À l’heure ou le Front national se « normalise » au point d’exclure son président d’honneur et fondateur Jean-Marie Le Pen, il apparaît judicieux de (re)lire ce qu’écrivait Alain Soral en 2008 sur l’avenir de ce mouvement et sur la ligne qu’il devrait conserver pour demeurer le parti de l’insoumission.
Ce texte est la retranscription de l’intervention d’Alain Soral à l’Université de rentrée du Parti populiste (disparu depuis) de Christian Perez et Franck Timmermans, tenue les 20 et 21 septembre 2008 à Six-Fours (Var).
Le politiquement incorrect comme idéologie de résistance au mondialisme
Cet intitulé implique de répondre à deux questions préalables :
1) Qu’est-ce que le mondialisme ?
2) Qu’est-ce que le politiquement correct ?
Commençons par le mondialisme.
Le mondialisme n’est pas la mondialisation.
La mondialisation est un processus inéluctable d’échanges matériels et immatériels dus au progrès technique.
Nous ne pouvons pas aller contre et ce n’est pas souhaitable.
Le rejet de la mondialisation n’est pas le désir d’un retour en arrière civilisationnel.
Pas plus que la décroissance n’est un désir de récession…
Il est assez pratique de pouvoir se rendre à Six-Fours en quelques heures par le TGV et réjouissant de constater qu’un grand nombre de militants du Parti populiste ont eu les moyens financiers de s’y rendre !
Non !
Ce qui est en question c’est le mondialisme.
Le mondialisme est un projet idéologique, une sorte de religion laïque qui travaille à la mise en place d’un gouvernement mondial et à la dissolution de toutes les nations du globe en une seule humanité.
À la dissolution des nations sous prétexte de paix universelle.
La diversité des Nations et des peuples étant considérée comme la cause des guerres qui ensanglantent le globe depuis l’aube de l’humanité…
Ce processus a été logiquement très présent après la guerre de 14,
à travers la Société des nations.
Il a logiquement reflué avec la montée des périls qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale.
Il est revenu très fort sur les décombres des Nations après 45, avec l’ONU et la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Déclaration, petite parenthèse, que nous ne devons pas confondre avec
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui pensait ces droits dans le cadre concret d’une nation enracinée : la nation française, au nom d’un modèle civilisationnel, dont parle souvent Jean-Claude Martinez : l’universalisme français. Une civilisation au destin planétaire, alternative à la fois à l’islam de l’Oumma et au libéralisme anglo-saxon…
Nous avons donc, en lutte contre les nations et les peuples considérés comme intrinsèquement belliqueux, deux systèmes idéologiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale :
Le socialisme russe, aujourd’hui décédé.
Je ne m’acharnerai donc pas dessus inutilement !
Et le capitalisme américain, grand vainqueur, jusqu’à aujourd’hui, de la Guerre froide.
Le mondialisme actuel est donc double :
À la fois projet idéologique des Lumières dévoyé :
Un projet où la paix universelle, l’humanité réconciliée par la Raison de Kant,
sensée dépasser l’obscurantisme de la scolastique qui avait débouché sur les guerres de religions d’Europe,
a finalement tourné à l’obscurantisme des droits de l’homme…
Obsurantisme des droits de l’homme…
Soit l’interdiction, au nom du blasphème et de l’hérésie, d’utiliser désormais sa Raison pour critiquer tout les méfaits concrets, de ce processus totalitaire, sur l’humanité concrète...
Un mondialisme qui est aussi, dans le même temps,
la pente inéluctable de la société marchande :
Passée de la libre entreprise de l’entrepreneur libre, au capitalisme financier orwellien, où chaque homme est désormais réduit au rôle de salarié-consommateur esclave par ce que nous appelons dans le marxisme : la loi de concentration du Capital imposée par la baisse tendancielle du taux de profit…
Nous avons donc là, la convergence de deux processus unificateurs :
l’un idéologique, pensé :
les droits de l’homme universels,
l’autre économique, subi :
la marchandisation intégrale sous la religion du profit.
Deux processus qui se fondent aujourd’hui dans un même projet :
celui de la gouvernance mondiale sous l’égide du capitalisme anglo-saxon, au nom de l’idéologie des droits de l’homme abstrait…
En résumé :
Les droits de l’homme sont donc, aujourd’hui, le catéchisme de la dissolution des peuples et des nations enracinées, au service de l’abstraction généralisée du capitalisme financier mondialisé, en vue de sa domination mondiale et intégrale.
Domination sur nos porte-monnaie comme sur nos âmes…
(Le politiquement incorrect)
Cette rapide présentation faite, il est assez facile d’en venir à notre deuxième définition :
Qu’est ce que le politiquement correct ?
Et, partant :
qu’est ce que le politiquement incorrect ?
Le politiquement correct, c’est tout ce qui accepte de se soumettre, consciemment ou inconsciemment, au catéchisme des droits de l’homme.
Le politiquement incorrect c’est tout ce qui lui résiste et s’y oppose !
Le droit-de-l’hommisme
n’a donc plus rien à voir avec les droits réels des hommes réels,
attachés à leur culture locale, à leur nation (comme l’engouement pour les jeux Olympiques ou les championnats de football continuent d’en témoigner, puisque ce sont bien là des luttes entre nations et entre villes qui sont plébiscitées…)
Le droit de l’hommisme est, aujourd’hui, le bras armé idéologique du mondialisme, le baratin qui accompagne désormais toute mise au pas, tout écrasement de tout mouvement de résistance au mondialisme économico-idéologique, qu’il soit militaire, politique ou culturel…
Ainsi, c’est au nom des droits de l’homme, entraînant, bien sûr,
droit d’ingérence humanitaire, puis devoir d’ingérence militaire de monsieur Kouchner,
qu’on bombarde aujourd’hui la petite nation serbe, parce qu’elle résiste, au nom de sa culture et de son histoire, au rouleau compresseur mondialiste sous pilotage américain…
C’est au nom de l’idéologie totalitaire et belliqueuse des droits de l’homme qu’on bafoue aujourd’hui les droits réels des hommes réels, partout sur la planète.
Que ce soit le droit des Serbes à rester serbes, mais aussi bien le droit des musulmans a rester musulmans en Iran ou en Afghanistan…
Mais c’est aussi au nom des droits de l’homme…
qu’on détruit, à l’intérieur des nations et des peuples, les solidarité sociales traditionnelles contre le capitalisme mondialiste, en substituant aux acquis sociaux, notamment ceux des ouvriers et des classes moyennes,
les droits sociétaux des pseudo-minorités opprimées – en réalité minorités agissantes… :
droits des homosexuels, droits des femmes, droits des jeunes, droits des Noirs…
qui sont autant de segments de marché au service du mondialisme idéologico-marchand, comme avait très bien su l’illustrer d’ailleurs, l’excellente publicité « United Colors of Benetton » de l’ex-trotskiste devenu publicitaire monsieur Toscani…
Dés lors, toute résistance à cette mise en coupe réglée :
refus de considérer les Serbes comme les ennemis de l’humanité,
alors qu’ils essaient de préserver leur mode de vie et leur indépendance.
Refus de considérer les gays comme une catégorie sociale,
la diversité des homosexuels ne se réduisant pas à un lobby gay autoproclamé, et la sodomie restant, de toute façon, une activité de loisir privée…
Bref, tout refus de se soumettre à l’escroquerie de ses pseudo-droits de l’homme,
qui consiste, en réalité, à soumettre les hommes à la domination mondialiste marchande,
est considéré par ce même pouvoir,
comme autant de crimes contre l’humanité !
Nous y sommes !
Sentence du « crime contre l’humanité » qui permet, dans les faits, de chasser celui qui en est accusé, hors humanité,
ravalé au rang de sous-homme ne bénéficiant plus de ces fameux droits de l’homme : peuple allemand et japonais après guerre, peuple palestinien aujourd’hui, iranien demain, militants et électeurs du Front national en France, depuis 30 ans…
Parlons maintenant justement
Du Front national
Cette implacable mécanique rapidement démontée,
Rapprochons-nous maintenant de la France et de la mouvance nationale…
De cette mouvance nationale
que j’ai rejointe par esprit de résistance au mondialisme…
et qui s’est incarnée, ces 30 dernières années, dans le Front national, ce mouvement de la résistance nationale unifiée, grâce au génie politique de son Président, Jean-Marie Le Pen. Un Jean-Marie Le Pen que j’en profite pour saluer chaleureusement…
Première remarque,
Compris comme ça, et j’oserais dire : bien compris !
le Front national n’est ni un mouvement de droite ni un mouvement de gauche…
puisque la droite renvoie au Marché, donc au mondialisme,
tout autant que la gauche renvoie à l’internationalisme, ce qui revient au même…
Le FN bien compris est donc essentiellement un mouvement, trans-courants, de résistance au mondialisme, à la fois opposé à son économie, de droite libérale et à son idéologie, de gauche droit-de-l’hommiste…
le catéchisme de gauche étant l’alibi humaniste du processus économique de concentration du Capital et de domination par les Maîtres du Marché…
De cette analyse, on doit donc logiquement déduire que ; si le FN,
en tant que mouvement d’opposition nationale au mondialisme,
veut être cohérent, il doit à la fois lutter contre le mondialisme marchand,
et lutter contre le politiquement correct qui en est l’idéologie…
Or, et c’est là que je me permettrai une critique à la fois sur les imprécisions d’hier et les tentations d’aujourd’hui…
Pendant des années,
le FN a été politiquement incorrect sur le plan idéologique – je fais là référence aux délicieux et utiles dérapages de notre Président –… mais malheureusement beaucoup trop libéral sur le plan économique, ce qui n’était faire le travail d’insoumission qu’à moitié…
Je fais remarquer au passage que le national-libéralisme est un oxymore, puisque libéral veut dire « privatisé » et que quand tout est privatisé : banque centrale, services publics, armée… le politique, fût-il FN, perd tout contrôle sur la nation !
Dans ce rapport Politiquement correct et libéralisme, aujourd’hui au FN la tendance est plutôt inversée :
grande rigueur critique sur le mondialisme économique,
mais abandon du politiquement incorrect au nom de la dédiabolisation,
ce qui revient à la même incohérence et à la même impuissance politique : puisque se soumettre à la dictature des droits de l’homme et au chantage du crime contre l’humanité, c’est se retrouver, à terme et au final, à poil et en rase campagne face à l’idéologie mondialiste !
Le slogan résumant le mieux ce que je veux dire, slogan qui nous est asséné en permanence, partout sous-jacent et sur lequel nous ne devons rien lâcher étant le fameux « plus jamais ça ! » sous entendu : « le mondialisme ou Auschwitz »
avec, pour les récalcitrant, la non moins fameuse reductio ad hitlerum !
En résumé de ce court exposé :
Le politiquement incorrect n’est en rien un inutile jeu de provocation.
C’est, même s’il ne se comprend pas toujours comme ça :
LA doctrine de résistance au mondialisme.
Doctrine d’insoumission sans laquelle la critique limitée au mondialisme économique est insuffisante, impuissante et même incohérente, tout comme le politiquement incorrect, non étendu à la doctrine libérale…
Incohérence économique d’hier aujourd’hui dépassée au FN grâce à l’excellent travail de Marine Le Pen !
Donc, non seulement la pensée politiquement incorrecte ne doit pas être abandonnée, mais,
à l’heure où la gauche,
qui tenait jadis le haut du pavé avec le marxisme,
a abandonné toute pensée, en s’abandonnant à l’obscurantisme des droits de l’homme...
À l’heure où plus personne ne pense, ni à gauche ni à droite, puisqu’il y a longtemps que la droite d’affaires se contente de faire des affaires…
nous pouvons, nous nationaux, en tant que seuls critiques efficients du Système,
reprendre la main sur le plan des idées,
devenir, dans ce désert, LES maîtres à penser de demain
et incarner, nous et nous seuls, le renouveau du Génie Français !
Vive l’insoumission, donc !
Et longue vie à la France insoumise !
Alain Soral, 21 septembre 2008