En un sens c’est pas plus mal que les kroumirs [1] du Bas-Catalan soient passés en force à grands coups de 49.3 Magnum, grâce un véritable coup d’État institutionnel !
Cela ne laisse d’autre alternative aux travailleurs, syndiqués ou non syndiqués, que la grève générale interprofessionnelle reconductible jusqu’au retrait.
Ou la capitulation sans combat.
Il y va de l’Honneur de la classe ouvrière.
Pas d’échappatoire possible, ni motions de censure ni autres ruades impuissantes des baudets parlementaires.
Mais obtenir le RETRAIT de cette loi croupie par des moyens extra-parlementaires reviendrait à faire reculer le gouvernement de guerre civile à tel point que son chef tomberait nécessairement.
C’est bien ce qu’a compris M. Mélenchon, qui déclare au JDD : « Il faut que la loi travail soit retirée et que Valls s’en aille. »
Une fois n’est pas coutume, Dieu veuille exaucer l’Ex-Sénateur, le Tribun suprême des volailles rouges. Quant aux députés « frondeurs » du Parti socialiste, ils n’ont pas voté la motion de censure, au prétexte qu’elle était celle de la droite, preuve que leur soi-disant opposition à la loi Kroumhi c’était du flan. Du Flamby.
La Grève
Comme disent les vieux militants ouvriers, « on ne déclenche pas une grève générale en appuyant sur un bouton ». Il faut un appel centralisé des appareils.
Or jusqu’à présent les Mailly et autres Martinez, derrière un langage radical, ont tout fait pour essouffler le mouvement par l’appel à des « journées saute-moutons ».
Cependant, depuis près de deux mois, depuis le million du 31 mars, bon an mal an, les travailleurs ont manifesté par centaines de milliers le 28 avril, le 1er mai, le 9 mai.
Malgré la lassitude, malgré le spectacle de la contestation imaginaire des insomniaques des nuits débiles, ou les violences journalières anarcho-préfectorales, se maintenait, pure et simple, claire et nette, la volonté de défense du Code du travail, tel quel.
Le Code du travail
Le vieux Code du travail c’est un très gros morceau à emporter. Ce sont des décennies de lutte de classe cristallisées dans un Droit qui structure la classe ouvrière, et donc participe à fonder la France comme une Nation, et non comme une pouillerie, sans autre loi que celle du fric.
Un pays industriel et civilisé et non un bassin d’emploi en lequel les petits et gros poussahs vont puiser puis rejeter dans la vase, au gré de leur appétit, des intermittents de la vie.
Aujourd’hui le capital financier détruit le travail et mène à la précarité généralisée. Le vieux Code du travail qui était une arme contre cette précarisation se devait de disparaître comme survivance anachronique.
Comme les frontières, le mariage monogamique, la décence ou l’instruction publique.
Désormais dans l’entreprise, des droits individuels dits « droits à la personne » remplaceront les droits collectifs gravés dans la loi.
Et derrière tout ça, on ne le dit pas assez, un véritable démantèlement de la Médecine du travail.
Un recul historique !
La gloire méprisable d’avoir arraché ce gros morceau de la rude gueule du molosse populaire reviendrait donc à un roquet bichonné, éternellement tenu en laisse par Madame la Baronne Rothschild ?
Le gouvernement post-Bataclan, le plus faible de toute la Ve République, passe en force, et impose sa Loi Capital, comme il a réussi à installer l’état policier.
Tel est l’apparent paradoxe.
Et maintenant ?
Des grèves commencent dès ce soir avec les Routiers qui sont pas sympas. Demain dès 5 heures un appel au Blocage de la raffinerie de Donges. Sept syndicats appellent à deux « journées de grèves » mardi et jeudi. À la SNCF appel à la grève à partir de mercredi. Idem dans les aéroports.
Ça commence !
— Quoi ? Le bordel qui va emmerder tout le monde, pour rien, ou une vraie grève générale ?
Nous verrons si le torrent de la colère populaire saura déborder sa chiourme syndicale, ceux qui plastronnent aujourd’hui à la tête des manifestations, comme ils plastronneront demain sur les chars de la Gaie-prayde.
La classe ouvrière sera-t-elle aussi aisément mise à genoux que la bonne bourgeoisie anti-mariage gué, dont c’est la posture naturelle ? N’ayant pas su se défaire des dirigeants qui l’abêtirent, cette dernière fut facilement pliée en deux par Valls et ses Femen.
Le million du 31 mars et le million de la Manif pour tous ont ceci de commun qu’ils
sont comme des lions menés par des ânes.