Vous le savez maintenant, je ne serai pas tête de liste Front national pour l’Île-de-France aux Européennes. C’est dommage, compte tenu de la Crise, de la politique étrangère et des adversaires en présence, il y avait un beau coup à jouer.
Pour ceux qui s’étonnent que je ne figure même pas sur la liste, et qui préfèrent croire Alain Soral plutôt que le Nouvel Observateur, voilà les faits :
J’avais accepté, à la demande expresse du Président, afin de ne pas trop faire de vagues en interne et de ne pas perturber l’appareil, la deuxième place derrière Madame Arnautu, la place non éligible, histoire qu’on ne puisse pas dire que j’étais venu au Front pour la gamelle.
Me taper le boulot et ne pas être élu, tel était le deal, à condition que je puisse mener la campagne et insuffler la ligne, gauche du travail, droite des valeurs, que je développe depuis deux ans à Égalité & Réconciliation, et que je crois d’avenir pour le mouvement national…
Que pouvais-je proposer et accepter de plus ?
Mais cette proposition, cet accord passé avec le Président, s’est au dernier moment transformé en une place d’honneur, la troisième ou la dernière, avec promesse, pour que je reste encore et fasse vitrine, d’un bon petit poste de Conseiller régional l’année prochaine !
J’ai bien sûr refusé le tout.
Pas par orgueil ou par dépit, mais pour des raisons de sérieux politique.
Je n’ai rien à faire sur la liste Dubois, pas seulement parce qu’il est débile et bègue, mais parce que ce libéral atlanto-sioniste – qui m’insultait encore récemment dans Minute – est sur une ligne diamétralement opposée à la mienne.
Dans le contexte actuel, le FN a donc choisi, pour aller aux Européennes en Île-de-France, un type juste trop nul pour prétendre à la même place à l’UMP. Soit, compte tenu du climat politique, géopolitique et social, le plus mauvais candidat possible. Mais il serait trop facile d’incriminer Dubois, ce Dubois dont on fait les défaites du FN, en attendant les cercueils… Dubois n’y est pour rien.
La question à poser pour trouver le, ou la responsable de cette gabegie, c’est : pourquoi l’accord que j’avais avec le Président et qui était le plus conforme aux intérêts du mouvement a finalement capoté ?
Comme chaque fois que quelque chose se passe mal au FN depuis deux ans, chaque fois qu’un conflit l’affaiblit, qu’un départ contribue un peu plus à détruire ce qui fut un authentique mouvement d’opposition nationale, la réponse c’est : Marine…
C’est parce que Marine, aidée de son compère Aliot, a pesé de tout son poids pour s’opposer à ma candidature, voulue pourtant par le Président et acceptée par Gollnisch, que nous nous retrouvons, au final, avec le grotesque Dubois comme tête de liste.
À ce stade de l’explication, les deux doigts de Front et les loin du Front seront sans doute très étonnés d’apprendre que c’est Marine, soi-disant sur ma ligne – Marine la soralienne entendais-je dire parfois ! – qui s’est le plus violemment opposée à mon investiture, puis à ma deuxième place, allant jusqu’à déclarer, en pleine ratonnade à Gaza, qu’elle me préférait Sulzer…
À ceux que ça étonne d’apprendre que c’est la « bande à Marine » – cet agglomérat de multi-transfuges, de marchands du Temple et de cage aux folles – qui a tout fait pour me barrer la route et me neutraliser depuis deux ans, et ce malgré la confiance et l’amitié que m’accordait le Président, le respect et la neutralité courtoise d’un Bruno Gollnisch, je dois encore une explication…
Si l’on met de côté les raisons personnelles et psychologiques, l’autoritarisme dû au manque d’autorité naturelle d’une personne, en réalité peu sûre d’elle et pour qui l’exercice d’un pouvoir – qu’elle est inapte à exercer pour ne l’avoir pas conquis – consiste à couper des têtes pour ne s’entourer, au final, que de courtisans et d’imbéciles… la raison qui a conduit Marine pendant deux ans à m’empêcher d’agir par tous les moyens est profondément politique. Je crois aux idées sociales que je défends, c’est pourquoi je pousse la cohérence jusqu’aux questions de politique étrangère : Russie, Amérique latine, Iran, Palestine… Marine a compris que cette ligne économique et sociale était la bonne sur le plan marketing, mais comme elle souhaite réintégrer demain « l’arc républicain » – entendez : la gouvernance globale – en s’appuyant exclusivement sur les médias (ce qui exige au passage de liquider une base militante profondément anti-Système, notamment chez les jeunes), elle ne s’oppose jamais qu’en surface aux intérêts et à la logique de l’Empire.
Ainsi peut-elle déclarer haut et fort son hostilité au Nouvel Ordre mondial, tout en promouvant, en douce, le « Conflit de civilisations » qui en est le fer de lance. Ses vociférations d’avocate sur le pouvoir exorbitant des grandes surfaces lui permettant de couvrir son silence exorbitant sur le pouvoir d’autres puissances bien plus déterminantes pour l’avenir de la France et des Français, pouvoir d’achat compris ! Haro donc sur Leclerc, mais silence sur Tskhinvali et Gaza…
Martinez, Lang, Lehideux, Bild... aujourd’hui Soral, Gollnisch demain ? Pour mettre le Front en ordre de bataille afin d’aller collaborer à la réélection de Sarkozy, la bande à Marine doit impérativement liquider ce qui faisait le Front de papa : virer tous les opposants authentiques au Système, qu’ils proviennent de la vieille droite des valeurs ou de la vraie gauche sociale.
Ne restera plus ensuite, l’épuration achevée, qu’à confessionnaliser le discours social de surface, à ethniciser la Crise, à faire payer aux pauvres noirs et aux pauvres arabes, tous déclarés islamistes et complices du terrorisme, la souffrance imposée au peuple de France par les riches blancs, pas toujours catholiques, planqués dans leurs paradis nomades, à New York et à Miami… Rôle classique finalement dévolu à l’extrême droite. Louis Aliot, l’Enrico Macias de Perpignan, s’y emploie déjà comme le Vlaams Belang en Flandre.
Le marinisme social ? C’est un peu comme l’antisionisme PS, le gaullisme UMP… Un montage médiatique, du bidon, je n’y crois pas. Marine, malheureusement n’est pas Jeanne d’Arc, ni Evita Peron. Tout au plus, dans le dispositif Sarkozy 2012 qui se met doucement en place, avec Besancenot à gauche de la gauche et Marine à droite de la droite, une Rachida Dati de souche !
J’avais rallié le Front et Jean-Marie Le Pen pour tenter d’apporter mon aide à un authentique mouvement d’opposition nationale transcourant et anti-Système. Comme je n’ai pas vocation à être un harki, ni à faire des harkis, je m’en vais. (J’aurais dû me méfier, déjà sur l’affiche la beurette était en string !).
Je salue donc fraternellement tous les patriotes : travailleurs francs et droits, réactionnaires cultivés et narquois que j’ai côtoyés au Front avec un immense plaisir. Moi qui ai pas mal bourlingué à gauche à droite, je répète, même encore aujourd’hui, que dans cette étrange et charmante PME familiale bientôt vendue aux multinationales par l’héritière, j’ai rencontré les meilleurs des Français. Les mêmes, à peu près d’ailleurs, que j’avais connus au PCF d’avant Marie-George Buffet ; Marie-Georges qui est à Marine ce que Le Pen fut à Marchais…
Je salue aussi bien respectueusement le Président pour ses 60 ans d’engagement pour la France, pour son talent, sa culture, sa gentillesse. Je salue en lui l’homme facétieux et délicat, et je lui dis, malgré la déception, que je ne lui en veux pas d’avoir, au final, préféré sa fille à un peuple de France qui, c’est vrai, ne s’est pas montré à la hauteur de ses attentes.
Je vous salue tous camarades patriotes et, en attendant de vous retrouver un jour – qui sait ? –, je reprends ma liberté afin de pouvoir accomplir à Égalité & Réconciliation ce que je n’ai pu faire au Front.
Alain Soral, le 1er février 2009