La saga du corona est le théâtre d’une contre-démonstration permanente des prétentions de rationalité et de sérieux de la médecine. Il serait plus juste de parler de la gestion de la prétendue crise sanitaire plutôt que de la médecine. Mais les deux sont désormais amalgamés : tout se fait en son nom. Or si tout se justifie par la médecine et qu’elle accepte d’endosser ce rôle, cela nous ramène bien à la case départ. Mesures sanitaires et théories explicatives se contredisent et s’entrecroisent sans cesse : une chatte n’y retrouverait pas ses petits !
L’aura de la véracité scientifique en prend un coup. Dernier exemple à l’échelle mondiale : la sûreté et l’efficacité des vaccins. Même la presse officielle relaie aujourd’hui une inefficacité croissante des pseudo-vaccins, qui va de pair avec la chute vertigineuse de la confiance dans leur innocuité.
Pour que le mythe prenne, il a fallu un récit narratif à la hauteur, avec moments de tension exacerbés suivis d’annonces triomphantes de leur résolution – le tout grâce à la recherche médicale en marche. Mais cela ne suffit plus pour que le mythe puisse perdurer, envers et contre la réalité.
Joker narratif
Il fallait que la narration soit bien mal en point pour que soient ressortis les jokers à géométrie variable que sont les effets placebo et nocebo. Que des guérisons soient apportées au crédits de l’homéopathie, de l’acupuncture ou du magnétisme (pour ne pas parler de l’hydroxychloroquine ou de l’ivermectine), il ne peut s’agir que de crédulité et du pouvoir de la foi. Que des effets secondaires soient déplorés par des personnes bien portantes fraîchement injectées, cela s’explique à l’inverse par la mise en lumière de l’effet nocebo, forcément chez des réfractaires au progrès médical. [1]
Contrairement au message entretenu par ce scénario bien rodé, il faut rappeler que ces effets fonctionnent de la même manière pour toute catégorie de substance, et chez tout le monde, à des degrés divers il est vrai. S’il y a – comme c’est fort vraisemblable – un effet nocebo des vaccins, il y a aussi forcément un effet placebo, dont en revanche, nous n’avons jamais entendu parler. Cette trame simpliste fonctionne donc à contre-sens pour une chose et pour son contraire, mais toujours à la rescousse de la médecine majoritaire. Et à charge des disciplines non conventionnelles et des molécules non rentables.
Ce qu’il faut remarquer, c’est qu’on n’entend jamais autant parler de cette bizarrerie de la psyché que lorsque le système médical moderne est en manque d’arguments scientifiques, de cohérence et qu’il ne parvient plus à masquer ses insuffisances. Ils sont ainsi des acteurs secondaires de l’histoire médicale, que l’on ressort à l’envi, lorsqu’on n’a plus rien à se mettre sous la dent.
Le revers de l’effet nocebo
Mais évoquer le pouvoir de la foi est à double tranchant. Effet placebo et nocebo sont certes des acteurs secondaires, mais ils sont aussi les fantômes qui viennent hanter les désirs de rationalité de la médecine moderne. Ces adjuvants à la guérison, ces artefacts positifs ou négatifs sont comme des grains de sable qui viennent gêner la logique des protocoles expérimentaux. Tout comme l’effet « charlatan », ils sont les témoins d’une interface changeante et difficile à circonscrire entre un malade et la substance censée le guérir, ou entre un malade et la personne à qui il accorde sa confiance. Entre les deux, il y a la relation, l’affectivité, le caractère optimiste ou pessimiste des malades et des soignants. Données réelles, actives, mais impossibles à rationaliser, puisque par définition l’affect n’est pas raisonnable. Cela illustre simplement l’impossibilité d’assimiler une personne humaine à un tas des molécules inertes, à qui l’on peut faire subir une expérimentation facilement modélisable. Einstein l’a dit, Schrödinger aussi.
« Tout ce que nous avons appris sur la matière vivante nous dit que nous devons être prêts à accepter que son fonctionnement ne puisse être réduit aux lois ordinaires de la physique. » Erwin Schrödinger
Mais la science médicale ne veut pas en entendre parler. Grâce au placebo, le corps guérit pour de mauvaises raisons. À cause de l’effet nocebo, l’injecté se fait souffrir lui-même. Décidément, le malade a toujours tout faux !
Votez utile
On condamne les « charlatans » pour irrationalité – puisque toute guérison décrétée irrationnelle fait obstacle aux avancées de la médecine dite rationnelle – tout autant qu’on se moque des patients crédules qui guérissent grâce à l’homéopathie.
Mais quel est le but de la manœuvre ?
Ce qui manque le plus à la médecine actuelle, c’est un vrai bon sens. C’est aussi un intérêt humaniste pour le malade. Car si le but était de guérir et de réconforter, on encouragerait par tous les moyens l’effet placebo, non seulement dans les protocoles hospitaliers mis à l’honneur dans les émissions grand public, mais en accompagnant réellement le malade de toute sa bienveillance et de toute son écoute. Si le but était de guérir ou de soulager, on se détournerait de tout ce qui est susceptible de générer un effet nocebo, et dans le doute, on s’abstiendrait. Les médecins se concentreraient sur l’aspect pratique de leur sacerdoce : diminuer la souffrance, supprimer les substances et les pratiques à effets secondaires, augmenter la résistance du sujet, maintenir son autonomie.
Trier
La vocation médicale existe-t-elle toujours ? Certains médecins nous ont prouvé le contraire par leur agissements ou leur absence de réaction. Ils ont montré qu’ils préféraient chercher à maintenir la cohérence de leur système de croyance plutôt que de remettre certains dogmes en question. Qu’ils préfèrent disserter plutôt que soigner. Qu’ils sont des techniciens appliquant des protocoles.
La vaccination des enfants, injustifiable ni par la logique ni par la morale, en est l’exemple le plus douloureux. De ces médecins-là, il faut se détourner. Et nous rassembler, médecins, thérapeutes de tous horizons, malades et bien portants souhaitant le rester, sur des valeurs qui nous conviennent.
Prolongez la réflexion avec Némésis médical d’Ivan Illich,
disponible chez Kontre Kulture !