais l’un à l’autre, malgré
le fait que la Savoie s’est faite baiser lors de la votation du
rattachement de la Savoie à la France.
Donc en fait, cette double
articulation est possible. Je pense que c’est une question de
volonté politique et après, qu’effectivement, que les éducateurs
fassent leur boulot, plutôt que de faire le boulot négatif qu’ils
ont fait en enseignant la haine de la France systématique aux
Français récemment arrivés.
Donc ça serait ça ma réponse. On
peut échapper au communautarisme d’exclusion, et au
communautarisme de refus, et au communautarisme antinational. Et on
peut aussi échapper à ce métissage de l’assimilation d’ailleurs
à un modèle français qui n’existe plus, et qui donnerait du
Yannick Noah – ce qui n’est pas souhaitable ni
musicalement ni idéologiquement –, par cette double articulation :
fier d’être de sa communauté et de son pays d’origine mais
encore plus fier, au-dessus, d’être Français. Et surtout, non
contradiction et non opposition des deux.
Et pour me répéter, ce n’est pas
impossible puisque ça a existé, à travers la double articulation
régions-Nation en France, et à travers la double articulation pays
d’origine-France pour toutes les vagues d’immigration qui ont
existé avant la vague d’immigration africaine et maghrébine.
À mon avis, la difficulté ne vient
pas seulement du fait qu’ils viennent d’Afrique et du Maghreb,
etc., mais de ce qu’entre-temps, les éducateurs français sont
passés sous la coupe des trotskystes, qui ont vendu à ces jeunes
arrivants, qui étaient déjà sans doute plus en difficulté pour
s’assimiler, leur ont vendu la haine de la France à tous les
niveaux : France collabo, coloniale, raciste, etc., etc.
Donc si déjà, on rééduquait les
éducateurs, je pense que les jeunes qui arrivent en France, et qu’on
ne mentait pas sur la promesse républicaine faite aux immigrés,
c’est-à-dire qu’on leur donnait leurs chances de réussir dans ce
pays, cette double articulation, que je souhaite, serait totalement
possible. Et elle est même dans la tradition française. Je
conclurai là-dessus. Elle est dans la tradition française. Il est
vérifié que d’une certaine manière, ça a toujours marché,
jusqu’aux années soixante-soixante-dix.
Libre Teamspeak – Merci Alain. Je
passe la parole à ADN.
Israël, Marine Le Pen, la Syrie
ADN – Bonsoir Monsieur Alain
Soral. Donc je vous souhaite une très bonne année à vous et à vos
proches. Et merci pour l’ensemble de votre travail. Donc j’ai une
petite remarque et une question.
Donc vous dites que vous seriez prêt
à entre guillemets à lâcher Marine Le Pen si elle se rendait en
Israël. Mais je ne sais pas si vous êtes au courant, elle a fait
pire que ça. Elle a dit que c’était carrément son rêve d’aller
en Israël et, si j’ai bien compris, c’est l’État israélien
qui n’était pas favorable à sa venue. Donc ça, c’est ma petite
première remarque.
Ensuite, j’aimerais savoir si vous
rejoignez mon analyse. Donc, personnellement, je suis d’origine
syrienne et donc, malgré mon amour pour la France, j’ai quand même
un gout de carotte sur le mensonge de ce qui se passe en Syrie et de
ce qui s’est passé en Libye. Et moi, personnellement, je pense que
le but d’Israël est justement de s’entourer d’États
islamistes radicaux qui lui feront peur et qui feront peur au monde
entier afin de se donner un peu plus le droit d’attaquer et enfin
de s’agrandir du Nil jusqu’à l’Euphrate, ce qui est la
signification claire et précise de son drapeau.
Et une petite
info aussi, j’aimerais savoir s’il serait possible dans une
prochaine vidéo que vous parliez un peu du complot mondial contre la
mosquée d’al-Aqsa et la reconstruction du Temple de Salomon voulue
par toutes les élites.
Et vraiment, dernière chose, bravo
pour votre analyse magnifique sur Al Jazeera, donc quand vous dites
que « c’est la pute de l’Orient ». Là, vous avez
vraiment tout dit ! Voilà, c’est tout. Merci.
Alain Soral – Il n’y a
pas vraiment de question. Simplement sur votre analyse,
effectivement, de comment finalement il est de l’intérêt d’Israël
de s’entourer de soi-disant islamistes dangereux pour justifier,
effectivement, son agrandissement, j’en ai longuement parlé. Et
c’est la raison pour laquelle je m’intéresse aux écrits, aux
travaux, de Sheikh Imran Hosein, parce que c’est son
analyse, et que je la trouve brillante. Et surtout, il la produit
depuis plus de dix ans, je crois, et elle est relativement validée
par les faits.
Donc, j’en ai déjà parlé. C’est
pour ça que je recommande les lectures des écrits de Sheikh Imran
Hosein. Là-dessus, je réponds. Tout ça est déjà intégré dans
Égalité et Réconciliation, sur le site Égalité et
Réconciliation, à travers les vidéos de Sheikh Imran Hosein, à
travers certains de mes commentaires, etc.
Sur Marine Le Pen. Oui, ben c’est
toujours pareil. Elle a dit que, voilà, oui, dans les médias, elle
a dit qu’elle avait une copine israélienne, qu’elle aimerait
bien y aller. Elle fait de la politique politicienne. Elle a dit
aussi que les camps de concentration étaient la pire abomination qui
n’ait jamais existé. Tout ça, ce sont des phrases pour faire
plaisir, un coup à gauche, un coup à droite.
[Jean-Marie] Le Pen a dit aussi que
les cinq piliers de l’islam n’étaient pas incompatibles avec la
République.
Tout ça, c’est de la politique
politicienne. De toute façon, même si, moi, je désavouais Marine
Le Pen parce qu’elle allait en Israël, elle n’en a pas grand
chose à foutre, et ça ne changera pas grand-chose à son
pourcentage électoral. Simplement, là, ce n’est pas une question
de politique, c’est une question de morale. Quelque part, c’est
que je pense que c’est une faute morale de le faire, compte tenu de
la haine qu’a la communauté organisée pour la famille Le Pen,
compte tenu de ce qu’a subi son père, compte tenu du mépris qu’on
souvent les gens de cette communauté pour le Front national, le
nationalisme français, etc. On n’a pas à s’humilier, à
s’abaisser à aller là-bas, alors que, finalement, en réalité,
personne ne vous le demande.
Et j’insisterai là-dessus. La
course après le vote juif est une escroquerie, car il n’y a pas de
vote juif, il faut le savoir. Il y a une puissante communauté juive
organisée. Mais il n’y a pas de vote juif. Les Juifs sont 600 000
en France. Si vous enlevez les enfants et les vieillards, il y a
peut-être 300 000 Juifs qui votent, peut-être même 200 000.
La moitié vote à gauche, la moitié vote droite. Vous ne faites pas
basculer une élection parce que vous allez glaner avec monsieur
Aliot, 5000 votes de Juifs marginaux qui sont juifs et qui
vont voter Front national, parce qu’ils ont la haine des musulmans
de banlieue, parce qu’eux-mêmes vivent dans le XIXème ou dans le
9.3.
Donc, de toute façon, il n’y a
pas de stratégie du vote juif. Ça n’existe pas le vote juif. Il
faut arrêter de dire des conneries. Ça n’existe pas.
Par contre, il est possible qu’il
y ait un vote musulman, en France, c’est possible. Parce qu’ils
sont six ou sept millions. Donc c’est déjà plus important.
Mais après, c’est pareil. Le but
ce n’est pas de courir après un vote. C’est, à moment donné,
d’avoir une position qui n’est pas trop déshonorante. C’est
ça, c’est là-dessus.
Donc moi, Marine Le Pen, elle fait
ce qu’elle veut. Elle se fout à mon avis complètement de mon
avis. Je suis parti du Front national à cause de ça. Je l’avais
dit à l’époque. J’avais fait un texte assez brutal que
d’ailleurs que je regrette un peu qui s’appelait « Marine
m’a tuer ».
J’avais bien dit que je partais
parce que je ne voulais pas que le Front national se réconcilie avec
une certaine communauté sur le dos des musulmans. Je passe qu’on
peut se réconcilier avec une certaine communauté sans se mettre à
dos une autre. On peut dire : voilà, tout le monde communie
dans la fraternité française.
Et c’est une peu ma solution de la
réponse d’avant.
Je pense que je serais très heureux
de savoir que tous les juifs et tous les musulmans de France, demain,
votent Front national, parce qu’ils redécouvrent comment on peut
s’épanouir en France, quelle que soit sa communauté d’origine,
dans l’amour de la France et du patriotisme français. Ça serait
une réussite totale. Et je m’en réjouirais. Et c’est pour ça
que je ne suis pas, moi, dans une, je n’ai pas de haine
particulière. J’ai fait une analyse qui est assez sereine. Je n’ai
pas le regard voilé par la haine. C’est un mot qui est très
souvent employé d’ailleurs par la communauté en question, [des
gens] qui sont souvent, d’ailleurs, très haineux. Il suffit de
regarder comment Peillon parle du Front national et de
Jean-Marie le Pen. Moi, je n’ai pas de haine. J’ai même pas mal
d’humour. Donc, c’est pour faire le tour sur cette question.
Et puis, sur la question syrienne,
évidemment, c’est très insupportable de voir comment les médias
français et la diplomatie française traite la question syrienne.
Mais j’en suis aussi consterné que vous. Et ça veut dire une
chose. C’est que les élites françaises aujourd’hui déshonorent
la France, sont des élites traitres et qu’effectivement, si de
Gaulle était encore là – pour parler simplement de de Gaulle,
même pas de Le Pen –, ça ne se passerait pas tout à fait comme
ça, à mon avis.
Donc, on est à peu près d’accord
sur tout ça. Donc, il y a au-delà de la question affective
immédiate et de la colère, tout ça ne change pas grand-chose. On
sait que les médias, les journalistes sont des menteurs, sinon ils
perdent leur travail. On sait que Juppé tapine, mais que bon,
il n’est pas plus déshonorant que Kouchner, mais à peu
près autant pour s’occuper de politique étrangère. Tout ça me
fait honte, comme à vous. Et c’est pour ça que j’aimerais bien
qu’on reprenne un peu la main.
Et d’ailleurs, je terminerai
là-dessus. Il me semble que Marine le Pen est sans doute, de tous
les personnages politiques qui existent, c’est elle qui a le
commentaire le plus modéré sur l’affaire libyenne, sur l’affaire
syrienne. Ce qui est une chose dont il faut tenir compte et qu’il
faut prendre en compte. Y compris d’ailleurs sur la Russie et
Poutine. Parce que tout ça est lié, tout ça est articulé.
La main tendue aux musulmans
Libre Teamspeak – Alors j’aurais
aimé aborder un petit peu le sujet des musulmans. Pourquoi ?
Parce que c’est vrai que j’observe
ton travail, que je soutiens d’ailleurs, de réconciliation,
notamment avec des musulmans en leur expliquant qu’ils ont tout
intérêt à être patriotes, etc. Et je te vois la main tendue
depuis quelques années, maintenant. Malheureusement, à l’autre
bout, je ne vois pas grand monde qui serre cette main, à part des
individus, souvent sous pseudo d’ailleurs. Mais en termes de groupe
de musulmans, par exemple, j’ai l’impression qu’il n’y a pas
grand chose. Et au contraire, on a un peu l’impression que plus tu
tends la main, plus on t’en demande. C’est un petit peu
casse-couille, excuses-moi de l’expression. On a l’impression
qu’il n’y a jamais de retour positif. Et là, effectivement, moi
j’observe qu’Albert Ali, on en entend plus beaucoup plus parler,
bon, j’espère qu’il reviendra au moment où il sortira son
livre. Omar Djellil, on a vu comment ça a terminé. Bon, ça ne l’a
pas fait ! Là, maintenant, tu nous parles de Sheikh Imran
Hosein. Je pense que tu as raison parce que c’est de très bon
niveau, et en plus, il ne parle pas français. Donc a priori, il ne
devrait pas te cracher dessus. Mais bon, j’observe aussi des sites,
par exemple, des sites musulmans, qui t’attaquent en faisant des
montages et en expliquant que tu aurais un double discours, etc.
Alors, est-ce que, finalement, ce
n’est pas quand même un peu lassant pour toi, depuis plusieurs
années, de tendre la main, et de voir quand même qu’il y a assez
peu de retour de l’autre côté ?
Alain Soral – Je suis
désolé de te dire, que ça part d’une vision totalement fausse.
Si tu voyais le nombre de mails, de courriers, de dons – j’insiste
de dons – que je reçois de musulmans du quotidien, de musulmans
anonymes, de petites gens de confession musulmane, qui me remercient.
Et je vais vous faire, d’ailleurs,
une révélation. Une partie de mes amendes, quand j’ai été
condamné par la justice pour antisémitisme, a été payé par des
dons de collectes de mosquées de gens qui m’ont amené, dans des
sacs en plastique, des sacs avec plusieurs milliers d’euros dedans
de pièces de billets qui avaient été collectés dans des mosquées,
voyez.
Mais moi, les musulmans qui me
soutiennent sont des braves gens qui ne font de cirque. C’est-à-dire
qu’ils n’animent pas de sites débiles, haineux. Ils ne se
prétendent pas salafistes ou quoi que ce soit. C’est les musulmans
auxquels je tiens, auxquels je tends la main, qui sont la majorité
silencieuse musulmane française, qui sont des petites gens et des
braves gens de confession musulmane, et qui sont d’ailleurs des
petites gens et des braves gens parce qu’ils sont musulmans. Des
musulmans qui ne sont pas dans cette culture du « Moi, je »,
de l’arrogance, etc.
Et comme ce sont des petites gens et
des honnêtes gens musulmans, ils ne font pas de cirque. C’est-à-dire
qu’ils m’envoient leurs vœux gentiment, ils m’envoient des
témoignages de sympathie. Mais effectivement, ils ne voient pas la
nécessité de faire des vidéos déguisés en barbus pour m’insulter
ou d’ailleurs me remercier, parce que ce n’est pas leur démarche.
Justement parce qu’ils sont humbles et discrets.
Mais je vous le dis, et c’est pour
ça que je continue, énormément de musulmans m’envoient des
messages de sympathie. Quand je me promène dans des endroits à
forte présence musulmane, j’ai beaucoup, beaucoup de signes de
sympathie.
Et les petits excités qui refusent
la main tendue, comme tu dis, sont en général très voyants, très
présents sur Internet parce que ce sont des agitateurs politiques,
des stipendiés, des indics de police, des petits excités, des
voyous, etc. Donc, toi ça te choque parce que c’est ta tranche
d’âge et que c’est ta pratique de jeune sur Internet.
Mais moi, en réalité, les
musulmans qui me soutiennent, sont de pères de famille, des gens qui
travaillent, des ouvriers, des mères de famille. Et ces gens-là, je
n’ai absolument pas à me plaindre de la main tendue qu’ils
n’auraient pas prise ; ils l’ont serrée chaleureusement et
souvent bien plus chaleureusement que les petits cons de Français
gauchistes qui, eux, sont d’une agressivité bien plus massive,
c’est-à-dire les gauchistes qui ont essayé de m’empêcher d’aller
à Rennes, qui me diffament en permanence, qui l’insultent de
Toulouse.
Et en réalité, physiquement, aucun
musulman ne m’a jamais agressé, par exemple. Il y a deux-trois
excités sur Internet qui font des vidéos, qui me promettent des
trucs. Mais les rares agressions que j’ai subies, c’était la Ldj
et le Betar, la CNT, les
anarcho-trotskystes, les gauchistes d’une manière générale.
Jamais, jamais les musulmans ne
m’ont embêté. Il y a eu, par contre, deux-trois toquards,
parfaitement identifiés : Gamal Abina qui n’a
rien de musulman, c’est facile à démontrer, qui est sans doute un
type qui roule pour le Parti socialiste et qui doit être indic de
police ; deux-trois petits salafistes bidons qui font du cirque
mais qui ne sont jamais que deux, trois. Et je pense que c’est
là-dessus qu’il ne faut pas se tromper.
Moi, les musulmans auxquels je tends
la main, ce ne sont pas les islamo-sionistes qataris, ce ne sont pas
les islamo-racailles qui font du cirque sur Internet et qui
promettent de brûler des bagnoles, ou qui font leur numéro plus ou
moins derrière le PIR. Ce sont ce que j’appelle les
musulmans du quotidien qui se tiennent très bien en France,
justement parce qu’ils sont musulmans et qu’ils ont cette
humilité qu’avaient sans doute d’ailleurs les petits Français
catholiques jusque dans les années soixante-soixante-dix, que
j’appelle les honnêtes gens et les braves gens, qui ne font pas de
cirque. Et effectivement, comme ils ne font pas de cirque, on a
l’impression qu’ils n’existent pas. Mais je te garantis qu’ils
existent, qu’ils sont très présents, et qu’ils sont d’une
gentillesse avec moi, et d’un respect qui peut même tirer les
larmes.
Libre Teamspeak – Très bien. Ben
écoute, très bonne nouvelle, alors. Mais, c’est vrai qu’on en a
aussi ici qui sont très, très bien. Matthieu, je te laisse
reprendre la parole.
La situation actuelle en Algérie
Libre Teamspeak – Oui, merci de
votre réponse. Le lien est fait avec un thème que souhaitaient
aborder plusieurs auditeurs. C’est sur la situation actuelle en
Algérie et sur ce que vous pensez du pouvoir en place et du fait que
l’Algérie a échappé à ce qu’on appelle désormais les
« Printemps arabes », révolution, en fait, en Tunisie,
Égypte, et puis la Libye, mais bon, qui a évidemment donné quelque
chose d’autre. Alors, quel est votre point de vue sur le sujet ?
Merci.
Alain Soral – Deux choses.
Déjà, si l’Algérie a échappé au Printemps arabe, c’est parce
qu’elle est la première à avoir eu un Printemps arabe dans les
années quatre-vingt-dix, et qu’elle l’a réprimé dans un bain
de sang. C’était l’époque du FIS, du GIA et tout ça. Donc, en
fait, c’est plutôt le premier pays qui a failli basculer, mais qui
n’a pas basculé. Mais quand un pays ne bascule pas, on verrouille,
on décapite, et effectivement, on peut gagner vingt ans. Ce qui ne
veut d’ailleurs pas dire que c’est fini. La première remarque.
Deuxièmement, l’Algérie est un
pays très, très compliqué, très complexe. La junte militaire au
pouvoir en Algérie se maintient par des accords croisés dans tous
les sens, etc. C’est très, très tordu comme pays. Je m’intéresse,
je me fais fournir des dossiers par des gens, des Algériens. Des
Algériens d’ailleurs franco-algériens, parce que ça n’a
vraiment rien à voir avec des Algériens d’Algérie.
Et j’essaye de comprendre comment
ce pays fonctionne depuis 1962. C’est très, très, très tordu. Je
vous le dis tout de suite, ça ne force pas forcément mon respect,
au niveau des élites politico-militaires algériennes. Ça ne force
pas mon respect, du tout. Mais c’est très compliqué et très
tordu de savoir pour qui ces gens-là roulent, avec qui ils roulent,
avec qui ils bossent.
Je pense que, si on veut conclure,
ils sont prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. Et d’ailleurs
ils font tout : les pires coups tordus, les pires doubles et
triples alliances, fausse vraies alliances, etc., etc.
Mais, dernière remarque. En
réalité, ce que j’ai constaté d’intéressant par rapport à
l’Algérie, c’est qu’il n’y a pratiquement pas de rapport
entre les Algériens d’Algérie, ceux qui vivent en Algérie, etc.,
et les Franco-algériens, c’est-à-dire les Algériens à double
nationalité qui vivent en France. Et en réalité, plus on discute
avec des Algériens d’Algérie, moins ils ont un discours
caricatural.
D’abord de leur pays, parce qu’ils
y vivent, comme le Franco-algérien peut souvent idéaliser l’Algérie
alors qu’il n’y a vraiment pas de raison.
Et moins ils ont un discours de
critique de la France insupportable, sur la ligne Houria
Bouteldja. Ça n’existe pas ça en Algérie, je ne l’ai pas
rencontré, ça, en Algérie. Ça n’existe qu’en France avec ce
qu’on appelle les Franco-algériens qui sont des gens qui sont
français, nés en France, qui ont toujours vécu en France, qui
souvent ont un discours de détestation de la France et un discours
d’idéalisation de l’Algérie.
Et ça, malheureusement, ça donne
la clientèle, à mon avis, du PIR et des réunions de Bagnolet, là.
Et c’est un peu une catastrophe dont ils sont d’ailleurs les
premières victimes, je vous le dis tout de suite.
Et ça se résoudra, sans doute,
dans le temps. Forcément, ce déséquilibre sera ramené à la
raison avec le temps. Et c’est vrai que, moi, si j’avais le
pouvoir, la première chose que je ferais c’est, pour les
Franco-algériens, c’est de leur offrir un séjour de trois mois en
Algérie, par exemple, pour qu’ils voient bien ce que c’est que
l’Algérie, ce que c’est que la France, si c’est une chance ou
pas d’être en France, comparer une cité de banlieue dans la
banlieue d’Alger avec une cité de banlieue dans la banlieue
parisienne, ce que c’est que d’être en garde-à-vue dans un
commissariat en France par rapport à en Algérie, etc., etc. Et
qu’ils arrivent à comprendre combien de temps tiendrait Houria
Bouteldja si elle faisait le numéro qu’elle fait en France en
Algérie. Et ça, tous les Algériens d’Algérie le savent et le
comprennent.
Et c’est ça qui est intéressant,
c’est que plus on discute avec des Algériens d’Algérie, moins
on a d’idéalisation de l’Algérie et de l’histoire algérienne
récente et du régime algérien, et moins on a d’agressivité
envers la France, ce qui en général va de pair.
C’est qu’en fait, le problème
est plutôt, si on veut aller à l’essentiel, la manipulation
qu’ont subie les Franco-algériens de la part des élites
antiracistes du Parti socialiste, avec Julien Dray en tête,
qui ont fait un travail catastrophique, qui est très pénible à
supporter comme spectacle, pour nous, et qui, en dernière instance,
est très douloureux pour eux, parce que ça fait des névrosés
sociaux et des inadaptés.
Et que la meilleure chose qu’on
puisse leur souhaiter, à terme, c’est qu’ils sortent de cette
manipulation, de cette névrose, et de cette schizophrénie, d’une
certaine manière, qui les empêche totalement de réussir leur vie
en France, et donc, de réussir leur vie tout court, car leur vie est
en France. C’est ça qu’ils ne veulent pas admettre : elle
n’est pas en Algérie.
Et je pense que de ce pont de
vue-là, l’exemple que je pourrais leur citer serait peut-être
notre camarade Kémi Séba. C’est qu’à un moment donné,
on met ses actes en accord avec ses paroles, ou alors, à un moment
donné, on se rend compte que son discours n’est qu’un discours
esthétique et de façade. Voilà, pour ne pas creuser plus sur le
sujet, parce que je pense qu’on aura l’occasion de rebondir
là-dessus.
Donc, pour finir sur l’Algérie,
l’Algérie est un pays très compliqué, très violent, avec une
junte militaire très dure, quand on s’intéresse, où la
répression est très dure, où il est très difficile d’être
contestataire là-bas. C’est un pays très verrouillé, un pays de
clans, un pays de corruption, comme d’ailleurs le sont pratiquement
tous les pays du Maghreb.
Et c’est assez insupportable,
souvent, de voir des gens qui idéalisent ce pays pour donner des
leçons, je ne sais pas quoi, de démocratie, à la France ;
c’est un peu agaçant, mais voilà. Je vous le dis, en fait, c’est
une question française. Tout ça, ça n’existe pas en Algérie.
Libre Teamspeak – Hamis, c’est à toi.
La formation et l’éducation
Hamis – Bonsoir Monsieur Soral.
Merci pour votre participation ce soir. Donc j’ai visionné
beaucoup de vos vidéos. Mais il y a un sujet que vous ne traitez
quasiment jamais, un sujet qui me paraît essentiel : c’est
celui de l’Éducation nationale et de l’éducation tout court.
Quand on y ajoute la médiatisation et les tendances des ados
aliénés, et quand j’observe mes camarades de classe qui
« avalent », entre guillemets, toutes les réflexions
conformistes issues de TF1, de professeurs, sur l’actualité, j’ai
peur pour la génération dans laquelle je vais grandir. Donc ma
question c’est : que pensez-vous de l’avenir de la France
quand on observe l’éducation contrôlée et conformiste qui est
exercée aujourd’hui sur les futures générations ?
Et comme vous le dites dans une
vidéo, les profs sont les citoyens les plus idéologiquement et
politiquement stupides de toute la France. Alors comment faire pour
réellement éduquer les jeunes Français ? Merci.
Alain Soral – Ce qui prouve
que j’avais répondu. Enfin, je me suis intéressé à cette
question, puisque j’ai écrit pas mal sur ce sujet-là, mais il y a
dix ans. C’est vrai que je suis beaucoup plus, maintenant, sur les
sujets urgents qui sont effectivement le nouvel ordre mondial, la
Troisième Guerre mondiale qui peut arriver, etc.
Mais il est évident que la question
des profs, je me la posais déjà quand j’étais au Parti
communiste, en quatre-vingt-dix : finalement, est-ce que c’était
un bien ou un mal que les élèves n’écoutent plus les profs ?
Parce qu’à l’époque c’était le début de la délinquance de
banlieue.
On se disait, finalement, quand on
voit ce que les profs leur apprennent, veulent leur apprendre, et le
niveau de bêtise des profs, finalement que les jeunes n’obéissent
pas et se rebellent contre les profs est plutôt un signe de santé
mentale et morale. J’étais assez ironique là-dessus.
Effectivement, il y aurait un gros
travail à faire – j’en parlais tout à l’heure pour l’histoire
de la possibilité d’échapper à la contradiction
assimilation-communautarisme –, il y a un énorme travail à faire
en France de rééduquer les éducateurs parce que les éducateurs, à
cause de la domination de l’idéologie gaucho-trotskyste, sont, en
réalité, des déséducateurs depuis très longtemps.
Et d’ailleurs, il y a plein de
bouquins qui ont été écrit par Brighelli, par Michéa :
L’enseignement de l’ignorance [Jean-Claude Michéa],
La fabrique du crétin [Jean-Paul Brighelli], etc.
Effectivement, moi, je n’ai jamais
été étudiant. C’est ce qui m’a sauvé de tout ça. Si je ne
suis pas trop bête et que je pense à peu près correctement, c’est
que j’ai échappé à l’éducation nationale, à l’université
française et à cette idéologie droit-de-l’hommiste insupportable.
Donc je ne suis pas en contact en permanence. J’ai fréquenté
l’université à l’époque des hautes études en sciences
sociales, et déjà, je trouvais le niveau catastrophique. Et donc,
ça a dû s’aggraver depuis.
Donc, effectivement, il faudrait,
s’il y avait une révolution qui était faite en France et qui
serait une révolution on va dire alternationaliste, il y aurait un
énorme travail de rééducation des éducateurs. Ce serait la
première chose à faire.
Car je pense qu’une grande partie
du problème des banlieues vient, en fait, du travail infiniment
pervers qu’ont fait les éducateurs. Les gens de banlieues ne sont
pas nés, racialement nés, ou biologiquement nés, dans la haine de
la France et dans la haine du Français de souche. Ça leur a été
transmis, et bien transmis.
Donc, effectivement, j’ai ce
constat ironique sur l’éducateur qui est sans doute le plus bête.
Et finalement, le gosse qui ne sait rien, intuitivement est peut-être
moins bête que l’éducateur qui est censé l’éduquer. Et
peut-être que moins il subira la pression de l’éducateur, plus il
aura une chance de s’en sortir. C’est un peu paradoxal ce que je
dis. C’est un peu comme ma première sortie sur la bagnole et le
tertiaire. Mais c’est vrai que, finalement, l’école qui est
normalement une structure d’intégration à la société et
d’intégration des valeurs morales, est sans doute aujourd’hui
quelque chose qui produit pratiquement l’inverse de ce qui devrait
être.
Je pense que l’analyse, on est
tous capables de la faire : domination du trotsko-gauchisme,
stupidité droit-de-l’hommiste, on peut parler aussi de la religion
de la Shoah, enfin tout ça. Effectivement, il y aurait urgence s’il
y avait, à un moment donné, quelque chose de l’ordre d’une
révolution en France, effectivement, de reprendre entièrement
en main peut-être pas d’ailleurs la pédagogie, parce que je
ne suis pas trop sur ces question du pédagogisme, mais en tout cas,
ce qui est enseigné aux enfants en France sur le plan de la morale,
de valeurs, où là à, mon avis, c’est effectivement, une
catastrophe.
Et c’est vrai que quand on va à
une espèce de réunion publique où il y a une forte présence de
profs, en général c’est soit des gens qui votent NPA, ou
Mélenchon, ou PS, on est face aux plus insupportables crétins que
la France n’ait jamais portés.
Libre Teamspeak – Merci de votre
réponse, Alain. Donc, je laisse la parole à Cyril Kosinski
[inaudible] vous avez tenu une conférence, il y a quelque temps de
cela. Cyril, c’est à toi.
Que signifie pour vous être catholique ?
Cyril Kosinski – Alors bonsoir
Monsieur Soral. Je suis très heureux de pouvoir vous poser ma
question ce soir. Et je vous remercie, comme d’autres l’ont fait
avant moi, d’être venu ce soir. Alors, ma question est simple mais
multiple en même temps. C’est-à-dire que très souvent, dans vos
dernières vidéos, vous vous définissez comme étant catholique.
Simplement, pour avoir lu votre dernier livre Comprendre
l’Empire, je remarque que vous fustigez, à juste titre
peut-être, l’Église catholique moderne. Mais alors, à ce
moment-là, je voudrais simplement que vous définissiez votre
position en tant que catholique, donc. Est-ce que vous vous
rapprochez plutôt du traditionalisme, des personnes comme Franck
Abed, comme oui [Philippe] Ploncard
d’Assac qui sont très actifs sur Internet ? Est-ce que
ces personnes-là vous parlent ?
Enfin, bref, j’aimerais bien que
vous précisiez votre pensée sur ce sujet. Je vous remercie. Bonne
soirée.
Alain Soral – Oui, donc
moi, je précise que je suis catholique parce que d’abord beaucoup
de gens me demandent si je ne serais pas musulman ou converti à
l’islam. Alors je dis voilà : je suis catholique au sens où
je suis de culture catholique, parce que je pense que c’est aussi
une culture, le catholicisme. Et que c’est une culture qui me
dépasse, c’est-à-dire qui m’a été transmise dès ma naissance
par des tas de faits un peu invisibles ; c’est du catholicisme
culturel, je le précise.
Et surtout je dis que je suis
catholique parce que chrétien ne me suffit pas. Parce que dans
chrétien, on met « protestant », et je me sens très
antiprotestant.
Donc, je dis que je suis catholique
parce que je ne suis pas musulman, et que je suis même très
antiprotestant.
Mais je suis un catholique culturel.
Je ne suis pas du tout religieux. J’ai essayé de comprendre à
travers certaines lectures qu’en fait j’étais plus un mystique
qu’un religieux. J’ai réussi à comprendre ça en en lisant
d’autres.
Et les débats théologiques ne
m’intéressent pas. De ce point de vu-là, je le dis. Moi, j’ai
une formation plutôt de philosophie, du logos. Les débats
théologiques m’insupportent. De discuter de la réalité ou pas de
la Trinité ou pas, etc., ça ne m’intéresse pas.
Ce qui m’intéresse en revanche,
c’est, il me semble, c’est que j’ai compris, qu’à un moment
donné, qu’un personnage qui a existé ou pas – j’en sais rien
je m’en fous, mais il existe dans l’histoire – qui s’appelle
Jésus Christ, et dont on connaît l’influence qu’il
a eu sur son époque et sur les temps à venir par les Évangiles, a
fait passer un certain message dont je me sens très proche, qui est
aussi un message critique de la période et du bain religieux dans
lequel il vivait.
Donc effectivement, je suis
catholique car je suis très antiprotestant, évidement très
antijudaïque – je pense que tout le monde l’a compris – en
fraternité sur certains points avec les musulmans, pour des raisons
plutôt de morale commune. Et c’est en ça que je me définis comme
catholique. Je suis un catholique culturel. C’est-à-dire que,
finalement, ma ligne de conduite me serait plutôt dictée par la
morale des Évangiles. Mais je ne rentre pas dans les débats
théologiques.
Et pour ce qui est de la discussion
raisonnée, je me fonde plutôt sur le logos. Je n’aime pas,
moi, les gens qui argumentent la foi par de la pseudo-rationalité.
Je trouve que c’est toute l’ambigüité des religions. C’est de
recourir au logos pour justifier la foi – d’ailleurs, j’ai
écrit là-dessus dans Comprendre l’Empire
–, ce qui me parait être une contradiction dans les termes.
La foi n’a pas à se justifier par
le logos. Et le logos, c’est quand même
l’alternative radicale au monde de la foi.
Donc, les gens qui croient,
croient ; ils n’ont pas à le démontrer, et leur foi est
inattaquable, sinon elle n’est pas une vraie foi.
Et le domaine du logos s’exerce
ailleurs que dans le domaine de la foi.
Et la confusion des deux donne de la
religion de mauvaise qualité et de la philosophie de mauvaise
qualité, si je voulais conclure là-dessus.
C’est pour ça que les débats
pour savoir si je serais lefebvriste, sédévacantiste, etc., etc.,
ne m’intéressent pas.
Ce qui est sûr, c’est que je
pense que l’Église catholique d’aujourd’hui issue de Vatican
II est une trahison du message du Christ sur plusieurs sujets clés.
Et je le déduis de façon assez intuitive et par des raisonnements
de bon sens. Et je n’ai pas besoin de plus, et je ne veux surtout
pas rentrer dans des débats théologiques. Je ne suis pas un
spécialiste et j’ose le dire, d’une certaine façon, ça ne
m’intéresse pas. Donc, j’espère que j’ai répondu.
En fait mon catholicisme s’explique,
se détermine négativement : je ne suis pas converti à
l’islam ; je suis très antiprotestant et très antijudaïque.
Et je pense d’ailleurs que le
protestantisme est historiquement et de fait, un retour au judaïsme.
Et l’enjeu est le même : c’est d’essayer de détruire le
travail critique qu’a fait le Christ au moment où il est venu et
aux personnes à qui il s’est adressé.
Et la figure centrale qui
m’intéresse moi, en dehors du logos grec, c’est-à-dire la
logique d’Aristote, c’est le Christ pour son message. Mais
c’est un message finalement assez simple qui ne recourt pas à
beaucoup de rhétorique, qui n’a pas besoin de recourir au logos,
qui parle de charité, d’amour, d’honnêteté, etc., etc.
Et moi, ce qui m’intéresse dans
la religion – je le dis, je juge un homme de foi à sa vie
quotidienne, à sa pratique –, c’est que pour moi, une bonne
religion est une religion qui fait des honnêtes gens. Je reviens
toujours à ça. Et finalement, c’est assez simple à comprendre.
Essayer autant qu’on peut de faire
le bien, plutôt que le mal, il n’y a pas besoin de beaucoup
produire de baratin là-dessus. Finalement, l’honnêteté, ça se
comprend très intuitivement. Et pour moi l’intérêt, c’est
l’honnêteté.
Si un type m’explique qu’il est
un grand maître en théologie, mais toute sa vie est faite de
comportements malhonnêtes : ça ne m’intéresse pas. Un type
qui connaît très mal sa religion mais qui a une vie absolument
irréprochable du point de vue du comportement moral, celui-là me
paraîtra être un exemple à suivre, un apôtre, quelqu’un qui est
un exemple pour sa religion. Et c’est un peu comme ça que je
fonctionne.
J’adore l’érudition
philosophique, j’adore discuter de Hegel avec des gens qui
l’ont lu. Mais dès qu’il s’agit de religion, la théologie ne
m’intéresse pas, la scolastique ne m’intéresse pas. Ce qui
m’intéresse, c’est l’honnêteté, et si, la catégorie qui est
peut-être au dessus, qui est la grâce ; les gens qui ont la
grâce et les gens qui se comportent honnêtement. Et tout le reste,
pour moi, ça me paraît même être souvent du contre-sens.
Libre Teamspeak – Doggy.
Résistance et action violente
Théories du complot
Doggy – Oui, merci de me redonner
la parole. Donc ma question est simple. Et je précise, quelque chose
d’important, que je ne cautionne pas les actes que je vais décrire
dans cette question. Donc, sachant que depuis des années, des gens
sont prêts à quasiment sacrifier leurs vies pour des causes telles
que le nucléaire, l’écologie, sauver les baleines, etc., comment
expliquez-vous que personne ne se soit encore impliqué physiquement
dans le combat contre cette domination bancaire ? Et comment se
fait-il que personne n’ait déjà organisé des opérations chocs
et illégales comme foutre le feu dans des agences de notation, ou
faire exploser des banques, ou infiltrer ce que vous appelez
l’oligarchie ?
Et deuxième petite question. Une
fois qu’on sait que le 11 Septembre est un mensonge, c’est
évident qu’on ne peut pas en rester là. Et le simple fait de
savoir qu’il est possible de monter un mensonge de cette ampleur,
ça remet tout en cause. Donc, parmi toutes les théories
complotistes qu’on peut trouver sur Internet comme A-t-on marché
sur la lune ? ou même celle de Faurisson sur les chambres à
gaz, est-ce que vous pouvez nos dire lesquelles vous trouvez
crédibles, lesquelles vous avez étudiées ? Et est-ce qu’on
vit vraiment sur une société bâtie sur des mensonges ? Merci.
Alain Soral – Le problème,
là, c’est qu’il y a deux questions, et j’ai un peu oublié la
première. Oui ! c’est pourquoi il est plus difficile
d’attaquer le système bancaire que militer pour l’écologie, les
bébés phoques, etc.
Déjà, parce que le système sait
plus ou moins, quand même, organiser des déviations de colère,
pour que ça aille vers des sujets périphériques et moins centraux.
Et ce qui est sûr, c’est que ça
se vérifie très bien avec le moment où Pierre Carles
qui comprend petit à petit ce que j’ai compris avant lui, parce
que malheureusement, la lecture de Bourdieu lui a fait perdre
beaucoup de temps, quand il a voulu s’attaquer au dîner du Siècle,
il a très bien vu se mettre en place très, très vite un système
policier hautement efficace et massif, pour l’empêcher de faire
quelque chose de très anecdotique et très anodin par rapport au
fait d’aller s’engager pour le nucléaire, etc., où là,
finalement, c’est plus facile. Ou Greenpeace, etc.
Donc, on voit très bien,
effectivement, que le nœud de la domination, c’est l’oligarchie
bancaire, et que tout est fait pour qu’on n’ait pas l’idée
d’aller perturber ce genre de truc. Et tout est fait pour que par
contre, on puisse relativement facilement s’engager dans des trucs
d’extrême gauche, d’antifascisme de pacotille, etc. Donc, c’est
assez logique. Le système sait protéger ses intérêts vitaux et
sait créer des leurres et des fausses-pistes, etc.
En revanche, dire qu’il n’y a
pas aujourd’hui de mouvements contre la Banque, etc., c’est faux,
aux États-Unis. Aux États-Unis, qui est à la pointe justement de
la domination bancaire, puisque c’est le lieu où il y a Wall
Street et c’est le lieu où s’est mis en place tout ça,
notamment avec [Milton] Friedman et tous les Chicago Boys,
etc., il y a effectivement de vrais indignés – pas comme en France
–, qui ne sont d’ailleurs pas des trotskystes, là-bas. C’est
un peu plus compliqué puisqu’il y a aussi des vétérans de
l’armée, etc., et qui effectivement, défilent à Wall Street sous
les banques, et tentent effectivement de contester, avec la théorie
des 99 %, le pouvoir bancaire, un petit peu physiquement.
Et d’ailleurs, Wall Street a réagi
puisque Wall Street à New-York a fait un don très important à la
police new-yorkaise pour que cette police citoyenne se transforme en
milice bancaire et les sécurise, parce qu’ils commençaient à
avoir peur.
Et effectivement, au niveau des
médias de masse, on nous parle toute la journée, en France, de la
Syrie. On nous parle très, très peu des mouvements de contestation
sociaux qui se passent aux États-Unis et qui sont tellement graves
qu’aujourd’hui en douce, je vous signale qu’Obama vient
de faire voter une aggravation du Patriot Act qu’on peut appeler
strictement et simplement la loi martiale. Donc, si les États-Unis
mettent en place la loi martiale, c’est qu’il y a des troubles
aux États-Unis très graves et justement qui s’attaquent de plus
en plus à l’oligarchie bancaire que le peuple américain conscient
a identifié comme le vrai problème en Amérique. Simplement, les
médias français ne relayent pas.
Ça, ce n’est pas un hasard parce
qu’effectivement, là-dessus, l’Amérique pourrait être
pionnière, comme elle l’a souvent été d’ailleurs, depuis
soixante ans avec le rock ’n’ roll et toutes ces choses-là. Donc, ça
existe mais ça n’existe pas trop en France, effectivement.
Et la deuxième question, c’est
que je m’intéresse effectivement à toutes les théories
alternatives parce que même sur le plan poétique, j’adore ça. Et
que plus je m’intéresse à tous ces sujets, plus je vois que
l’histoire officielle est un tissu de mensonges, de bricolages,
écrits par les vainqueurs contre le vaincus, etc., et que rien ne
m’étonne, moi.
Après, je ne peux pas dire ce à
quoi je crois, et ce à quoi je ne crois pas, parce que ça peut même
tomber sous le coup de la loi. Mais je crois, de toute façon, que
tout ce qui est de l’ordre de l’histoire officielle est
discutable.
Et pour aborder un sujet très peu
connu, je lis en ce moment des écrits qui sont enfin en français
sur des historiens révisionnistes russes et allemands qu’on
appelle les récentistes, dont la théorie qui est très
intéressante, et qui paraît délirante au premier abord, est de
dire que le Moyen Âge n’a pas existé et que c’est une invention
de la Renaissance, et que de toute façon, au minimum, il y a dans
l’époque qu’on appelle le Moyen Âge, notamment le haut Moyen
Âge, trois siècles qui sont totalement fictifs et qui n’existent
que dans des écritures.
Donc ça, ça fait très, très
fort, quand on commence à découvrir, chez des historiens allemands,
russes, qui sont tout sauf des délirants et des imbéciles, que
Charlemagne n’a probablement pas existé et que ni le
VIIème, ni le VIIIème, ni le IXème siècle du Moyen Âge n’ont
existé. Et qu’en réalité, nous ne sommes pas en 2000, mais
peut-être que nous ne sommes qu’en 1400 ou en 1500, et qu’il n’y
a pas 1000 ans d’histoire entre la chute de l’Empire romain et la
Renaissance, et que dans ces 1000 ans d’histoire, il y a énormément
de productions de fictions et d’écritures.
Pour vous dire, pour ceux qui ne
connaissaient pas, si vous voulez vous amuser sur des théories
soi-disant délirantes qui vont encore bien au-delà de l’homme qui
a marché sur la lune ou les « chambres à air », eh ben
vous vous intéressez aux historiens récentistes. Ça va vous faire
voyager. C’est une peu comme s’intéresser aux Hyperboréens et
aux théories de la Terre creuse, pour ceux qui.
Je m’intéresse à tout ça parce
que je trouve ça beaucoup plus intéressant que de lire des livres
de Nabe ou des mauvais romans, voyez. J’adore effectivement
lire sur les Hyperboréens, la Terre creuse. Et là, je me fais un
grand plaisir, en ce moment, en lisant les écrits d’historiens
récentistes.
Libre Teamspeak – Merci de votre
réponse, Alain Soral. Alors, on va passer à une question
d’auditeur, une des dernières questions probablement. Je m’excuse
par avance pour les auditeurs qui n’auront pas eu le temps de voir
leur question relayées. Donc voilà. Nouvelle question.
Critique marxiste de la proposition d’une société de petits producteurs
Auditeur xx – Bonsoir, j’ai une
question d’ordre économique. Vous aviez indiqué qu’une société
de petits propriétaires qui ne serait pas soumis par le système ni
capitaliste ni communiste serait donc une solution d’un point de
vue économique. Mais toutefois, je mets en avant que la société
américaine a été au XIXème siècle une société de petits
propriétaires parce qu’ils étaient cinq à six millions, et que
Lénine qualifiait lui-même les États-Unis de cette époque-là
comme l’une des premières nations socialistes de petits
propriétaires. Donc, il faut comprendre socialisme dans le sens où
l’ensemble des gens détiennent la propriété parce qu’ils sont
propriétaires directs de leurs biens.
Or, cette nation des petits
propriétaires a existé et a disparu, ou plutôt s’est mutée,
pour donner la société capitaliste américaine que nous connaissons
maintenant. Et je mettais simplement en avant une contradiction dans
votre volonté de créer une société de petits propriétaires
insoumis qui est simplement de la non-prise en compte de l’évolution
du progrès technique. Parce que l’évolution du progrès
technique permet l’évolution de la production, qui permet le
monopole par la concurrence.
Et en réalité, la société, des
petits propriétaires donne la société capitaliste monopoliste que
nous connaissons en ce moment. Donc, en réalité, c’est un mirage
de vouloir cette société-là, et que la solution de ce socialisme
des petits propriétaires a déjà existé, a déjà été analysée,
et cela n’est pas possible logiquement.
Alain Soral – Tous ça,
c’est toujours la prétention au socialisme scientifique qui fait
doucement marrer les gens comme moi, maintenant. Effectivement, si
cette société de petits propriétaires américains a mutée en
société capitaliste monopoliste, ce n’est pas par un effet
mécanique scientifique inéluctable. C’est par une lutte politique
et sociale réelle.
Parce que quand on est un vrai
marxiste, on sait que c’est l’Histoire la catégorie, ce n’est
pas les mathématiques. Sinon on est une structuraliste, mais pas un
marxiste. Et à ce moment-là, il vaut mieux se référer à
Althusser qu’à Marx.
Et que ça a été un combat de
haute lutte qui a été gagné effectivement par les robber
barons, etc. Et c’est toute l’histoire du XIXème siècle
américain.
Mais dire que cette victoire était
inéluctable, rien ne me permet de le dire. Et est-ce que c’est une
raison pour ne pas retenter de se rapprocher de cet idéal politique
qui est la société des petits propriétaires, c’est tout à fait
une autre question. Parce que de toute façon, faire le chemin à
l’envers est une toute autre épopée.
Le principe de la politique, c’est
de se donner un but et d’essayer de l’atteindre.
Et de penser que le marxisme est une
loi scientifique de l’Histoire mécanique où les hommes
n’interviennent pas, ce n’est pas du marxisme, c’est du
structuralisme, ce qui est exactement le contraire. Il faut lire
Lucien Sève, [Henri] Lefebvre et les grands
débats qu’il y a eu dans les années soixante, soixante-dix :
socialisme, marxisme ou structuralisme. Donc déjà, pour moi, c’est
un contre-sens. La catégorie majeure dans le marxisme, c’est
l’Histoire. Et dans l’Histoire, rien n’est absolument écrit. Il
y a des lois tendancielles effectivement, mais ce ne sont pas des
lois absolues.
Et si aujourd’hui, on se rend
compte que le système soviétique tel qu’il a existé, ou le
capitalisme américain tel qu’il existe encore, sont des sociétés
entièrement verticales dont, finalement, la ligne directrice est le
salariat généralisé, et que finalement elles sont très facilement
permutables, puisque l’URSS, quand elle s’est écroulée, est
passé au libéralisme sauvage en quelques années sans que ça
provoque de chocs finalement terribles sur ces hommes nouveaux
qu’avait produit l’URSS pendant soixante-dix ans, c’est qu’en
fait, cette verticalité du pouvoir et ce salariat généralisé
rendait la permutation possible.
Ce qui est évident comme constat
qui est le constat notamment de George Orwell, qui lui
en vrai s’est tapé le monde libéral et le monde communiste à
des époques précises avec la France, l’Angleterre, la guerre
d’Espagne, etc., c’est qu’il est très difficile de donner des
ordres à un monde horizontal de petits propriétaires. Ce qui ne
veut pas dire que l’Histoire s’arrête là.
Parce qu’il est évident que pour
produire de l’aviation, etc., il faut qu’il y ait des sociétés
à grandes échelles qui, à mon avis, elles, doivent être sous le
contrôle de l’État, etc.
Il y a des tas de théories qui
circulent sur : est-ce qu’on peut libéraliser la production
mais nationaliser la distribution ? Il y a des tas de penseurs
marxistes, néomarxistes qui réfléchissent. Mais de toute façon,
ils réfléchissent de manière à essayer de se rapprocher de
quelque chose qui leur semble sain.
Et je crois que personne ne peut
dire qu’il y a des lois inéluctables qui fait que du monde des
petits propriétaires, on passe inéluctablement et fatalement au
monde du capitalisme monopoliste supra-étatique. Ça, c’est un peu
la sociologie marxiste un peu grossière qui nous amène à Jdanov,
à laquelle même les marxistes ne croient plus aujourd’hui, parce
que même la théorie des étapes historiques de Marx avec le mode de
production asiatique, etc., c’est aujourd’hui critiqué par les
marxistes eux-mêmes.
Il y a eu une époque un peu où on
a cru que tout était plus simple que ce que ça n’était, où le
marxisme d’ailleurs était assez performant, et où il n’y avait
pas grand-chose qui lui tenait la dragée haute.
Mais je pense qu’aujourd’hui,
sortir ce genre d’élucubrations apodictiques, genre « ça
marche comme ça, c’est inéluctable, c’est les lois de
l’histoire, c’est les lois de l’économie », où on est
dans cette prétention naïve à la science, le marxisme
scientifique, ce marxisme scientifique a été ridiculisé par
l’histoire quand même, et c’est pour ça qu’il faut en
rabattre un peu là-dessus.
Moi, ce que je dis, et ça part
presque d’une intuition et d’un constat parce qu’on a quand
même une histoire à analyser et à regarder : l’histoire du
XXème siècle, c’est qu’effectivement, les classes moyennes et
les auto-entrepreneurs sont les gens, effectivement, qui ont la plus
haute conscience politique et qui sont les moins facilement
manipulables, parce qu’en étant propriétaires de leurs moyens de
production, ils sont face à la réalité de la production de
l’économie, et aussi de la fiscalité, et du pouvoir, et de
l’oppression notamment par la fiscalité, et qu’ils sont sans
doute les moins manipulables par le baratin politique.
D’ailleurs, le système le sait
tellement bien, que ce soit la gauche ou la droite, ils traitent ce
gens-là de populistes, ils essayent systématiquement de les
disqualifier comme crypto-fascistes, etc., parce qu’en fait, c’est
le peuple rétif. Et il y a quand même cette volonté globale de
transformer ces petits entrepreneurs, ces petits propriétaires
effectivement en salariés, que ce soit d’ailleurs du côté du
système capitaliste, ou du système socialiste.
Puisqu’on voit bien qu’en URSS,
il y avait le problème du kolkhoze, et on a finalement accepté que
les paysans aient leur lopins de terre et cultivent leurs propres
terres en dehors de la propriété collective, parce que sinon, ils
le faisaient mal et ils refusaient de le faire.
Donc on a quand même constaté, par
la pratique, que des théories et des élucubrations qui étaient
très belles sur le papier ne fonctionnaient pas tout à fait, et on
en a rabattu. Et c’est ça, quand même, que moi, je dis.
À la limite, il faut être un peu
humble. On est en 2012, aujourd’hui. Et l’arrogance
marxiste-léniniste qui vous dit en gros, il n’y a qu’à
respecter le livre sacré de Karl Marx, et on arrive au communisme
via le socialisme, c’est-à-dire au paradis des travailleurs, c’est
un truc finalement pour qui. Pour les étudiants, pour les assistés
sociaux, pour les idéalistes qui ont des problèmes à la limite
plus psychanalytique quand ils croient faire de la politique.
Et finalement, tout ça, enfin moi,
ça ne m’intéresse pas. C’est des discussions sans fin, qui
finalement ont très peu de réalité. Et c’est ce que j’essaye
d’expliquer à chaque fois. Et puis après, on n’est pas obligé
de me croire. Mais je m’en fous. De toute façon, si on me dit :
« Voilà, je crois ceci, cela, je suis contre, etc. »
Moi, je dis : qu’est-ce que ça change dans la réalité
d’aujourd’hui ?
Moi, ce que je vois, aujourd’hui,
c’est qu’il faut défendre plutôt les PME et les PMI, les
artisans. Ce sont les plus persécutés fiscalement. Qu’on voit
qu’aujourd’hui, il y a une entreprise de destruction volontaire
des classes moyennes parce que c’est les classes à soumettre
finalement, bien plus que le sous-prolétariat ou même un certain
prolétariat de cols bleus qui a viré plutôt vers les cols blancs.
Et que si on s’attaque à la moyenne bourgeoisie entrepreneuriale
aujourd’hui et à la classe moyenne, c’est quand même que le
projet de domination passe par l’extermination de cette classe.
Donc, j’en déduis que cette
classe est une classe de résistance de fait. Et finalement, je n’ai
pas la prétention d’aller au-delà dans mes analyses et mes
constats en disant « qu’inéluctablement, cette classe
amènera au capitalisme monopoliste, et que donc – parce que le
« et que donc », je l’attends –, et que donc, c’est
le socialisme intégral marxisme-léninisme ou rien ! »
Tout ça, c’est de la branlette.
C’est pour ça que pour moi, il n’y a pas de débat là-dessus.
Moi, je mène un combat au
quotidien, finalement, assez humble en disant : quels sont les
ennemis actuels ; à quoi s’attaquent-ils ; qu’est-ce
qu’il faut défendre. Et je travaille, moi, sur l’année
prochaine, sur une séquence historique que j’analyse depuis 1976
jusqu’à aujourd’hui. Et je ne prétends pas embrasser l’Histoire
du haut de mon génie politique et dire voilà, ce truc, cette
arrogance qu’avaient les marxistes et que, normalement, ils avaient
perdu avec l’écroulement de leur monde.
Et ce qui est étrange, c’est
qu’aujourd’hui, de temps en temps, il y en a un qui comme ça,
comme une espèce de survivant, rebondit, et me jette à la face ce
qu’on n’entendait déjà plus dans les cellules du Parti
communiste dans les années quatre-vingt-dix, y compris chez des
cadres du PC, parce que les ouvriers leur crachaient à la gueule
quand on leur disait des trucs comme ça ! C’est tout ce que
je peux dire. Je ne vois pas ce que je peux dire de plus.
Libre Teamspeak – Très bien,
merci Alain. Ben écoute, je propose de prendre une dernière
question. Et ensuite, on te libère.
Vers une dictature bancaire mondiale
Auditeur xxx – D’abord, merci
pour tout ce que vous faites pour la prise de conscience générale.
Je pense qu’on s’en souviendra longtemps. Ma question est par
rapport aux récents événements qu’on a pu voir avec Goldman
Sachs. Donc, c’est quand même un peu, eux, qui sont à la base de
cette crise, toute l’histoire de la Grèce, tout ce qui s’est
passé, ils sont aussi à la base du problème. Et on voit
qu’actuellement, ils mettent leurs anciens employés aux postes les
plus importants. Donc, à la tête de l’Italie, de la Grèce, de la
BCE. Et c’est quelque chose de tellement énorme, de tellement
flagrant, que même quand j’en parle avec de collègues qui ne sont
pas du tout adeptes de toutes ces théories, ils voient bien que
c’est quelque chose d’incroyable. Mais voilà, on le constate.
Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Jusqu’où est-ce qu’ils
pourront aller dans ce sens avant de pouvoir être arrêtés au
niveau juridique, ou bien à un point que les gens se disent vraiment
voilà, c’est vraiment énorme ! Jusqu’où et-ce qu’ils
peuvent aller ? C’est simplement ça.
Alain Soral – C’est un
peu, excusez-moi, le fil rouge de mon bouquin. C’est Demain
la gouvernance globale ou la révolte des Nations.
C’est que de toute façon, ils
n’ont aucune raison de s’arrêter par eux-mêmes. Qu’ils sont
même dans une logique de fuite en avant. Si ils renoncent à aller
plus loin dans la domination, ils seront très en danger, puisqu’ils
seront identifiés comme les responsables. Et que donc, pour garder
le pouvoir, il faut qu’ils concentrent toujours un peu plus le
pouvoir et qu’ils le renforcent. C’est-à-dire que, finalement, on
est dans une logique de fuite en avant, de processus qui dépassent
un peu tout le monde. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’autres
choix de l’aller jusqu’au bout, et d’essayer d’avoir le
pouvoir absolu, c’est-à-dire le pouvoir de la Banque absolu.
Et de toute façon, s’ils
échouent, à mon avis, ils seront victimes d’un retour de
balancier historique, d’une vengeance des peuples qui sera très,
très saignante. Et ils le savent sans doute ou ils l’intuitionnent.
Donc, on est face à cette espèce
d’alternative assez radicale et assez violente qui se joue sous nos
yeux en ce moment.
Parce que comme je l’ai dit
plusieurs fois, si on parlait de projets de gouvernement mondial, il
y a vingt ans ou dix ans, on nous parlait de « théories du
complot ». En fait, progressivement, ça a été annoncé par
Bush père, relayé après par des Rocard, et
finalement, par tout le monde, y compris Sarközy. On voit
bien que le projet de gouvernements mondial est un projet pour
demain, et que ce n’est pas de la rigolade, et que c’est un
projet de domination bancaire intégral, dictatorial, qui se fait
au-dessus des peuples sans la participation des peuples, projet
inégalitaire, oligarchique, d’une très grande violence,
malthusien, etc., etc. On y est.
Et c’est d’ailleurs pour ça que
la période est très intéressante, parce qu’on n’est plus dans
les hypothèses. On est face au pire quelque part. Ce qui est à la
fois très angoissant et en même temps assez excitant. Parce que le
scénario redevient intéressant. On n’est pas dans un film
tartignole. On est dans un film où l’Histoire réacquiert une
dimension tragique, en ce moment. On sait que ça va mal finir d’une
façon ou d’une autre.
Je le dis, on est peut-être à la
veille de la Troisième Guerre mondiale. On est à la veille
effectivement peut-être de la prise de pouvoir totale, même si elle
ne sera pas définitive, de l’oligarchie bancaire mondialiste, ce
qui peut s’appeler d’ailleurs ce dont parlent les prophéties
religieuses avec cette période où le Dajjâl va régner pendant des
époques qu’on estime parfois, je ne sais pas, à quarante ans,
etc., parce qu’avant d’être vaincu, il gagnera.
Donc, c’est très intéressant et
très estomaquant, parce qu’on est en train de le vivre, et que ce
sont des périodes rares dans l’Histoire qui sont, effectivement,
des périodes de fin de temps. C’est-à-dire si on n’est pas
religieux, on parlera de fin de cycle où à un moment donné, on est
au moment de changements de repères, au moment du saut qualitatif.
C’est-à-dire que ça va passer ou ça va casser.
Et effectivement, c’est soit les
banquiers prendront les pleins pouvoirs, et on aura du Goldman Sachs
partout, et des peuples réduits en esclavage payant la dette,
c’est-à-dire la dime, et n’ayant plus aucune intervention sur les
décisions politiques de leurs pays et étant réduits au rôle
d’ilotes sans nations, sans identités collectives, etc., etc.
Soit il y aura un peu ce qui a
échoué en 1848, la révolte des peuples et des nations. Et ce sera
forcément violent et assez tragique. Et ça va se passer très
bientôt.
Donc, c’est là-dessus que je
conclurai. Effectivement, c’est assez estomaquant de voir que c’est
en train de s’accomplir, exactement comme je l’écris dans mon
bouquin et comme les pires l’ont prédit. C’est-à-dire ces mecs de
Goldman Sachs, ou d’ailleurs quand ce n’est pas Goldman
Sachs, c’est J.P.Morgan.
On assiste bien à une stratégie de
crise organisée pour mettre en place une dictature de la Banque pour
asservir les peuples et pour leur faire payer, à travers une dette
fictive, quelque chose qui est de l’ordre de la mise en esclavage.
On est en train de le vivre. Ça se passe sous nos yeux, ça crève
les yeux et on ne dort pas. Et que va-t-il se passer demain ?
C’est ce qui fait que la période
est intéressante, et c’est ce qui justifie mon action, mes prises
de risque. Et c’est ce qui fait aussi peut-être que vous êtes
présents ce soir. Et c’est ce qui explique peut-être aussi que
mes vidéos sont pas mal regardées, parce qu’effectivement, ce
genre de débats n’est même plus chez Taddeï aujourd’hui
et n’est surtout pas dans les médias dominants, dans Le
Monde, dans Libé, etc. Donc je terminerai
là-dessus.
Effectivement, nous sommes en train
de vivre ce qu’on appelle une période de kairos, je crois,
une période où il se passe des choses très importantes dans un
temps concentré. Finalement, pour les gens qui ont une espèce de
mentalité révolutionnaire ou romantique, eh ben ils ont toujours
rêvé de ça, quelque part, de sortir d’une vie médiocre et
monotone pour une vie peut-être dangereuse mais intense.
Et nous avons peut-être la chance
dans notre malheur, par rapport à ceux qui ont vécu les Trente
Glorieuses, l’époque de la croissance continue et du chômage
résiduel, nous avons la chance peut-être dans notre malheur, de
vivre très bientôt, de vivre, une période importante de l’histoire
de l’Occident où vont se jouer des choses dramatiques et
importantes.
Et nous devons nous tenir prêts.
C’est ce que je dis. Déjà au niveau de notre capacité de
compréhension, de notre capacité critique, pour comprendre les
événements tels qu’ils se passent, et non pas ne rien comprendre
comme malheureusement ceux qui gobent tous les commentaires
journalistiques officiels et moyens, ce qui est quand même ça, pour
moi, la stratégie. C’est les gens qui subissent tout ça sans ne
rien comprendre. C’est comme un peu une idée de bêtes qui vont à
l’abattoir, les yens bandés.
Nous, au moins, nous allons à la
bataille en conscience. Nous nous sentons un peu, même dans la
difficulté et la douleur, un peu comme des guerriers, comme des
Grecs, et non pas comme des animaux d’abattoir.
Et c’est là-dessus, c’est pour
ça que même si cette période est angoissante et difficile, elle a
quand même ce charme et cette qualité. C’est qu’elle peut nous
permettre de redevenir des hommes.
Je finirai là-dessus puisque ce
sera la boucle avec ce sur quoi j’avais commencé : échapper
à la bagnole et au salariat et effectivement se retrouver dans une
périodes qui va peut-être nous donner, ce qui est assez rare, ça
n’a pas beaucoup existé finalement depuis 1945, l’occasion, la
possibilité, de nous comporter comme des hommes : ce qui veut
dire le risque de la mort, la possibilité de l’héroïsme, des
choses qui effectivement n’ont pas existé depuis 1946 là où nous
vison, en Occident. Je finirai là-dessus.
Je vous remercie, et à bientôt sur
Égalité et Réconciliation, et ailleurs.
Libre Teamspeak – Très bien. On
remercie chaleureusement Alain Soral pour cette conférence. Et s’il
souhaite revenir, donc, il sera le bienvenu. Conférence du 8
janvier, donc, terminée. Nous vous donnons rendez-vous à dimanche
prochain. Et merci d’avoir été extrêmement nombreux ce soir à
avoir écouté Alain en direct. Au revoir à tous.
Le Libre Teamspeak présente en
partenariat avec Poussières dans l’espoir, d’Anthony
Hirigoyen, aux éditions Rond de fumée
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Libre Teamspeak.
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