Ce lundi 1er septembre, invités par un tweet à écouter la jeune lycéenne Najat Vallaud-Belkacem parler de la rentrée, on tombe sur Patrick Cohen, l’inventeur des cerveaux malades, neuneurologue qui anime accessoirement la matinale de la station. On découvre alors en podcasts toute une enfilade de chroniques et chroniqueurs. Un incroyable fourmillement et une incroyable variété d’employés du service public. Sauf qu’ils pensent tous la même chose.
6h20 : nous sautons dans le puissant courant du flux radio.
9h39 : après 199 minutes de tasses et roulis, harassés, nous sortons de l’eau. Épouvantés, mais vivants. Et heureux : nous tenons nos preuves.
6h20 : Hugo Micheron, spécialiste du Moyen-Orient
Hugo nous fait une confession :
« Vous savez la petite blague qui se dit dans les services secrets français c’est que la question n’est pas de savoir si il y aura un attentat mais quand il y aura un attentat et qui sera responsable. »
6h25 : Johar, 19 ans, homosexuel et coiffeur au chômage
« Ce qui m’étonne c’est la connerie humaine… Parce que dans une France soi-disant, qui est soi-disant libre, ouverte, ben y a encore plein de sujets qui sont vachement tabous en France. Homosexualité, euh, enfin y a plein de choses qui sont tabous… On dit que c’est un pays libre, égaux en droits… La dernière fois que j’ai été étonné ? Quand j’ai demandé mon mec en mariage et qu’il m’a dit oui… Voilà j’ui ai ramené une bague et le soir au lit j’ui ai donnée, et je lui ai demandé s’il voulait devenir mon mari et il m’a dit oui. »
6h47 : Nathalie Schuck, du Parisien en France
- Nathalie fait partie des journalistes très populaires chez les Premiers ministres
Schuck, qui a longtemps « suivi » Nicolas Sarkozy pour Le Parisien, c’est la journaliste qui reprochait aux Français de ne pas se réjouir de la mort de Ben Laden le 6 juin 2011, au Grand Journal de Canal+ :
« C’est très franco-français de verser des larmes de crocodile sur le corps de Ben Laden. »
Pour Inter, elle fait des commentaires policito-politiciens conformes au système médiatico-politique, qui n’ont aucun intérêt pour les gens. Aphatie, à côté, est un géant. C’est dire.
Après avoir « analysé » Sarkozy, Nathalie analyse Valls :
« Et y en a un qui s’en sort très très bien à ce petit jeu, c’est Manuel Valls. Encore lui, désolée. Encore lui, quelle surprise ! À chaque fois qu’il fait un discours, le Premier ministre, il se débrouille toujours je sais pas si vous avez remarqué, pour caser une petite phrase pour dire que non vraiment trop c’est trop, trop d’impôts tue l’impôt, c’est quasiment ce qu’on appelle un élément de langage. »
Quelle profondeur ! Quelle science politique ! Ne pas s’étonner de la promo pour Valls sur Le Parisien, c’est tout simplement un prolongement du ministère de l’Intérieur.
6h51 : Alex Taylor fait sa revue de presse européenne
« Oui Catherine, drôle de sentiment, c’est comme si on lisait la presse britannique avec un temps de retard, en raison du 12 % remporté hier aux élections de Saxe par le Parti antieuropéen anti-immigration Alternative [für] Deutschland… »
Ce parti nouveau est plutôt de droite, anti-euro, et considéré comme populiste par les bien-pensants d’outre-Rhin. On devine que les observateurs et informateurs du système le tiennent à l’œil, au cas où AFD basculerait dans le nazisme. Il y a quand même le mot Deutschland, dedans, de sinistre mémoire.
6h55 : l’Évangile selon Zizou
Alex Vizorek est un rigolo, il transforme l’actu en humour, mais en humour maison, cette fois-ci principalement anticatholique :
« Donc ce sera un match à l’initiative du Vatican, hein d’ailleurs quand j’ai appris ça je me suis dit ils vont se faire plaisir au Vatican, ils vont organiser un match de minimes, de poussins, je ne sais pas, eh non… »
Après Charline, c’est le second humoriste belge de la station, qui prépare ses vannes avec la liste des Sujets à aborder, et celle du Sujet à ne jamais aborder. Quand l’humour sent le calcul…
7h00 : Patrick interroge tendrement Najat
- Patrick Cohen attaque sa matinale avec sérénité
Rentrée scolaire, rentrée politique, Najat a deux raisons de faire son show chez Cohen. Qui ne va pas lui poser des questions très dérangeantes. On l’a connu plus punchy, notamment contre les judokas noirs antisionistes, ou les sociologues interdits de médias audiovisuels. Peut-être était-il de mauvaise humeur ces jours-là. Malgré le sondage bidon d’un journal bidon (51 % d’opinions favorables pour Najat dans Le Parisien), la ministre nage en eaux difficiles en défendant une réforme qui fout le bordel dans une institution qui n’en avait pas besoin. Mais la ministre reste confiante :
« Je suis persuadée que dans chaque école, très vite, les enseignants, les parents, vont pouvoir constater que leurs enfants apprennent mieux grâce à cinq matinées (!) au lieu de quatre... »
Qu’est-ce qu’elle en sait ? Étonnant, cette propension des socialistes à tout savoir à la place des autres et à vouloir fliquer la vie des enfants et des parents. Pour se mettre les profs dans la poche ? Même pas. Ils sont désormais 40 % à ne plus voter PS, et beaucoup parmi les autres ne votent plus PS les yeux fermés. L’électorat captif, c’est terminé. Malgré les écoles de villes et villages qui ne peuvent faire face à la demi-heure quotidienne « d’activités » artistiques ou sportives, faute d’animateurs ou de proximité, la ministre persiste et signe :
« Mais que signifie ne pas trouver les animateurs pour animer les activités scolaires ? »
Un niveau de réponse d’une stupidité confondante. On dirait une adolescente qui envoie balader un problème technique en soupirant et en remettant son casque mp3. Avec Najat, c’est simple, les problèmes n’existent pas. Sinon elle les balaye. Le député-maire Nicolas Dupont-Aignan qui ferme « ses » écoles le mercredi à Yerres ? Il sera puni. Quand le maire fait défection, l’autorité du préfet s’impose. On ne plaisante pas avec la loi, chez les socialistes :
« Bon, d’abord, ne pas ouvrir une école ça revient à empêcher les enfants à accéder au droit à la scolarisation obligatoire… Bien sûr, qu’ils sont passibles de sanctions… Je trouve particulièrement étonnant qu’un maire songe un instant, lui qui est quand même le garant du respect de la chose publique, à ne pas appliquer la loi, à la violer délibérément, donc je demande aux maires de retrouver leurs esprits. »
Oui, car ne pas être d’accord avec les absurdités « socialistes », c’est être à moitié fou. Après l’argument fasciste habituel, voici la folie, argument rhétorique d’une adolescente. Un argument qu’on retrouvera au cours de la matinale…
- Najat, première lycéenne devenue
ministre de l’Éducation !
Cohen, pas le Cohen des sketches d’Élie & Dieudonné, mais Patrick (pas le Patrick du Divorce de Patrick), mais le Monsieur Liste Noire de la matinale, ne pouvait pas ne pas poser la question qui tue :
« La mallette pédagogique pour éduquer à l’égalité filles/garçons, c’est pour quand ?
– Nous sommes en train d’y travailler. [...] C’est-à-dire comment traiter, mettre fin à des traitements souvent inconscients mais différenciés des filles et des garçons qui conduisent on le sait bien à des orientations scolaires différenciées, à une autocensure chez les filles, parfois à un manque de respect entre filles et garçons, c’est de tout cela que nous voulons traiter, donc les enseignants seront formés à le faire dans les meilleures conditions possibles, nous ferons en sorte de leur mettre à disposition des outils pédagogiques adaptés, qui leur permettent de théoriser, d’avoir des exemples pratiques pour aborder le sujet… Il y a la réflexion sur les nouveaux programmes en effet avec le Conseil supérieur des programmes, qui va prendre en compte ces données, puis un dernier mot sur ce sujet égalité filles/garçons, comme il a fait couler beaucoup d’encre, et que je ne veux plus.
– Et ça continue.
– Et que je ne veux plus revivre de polémiques stériles, les parents seront étroitement associés pour qu’ils soient informés de la démarche dans, les conseils d’écoles, dans les conseils d’établissements, tout cela leur sera présenté en toute transparence, et pour que chaque adulte comprenne bien que c’est de l’intérêt des enfant que nous parlons. »
- Les Français ont pourtant l’air d’aimer les polémiques stériles
La nouvelle coqueluche des médias – mais pas des Français – annonce, avec grande autorité, ne plus vouloir revivre de polémiques stériles. C’est un ordre ? Inutile de manifester trois fois, comme en 2013, la gamine de 36 ans à l’ascension rapide a dit qu’elle ne voulait plus de polémiques stériles. On serait pour le coup presque d’accord avec Zemmour quand il affirme que les femmes ont achevé la politique. En tout cas, celle-là.
Cohen posera quand même une question piège :
« Est-ce que le mérite fait toujours partie des critères des nouvelles bourses ?
– Non, ce sont des critères sociaux… Donc on peut regretter la disparition de la bourse au mérite… Mais on a fait le choix d’accompagner beaucoup plus d’étudiants. »
Ça, on le savait depuis longtemps, et c’est désormais officiel. Le mérite est mort, l’égalité au sens de Renaud Camus a tout écrasé, arasé, pulvérisé. Plus de différences, le haut vaut le bas, le grand le petit, et surtout, le petit le grand. Le socialisme, c’est même plus la fin de l’ascenseur social, c’est la fin de l’escalier ! Vous qui êtes en bas, restez-y ! Vous qui êtes ignorants, demeurez-le !
7h55 : Sophia Aram dit « Poil au genre »
- Sophia, la psychiatre de la station
Sophia Aram, moustachue pour l’occasion, prend une voix de beauf, qu’elle imite très mal :
« Maintenant j’ai un service trois pièces dans l’calbuth ! […] Nan mais faut arrêter avec votre théorie du genre. […] Écoutez madame la ministre, mais qu’est-ce que vous avez fait pour qu’autant de dégénérés viennent répandre leur mauvaise orthographe et leurs fautes de syntaxes pour vous insulter sur le Net ? »
On cherche en vain l’humour. Contente de son effet, Sophia reprend sa voix normale :
« Mais est-ce qu’on pourrait pas en finir une bonne fois pour toute avec la paranoïa sur la théorie du genre ? […] Mais de quoi ont-ils peur ? […] C’est, c’est quoi le danger ? Que les femmes finissent par demander le même salaire que les hommes ? Nan pasque pour moi, pour le coup, ce qui me fout la trouille c’est quand j’entends Christine Boutin ou Farida Belghoul, l’autre Sœur Sourire de la crétinisation de masse, mener sa guerre sainte contre les ABCD de l’égalité en déclarant… »
Et là elle envoie un sonore, comme on dit en radio, de Farida Belghoul :
« Déconstruire les stéréotypes ça veut dire en vérité détruire l’homme. Alors ça peut paraître excessif comme propos… »
Sophia reprend, avec une voix de médecin :
« Non, non non Farida, c’est pas excessif c’est, c’est délirant, oui oui, mais y a des traitements pour ça, hein. On peut pas dire qu’ils aient été hyper efficaces sur Boutin mais je t’assure qu’à défaut de te ramener sur la terre ferme, ça t’évitera les bouffées délirantes, et tout le monde s’en portera bien mieux ! »
On se rappellera que les amalgames méprisants de la fausse humoriste sont rémunérés par le service public. Peut-on retrancher de notre redevance la part dévolue à France Inter, afin d’éviter de subventionner ceux qui nous insultent ? Nous travaillons sur la question.
7h50 : Léa Salamé gronde un mauvais Français
- D’après les spécialistes, Léa Salami est une sacrée intervieweuse
La nouvelle star de ONPC pose une question misérable à Nicolas Dupont-Aignan :
« Hier aux Université d’été du Parti socialiste, Manuel Valls a fait longuement applaudir la nouvelle ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, cible depuis une semaine de nombreuses attaques. Est-ce que vous auriez applaudi ?
– Non.
– Pourquoi ?
– C’est pas la question des personnes, c’est la question des politiques. On n’est pas dans le star system. Le problème de ce gouvernement, c’est le déni de réalité. »
On ne reviendra pas sur la vitesse de promotion de Léa (comme pour Najat), mais l’équation peut se formuler ainsi : V = f(n - i), avec V pour vitesse, fonction « f » du nombre de services rendus à la communauté, moins l’indépendance éditoriale. En l’occurrence, une Vmax s’obtient avec un « n » max et une « i » nulle. Sans oublier que i = 1/n. La formule finale, que Einstein ne pourra pas piquer, est donc : V = f(n – 1/n)
L’autre vitesse, avec laquelle la Salamé s’est glissée dans son nouveau costume de médiajuge, est sidérante, mais confirme que les intuitions des « décideurs » étaient absolument fondées. Léa sait prendre la voix cassante avec les invités de la liste grise, c’est-à-dire susceptibles de tomber dans la liste noire, établie par Maître Cohen. Alors qu’elle sait être très chaleureuse avec les gens qui comptent (elle a été la stagiaire d’Elkabbach), elle peut être glaciale avec les néofascistes qui poussent sur le terreau de la crise. Son jeu est si parfaitement manichéen qu’on risque de la voir échouer un jour ou l’autre au Grand Journal, ce sommet de propagande système. Et Natacha, diront les fans de la punkette de droite ? Elle ira ailleurs, c’est tout.
7h55 : le billet de Charline
C’est l’heure de l’humour féminin, car Inter est tout sauf sexiste, vous l’aurez compris. Charline balance à l’invité :
« Vous l’êtes déjà, sympathique, vous avez eu la courtoisie de rester assis pendant ma chronique alors que vous présidez le parti Debout la République, donc vous êtes à la république ce que la Danette est à la crème dessert ! »
Ha ha ha, sacrée Charline, superbe mépris de revers décroisé ! On en attend autant sur BHL ! Ne nous déçois pas, hein. Et merci en passant à la Belgique pour nous envoyer ses incroyables talents.
8h16 : Bernard Guetta et sa chronique géopolitique comique
Patrick Cohen envoie « les mauvais relents de la crise ukrainienne », et Bernard Guetta enchaîne avec son billet, dont voici la queue :
« Il ne se passe pas de jour sans que les États-Unis et l’Europe ne répètent à l’envi qu’il n’est pas question pour eux de répondre aux armes par les armes mais tout au plus ou encore, c’est loin d’être acquis, d’armer les troupes ukrainiennes dont l’équipement ne fait pas le poids face à la Russie. Cela vaut mieux, dira-t-on, qu’une Troisième Guerre mondiale, dit comme cela, ce n’est évidemment pas discutable, mais outre qu’un peu de fermeté n’annoncerait pas forcément l’apocalypse, le fait est que la détermination de Vladimir Poutine est en train d’enterrer, en Europe qui plus est, deux des plus grands principes sur lesquels les relations internationales étaient fondées depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale : l’absolue prohibition des annexions territoriales, et l’intangibilité des frontières. C’est la fin d’une époque, politique de puissance et faits accomplis c’est le début d’une nouvelle ère au parfum d’antan. »
Quel talent comique ! Et ce style, comment dire, léger comme celui d’un écrivain public de sous-préfecture… Alors que l’OTAN a fait bombarder la Yougoslavie au printemps 1999, dont les frontières ont été découpées à la hache germano-américaine, Bernard ose évoquer la « fin d’une époque ». Et on ne parle même pas de la modification des frontières israéliennes, qui ne doivent pas faire partie de sa juridiction… Bernard, c’est le David Guetta de la géronto pardon, de la géopolitique. Un clown céleste.
9h10 : Foenkinos tombe dans un Trapenard
- On est content pour toi, nous on va moins bien
Augustin Trapenard, c’est ce type énervant aux yeux brillants (c’est le seul truc qui brille chez lui) qui vend (très mal en plus) des bouquins inoffensifs chez de Caunes, le soir. Pour lui, le qualificatif « bien-pensant » est faible. Plus royaliste que le Roi des Juifs, il est expert en flatterie d’invité, surtout quand ils ont plus de communauté que de talent.
Après avoir critiqué Marine Le Pen en intro, Augustin lèche les bottes de David Foenkinos, ce que la littérature a pondu de plus absolument plat depuis Duras. Haziza a beau nous traiter de nazis (un honneur, dans sa bouche), on ne pouvait pas deviner l’objet du dernier livre de ce poulet gallimerdier.
Trape :
« Et vous avez conscience, David Foenkinos, que vous surprenez tout le monde hein, à commencer par votre public, qui vous connaît par votre humour (?), votre légèreté [Là on est 100% d’accord, NDLR], c’est un peu votre marque de fabrique, et on s’attend pas à ce que vous écriviez le portrait de cette artiste allemande, charlotte Salomon, qui est morte donc à Auschwitz en 1943 à l’âge de 26 ans ? »
Oh non ! On va encore se faire tuer ! Critiquer Foenki, c’est critiquer Auschwitz ? Les questions et réponses suivantes, pas forcément liées, donnent un aperçu de l’échange de très haute volée entre le vil flatteur et le vaniteux insignifiant… C’est du Jean de La Fontaine version 2014.
Trape : « Alors Charlotte c’est donc un roman qui ne peut que toucher le lecteur français hein, puisque Charlotte Salomon votre héroïne hein, a existé… »
Foen : « Moi je sais que ce livre sur Charlotte Salomon, c’est peut être le plus important pour moi, le plus personnel, celui que je portrais depuis, depuis euh longtemps…
– Ressusciter, pour vous, c’est un acte de mémoire ? […] Y a rien de politique dans l’écriture de ce livre ? […] Moi je veux bien que ce soit un hasard mais ça tombe bien quand même, du moins ça tombe à pic, à un moment où on reparle beaucoup d’antisémitisme…
– J’ai fait de très nombreuses recherches dans le sud de la France, quand Alois Brunner est arrivé à Nice, et a mené une chasse, une chasse terrible…
– Mais l’actualité politique d’aujourd’hui, David Foenkinos, elle vous intéresse ? La rentrée par exemple de Marine Le Pen, la rentrée du gouvernement, ça vous inspire quoi ? […] Et le lancement de la saison des prix littéraires vous y pensez, vous ?
– Ben forcément, quand on publie à la rentrée littéraire…
– C’est un rêve, le prix Goncourt ?
– Euh un rêve oui, forcément, toute forme de, de, de, de reconnaissance… »