L’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP) a remis le mercredi 25 juin à Nicolas Sarkozy le Prix de l’Appel du 18 juin.
Cela pourrait prêter à sourire si ce n’était si pathétique et si obscène. Ce cénacle proche de l’ineffable NKM a certainement voulu renvoyer l’ascenseur à l’ancien locataire de l’Élysée pour remercier ce dernier d’avoir épaulé durant la campagne des municipales leur candidate préférée. L’insulte pour l’homme du 18-Juin n’en demeure pas moins totale.
En effet, rarement un personnage politique fut plus éloigné de la figure totémique du Général que celle de l’ex-président. Sa stature, ses attitudes et ses orientations politiques font de M.Carla Bruni-Tedeschi l’anti-Charles de Gaulle par excellence.
« Si le Peuple vote mal, on se passera de lui... »
Pour commencer, il n’est pas inutile de remémorer aux amnésiques la ratification du Traité de Lisbonne par la voie parlementaire le 8 février 2008, après une révision de la Constitution effectuée quatre jours plus tôt par le Congrès réuni à Versailles. Cette forfaiture n’a été possible que grâce au soutien inconditionnel de Nagy-Bosca à ce texte. Texte qui n’était qu’une copie remaquillée du traité constitutionnel européen (TCE) rejeté par les Français et les Néerlandais par référendum en 2005.
Il est à noter que Nicolas Sarkozy a jugé bon de supprimer la référence explicite au crime de "haute trahison" dès 2007 et la nouvelle rédaction de l’article 68, lui préférant un beaucoup plus vague « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Sage précaution. En 2008, il retirait également l’obligation d’organiser un référendum pour tout nouvel élargissement de l’Union européenne (UE). Le Général de Gaulle lui démissionna après son échec au référendum de 1969 sur la réforme du Sénat et la régionalisation.
Atlantisme sans frein
Nicolas Sarkozy c’est aussi le retour dans le commandement intégré de l’OTAN. Le 7 mars 1966, Charles de Gaulle – réélu trois mois plus tôt président de la République, mais au suffrage universel direct, par 55% des voix contre 45% à François Mitterrand – annonce au président américain Lyndon Baines Johnson le retrait de Paris du commandement militaire intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN, créée en 1949). À travers ce geste extrêmement fort, Le Général souhaite maintenir un relatif non-alignement de la France, définir une pensée stratégique qui lui est propre, garantir son indépendance et une politique d’équilibre entre les deux grandes puissances.
De grands principes que l’on peut résumer en une idée-force : perpétuer la souveraineté de la France. C’est avec cet héritage que Nicolas Sarkozy a rompu. À sa décharge, tous ses prédécesseurs depuis le départ de l’homme de Colombey-les-Deux-Églises, lui avaient (à des degrés divers) malheureusement montré le chemin.
Opération Plomb durci en 2008
Tout le monde ou presque garde en mémoire les propos du Général de Gaulle lors de la conférence de presse du 27 novembre 1967, quelques mois seulement après la guerre des 6 Jours ("Un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur"). Sarkozy en 2008 lors de l’opération Plomb durci menée par Israël décida, lui, d’envoyer la frégate porte-hélicoptère française Germinal au large de Gaza.
L’or
Autre fait notable et emblématique sous l’ère Sarkozy notre pays a vendu 500 tonnes d’or pour acheter essentiellement des devises en dollars et en yens. Ce qui représente d’après certaines estimations 20% du stock d’or. Le Général de Gaulle s’est battu pour récupérer l’or de la France.
Éxpédition libyenne
Une des pages les plus noires de la présidence Sarkozy restera la funeste guerre en Libye. Cette intervention militaire catastrophique a laissé un pays exsangue, brisé, en proie aux milices, aux rapts, aux règlements de compte et au terrorisme. Peu importe si Sarkozy a agi comme simple sous-traitant des États-Unis (pour empêcher la mise en place d’un système dinar-or), ou pour le compte de ses amis Qataris ou encore pour prévenir toutes déclarations intempestives de la famille Kadhafi concernant le financement de sa campagne de 2007, il n’en demeure pas moins qu’il restera avec l’irrécupérable BHL et l’impayable Juppé un des principaux coupables de cette terrible tragédie humaine.
Champion de la régression sociale
Le candidat défait de 2012 est aussi le co-instigateur du Pacte budgétaire Merkozy. Alors que son glorieux prédécesseur au Château avait tenté de mettre en place une troisième voie économique à mi-chemin entre collectivisme et capitalisme débridé, basée sur la planification, l’État stratège et la participation, l’ancien premier édile de Neuilly-sur-Seine fut l’homme du carcan "austéritaire" et du démantèlement du modèle social français. Une "œuvre" sinistre d’ailleurs poursuivie avec empressement par son successeur.
Un habit trop grand pour lui
Sarkozy n’a jamais habité la fonction. Pire, il n’a cessé d’en être indigne. Entre ses déboires conjugaux avec Cécilia perpétuellement mis en scène, ses roucoulades grotesques avec Carla (le fameux "Avec Carla c’est du sérieux"), ses fautes syntaxiques permanentes, l’épisode invraisemblable du stylo dérobé au président roumain Traian Basescu et la liste pourrait continuer ad nauseam, Nicolas Sarkozy n’aura eu de cesse de couvrir la France de honte durant son mandat. À tel point qu’il n’était pas saugrenu de voir en lui un mélange de vendeur de jeans du Sentier et de gangsta rappeur de la banlieue parisienne. Un modèle d’élégance et de finesse en quelque sorte...
L’affairiste
Enfin, Sarkozy est l’homme des affaires. Et des sales affaires. Contentons-nous d’en citer quelques-unes parmi lesquelles il est impliqué de façon directe ou indirecte (grâce à ses fabuleuses fréquentations : Balkany, Woerth etc) : Karachi, Bettencourt, financement de la campagne de 2007 et la plus récente Bygmalion. Le Général de son côté tenait à payer lui-même ses factures d’électricité de ses appartements à l’Élysée. Nicolas Sarkozy propose ses services aux plus offrants dans des conférences hors de prix via le Washington Speakers Bureau et entretient ses réseaux auprès du gratin de l’oligarchie mondialiste. Sarkozy a empoché 100 000 dollars de la part de Goldman Sachs pour un discours à Londres. De Gaulle déclarait ceci : "Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’argent."
La grandeur d’un côté, la petitesse de l’autre
Il ne s’agit pas de tomber dans un panégyrique puéril du Général, car le gaullisme eut aussi ses zones d’ombre (le traitement infligé aux Harkis et aux Pieds-Noirs, la tragédie camerounaise...), mais il n’en demeure pas moins que Charles de Gaulle fut le dernier géant de l’histoire de France, le dernier homme d’État. De Gaulle était l’illustration parfaite de la thèse des Deux corps du Roi défendu par Ernst Kantorowicz. Sarkozy en est la négation la plus parfaite. De Gaulle incarnait la grandeur, Sarkozy uniquement la petitesse, la bassesse, la veulerie et la mesquinerie.