Une fois n’est pas coutume, lundi 11 septembre à 22h20, la chaîne franco-allemande ARTE proposait aux affidés de la lucarne à gogoys un film nazi. Sans doute la chaîne juge-t-elle les spectateurs suffisamment enchaînés au politiquement-correct pour ne pas risquer la contamination du naziyabond.
Ce film admirable était présenté dans le cadre du centenaire de l’UFA. L’Universum Film AG fut la plus grande société cinématographique d’Allemagne, né au début du XXe siècle, et éminemment supérieure à Hollywood.
« Créée en 1917 sous la pression de l’état-major à des fins de propagande, les aventures de l’UFA retracent l’histoire du cinéma outre-Rhin : l’âge d’or du muet, les œuvres de divertissement cultes ou encore la propagande nazie », nous dit Arte.
Le film ici présenté est Titanic, une oeuvre magistrale sur le fameux naufrage. Commandé par Goebbels au réalisateur Herbert Selpin en 1940, il fut achevé par Werner Kingler en 1943.
Bien supérieur à tous les Titanic niaiseux qui ont coulé des spéculations hollywoodiennes, le film nazi va dénoncer les spéculateurs anglais.
À la fois teinté d’héroïsme et profondément humaniste, l’oeuvre est empreinte de de cette volonté de justice sociale et de puissance qui marquèrent lumineusement les heures les plus sombres.
On remarquera le réel socialisme qui s’exprime par un sens aigu des différences de classe. L’oeuvre manifeste un populisme digne, qui pouvait rivaliser avec l’ouvriérisme stalinien et qui nous éclaire sur la nature fondamentale du régime.
« ...Peinture d’une microsociété, avec ses classes sociales que tout sépare, les codes, combines et idylles propres à chacune, qui captive. À la suite des représentants de la grande bourgeoisie d’affaires, des membres d’équipage et des passagers de troisième classe, "Titanic" embarque le spectateur dans une tragique comédie humaine, où même les crimes dénoncés (comme il se doit par l’officier allemand Petersen) ne connaissent pas de juste châtiment » [1].
Les observateurs ne manqueront pas de noter également l’absence de tout antisémitisme dans le lond métrage. Pourtant il eût été facile aux réalisateurs nazis de profiter du patronyme (((Iceberg))), pour rendre le peuple élu responsable du naufrage mémorable. Qu’ils ne soient pas tombés dans cette facilité antisémite en 1943 prouve que leur souci de la vérité l’emportait sur les approximations de la propagande.
Petite glose insubmersible
Que pourraient dire nos chiennes de garde de la Gestapo féministe de ces sauvetages exclusivement féminins, dus aux principes héroïques
qui régissaient le comportement masculin. Les femmes et les enfants d’abord !
Comment faire coïncider ce sacrifice consenti des mâles avec le dogme stupide de l’Oppression immémoriale des femmes par les hommes ?
(Il est certain qu’après 50 ans de féminisme, jamais un homme lucide n’accepterait de servir de hors d’oeuvre aux requins pour maintenir au sec toute la volaille emplumée qui se pressait dans les canots de sauvetage du Titanic.)
Naguère, quand existait encore la Marine à voile et à vapeur, on dénombrait de nombreux naufrages. Ces submersions épisodiques mais néanmoins multiples ont été étudiées dans leur causes et leur déroulement.
D’abord, il y avait l’annonce qui témoignait d’une certaine retenue, plutôt qu’un « sauve-qui-peut » proche de la panique :
— Mesdames et messieurs, votre attention s’il vous plaît. Une voie d’eau s’étant inopinément déclarée dans la salle des machines, il est à craindre que nous sombrions bientôt dans les abysses glacés. Le bateau coule, nous coulons, c’est pas cool mais tâchons de rester calme, les femmes riches et leurs caniches d’abord !
Puis il fallait gérer la pagaille : les femmes affolées hurlent, courent en tous sens, encombrent, il faut s’occuper d’elles, d’abord les calmer, puis les sauver, malgré elles. Les pauvres chéries, le sang-froid n’est pas leur force première.
L’héroïsme masculin devient la norme : la majorité des hommes se révèle en ces circonstances banalement héroïque, si l’on peut dire. Les autres sont abattus comme des chiens par les marins, comme on le voit dans le film.
Grâce à l’abnégation et à l’intelligence rationnelle de H, F criarde sera mise en chaloupe, les chaloupes à la mer, et vogue la galère...
Bon visionnage.