Deuxième partie
Albert Ali – Donc tout d’abord,
comme le veut l’usage, j’aimerais remercier nos camarades
d’Égalité et Réconciliation Nord-Pas-de-Calais pour leur
implication. Donc je suis aujourd’hui parmi vous pour aborder ce
sujet : opposer l’islam à la France, l’islam et la
citoyenneté. Alors donc je suis toujours content de revenir dans le
Nord puisque je suis un fils du pays, un ch’ti comme vous, comme la
plupart d’entre vous ici. J’ai vu qu’il y avait quelque
parigots qui avaient débarqués, tout à l’heure. Donc c’est
toujours un plaisir de revenir ici.
Donc j’interviens aujourd’hui
effectivement avec Alain Soral que je connais depuis maintenant
plusieurs années. Je l’ai découvert comme de nombreuses ménagères
françaises quand il passait en 1998-99 chez C’est mon choix,
où il faisait des cours de calvitie pour les jeunes débutants qui
l’interpel aient en politique. Et j’ai effectivement suivi son
parcours, son œuvre. J’ai donc effectivement une vison assez
globale du personnage tant d’un point de vue personnel que pour son
œuvre. Et effectivement, j’invite tout le temps – puisque ces
questionnements vis-à-vis de sa posture et de son mouvement sont
assez répétitifs au sein de la communauté musulmane –, donc
j’invite chacun effectivement à juger un homme à travers son
œuvre globale et sa posture sur le long terme bien sûr et non pas
sur une vidéo ou sur un commentaire ou un article. Ce qui en général
n’est pas pertinent.
Pour ma part donc effectivement, je
suis originaire du Nord-Pas-de-Calais. J’ai passé les vingt-cinq
premières années de ma vie ici. Je me souviens particulièrement
ici à Roubaix, y’a exactement maintenant vingt ans, oui c’est
ça, une vingtaine d’années, où on avait organisé à l’époque,
jeunes musulmans militants qu’on était et motivés, dans une
grande salle proche de la mairie, une réunion sur la thématique
justement de l’engagement citoyen. Y’avait quasiment 2000
personnes. Je vois quelques visages qui sourient, un sourire
nostalgique. Et donc, je vois que vingt ans après, cette question
n’est pas achevée. Et on est toujours sur le sujet.
Donc j’aimerais dans un premier
temps, avant de vous proposer mon intervention en quatre axes,
rappeler d’abord que nous sommes effectivement chez les Ch’tis et
que le parcours qu’on a eu ici dans le Nord-Pas-de-Calais, région
très militante, nous a amené effectivement à connaître du monde,
à nous engager à travers un travail associatif assez large, une
production culturelle, etc. Et pendant très longtemps, notre
réflexion s’est limitée à la question de l’engagement citoyen.
Et on a peu abordé la question de la France tout court. C’est-à-dire
finalement, qu’est-ce qu’on fait ici ? Quel est notre
devenir ? Quelle est notre relation avec ce pays qui est le
nôtre, de toute façon ?
Et j’aimerais à ce sujet tout
simplement rappeler que le discours que je peux développer
maintenant, depuis 2006-2007, sur cette question de l’appartenance
nationale, sur la question de l’enracinement, voire même ce
que j’appelle « l’assimilation choisie », en fait
n’est pas nouvelle. Il y a des précurseurs. Et ici, chez les
Ch’tis, on a quelqu’un que beaucoup d’entre vous connaissent, qui
est notre frère Hassan
Iquioussen qui déjà en 1990-91-92, dans les
mosquées du Nord-Pas-de-Calais, qui n’étaient pas encore des
grandes mosquées construites en briques rouges, etc., mais parfois
des salles plus simples, il disait déjà à l’époque – ça nous
faisait beaucoup rire, on considérait que c’était excessif –,
il disait : « Nous sommes français. » Et si
aujourd’hui je suis là avec Alain, c’est que initialement,
Hassan devait intervenir il y’a quelques semaines de cela. C’était
à Rennes je crois ?
Alain Soral – Oui, oui.
Albert Ali – Avant que nos
« fans » et les groupies de Monsieur Soral, gauchistes
invétérés, ne soient venus perturber la conférence prévue. Et
donc elle a été annulée. Je vous renvoie donc aussi sur sa
dernière intervention qu’il a faite à l’IESH
[l’Institut
Européen des Sciences Humaines] de Paris, « La
France tu l’aimes où tu l’améliores ». Donc en vérité,
finalement, c’est ce nouveau discours qu’on commence à entendre
chez les militants musulmans, depuis quelques années, sur l’idée
d’assumer totalement son identité française, l’idée
d’enracinement, l’idée même d’assimilation qu’on pourra
définir après, et qui n’est pas quelque chose de nouveau parce
que finalement, d’autres ont initié cette réflexion déjà, il y
a vingt ans, vingt-cinq ans. Et finalement, on est dans cette
continuité.
Ce point étant précisé, mon
intervention va tourner autour du thème que nous avons défini. Et
je vais essayer d’apporter une approche un peu nouvelle en vous
proposant quatre clefs de lecture, quatre points d’analyse. Et
essayer de vous donner en même temps par rapport aux problématiques
que je vais soulever, on va dire des espèces d’outils pour pouvoir
éventuellement réfléchir, approfondir la question et essayer de
trouver des solutions. Ce serait une espèce de boîte à outils, la
« boîte à Albert », pour essayer d’approfondir à
chaque fois la problématique. Éventuellement, si la piste-solution
que je propose est pertinente, ça pourrait être une voie donc pour
continuer.
La citoyenneté
Donc ceci était dit, j’aimerais
dans un premier temps – mes camarades d’E&R me pardonneront –
triturer un peu le sujet. Et je vais volontairement – mais on
pourra revenir dessus si vous voulez après pendant les questions –
éliminer la question, la thématique, la troisième partie sur la
question de la citoyenneté. Volontairement. C’est une approche
pédagogique originale que je propose. Pourquoi ?
Pour une raison pratique. C’est
que d’abord si notre sujet – et c’est toute ma réflexion
depuis 2006-2007 – si notre sujet c’est la France – la France,
notre relation avec elle, notre place, notre identité –, la
citoyenneté est une notion qui même si elle remonte aux Grecs et
aux Romains, reste en France quand même une notion rattachée à la
Révolution française, et donc finalement, une notion assez récente.
Avant que les Français ne soient
des citoyens, ils étaient sujets du roi. Donc si on veut avoir une
vision, dans une perspective historique, plus large, on pourrait
effectivement dans un premier temps, s’en passer.
Je veux aussi éliminer de
l’équation le sujet de la citoyenneté – dans un premier temps –
parce que j’ai remarqué avec le temps, que c’est une notion
piège, particulièrement pour nous les musulmans. C’est une notion
piège parce que le militantisme issu de la communauté on va dire
immigrée, on va dire depuis une quarantaine d’années globalement,
et même si on remonte avant, pendant la période coloniale avec
l’engagement des militants nationalistes algériens par exemple,
qui a amené l’avènement de l’indépendance africaine, ça a
commencé avec le Parti communiste.
Plus tard après la décolonisation
à la fin des années soixante-dix par exemple, quand on voit les
premiers mouvements d’immigration engagés dans les banlieues,
etc., même si c’était très peu à connotation religieuse,
c’était des mouvements plutôt laïques qui ont trouvé la porte
d’entrée dans le politique à travers la citoyenneté. Et pareil à
partir des années quatre-vingt-dix avec toute la rhétorique
musulmane des mouvements d’inspiration plus religieuse mais
toujours issus de l’immigration. Puisqu’il y a toujours à peu
près ces deux temps. Un temps laïque, neutre, militant, des
quartiers populaires sur une thématique sociale, etc., inspirée et
influencée essentiellement par la gauche et l’extrême gauche. Et
dans un second temps, même les militants, on va dire, d’inspiration
musulmane pure, entrent en action sociale à travers la thématique
de la citoyenneté. Et jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs. Voyez
que les grandes institutions musulmanes qui veulent rentrer dans le
débat public, etc., abordent par exemple la question de l’engagement
politique par le biais de la citoyenneté, de l’engagement citoyen.
En fait, c’est un cache-sexe pour
dire comment constituer un lobby politique efficace.
Donc pour toutes ces raisons parce
que c’est assez perturbant de ce point de vue-là.
Et enfin pour une dernière raison :
si on imaginait que demain même le régime change et qu’on passe
du système d’apparente démocratique à quelque chose qui
changerait – pourquoi pas une monarchie ou plus vraisemblablement,
à un système plus totalitaire ou en tout cas une gouvernance
oligarchique –, demain si on supprime effectivement le système
démocratique qui sous-entend l’engagement dans la cité, la
citoyenneté, les droits et les devoirs, etc., qu’est-ce qui
resterait du musulman qu’on a coutume de définir maintenant comme
« le citoyen français de confession musulmane » ?
C’est la terminologie qui est
aujourd’hui dominante. Donc si demain la citoyenneté disparaissait
parce que le régime politique change, parce qu’on passerait à une
oligarchie ou parce qu’on reviendrait à une monarchie, ou autre,
quid de ce citoyen musulman qui a toujours défini sa relation par la
citoyenneté ?
Donc pour cette raison, je propose
de la supprimer – j’espère que vous ne m’en voudrez pas – et
de passer directement donc à mon deuxième point qui est le sujet de
l’islam et de la France.
L’islam et la France
L’islam et la France, c’est un
sujet très vieux. Il y aurait deux points à souligner à mon sens.
D’abord, une question historique.
La France et l’islam, c’est une
vieille histoire. C’est une vieille histoire et aujourd’hui si le
sujet revient, ce n’est pas parce que nous l’avons décidé.
Comme on l’a entendu précédemment,
nos maîtres qui décident pour nous, ceux qui dirigent, ceux qui
décident de l’agenda politique, ceux qui décident de l’agenda
médiatique, ceux qui définissent le discours dominant, ont décidé
de faire de la question de l’islam, à l’échelle mondiale comme
à l’échelle française et nationale, le point d’achoppement et
le point de crispation pour le bien-être social, pour le bien-vivre
ensemble. C’est une question qui s’impose de toute façon à
nous. Donc, comme c’est une question qui s’impose à nous, il
faut pouvoir l’aborder.
D’un point de vue historique, à
l’inverse de ce que beaucoup pourraient croire, la France
finalement est en contact très tôt avec l’islam, dès le
Moyen-Âge. On ne va pas faire ici un cours de médiéviste, mais je
vous renvoie aux grands spécialistes français sur le sujet et
rejoindre l’idée que finalement, il y a un travail à faire de ce
point de vue-là. C’est de dire quand on est face à une situation
difficile, on construit toujours une histoire, un récit mythique
parfois, qui pousse à la solidarité, et qui amène aux convergences
des forces, pour construire un discours de circonstance.
Donc s’il y a un travail à faire
– ce sera le premier outil que je vous propose de la boîte à
outils – c’est que nous autres musulmans de ce pays, nous ayons
le courage et l’intérêt avec les forces françaises libres, les
militants français qui voient l’avenir de leur pays en danger et
qui ont envie de se mobiliser pour essayer de le sauver, c’est de
réfléchir à ces questions de l’histoire et de dire qu’est-ce
qu’on peut valoriser dans le patrimoine historique commun parce
qu’il y a énormément de choses.
Parce que l’histoire de France,
c’est une histoire complexe, c’est une histoire très
diversifiée. Et le mythe de Poitiers, 732, les Arabes donc qui
arrivent dans la péninsule ibérique en 711, qui traversent les
Pyrénées en 719 et qui sont arrêtés ensuite en 732 par Charles
Martel, et ensuite on ne les revoit qu’à travers le regroupement
familial 1400 ans plus tard, ça n’existe pas. C’est faux. Tout
ça bien sûr, c’est la construction mythique de l’histoire. Et là,
il faut s’intéresser à des épisodes extrêmement intéressants.
En 984 les soldats musulmans
quittent les Alpes parce qu’ils avaient été appelés aux secours
des armées françaises contre des Italiens.
Des soldats musulmans sont encore
dans le Jura en 1090. Des alliances et des mariages se font entre des
princes et des émirs arabo-musulmans installés dans le Sud de la
France, avec des seigneurs locaux.
Donc il y a une histoire très
dense. On retrouve même des fatwas papales, des décrets du pape,
qui répondent à des problématiques de chrétiens du Sud de la
France pour savoir si un musulman peut les diriger.
Donc on a une histoire médiévale
très riche, très intéressante, faite bien sûr de conflits,
d’oppositions, d’emprunts, d’influences, d’enjeux politiques.
Y’a bien sûr les grands symboles
historiques de François Ier, Soliman le Magnifique, de Hârûn
ar- Rachîd
et ses relations avec Charlemagne.
Donc voilà, une histoire
diplomatique extrêmement dense, très riche, d’échanges
intellectuels, d’emprunts. L’histoire des croisades elle-même
est à la fois une histoire de conflits mais aussi d’échanges et
d’interpénétration culturelle et d’enjeux politiques.
Donc toute cette histoire est une
histoire imbriquée et on a un devoir de réviser cette histoire et
d’avoir le courage de réviser en vérité la période médiévale
pour essayer de mettre en exergue des points intéressants, de
valoriser un patrimoine commun en vérité qui est assez négligé.
Y’a aussi une production
intellectuelle francophone musulmane pendant le XIXème et le XXème
siècle.
Le dictionnaire des arabismes
prétend qu’il y a jusqu’à 740 mots dans la langue française
d’influence arabe.
Donc y’a une histoire
arabo-musulmane et française. Y’a une histoire de la France et du
monde musulman qui est particulière, qui n’est pas celle de
l’Angleterre, qui n’est pas celle des pays scandinaves, parce que
la France, c’est le bout de l’Europe et c’est surtout bien sûr
la mare nostrum, c’est l’histoire de
la Méditerranée. Et si on parle de la Méditerranée, on va au-delà
même et avant même l’islam, puisque les premiers musulmans qui
arrivent et avec lesquels la France est en contact, sont bien sûr
les Sarazins – qu’on appellera les Sarazins – mais qu’on
appellera plus tard aussi, quand ils vont survivre en Espagne et
quand ils vont être chassés et accueillis par Henri IV, les fameux
Mauresques.
« Mauresques » en vérité
qui désigne aussi les Maures, terminologie qui a changé à travers
l’histoire. Mais finalement les Maures sont tout simplement les
Berbères du Maroc et de l’Algérie actuelle, de l’ouest de
l’Afrique du Nord. Et ces Maures, on les retrouve avant même
l’avènement du Christ, puisqu’on les trouve dans les armées
romaines. D’ailleurs les Berbères ont même donné un empereur aux
Romains. Et c’est marrant parce qu’on avait déjà les Berbères
du Maghreb qui venaient foutre la zone en France puisqu’ils ont
participé à la Pax Romana pour soumettre les tribus
gauloises aux armées romaines et être les auxiliaires et déjà les
goumiers ou les soldats de l’armée coloniale de l’empire romain
quand il a commencé à soumettre les tribus gauloises et ensuite à
romaniser la Gaule.
Donc c’est une très vieille
histoire, l’histoire du Maghreb, des Berbères puis des
Arabo-berbères devenus musulmans, puisqu’entre temps ils étaient
aussi chrétiens. Donc c’est une histoire imbriquée qui mérite
bien sûr d’être connue, d’être valorisée, pour pouvoir
peut-être effectivement demain dire, dans nos écoles libres, à nos
petites têtes blondes et à nos petites têtes brunes « nos
ancêtres les Gaulois et nos ancêtres les Maures » parce que
finalement, c’est une histoire très imbriquée.
Donc voilà premier point important.
La France et l’Islam, c’est une histoire.
Et on a deux visions. On peut avoir
une vision identitaire et dire : y’a rien. Y’a eu 732, c’est
terminé. Puis ensuite, y’a eu l’immigration. Qu’on mette tout
le monde à la mer, faire la Reconquista. C’est
terminé, la France est sauvée. Donc un déni total de l’histoire
et une vision identitaire pure.
Ou bien essayer de réfléchir à
une lecture plus intelligente, plus conciliante, une lecture qui nous
amène à réviser cette partie-là et à réviser aussi ce qu’il y
a après. Réviser l’histoire de la colonisation, réviser
l’histoire de la décolonisation. Entre les deux, vaut mieux pas
toucher pour l’instant, puisque la loi nous l’interdit.
Mais être capable de tout réviser
parce que réviser l’histoire, c’est tout simplement la fonction de
l’historien à travers les siècles parce que l’histoire est
historique et qu’elle se réécrit constamment.
Donc premier point, la France et
l’islam, une question éminemment historique et un outil :
travailler, faire en sorte que nos jeunes qui sont en histoire, qui
ont envie de réfléchir sur des sujets de recherche puissent mettre
en exergue des travaux pertinents afin de ressusciter ce patrimoine
historique commun.
Deuxième point qui est extrêmement
important, dans cette histoire tumultueuse de la France, de Madame
France et de Monsieur islam, c’est qu’il faut savoir une chose,
et c’est extrêmement important pour nous autres musulmans qui
parlons d’un point de vue musulman. Parce qu’on peut tout à fait
être issu de l’immigration arabo-musulmane, de l’immigration
postcoloniale, et ne pas se sentir nécessairement attaché à des
catégories d’analyse purement musulmanes. On peut tout à fait
être un musulman « de culture », s’assimiler
intégralement, ressembler aux gaulois – peut-être avec une
différence de patronyme – et ne pas se sentir concernés par ces
sujets.
Mais si on est attaché comme un
certain nombre d’entre nous – et de plus en plus – à la norme
musulmane, à la place des sources musulmanes dans notre
compréhension du monde, il faut prendre conscience d’un point
essentiel. C’est qu’aujourd’hui – ça donc ce n’est plus
une approche historique, mais c’est plutôt une approche purement
théologique – la question de la présence musulmane en terre
française, pour un musulman attaché à ses sources, c’est une
anomalie. Ça peut intéresser nos amis identitaires qui veulent
faire la Reconquista, je vais leur donner la recette. C’est
que pour un musulman, vivre dans une terre non-musulmane n’est que
le résultat de la déchéance historique, de la décadence des
empires musulmans, des sociétés musulmanes par le passé.
C’est-à-dire que se retrouver en tant que musulman, en tant que
minorité dans un espace non-musulman, c’est une anomalie. C’est
pas logique.
Mais l’islam étant à la fois une
théologie et une spiritualité – historiquement, c’est largement
démontré pour ceux qui en douteraient –, il y a une plasticité.
C’est-à-dire que vous trouvez dans l’histoire des musulmans qui
étaient minoritaires au pouvoir dans des populations à majorité
non-musulmane. Par exemple en Inde. Vous trouvez des musulmans qui
étaient minoritaires sous domination majoritaire non-musulmane.
Et c’est le cas dans beaucoup de pays. Mais vous trouvez aussi des
musulmans majoritaires sous domination non-musulmane, comme par
exemple dans l’empire colonial pendant cent trente-deux ans.
Donc finalement, les musulmans et la
pratique de leur religion, de leur foi et de leur système de vie,
possède une élasticité. Ça veut dire que tant qu’il y a un
certain nombre de fondamentaux qui sont préservés, on voit que
l’essentiel des avis juridiques, l’essentiel de la doctrine
religieuse s’adapte. Et c’est sous la contrainte – c’est là
où on peut donner la recette aux identitaires s’ils veulent
réussir une Reconquista en France – c’est sous la
contrainte que le musulman pèse l’équilibre entre l’exil et la
sédentarisation, et l’enracinement définitif, entre l’exil
forcé ou le souhait de rester dans sa terre. C’est tout simplement
la pression accrue qu’il y a sur les aspects périphériques de
l’islam jusqu’aux fondamentaux. Donc quand il y a une pression,
une interdiction d’expression officielle, de construction de lieux
de culte, etc., vous avez une partie bien sûr des musulmans. Et ça
il faut revenir à l’histoire de l’Espagne musulmane où on
retrouve effectivement cette gradation. Au fur et à mesure que la
pression vient, un choix, un équilibre est à faire. Les plus
motivés partent plutôt. Et c’est toujours effectivement les plus
faibles qui restent. Jusqu’à avoir. Vous aviez sous l’Espagne
musulmane des savants musulmans – des imams – qui faisaient des
fatwas, des avis juridiques autorisant les musulmans à simuler leur
chrétienté et à aller même à l’église, tout en priant cachés
dans les catacombes.
Donc au fur et à mesure que la
pression vient jusqu’à effectivement ce qui est le plus intime, la
croyance, lorsque la croyance est définitivement interdite eh bien
là, il n’en reste plus beaucoup. Et au final, ceux qui restent
comme les Mauresques en Espagne – qui avaient pris des prénoms
chrétiens, qui avaient adopté le christianisme comme religion
officielle, etc. – finalement finissent par être expulsés
physiquement.
Donc voilà, ça c’est extrêmement
important pour comprendre le point de vue musulman. C’est-à-dire que
le résultat de notre histoire, c’est une histoire d’exil
permanent. C’est une histoire finalement de décadences successives
qui amène aujourd’hui à comprendre notre réalité à travers
encore une fois les textes sacrés. Nous avons un texte fondamental,
une parole prophétique, ce qu’on appelle le hadith où le prophète
de l’islam dit que la première chose qui sera retirée au sein du
monde musulman, c’est le pouvoir conforme, le pouvoir orthodoxe,
qu’on appelle les califes bien guidés – ça a duré trente ans.
Et la dernière chose qui sera enlevée, qui sera abandonnée, c’est
le culte, c’est la prière. Donc l’histoire musulmane est tout
simplement une histoire d’éloignement permanent finalement de la
norme.
Et aujourd’hui, la domination du
monde européen à partir on va dire de 1492, de la chute de Grenade
et le changement des grandes routes maritimes qui faisaient avant de
l’empire musulman le lieu central du monde, eh bien cette décadence
accélérée a amenée la colonisation bien sûr, et a amené, après
la décolonisation, les musulmans à quitter leur terre – donc nos
pères, nos grands-pères, nos arrières-grands-pères – pour venir
s’installer en terre européenne, en terre française. Donc nous en
sommes le résultat et c’est un accident de l’histoire.
Et c’est très important ce
deuxième outil que je donne, parce que ça évite aux jeunes
musulmans passionnés de croire qu’ils vont établir le califat et
mettre le drapeau du prophète sur la tour Eiffel. Ça calme de
prendre conscience à quel point on pue la défaite, tout simplement.
Non mais c’est important. Et à quel point notre situation
finalement est une situation d’une faiblesse extraordinaire. Et
donc il faut tenir compte de ce point et ça serait le deuxième
outil que je pourrais donner. C’est considérer sincèrement et
complètement notre situation, notre poids réel, ce qu’on est
réellement. On est tout simplement l’histoire d’un exil
permanent, d’un déracinement continu. Et ça, c’est une question
de fond. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on a à faire à un islam
en France qui est une anomalie historique. Et cet islam qui est porté
par des individus, par des musulmans, fait que y’a aujourd’hui
effectivement des musulmans en France majoritairement attachés à
leur pays, qui ont a priori envie d’y rester, même pour les plus
virulents d’entre eux ou les plus anti-français d’entre eux.
Parce que les plus anti-français d’entre eux qui arborent le
teeshirt Maghreb United, la première chose qu’ils font quand ils
arrivent à l’aéroport d’Orly, c’est de baisser le sol
tellement ils sont contents de revenir dans leur pays d’origine.
Donc voilà, deux points essentiels.
Une approche on va dire historique et une approche plutôt
théologique, pour comprendre le cadre dans lequel la question de
l’islam et de la France se pose, à la fois pour tout le monde d’un
point de vue historique et d’un point de vue purement théologique,
pour les musulmans. Donc pour le musulman, tant que les fondamentaux
de sa croyance et de son culte peuvent être respectés, il a un
système de croyances suffisamment élastique pour s’adapter et
épouser naturellement la culture dominante, et finalement devenir un
membre de la communauté nationale comme un autre. Lorsque cette
pression sur les convictions, sur les croyances, devient trop
importante, eh bien c’est un équilibre. Et si on cède, on cède.
Si on est attaché à ces références, on finit par partir.
Si on parle effectivement d’islam,
on parle des musulmans. Ça c’est mon troisième point essentiel.
C’est que j’ai remarqué qu’on
parle beaucoup d’immigration, des musulmans, puisque globalement
s’il y a de l’islam en France et des mosquées, c’est parce
qu’il y a eu de l’immigration. Premier élément essentiel sur ce
sujet, c’est que vous remarquerez que la question de l’immigration
finalement, on parle de notre histoire personnelle. Et c’est une
question qui est posée par le système médiatique dominant, par le
système politique plutôt comme une nécessité. Et elle est plutôt
défendue. C’est-à-dire que vous avez le discours politique ambiant
– même s’il y a quelques évolutions ces dernières années –
mais globalement le système politique médiatique intellectuel,
artistique etc., est plutôt immigrationniste, voire même
sans-papiériste. Donc on prône plutôt l’immigration en France.
Mais étrangement, depuis ces dernières années, on voit apparaître
une laïcité de combat et un anti-islamisme primaire, rabique.
Voilà, j’ai entendu encore
aujourd’hui la jeunette du gouvernement qui nous parlait de la
laïcité, etc.
Donc aujourd’hui quand on dit « la
laïcité », c’est parce qu’on parle des formes
d’expressions publiques de l’islam, tout simplement. C’est plus
le curé qui veut enseigner aux enfants le catéchisme. Y’a
longtemps que cette bataille a été gagnée par nos adversaires
intégristes laïques.
Donc ces musulmans sont là parce
qu’il y a une histoire de la colonisation et de la décolonisation.
Et là il faut se pencher sur un point important. C’est qu’on a –
si vous questionnez les gens de ma génération et les plus jeunes,
vous voyez qu’on a très peu discuté finalement avec ces fameux
immigrés –, y’a eu très peu d’échanges et de réflexions et
de témoignages entre notre génération, nos plus jeunes et nos
anciens qui eux ont fait cette démarche d’immigration. Et là, y’a
matière à réfléchir parce qu’en vérité, l’immigration,
c’est une question aussi au-delà des aspects économiques, des
aspects politiques, etc., c’est une question éminemment
psychologique. Parce que quand vous êtes un jeunes berger des Aurès,
que vous avez dix-neuf, vingt ans pendant les années
cinquante-soixante, et que vous êtes obligé de quitter la terre ou
l’histoire officielle de votre pays – je pense par exemple à
l’Algérie qui est la terre libérée avec un million et demi de
martyrs dont le sang a fertilisé la terre, etc., etc. –, donc tout
le discours mythe révolutionnaire national, vous êtes obligés de
quitter le pays de vos pères, non pas pour aller chercher du
travail, au Canada, aux États-Unis, mais pour revenir dans la terre
du pays qui a dominé votre patrie pendant cent trente-deux ans. Y’a
une vraie réflexion psychologique à faire. Y’a un anthropologue
américain qui s’appelle [Karvelo] Oberg qui a travaillé
sur ça, et il a appelé ça – il a été le premier à le nommer –
« le choc culturel ».
Cette notion de « choc
culturel », elle est extrêmement intéressante parce qu’elle
est reprise aujourd’hui même, par exemple, pour l’accueil des
immigrés dans les hôpitaux, etc. Et qu’est-ce que nous dit
Oberg ? Il nous dit tout simplement quand on est socialisé dans
un endroit et qu’on le quitte, quand on est socialisé, on vient
avec un bagage de références culturelles, on vient avec un certain
nombre d’acquis qui ont été transmis générations après
génération, des gestes, une norme, des codes qui constituent un
ensemble de signes symboliques. Et quand on vient avec ce capital de
symboles et de culture qui fait ce qu’on est, et qu’on arrive
dans un environnement qui n’est pas nécessairement le même…
Quand on est Sicilien catholique profond et qu’on quitte le
fin-fond de la Sicile et qu’on débarque à Paris après mai 68,
y’a un décalage. C’est pas un décalage qui est aussi profond
qu’un Sénégalais, un Chleuh
ou un Berbère d’Algérie qui arrive dans le même endroit, mais
y’a toujours un décalage. Et ce décalage, il crée une tension
interne, il crée psychologiquement une situation de détresse, un
manque de repères, un besoin de rechercher des éléments, une
codification, qu’on maîtrise. Eh ben comme on accroche pas, on
rencontre des problématiques de signes, de communication et ça crée
de la tension. On porte une altérité. Et cette rencontre des
altérités, elle crée de la tension. Alors nos pères étaient
humbles, ils étaient discrets et ils ont vécu et porté ce choc
culturel, ce traumatisme de l’exil en eux.
Et si vous les interrogez, vous
faites le travail, très peu d’entre eux parlent, parce qu’ils
sont fiers, parce qu’ils sont humbles et parce qu’ils ont
surmonté ça à travers le temps. Mais ce qui est important et qui
peut aussi expliquer la situation des jeunes issus de l’immigration
depuis les trente dernières années, c’est qu’ils étaient dans
cette vision, qu’ils subissaient ce choc culturel défini par
Oberg. Et ils étaient en même temps dans ce que Abdelmalek
Sayad, le sociologue de
l’immigration, a appelé, l’« illusion du provisoire ».
C’est-à-dire qu’ils se disaient : « De toute façon, on
va rentrer ». Et la société d’accueil – donc en
l’occurrence à l’époque la société française – pensait
aussi en partie, « qu’ils n’allaient pas rester ».
Donc tout était provisoire.
Mais comment penser un logement
provisoire ? Comment penser le temps passant alors qu’on crée
le regroupement familial, que les enfants grandissent, comment penser
une éducation provisoire ? Comment transmettre ce capital de
symboles, ces traditions, ces mœurs, ces coutumes, ce que Gustave
Lebon appelait la constitution mentale des peuples, ces rites de
générations après générations, comment les transmettre à des
enfants finalement qu’on voit quotidiennement nous échapper parce
qu’ils ne ressemblent pas aux codes qu’on a reçus ?
Parce que. Et ça, moi je l’ai
vécu, je me souviens. C’est une anecdote frappante. J’étais
petit. On avait déménagé. Mon père n’a jamais voulu habiter
dans les appartements. Donc, il a choisi d’habiter dans une maison
très tôt. Donc c’est une maison. Ici c’est l’industrie
textile. C’est une peu comme dans le valenciennois, ce qu’on
appelle les corons, les maisons des mines. Ici c’était les
maisons textile, donc dans ces cours. Et donc on a quitté la petite
maison de la cour pour une maison plus grande. Il avait accédé à
l’époque, grâce à la puissance de la banque – il n’avait pas
attendu la fatwa à l’époque mon père –, il avait acheté une
maison. Et un jour, il rentre. Il était en colère, il était
énervé. Il vient et il dit : « Qui est-ce qui a bougé
le rideau de la fenêtre ? » Et là bon, c’est le père
berbère, les Aurès. Il avait des mains d’ouvrier textile. Tous
les soirs, il déplaçait jusqu’à vingt-cinq balles de coton de
quatre cents kilos à la main, et il dit : « Qui est-ce
qui l’a bougé le rideau ? Alors bon, tout le monde se tait,
et je dis : « Ben c’est moi ! Mon copain est
passé… » Donc je commence mon explication. J’ai voulu lui
parler… J’ai pas eu le temps de finir l’explication, j’ai vu
des étoiles. Il m’a dit : « La prochaine fois que tu
bouges le rideau, je te tue. » Mais je me dis, il est fou
celui-là ! Je vais aller voir l’infirmière de l’école, je
vais me plaindre. En fait, j’ai pas compris sur le coup. Ça, c’est
un exemple typique de cette confrontation des altérités, de ce choc
culturel. En fait pourquoi il était en colère ? Parce qu’au
fin fond de son village, quand il était berger, qu’il a quitté
quand il avait dix-neuf ans, au fin fond des villages perdus des
montagnes berbères, quand le rideau de la fenêtre est légèrement
bougé, ça veut dire que c’est le signe qu’une femme de petite
vertu habite dedans. Donc il m’a dit, après la gifle, il a dit :
« Pour qui tu veux qu’on prenne ta mère ? » Mais
moi, quand il m’a dit ça, j’ai pas compris le lien entre la mère
et le rideau. Je me suis dit qu’est-ce que ça veut dire la mère
et le rideau. De toute façon, j’avais intérêt à trouver la
solution parce que vu le nombre d’étoiles que j’avais comptées,
j’avais pas d’autres choix que d’essayer de comprendre. Et ça,
c’est un exemple typique de la socialisation d’un individu dans
un espace culturel défini avec son histoire, sa norme, etc. Et le
fait qu’il quitte ce terreau initial et qu’il se retrouve dans un
autre système de valeurs.
Donc cette situation psychologique,
ou en tout cas cette histoire psychologique de l’immigration – ou
en tout cas de nos pères – elle est importante parce qu’elle
peut expliquer beaucoup de choses dans le rapport à l’éducation.
Ça peut expliquer beaucoup de choses dans leur incapacité à
essayer de transmettre un système de codes à des jeunes qui sont
nombreux, qui habitent dans un appartement qui n’est pas taillé
pour eux – un T3 alors qu’ils sont six gosses – dans un système
scolaire qui après mai 68 est en déliquescence totale, au fur et à
mesure. Et c’est très difficile de pouvoir essayer de transmettre
un certain nombre de valeurs parce qu’on a rien d’autre. On a
rien d’autre. C’est tout ce qu’on maîtrise. Parce que
l’éducation, c’est tout simplement transférer le capital acquis
à des jeunes qui de l’autre côté sont effectivement encadrés par
une école, par un système de valeurs fondé, transmis par la
musique, etc., le rap, tout ce que vous connaissez.
Donc ça explique beaucoup de choses
dans la façon dont des générations entières ont échappé au
système d’éducation de nos pères qui ont quand même malgré
tout transmis un certain nombre d’éléments. Mais on sent très
bien, décennies après décennies. Moi j’ai pu le constater, que
ce soit dans l’éducation des filles avec des choses qui sont
inimaginables dans leur pays d’origine.
Donc ça, c’est une point
important, et je pense que là, y’a… Au lieu de passer notre
temps à travailler sur l’idée de sans cesse parler de cette
histoire d’immigration, d’exploitation de l’immigré, etc., il
faudrait déjà avoir un peu de piété filiale, penser à nos pères,
réfléchir et s’asseoir avec eux et leur dire : concrètement
comment t’as vécu ça ? Qu’est-ce que c’était ?
Parce que prendre conscience de ce traumatisme-là va nous donner
des repères pour penser l’éducation parce que – on en reparlera
à la fin – la solution demain pour sortir de l’impasse, c’est
effectivement la façon dont on va penser notre modèle d’éducation
pour les enfants qui arrivent. C’est la façon dont on va penser
notre discours général. Le système de valeurs qu’on veut
défendre, pour pouvoir le penser, il faut pouvoir effectivement
faire ce que j’appelle une autopsie du traumatisme migratoire,
réfléchir un peu à cette phase par laquelle sont passés nos
pères.
Dernier point par rapport à cette
question de l’immigration, c’est que quand on a commencé à
réfléchir sur les démarches militantes qu’on pouvait adopter, on
a immédiatement été prisonniers – ce qui s’explique aussi –
d’une triple idéologie qui nous a finalement complètement
ceinturés. La première idéologie qui a dominé et qui domine
d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui – puisqu’on le voit dans le
discours des Indigènes de la République et du PIR – c’est
l’anticolonialisme.
L’anticolonialisme naturellement
on ne pouvait qu’y aboutir. Ça a d’ailleurs été mon travail
dans un premier temps. Vous retrouvez d’ailleurs mon précédent
bouquin Marianne m’a tuer où j’aborde ce passage, cette
influence de l’histoire coloniale. Et c’est vrai quand je me
repenche, quand j’étais plus petit, mon père faisait aussi une
chose. Il commençait à apprendre à lire le français avec un vieux
chrétien, un vieux voisin qui lui apprenait le français, et il
amenait des revues de la guerre d’Algérie qu’il a vécu parce
qu’il était petit – il devait avoir treize ou quatorze ans. Et
il passait ses soirées pendant un moment – ça a duré six, sept
ans, et après il a arrêté ; mes frères petits ne l’ont pas
vu – mais il passait son temps à me montrer les différents
appareils de l’armée française, les hélicoptères, etc. Et il
m’expliquait : « Voilà, celui-ci fait tel bruit, ça
s’appelle ainsi. », etc. Et d’ailleurs mon prénom berbère,
c’est le prénom d’une grand résistant des Aurès. Donc on a été
baignés dedans pour beaucoup d’entre nous.
D’autres ont eu d’autres
parcours. Les Turcs, c’est pas nécessairement leur histoire parce
qu’ils n’ont pas été colonisés. Mais pour les Maghrébins
d’une manière générale et en particulier pour les Algériens –
mais les musulmans en France, c’est à peu près deux tiers,
soixante pour cent des Maghrébins ; donc c’est quand même la
communauté majoritaire –, on a été baignés dans cette histoire
coloniale familiale, qui est toujours centrée, qui est toujours
localisée ; c’est l’histoire de la famille. Et donc
naturellement, on ne pouvait que porter cette histoire, sans
malheureusement avoir des outils pour la déconstruire parce que nos
pères nous ont donné des bribes, comme ça, d’informations :
« Y’a eu une fois, une compagnie de harkis avec des soldats
qui sont venus. Ils cherchaient des gars du FLN. Ils ont cassé le
stock de grains, ils ont bousculé les femmes. » La maman qui
dit : « Oui, les filles, quand les soldats français
arrivaient, quand ils étaient avec des compagnies de harkis, elles
se mettaient de la suie de cheminée sur le visage pour se
dissimuler, etc. » C’est des bribes d’histoire qui sont
finalement très limitées et qui ont construit un rapport à la
domination coloniale qui est très ambigu.
Si vous reliez cette histoire de la
colonisation mais familiale au discours dominant, c’est-à-dire
l’histoire officielle de la colonisation, le discours médiatique,
le discours des enseignants, de ceux qui détiennent les chaires
d’histoire sur le sujet, etc., on a un carcan idéologique
anticolonial qui s’est imposé à nous et qui nous a complètement
bloqué et qui a empêché la tentative de penser au-delà et penser
notre lien avec la France. C’est-à-dire que finalement, si la France
a colonisé mes pères, je porte quelque part une vision de colonisé
permanent.
Et donc avec cette idéologie de
l’anticolonialisme, il y a l’antiracisme.
Parce que en tant qu’immigrés,
nécessairement. Mais c’est la réalité de tous les immigrés dans
toute l’histoire de l’humanité depuis l’Antiquité. L’immigré,
le dernier arrivé, parce qu’il y a ce choc des altérités, parce
qu’il y a cette tension entre cultures, nécessairement est le
moins bien loti. Il a pas les avantages sociaux, en tout cas les
avantages de classes, les avantages d’être issu de là. Et donc
nécessairement, des situations de discrimination ou autres,
existent. Et là encore, si on regarde le système dominant, comment
il a fait de l’idéologie antiraciste, une idéologie
d’encadrement. On a été complément dedans. Nos grands frères
ont tous fait SOS Racisme, la Marche des Beurs, le Touche pas à mon
pote, etc. Donc, c’est la deuxième idéologie qui nous a
encerclés.
Et enfin, de plus en plus, on
adopte, avec trente ans de retard, l’antifascisme comme troisième
système de références. On peut maintenant désigner entre
musulmans : lui c’est un fasciste, lui c’est un
gauchiste. On en arrive là aujourd’hui.
Et ces trois systèmes, ce triptyque
idéologique, nous a complètement encerclés.
Et là, je propose un outil. C’était
celui dont on a parlé dans la dernière vidéo que vous avez
peut-être vue avec Nabil
Ennasri. C’est la question des catégories
d’analyse. C’est-à-dire que si on veut penser notre futur, si on
veut sortir de la situation de tension dans laquelle nous sommes
aujourd’hui, il faut emprunter d’autres catégories, il faut
sortir des catégories antifasciste, antiraciste, anticoloniale,
etc., et plonger dans nos sources, dans nos propres références pour
penser avec nos catégories historiques, avec notre patrimoine qui a
1470 ans d’histoire et des milliers d’ouvrages par nos ancêtres
qui ont écrit énormément de choses au sujet de la lecture et de
l’analyse de nos sources scripturaires. Et de là, penser avec les
catégories qui nous sont propres, comment nous émanciper du
système.
Et je terminerai par un autre point
qui est essentiel. C’est que si on veut penser l’avenir, quand on
a compris la relation particulière de la France et de l’islam,
quand on a compris que cet islam est porté par les immigrés, qu’il
faut relire cette histoire de l’immigration et la dépasser et
passer cette phase de traumatisme, il faut penser la question du
combat et de la résistance. C’est-à-dire que pour revenir à Carl
Schmitt, il faut travailler à hiérarchiser les menaces. Et il faut
pouvoir sortir encore une fois des luttes qui nous sont imposées.
On nous dit aujourd’hui :
« Il faut décoloniser les élites françaises ». C’est
le discours par exemple du PIR. Sarközy, je ne sais pas si vous avez
vu la dernière vidéo d’un élu des Îles, un Africain, qui disait
que Sarko aurait appelé les présidents africains qui voulaient
proposer une solution négociée à la Libye, et il les a menacés de
les buter. Donc voilà, parfait colon : « Bwana (sic)
[Bamboula], tu restes chez toi. Si tu prends l’avion, je
t’allume. » Et quand il a fini son mandat, comme tout colon
qui se respecte, il va chez l’indigène et il prend trois mois de
vacances dans un riad qui est le fruit d’une spéculation
immobilière monstrueuse et qui est en train de dégager tous les
pauvres du Maroc.
Eh ben effectivement, quarante ans
après, y’a rien qui a changé. On a beau crier, dire « il
faut décoloniser les élites », mais ils en ont rien en faire
de toi. « Si tu prends l’avion, je te dégomme. »
Troisième partie
Alain Soral – Excuse-moi de
faire une petite remarque. Sarközy au cas où ça vous aurait
échappé, nous a d’abord colonisés, nous les français, avant de
se comporter comme un colon français. Il est hongrois par son père.
Il est – on va le dire sans angoisse – juif par sa mère. Il est
issu de la grande famille des Mallah de Salonique, pour ceux qui
connaissent l’histoire de la destruction du califat.
Donc y’a aussi ce problème. Les
français d’origine immigrée musulmans montrent souvent du doigt
des élites françaises oppressives dont les premières victimes sont
les français de souche, eux-mêmes. Et ça, il faut aussi en prendre
conscience, je veux dire. Je ne suis pas sûr que Hollande soit mon
président. Mais Sarközy ne l’était pas non plus. Donc de ce
point de vue-là, nous avons un persécuteur commun.
Et c’est aussi une raison de plus
de dépasser cette fausse opposition que moi je serais représenté
par Sarközy et que je représenterais en fait Sarközy, et toi tu
représenterais le type qui vient de descendre du bateau alors qu’il
est possible que tu sois arrivé en France avant moi. On arrive à
essayer de tout remettre à plat pour produire des catégories au
moins efficaces. Parce que moi, ce que j’ai dit récemment, pour
ceux qui ont vu mon face-à-face avec Chaambi [Débat sur
Oumma TV avec Abdelaziz Chaambi, mars 2012], c’est quel que soit le
point de vue qu’on a, à un moment donné, il faut regarder –
c’est comme au football – le résultat pratique.
Le résultat pratique, c’est
qu’après quarante ans de diverses soumissions très souvent
honteuses – dont la dernière est l’appel des imams de France à
voter Hollande dès le premier tour – eh ben ça n’a pas apporté
grand-chose en termes de privilèges ou de force communautaire,
puisque la communauté musulmane de France est forte de six ou sept
millions d’âmes et que dans la hiérarchie du pouvoir
communautaire, elle est en avant-dernière position, avant je pense
les Africains qui sont encore plus difficiles à déterminer comme
communauté, tellement leur diversité d’origine est immense.
Donc moi, je fais des propositions
qui peuvent rejoindre les tiennes par certains aspects, parce que
c’est un peu la réponse du gaulois. C’est pour ça que là je
voudrais faire quelques remarques du français de souche. Parce que
j’aime bien le terme « de souche ». Il est agaçant
mais il existe quand même. Même si un français de souche est
parfois un polonais de la deuxième génération… Moi-même, je
vais le dire très simplement. Je suis Savoyard de dix-sept
générations, je suis français depuis 1860. Parce que c’est bien
d’avoir de la culture.
Albert Ali – Après les Algériens.
Alain Soral – Donc après
les Algériens, malgré l’indigénat, et après les Antillais. Mais
je suis quand même français de souche parce qu’en fait quand
même, il faut reconnaître les catégories telles qu’elles
fonctionnent. Parce que je suis blanc et catholique. Et que c’est
comme récemment, on m’a dit : « Vous dites que Audrey
Pulvar est la "noire
de service"
mais elle est pas africaine, elle est antillaise. »
Je dis : pour les médias
dominants et pour le système, c’est la « black de service ».
Personne n’a rien à foutre de savoir si elle vient des Antilles ou
d’Afrique.
De même quand on dit en France un
« Arabe » – il faut le dire vous êtes des Arabes –
on sait pas si le type est maghrébin, d’où il vient du Maghreb.
Et en fait, il faut avoir le courage de fonctionner sur les
catégories valides.
C’est-à-dire que c’est peut-être
plus joli d’appeler un aveugle, un « non-voyant », mais
le non-voyant ne recouvre pas la vue pour autant. Donc il faut avoir
la virilité des catégories et effectivement nous sommes dans un
monde de simplification, un monde de masse, un monde de médias et un
monde de manipulations. Et d’ailleurs j’avais pris cet exemple
très précis de Krivine – donc un des pères, un des
protecteurs soi-disant des immigrés – qui disait avec la petite
main sur l’épaule, voyez, bien paternaliste ; il avait le
beur de service là, à côté de lui, et il disait : « C’est
vrai qu’il n’y a pas assez de Beurs et de Blacks en politique
française. » Voilà, il y avait les Beurs et les Blacks. Et moi
j’aurais été le petit gars, j’aurais dit : « Ouais,
mais c’est peut-être parce qu’il y a trop de Youpins. » C’était
à peu près sur le même niveau ! C’était sur le même niveau et
évidemment, c’est ces catégories-là qui sont les vraies
catégories.
C’est quelle va être dans le
prochain gouvernement, la beurette de service, la blackette de
service. Et on a même une semi-asiat je crois maintenant, parce
qu’il faut quand même gérer – à cause des problèmes de
Belleville – aussi une certaine colère asiat.
Alors les grands sociologues vous
disent : « Oui, mais c’est pas pertinent parce que
machin… » Alors après ils vous disent : « Ça
n’existe pas. » Parce que quand on fait de la sociologie de grande
précision, rien n’existe à la fin. La France n’existe pas,
l’Algérie n’existe pas, les Noirs n’existent pas. Bon ben,
c’est très bien, rien n’existe, c’est la subtilité intégrale.
Mais malheureusement, avec ça, on ne fait pas de politique non plus.
Donc moi pour répondre à mon
camarade Albert, j’entends tout ce qu’il me dit, et là je me
fais exprès la voix, on va dire, du Gaulois. Gaulois qui est très
ambigu parce qu’un Gaulois, ça veut dire un celte. Et y’a de
bonnes chances que le type n’ait pas de racines celtes, si on les
cherche. Mais c’est pas grave. Il y a la mythologie nationale. Le
FLN a droit à la sienne. Nous, Français, avons droit à la nôtre.
C’est « nos ancêtres les gaulois », puis après Jules
Ferry et l’école laïque obligatoire et gratuite. Il faut
aussi tenir compte des mythologies nationales qui sont toujours des
systèmes d’adhésion, de valorisation d’une communauté
dominante. Et ça a souvent un résultat efficace pratique, c’est
de maintenir une communauté dans un état de paix et de fierté
générale.
Il est très difficile de faire
marcher un pays si les gens détestent tous leur pays et s’ils se
détestent tous entre eux.
C’est quand même le travail
permanent des hommes politiques français.
Alors que normalement, leur travail,
c’est le contraire. C’est de faire en sorte que les citoyens se
sentent fraternels entre eux et qu’ils aiment leur pays. On
remarquera que depuis les années, après mai 68 de façon accélérée,
on va dire après la disparition de de Gaulle, tout le travail
des éducateurs a été de nous faire haïr la France, que ce soit
aux Français de souche ou aux immigrés, et de faire en sorte que
tous les Français soient des individus insupportablement arrogants
et se détestent et s’insultent tous entre eux. Forcément tout ça
mène à la catastrophe. Ça aussi, c’est des constats pratiques.
Donc moi, y’a deux choses que je veux faire remarquer du point de
vue gaulois et qui sont des choses assez brutales. Mais je suis
souvent brutal. C’est ma manière de savoir. Je vais dire deux
choses qui vont choquer.
Les Français en tant que peuple
n’ont pas participé à la colonisation. C’était un projet des
élites maçonniques et d’argent. Et comme la France était un
grand pays assez peu peuplé à cause des guerres napoléoniennes qui
ont fait beaucoup de morts, et que c’est un pays relativement de
bien-vivre, les Français en tant que peuple n’ont pas adhéré au
projet colonial autrement qu’en regardant les revues.
Albert Ali – Les cartes portales.
Alain Soral – Et c’est ce
qui fait l’échec algérien pour la France. C’est qu’un siècle
après, il y a très, très peu de Français et beaucoup d’Algériens.
Alors que les Irlandais ou les Italiens, quand ils sont partis aux
États-Unis, ils y sont allés en masse, et à la fin, il y a plus
d’Irlandais ou d’Italiens que d’Indiens. Voyez ce que je veux
dire. Donc les Indiens ne peuvent pas revendiquer de reprendre leur
pays, car ils sont archi-minoritaires dans leur pays. Donc comprenez
bien que pour le peuple de France, il n’a pas participé à la
colonisation ; les trois-quarts des colons pour la pacification
en Afrique, on a pris des Bretons qui étaient les Arabes de
l’époque. Il faut bien le comprendre. Il suffit de lire Bécassine.
Et ceux qui l’ont faite sont souvent les Maltais, des Espagnols,
Portugais et très peu de Français de souche qui sont restés à
cultiver leur propre terre car c’était majoritaires des paysans.
C’est pour ça qu’en 1960,
combien y-a-t-il de Français en Algérie et combien y a-t-il
d’Algériens en Algérie ? On peut faire le ratio. Les
Français, les Pieds-Noirs, sont archi-minoritaires. Ils n’ont pas
fait de colonisation de peuplement. Ils ont simplement été fiers du
drapeau et de l’épopée coloniale comme un « spectacle ».
Mais on ne leur a pas demandé leur avis, et ils n’y ont pas
participée. Simplement, ils ont été fiers parce que la propagande
forcément du coq, etc., on a dit : « Voilà, la France,
c’est un Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. »
Etc.
Donc comprenez bien une chose. Quand
vous dites aux Français : « Vous nous avez colonisés »,
c’est que c’est très souvent totalement faux. Les Français, on
leur a pas demandé leur avis, et ils n’y ont pas participé. Ils
étaient même d’ailleurs pour la décolonisation, genre :
« Qu’on en finisse avec l’Algérie ». Ils ne
voulaient pas que leurs enfants aillent mourir à la guerre, parce
que c’était une conscription dangereuse.
Donc y’avait pas cette violence
colonialiste française qu’on peut retrouver par contre chez
certains peuples anglo-saxons qui ont une histoire je dirais assez
agressive et expansionniste. C’est une chose importante de le
comprendre.
Et deuxièmement – c’est encore
une autre bombe – les Français n’ont pas voulu de l’immigration
en France. On leur a pas demandé leur avis. Ils n’y ont vu aucun
intérêt et je vous le dis, ils n’en avaient aucun intérêt
objectif. C’est le patronat français qui l’a voulu, les
gouvernements maghrébins fraîchement décolonisés pour des raisons
de transfert de capitaux, parce que c’était soit jouer l’esclavage
de leur propre peuple, soit l’industrialisation. Et ce choix a été
fait : plutôt l’esclavage.
Donc les Français n’ont pas voulu
l’immigration et si on leur avait demandé leur avis, ils auraient
été contre. L’ouvrier français ne voyait pas l’intérêt ni le
petit bourgeois français, d’une immigration massive. Ça faisait
baisser les salaires, ça baissait le niveau de conscience syndicale.
C’était un projet patronal, c’était un projet maçonnique sans
doute.
Et donc quand on comprend que le
peuple français de souche n’a pas participé à l’épopée
coloniale et n’a pas vu d’intérêt à l’immigration, il est
difficile de le traiter en permanence de sale colonisateur, facho,
raciste, etc. C’est une très mauvaise approche du peuple de France
quand on veut dialoguer avec lui dans un souci au moins je dirais de
gagner ; de gagner le respect ou de gagner même dans un combat
habile.
Et je fais en ce moment. Je m’amuse
à prendre le contre-exemple parfait : la communauté
indochinoise de France. Elle n’a pas pratiqué ce genre de
stratégie de communication agressive et qui conduit à la défaite.
Les Indochinois ont subi une épopée coloniale, une colonisation,
une décolonisation par la guerre violente, etc. Je n’ai jamais vu
un Indochinois reprocher aux Français la colonisation, se
revendiquer en tant qu’immigré, etc., etc. Et il faut reconnaître
qu’en France, les Indochinois Français ne posent pas de problème
globalement. Ils réussissent leur intégration économique. Les
Français ne sont pas racistes envers les Asiatiques et ils ne les
ressentent pas comme une menace. Alors que les Asiatiques s’intègrent
peut-être en termes d’assimilation moins que les Maghrébins. Ils
font moins d’effort. Mais quand c’est le nouvel an chinois, les
Français trouvent ça sympa, le dragon... Et ils sont suffisamment
malins pour mettre deux drapeaux français devant le dragon. Et tous
vont dire : le 13ème, c’est sympa. On pourra aller
y manger aux Olympiades. Le quartier chinois, etc. On dit pas la même
chose des quartiers à domination maghrébine. On dit : je vais
me faire arracher mon sac. Je vais me faire cracher à la gueule. Je
vais me faire traiter de pute. Y’a un problème.
Albert Ali – Je vais tomber malade
avec le kebab.
Alain Soral – Ouais. Voilà.
Et donc en dernière instance, moi c’est la phrase que j’envoie à
Houria [Bouteldja] et aux gens du PIR. C’est que votre
stratégie part sur des présupposés qui sont relativement faux
voire malhonnêtes, et qui vous conduisent systématiquement à être
les plus détestés de France. Et surtout, pour aller plus loin,
chaque fois que vous dites : « Je suis un immigré en
France. », c’est vous-mêmes qui ne vous présentez pas comme
un Français, alors que vous êtes français.
Et là, je prendrai la référence
d’une jeune fille qui est peut-être là d’ailleurs, avec qui je
corresponds par internet qui me dit : « Oui, j’ai voté
PS parce que pour nous les immigrés, c’est quand même le moins
pire. » Je pense qu’elle est française depuis trois
générations. Elle se considère comme une immigrée.
Et je lui dis :
« Si tu avais un peu de conscience politico-économique, est-ce
que tu penses quand on est français d’origine immigrée et de
confessions musulmane et qu’on est là depuis trois générations,
on a intérêt à dire "vive
les sans-papiers"
et à systématiquement trouver des excuses aux voyous
de banlieues parce que soi-disant ils auraient subi la violence
coloniale française ? » C’est d’une malhonnêteté et
d’une stupidité totale. Donc moi à un moment donné, ce que je
dis aux gens qui véhiculent ça, c’est soit vous êtes payés par
l’ennemi pour nuire à votre communauté, soit vous êtes des
imbéciles. Mais si la communauté vous a réellement mandatés pour
vous représenter, il faut pas qu’ils se plaignent d’être, comme
je l’ai dit à Chaambi, au fond des chiottes depuis quarante
ans. C’est tout. Et une fois que j’ai dit ça.
Albert Ali – Ça va être dur à
400 dans des chiottes !
Alain Soral – Non, non mais
ouais. Mais la métaphore, elle était juste. Y’a un appartement
qui s’appelle la France. Qui est dans le salon ? Qui est dans
les chambres à coucher ? Qui est au fond des chiottes ? Et
quand on est au fond des chiottes depuis quarante ans, on gueule pas
comme si on était dans le salon, avec la télécommande de la télé.
On réfléchit à comment en sortir.
Alors ce que je dis est brutal et
agressif, mais c’est parce que moi j’ai été capable de prendre
dans la gueule. Si je prends la métaphore, nous français de souche,
on s’est fait botté le cul par les Allemands. Y’a pas de haine
anti-allemande française. On s’est dit à un moment donné,
Napoléon, ça a été le sommet de la domination
française sur le monde. On était la grande nation, on était les
États-Unis de l’époque. On a été une grande nation, il y a deux
siècles. On était, voilà. Et puis à un moment donné, Napoléon,
pof ! Y’a eu Bismarck, et machin. En 1870, on se prend
une raclé, à peu près l’équivalent de la guerre des Six Jours,
si on veut être méchant ; même genre. Moi je ne dis pas :
« Salauds d’Allemands ! Ordures ! etc. »
toute ma vie. Et je ne vais pas immigrer en Allemagne pour travailler
pour les Allemands en les détestant toute la journée. Si je les
déteste, je ne vais pas travailler chez eux, parce que c’est très
humiliant d’être soumis par le métier et le salaire à quelqu’un
qui vous a écrasé et que vous haïssez.
Il faut avoir à un moment donné le
courage, l’intégrité psychologique parce que sinon ça s’appelle
de la névrose sociale, de rentrer chez-vous et d’aller ailleurs.
Parce que le chez-vous devient d’ailleurs problématique. Mais ce
que je trouve étrange, c’est qu’il y a des gens qui sont en
France depuis trois générations, qui tiennent à ce qu’on les
considère comme des immigrés – ce qui est pas le meilleur moyen
de se faire respecter comme citoyen – mais qui dès d’ailleurs
qu’on les montre comme immigrés disent : « Non, non,
j’ai les papiers, je suis Français. » Alors que tout leur
logiciel est qu’on dirait qu’ils viennent de descendre du bateau.
Et qu’ils sont en permanence : « Tu me dois quelque
chose toi, parce que tes parents m’ont colonisé. », alors
que le type à qui il s’adresse est un fils de paysan français de
la Creuse ou un fils d’immigré polonais, espagnol ou portugais de
deuxième génération. Sa stratégie de communication est stupide.
Et en plus, elle est malhonnête.
Donc à un moment donné, quand on a
une stratégie stupide et malhonnête dont la première victime est
soi-même, si on ne veut pas en changer, faut au moins arrêter de
pleurnicher. C’est le minimum que je demande. Et sinon, ben il faut
commencer à réfléchir, et réfléchir à qui vous a vendu ces
catégories puisqu’on en parle. Vous avez les noms : Julien
Dray, Harlem Désir, dont on découvre finalement
Albert Ali – Faut pas faire de
liste, c’est interdit.
Alain Soral – Harlem Désir,
excusez-moi, mais on se rend compte qu’il est juif ashkénaze par
sa mère. C’est un Alsacien. Pourquoi il représenterait les
Arabo-musulmans ou les Africains ?
Donc à un moment donné, il faut se
dire : qui m’a roulé dans la farine, quel est mon ennemi
principal ?
Finalement bon, même si Le Pen
n’aime pas spécialement les immigrés sans doute, et ne voit pas
d’un œil très jovial une islamisation de la France qui est
d’ailleurs aussi un mirage médiatique, est-ce que finalement c’est
à lui que je dois botter le cul ? Ou est-ce que lui, c’est un
symptôme, c’est un marqueur, c’est un thermomètre d’une
colère populaire qu’il faut identifier. Parce que ça aussi je le
dis. En dernière instance, il faut pas rêver, les Français
chrétiens resteront maîtres chez eux. Et compte tenu de la crise
telle que je vous l’ai définie tout à l’heure, ceux qui ont le
plus de chance de se retrouver mal servis quand ils iront se plaindre
au commissariat…
Vous voyez, je fais toujours un
parallèle. Les juifs allemands après 1933 pouvaient aller au
commissariat avec des papiers en disant qu’ils étaient Allemands
depuis trois générations, alors qu’Hitler était Autrichien :
c’est pas Hitler qui s’est retrouvé dans les camps, oui.
Il faut réfléchir à la réalité
telle qu’elle est. C’est-à-dire qu’à un moment, il y a des
rapports de force qui évoluent. Comme je l’ai dit, y’a une
crise. Il y a des boucs émissaires qui sont désignés, et il faut
avoir l’intelligence – ce qu’on appelle la plasticité – de
trouver la meilleure stratégie en dernière instance pour-soi-même.
Et moi ce que je dis, c’est
pourquoi j’aiderais finalement les Franco-musulmans. C’est pas
mon problème. Je vous le dit. Je ne veux pas qu’éclate une guerre
civile en France car une guerre civile est toujours dévastatrice.
Malheureusement, c’est là où les identitaires sont un peu idiots,
on ne combat pas l’Islam dans une croisade à l’extérieur. Ça
serait assez confortable. En réalité, ça va se passer ici entre
nous, si ça pète. Et moi, je n’ai pas envie tout simplement que
quand ma femme et ma fille vont acheter du pain, de savoir qu’il
faut qu’elles soient accompagnées d’une milice si elles
traversent tel ou tel quartier, parce que y’a le risque de se faire
saigner par un gamin qui a été chauffé à blanc par de la
propagande. Et dans l’autre sens, y’aura… Il faut connaître ce
que c’est que les guerres civiles.
La guerre d’Algérie a été une
guerre civile. La guerre d’Espagne a été une guerre civile. C’est
terriblement sanguinaire et horrible. Et nous pouvons y échapper.
Y’a pas de raison qu’on tombe dans ce piège. C’est une
raison.
Donc pour moi, mon intérêt est que
la communauté musulmane de France – si tant est qu’elle existe –
ait une stratégie d’intégration. Je dis même pas d’assimilation,
je ne crois pas à l’assimilation. L’assimilation à quoi !?
Les élites françaises ont renoncé au modèle français. Comme je
le disais, c’est « Stop à la maghrébisation de notre
américanisation ». C’était ça notre slogan. C’est-à-dire
que finalement, nous-mêmes, nous avons des présidents américains.
Donc on va pas dire aux jeunes musulmans : assimile-toi à la
culture française. Tout notre gouvernement aujourd’hui, son
drapeau, c’est antifrançais. Je crois que la petite Duflot
a dit qu’elle était française par hasard et qu’elle n’en
avait rien à foutre. La femme de Sarközy disait qu’elle était
fière de ne pas avoir une goutte de sang français.
Albert Ali – Goutte de sang, oui.
Alain Soral – Donc on n’est
pas comme dans le blabla Zemmour, qu’on veut que les musulmans
s’assimilent au modèle française. Les français eux-mêmes, je
veux dire leurs élites, ont renoncé à ce modèle, et nous sommes
sur un modèle américain totalement, Américano-sioniste d’ailleurs.
Donc de toute façon, je ne vous demande pas de vous assimiler à
quelque chose qui est déjà une désassimilation de mon projet à
moi.
Mais par contre, à un moment donné,
si on veut que la République fonctionne, comme en fait il n’existe
que les communautés – c’est ce que je dis, on s’en rend
compte, le reste c’est un peu du blabla – je pense que moi j’ai
intérêt, en tant que Gaulois, à un rééquilibrage communautaire.
Parce que finalement, pour que la République fonctionne encore, il
faudrait que y’ait un équilibre communautaire global. Parce que
c’est ce qui obligerait chacun des représentants des communautés
à respecter la charte républicaine. Là, aujourd’hui, il y a une
tel déséquilibre communautaire que finalement, ça fonctionne très
mal. Donc je dis, il est de mon intérêt objectif.
Car l’honnêteté c’est de dire
qu’on parle toujours pour soi-même. Personne ne se bat. Je veux
dire, Bernard-Henri Lévy ne se bat pas pour que l’islam
triomphe au Maghreb quand il fait tueur Kadhafi et le fait
sodomiser par des mercenaires payés qui crient « Allah
akbar ! » pour que tous les Français pensent qu’un
musulman, c’est un type qui assassine et qui lynche un type en lui
collant un truc dans le cul.
Je sais pas si vous voyez l’image
dévastatrice pour les musulmans que ça produit. Et quand je vois
qu’il y a des connards, dont certains de mes anciens amis, qui
disent : « Vive Al-Qaïda ! Et vive la victoire de
l’Islam révolutionnaire en Libye ! », je suis attristé
par certaines bêtises stratégiques quand je pense le contrecoup que
ça va produire sur l’image du musulman. Parce que le but est quand
même là : c’est que le Français identifie le musulman à un
égorgeur, voyez, c’est ça, et effectivement avec qui on ne peut
pas parler. Il faut le tirer dès qu’il arrive. Il faut tirer…
Qu’il soit pas à distance de couteau, voyez. Boum ! Parce que
de toute façon, il va sortir le schlass. Tout ça est catastrophique
et malheureusement participe à cette logique d’auto-diabolisation.
Pas mal de petits réislamisés récents, etc.
Donc il y a un travail communautaire
à faire avec notamment justement de la hiérarchie, des éducateurs,
le respect des aînés, puisqu’on parle de « respect »
de grands frères. Quand on parle de ce genre de truc, c’est
que ça existe pas, en général. On parle beaucoup de Oumma, c’est
parce qu’on la cherche. Y’a des gens qui ne parlent jamais de
leur communauté, parce qu’elle existe.
Vous ne voyez jamais un Asiatique
dire : « Nous, la communauté asiatique. » Elle
existe, ils n’en parlent pas.
On parle toujours de ce qui n’existe
pas. On compense toujours par le symbole et le verbe ce qui est
déficient sur le plan pratique.
Donc je dis pour finir, que moi mon
intérêt de Gaulois, car je ne parle que de mon intérêt, c’est
que la France ne sombre pas dans la guerre civile et que réellement
la République soit respectée par un équilibre communautaire. Et
l’équilibre communautaire ne sera rétabli que par la montée du
respect de la communauté musulmane.
Car en fait, le déficit se fait par
la communauté musulmane, c’est-à-dire la manipulation des immigrés
qu’on envoie systématiquement contre les Français de souche pour
les traiter de racistes et de colons. Ce qui fait que le Français de
souche a tendance à dire : « J’en ai marre de ces
bougnoules qui m’insultent toute la journée alors que je n’ai
pas voulu d’eux. Ils ne savent pas bosser, ils remplissent les
prisons » etc., etc. Tout ça est catastrophique. Et ça, c’est
dit très simplement. Mais je pense que c’est du bon sens et c’est
de l’honnêteté.
Je pense que notre intérêt commun,
c’est de pratiquer ce rééquilibrage communautaire. C’est-à-dire
que ce n’est même pas d’attaquer d’autres communautés. C’est
qu’une communauté qui représente sept millions de personnes en
France, qui est là depuis des générations et qui a un passé
commun méditerranéen français depuis des siècles, il suffit de
faire évoluer son logiciel de communication, de comprendre que si on
vous donne pas de travail, c’est peut-être aussi qu’il faut en
créer, du travail.
Il y a peut-être moyen de créer du
travail. Les Asiatiques ne demandent pas de travail. Ils le créent.
Et puis quand on demande du travail, c’est qu’on veut être
esclave salarié. On peut peut-être être autre chose qu’esclave
salarié. On peut peut-être être auto-entrepreneur, etc., etc. Que
si on change tout ce logiciel, qui est finalement de sortir de
l’indigénat – parce que ceux qui parlent le plus
d’indigènes sont des vrais indigènes ; ils sont entièrement
sponsorisés par des puissances – il suffit de regarder qui les
paye – pour se présenter systématiquement comme immigrés,
c’est-à-dire en fait essayer de toucher un peu de pognon et des
subventions via des relais de la gauche, etc. C’est-à-dire
finalement que tout est inversé.
Ceux qui parlent de combattre
soi-disant l’indigénat sont totalement des indigènes dans leur
comportement. Et d’ailleurs y ont intérêt. L’émancipation
n’est pas leur intérêt. Si je voulais employer une métaphore
agressive, je dirais : c’est comme les Antillais. Ils sont
séparatistes mais jusqu’à ce qu’on fasse un référendum. Là,
ils disent : « Non, non. C’est pour faire chier,
mais il faut surtout pas l’indépendance parce qu’on sait ce que
c’est que le niveau de vie des Antilles anglaises. On veut
cracher sur la métropole mais on veut quand même garder le RMI, le
RSA, la continuité territoriale, etc. »
Donc à un moment donné, un
discours de virilité, d’honnêteté et d’intelligence en
dernière instance, parce que comme je l’ai dit à certains, si
jamais ça tourne mal, moi je peux m’en sortir. Je peux dire :
j’avais mal compris, excusez-moi Monsieur Goldnadel. Effectivement
nous sommes des judéo-chrétiens blancs. Je peux : « Salut
Éric Zemmour ! Tu te rappelles ? » Mais pour
ceux qui ont un facies maghrébin, ceux qui ont la peau noire, ça va
être très difficile de se faire passer pour autre chose que ce
qu’ils sont quand ça va mal tourner. Or le projet global, on le
sait très bien, il suffit de regarder la politique mondiale, c’est
qu’en ce moment, c’est plutôt haro sur l’Arabo-musulman.
Albert Ali – L’Arabo-musulman.
Alain Soral – Et ils n’ont
pas la technologie militaire pour gagner. Ils n’ont pas la
solidarité. Il suffit de voir comment ça se passe. Les Turcs jouent
la carte Grand Turc. Les panarabistes essayent de s’en sortir comme
ils peuvent. Les chiites jouent leur logique qui est en général la
bêtise de la violence néoconservatrice. Ils ont gagné sur la
mauvaise stratégie des autres. Enfin, on voit bien qu’il y a une
division totale de ce monde-là. Je ne vais pas parler de la trahison
de l’Arabie Saoudite ou du Qatar qui financent certains de vos
représentants.
Donc on a une communauté qui n’a
pas de solidarité, qui a une stratégie de communication en France
qui est – on l’a démontré – assez catastrophique et qui est
dans le collimateur de l’Empire mondialiste qui a la nécessité de
désigner un bouc émissaire vite fait, bien fait, parce qu’ils
sont en faillite bancaire. Donc si après ça on continue à faire :
« Nique ta mère ! Nique la France ! » On fait ce
qu’on veut, mais moi à un moment, je vous le dis, je serai obligé
de me retirer du jeu et je dirai : ben écoutez, moi j’ai
tendu la main. J’ai essayé de créer des pistes. J’ai essayé
d’amener du monde à des gens pour qu’on les écoute. Parce que
effectivement, Albert Ali ne sera pas invité sur France 2 à
l’émission de Ruquier pour dire il y a d’autres musulmans
et il y a d’autres gens issus de l’immigration que Joey Starr
ou je sais pas trop quel mec ils sont allés chercher… On a les
représentants musulmans en France.
Albert Ali – Qu’on mérite.
Alain Soral – Agent, je ne
sais pas, dites des noms.
Albert Ali – Chalghoumi.
Alain Soral – C’est
toujours une honte. En dernière instance, ce que je veux dire c’est
que nous n’avons pas beaucoup de temps. Le calendrier s’accélère.
Je pense que l’analyse globale, chacun d’entre vous intimement
peut la faire : « Même si Soral m’agace, mais il
n’a pas totalement tort. » Je pense que c’est à peu près
souvent ça. Et de toute façon, en dernière instance, je le dis aux
Français de confession musulmane ici, c’est eux qui payeront les
pots cassés. Et après je vous dis – on va un peu entamer
peut-être le dialogue – vous faites ce que vous voulez. Je ne suis
pas là pour vous manipuler. Je n’ai pas besoin. Voilà ce que je
veux dire. Ça va très bien. Mais voilà, j’aime mon pays. Je ne
suis pas un adepte de la violence. J’ai une certaine morale et je
n’ai pas envie de tomber dans les pièges. Je n’ai pas envie de
tomber dans les pièges que j’ai identifiés. De même que je n’ai
pas envie que les nationalistes français tapent sur les pauvres
musulmans français alors que le problème, c’est Wall Street.
Et on voit bien qu’au Front
national, il y a ces deux directions possibles. Et d’ailleurs j’ai
toujours tout fait pour que ce soit Wall Street et pas l’autre.
Et qu’il faut avoir l’honnêteté
d’admettre que Marine Le Pen parle beaucoup de Wall
Street et pas tant que ça des musulmans. Mais par contre, dans ses
meetings, les médias, quand ils passent le morceau de trois minutes,
ils ne passent que celui-là.
Donc je vous invite aussi à
regarder l’autre, parce que l’autre, c’est celui avec qui on
dialogue. Et par définition la réconciliation se fait avec l’autre.
C’est pas avec votre frère ou avec votre cousin. C’est se
réconcilier avec l’autre. L’autre, c’est celui qui n’est pas
comme vous, qui est face à vous mais qui même quand c’est un
adversaire, a au moins l’honnêteté de vous regarder droit dans
les yeux, de face. Il n’est pas en train de vous pousser par
derrière à lui servir de bouclier. C’est tout ça la situation
réelle.
Et je vous le dis, moi, mon arme
c’est une analyse qui rejoint un peu celle d’Albert, mais d’un
autre point de vue. Parce qu’effectivement, il y a ce qu’on
appelle le point de vue objectif. Moi je suis un Français de souche
et je vais pas dire d’un seul coup : « Oui, je vois ce
que c’est que d’être… » Non, ça jamais ! Je
ne sais pas ce que c’est que d’avoir la peau noire ou d’être
un maghrébin contrôlé six fois par jour. Je ne le sais pas et j’ai
horreur des gens qui prétendent savoir ce qu’est l’autre. Par
contre, l’autre, je l’écoute, j’ai décidé d’écouter ce
qu’il me disait. Je ne le prends pas a priori pour un menteur. Et
j’aime bien qu’on fasse pareil pour moi : « Ouais,
Soral qu’est-ce qu’il veut ? Comment il veut essayer de
nous la mettre ? » Etc. Sous prétexte qu’on est dans un
univers de racailles où tout n’est que mensonges et arnaques, y’a
d’autres mondes que le mensonge et l’arnaque.
Donc admettre que l’autre n’est
pas uniquement là pour vous trahir, vous manipuler, etc. D’ailleurs
comprendre que je n’ai pas un grand intérêt immédiat à cette
main tendue. C’est beaucoup plus rentable d’évoluer comme a fait
Beigbeder, comme font tous ces gens-là que je connais, de ma
génération : Zemmour, etc.
Et après, je pense que ce que nous
pouvons faire, c’est effectivement de dialoguer, puisqu’on nous
empêche de dialoguer.
Moi je fais exprès d’incarner ici
le nationaliste français. Nous avons tout intérêt à dialoguer. Et
plus on dialogue – je l’ai vérifié dans nos réunions –, plus
on voit qu’on a finalement pas tant d’oppositions que ça et pas
mal de choses en commun. Ce qui agace terriblement ceux qui voulaient
finalement faire la France black-blanc-beur, qu’on a faite avec
Albert Ali et Dieudonné. Mais ils étaient pas contents !
Donc faut se poser la question :
pourquoi ils sont pas contents quand on réalise le programme qu’ils
avaient eux-mêmes mis en place ?
Et après ben donc, ça ouvre je
crois le débat. Posez des questions et en fonction des questions on
répondra, toi ou moi.
Quatrième partie
Questions du public
Vous avez appelé à voter pour
Marine Le Pen alors qu’elle est contre la double nationalité.
Accepteriez-vous de perdre votre double nationalité suisse ?
Alain Soral – Il faudrait
un miracle pour que le programme politique d’un candidat
corresponde exactement à ce qui est mon intérêt total. Les
élections, c’est voter pour le candidat le moins pire. Moi j’ai
eu l’honnêteté de dire qu’en tant que patriote française, avec
ma position. Je viens du Parti communiste pour ceux qui ne le savent
pas. Je pense que la nation aujourd’hui est le meilleur moyen de
défendre les acquis sociaux par rapport à la déferlante
mondialiste. Sur des tas d’aspects, Marine Le Pen était ma
candidate la plus proche de mes idées avec on va dire,
Dupont-Aignan.
Dupont-Aignan faisait 1 %
d’intentions de vote.
Marine Le Pen avait eu les moyens de
chasser Sarközy du pouvoir. Elle a pas réussi à le faire au
premier tour, mais elle l’a fait au deuxième. Et moi j’estimais
qu’il était important que le président traitre ne soit pas réélu,
même si Hollande n’est pas mieux. Je voudrais que systématiquement
un président qui n’a fait que trahir ses promesses et trahir
l’intérêt supérieur de la France soit systématiquement chassé
au deuxième essai. C’est mon truc.
Après moi je suis binational
franco-suisse pour des raisons historiques. C’est pas tout à fait
pareil que binationale franco-algérien. Y’a pas de problèmes de
délinquance suisse en France, y’a pas eu de guerres de
colonisation et de décolonisation avec la Suisse. Et si en dernière
instance, pour sauver la France, il fallait que je renonce à ma
nationalité suisse, je le ferais immédiatement.
Mais de dire : « Voilà,
vous êtes franco-suisse, donc vous devez être pour la double
nationalité. » Je suis globalement contre la double
nationalité parce que je pense qu’on a qu’une mère et je pense
que la double nationalité doit être une situation minoritaire. Or
y’a des doubles nationalités qui ont été institutionnalisées en
France, volontairement, je pense d’ailleurs pour créer des
névroses sociales.
Je pense moi que quand je parle avec
des Algériens d’Algérie, ils sont finalement beaucoup moins
hostiles à la France que les Franco-algériens qui ont la double
nationalité. Ce qui est très étrange. Et je pense moi que le
gouvernement algérien, qui comme vous le savez est une junte
militaire qui se maintient au pouvoir par tous les moyens, s’est
très longtemps servie de la communauté franco-algérienne de France
comme d’une cinquième colonne dans un rapport d’État à État,
en les sacrifiant. C’est-à-dire en en faisant des névrosés
sociaux, et en faisant en sorte qu’ils ne leur échappent pas,
c’est-à-dire qu’ils restent le plus longtemps des gens qui
finalement ne sont ni français ni algériens.
Moi à un moment donné, la question
que je me pose, c’est quel est l’intérêt bien senti des gens.
Je pense, moi, que de ce point de vue-là.
D’ailleurs si Marine Le Pen est
contre la double nationalité, elle est aussi contre la double
nationalité franco-israélienne. Elle le dit moins fort parce que ça
coûte moins cher. Mais pourquoi ça coûte moins cher ? Parce
que vous n’avez aucun moyen de la sanctionner médiatiquement.
Si vous voulez que Marine Le Pen
vous respecte plus que la communauté juive, eh ben que votre
communauté représente quelque chose en termes de pouvoir. Si elle
vous respecte moins que la communauté juive, c’est qu’elle a
peur de la communauté juive qui représente 700 000 personnes
alors qu’elle n’a aucune crainte de la communauté musulmane qui
représente sept millions d’âmes. C’est-à-dire que vous ne faites
peur à personne. Excusez-moi, dans un combat politique, quand on ne
fait peur à personne, qu’est-ce qu’on fait ? On pleurniche
en plus et on insulte ! Non, faites-vous respecter. C’est ça
que je dis.
Pour l’instant, personne ne vous
respecte, c’est une réalité. Le PS pas plus que les autres,
puisqu’ils prennent trois beurettes comme ça, interchangeables et
malheureusement, c’est cette réalité là. Je vais répondre
jusqu’au bout à la question.
C’est que y’a un problème
aujourd’hui d’agressivité antifrançaise de certains
franco-algériens double nationaux, c’est une réalité. Le plus
gros bastion de ce qu’on appelle les zivas, c’est-à-dire les
délinquants maghrébins que les Français de souche ont parfaitement
identifiés – plus les médias, etc. – sont souvent des double
nationaux franco-algériens. Il faut mieux admettre ce problème
plutôt que dire : « J’ai la double nationalité et je
t’emmerde. », tu vois. Parce que c’est un problème
politique à gérer.
Et que par ailleurs, moi, il se
trouve que pour des raisons historiques, je sois franco-suisse, ben
je vous le dis, si il faudra que je renonce à ma double nationalité
pour qu’on remette en cause la double nationalité, je l’accepterai
volontiers.
Mais je vous le dis, ce n’est pas
pareil, la double nationalité accidentelle que la double nationalité
comme stratégie, voyez. Y’a une double nationalité stratégique
franco-algérienne et y’a une double nationalité stratégique
franco-israélienne. Et c’est comme je dirais, le métissage
stratégique ou le métissage accidentel. Je suis absolument pour le
métissage accidentel ; ça donne Miles Davis,
le jazz, des choses très belles, des histoires d’amour. Je suis
contre le métissage comme projet politique de domination générale
parce que là, c’est la destruction des cultures par leur
télescopage. Il faut bien comprendre que quand on fait du métissage
d’un Berbère musulman et d’un Français catholique, ça donne un
Américain en survêtement. Ça donne pas le meilleur de l’islam et
le meilleur du catholicisme.
Albert Ali – Je vais rajouter un
point.
Alain Soral – Voilà. Donc
j’ai fini sur cette question-là. Albert veut prolonger.
Albert Ali – Sur la question de la
double nationalité. Comment.
(Intervention du
public)
Alain Soral – Mais si tu es
là, c’est que t’es déjà pas le pire des connards de ziva de
banlieue. Tu vois ce que je veux dire. T’es un mec. Donc aie
conscience de ton intelligence supérieure et de ton parcours de
compréhension des problèmes. À la limite, tire tes camarades,
puisque c’est vrai qu’à la limite, t’es l’élite de cette
catégorie sociologique. Tire-les vers le haut. Tu vois ce que je
veux dire. Tu leur dis : « Voilà les gars, soyez plus
malins dans votre communication. »
Joey Starr, d’ailleurs
qui est un Antillais français, n’a pas beaucoup rendu service aux
gens que les médias avaient choisis pour vous représenter, c’est
ça que je dis. Mais si toi, tu t’exprimes, effectivement je peux
dire que la question franco-algérienne n’est pas très
problématique, quand je te vois, toi. Malheureusement, tu es plutôt
marginal pour l’instant ou en tout cas marginal tel que le montre
les médias et les politiques dominants. Voilà, c’est ça que je
dis.
Albert Ali – Oui, sur la question
de la double nationalité, j’aurais voulu rajouter un point
important. C’est qu’il faut bien, sur cette question, comprendre
que nos patrimoines culturels, nos héritages, nos filiations avec
les pays d’origine, c’est quelque chose effectivement qui existe,
puisque c’est quelque chose qui nous touche. C’est notre propre
filiation, c’est notre propre arbre généalogique dont on parle.
Et c’est pour ça que c’est une question sensible parce que c’est
très difficile de se dire, à un moment donné : il faut
couper.
Sauf qu’il faut comprendre, comme
je le disais tout à l’heure, prendre conscience de notre situation
et comprendre qu’en vérité, dans notre histoire, nos héritages
culturels ne sont pas sacrés. Nos filiations ne sont pas sacrées.
Nos traditions, les mœurs héritées dans l’histoire de l’exil
ne sont pas sacrées. La seule chose qui est sacrée et qu’il faut
conserver, c’est effectivement nos sources, pour ceux qui se
réclament d’une perspective musulmane. Ce sont les sources. Le
reste n’est pas sacré.
Et là, il faut être cohérent avec
nous-mêmes. On peut pas jouer constamment sur tous les tableaux.
C’est-à-dire ou on se dit effectivement : on assume
intégralement l’idée qu’il faut préserver les cultures
héritées, les filiations, les doubles nationalités, etc. Et dans
ce cas-là, il faut être cohérent dans la stratégie jusqu’au bout.
Il faut choisir une vraie stratégie de communautarisme assumé, un
communautarisme de survie, un communautarisme de séparation, à la
chinoise par exemple, et de dire : OK, ben on assume ce
qu’on est. On est effectivement des Algériens, des Marocains, des
Tunisiens, etc. Un peu aussi comme les Turcs le font. Et là, on est
cohérent jusqu’au bout.
Mais on peut pas dire à la fois, on
est français et le constater quotidiennement C’est que ces
cultures héritées. Faut regarder l’histoire des Grecs au Canada –
y’a des études qui ont été faites sur le sujet – ou les Arabes
chrétiens, juifs et musulmans, au Brésil. Toute l’histoire des
communautés immigrées, c’est une histoire de dislocation et de
dissolution progressive des fondamentaux de la culture. D’ailleurs
vous trouvez par exemple des Pakistanais en Angleterre qui – c’est
comme une espèce de rupture dans le temps, une photographie
instantanée – ont quitté à une certaine époque leur pays
d’origine – le Pakistan – et se retrouvent à Londres à
essayer de ressusciter et de préserver un modèle culturel en vérité
qui n’est même plus en lien avec le modèle d’origine.
C’est-à-dire que même là-bas, ça a changé puisque la
mondialisation a fait son travail.
Donc à un moment donné, il faut
peser les choses. C’est de dire qu’est-ce qui est sacré dans
notre héritage et ensuite qu’est-ce qu’on transmet, parce que
c’est pas tant de nous dont on parle. Nous, nous sommes déjà
socialisés, avec nos ambivalences, nos contradictions, nos névroses,
tout ce que vous voulez.
Mais la question qu’il faut
soulever, c’est effectivement : est-ce que ça a un intérêt
encore que mon gamin qui a onze ans ait une double nationalité, ait
une double culture permanente, essaie de se rattacher à cette
culture qui lui échappe tous les jours et qui s’amuse avec le
temps. C’est pour ça que dans les débats effectivement, le débat
notamment que tu avais fait [Alain Soral] avec notre ami Abdelaziz
Chaambi qui dit : « Oui, mais moi je suis de
double culture arabe et je suis un arabe ». Mais quand j’écoute
ce discours-là et de dire : « Je suis arabe ».
Qu’est-ce que tu as d’identitaire ?
Alain Soral – Si je peux me
permettre de rebondir. Finalement, le double national jeune
franco-algérien, quand on regarde, il n’est ni algérien, ni
français finalement. Il est au milieu de la Méditerranée. Et cette
double nationalité est objectivement un handicap pour lui, en
réalité. Ça freine son intégration économico-sociale en France
et de toute façon, il n’est pas Algérien. Les Algériens
détestent les Franco-Algériens qui leur font honte. Et finalement,
quand ils vont au bled, ils se rendent compte qu’ils sont des
Français. Enfin ils sont des étrangers et souvent même ils
s’entendent dire : « Vous nous faites honte avec votre
comportement en France ». Donc finalement, est-ce qu’une
double nationalité comme ça est un avantage pour l’individu ou
pas ?
Moi je dis que c’est un
avantage uniquement pour la junte militaire algérienne.
Donc à un moment donné, est-ce que
vous voulez être les soldats de la junte militaire algérienne qui
respecte beaucoup ses citoyens comme vous avez pu le remarquer ?
Ou est-ce que vous voulez jouer de votre destin à vous ?
Je dis qu’en temps que destin
individuel bien compris, finalement la double nationalité
franco-algérienne telle qu’elle existe aujourd’hui est plutôt un
handicap qu’un avantage.
(Intervention du public)
Alain Soral – Non, non,
c’est bien. Mais moi, je suis pour qu’on aille au fond des
débats. Moi, je. Rien ne me gène. Vous avez remarqué que sur
certains sujets, j’ai plus de courage qu’aucun des prêcheurs
wahhabites. J’ai osé aller sur des sujets très dangereux, très
risqués en France, qui ne sont d’ailleurs par l’islam. Les
musulmans ne m’ont jamais menacé ni attaqué. Ils ont toujours
dialogué avec moi. D’autres ont essayé de me faire passer de vie
à trépas, plusieurs fois.
Donc moi, je suis pour qu’on aille
au fond des problèmes gênants, y compris les mieux. Vous savez que
je suis double national franco-suisse, parce que je l’ai dit. Je
pourrais le cacher, voyez. Je veux aussi, moi, me poser mes propres
problèmes. Y’a pas de problèmes, on dit tout. Mais soyez
courageux et honnêtes, c’est ça que je veux dire. La barre, c’est
on discute honnêtement et courageusement, tout le monde. On ne
triche pas. C’est tout.
M. Ali, est-ce que
votre femme peut faire de la politique ?
Albert Ali – Elle reste dans sa
cuisine.
(rires)
Albert Ali – Tout dépend sur quel
modèle tu t’inscris. Non, mais je sais pas. C’est une question.
Dans le Public – Tout
simplement.
Albert Ali – C’est pour
m’embêter ou c’est ? Oui, non, mais.
Dans le public – Je vous pose
cette question, tout simplement.
Albert Ali – Ben, elle peut faire
de la politique, oui, comme toute femme peut faire de la politique.
La question c’est de savoir de
savoir est-ce que la politique a encore un sens et est-ce que ça
peut encore apporter quelque chose aujourd’hui ? C’est tout.
Mais, non, non, moi, je n’ai pas
d’objection particulière à ce qu’une femme musulmane fasse de
la politique.
Moi je suis pour que les musulmans
dans ce pays soient des Français comme les autres. C’est-à-dire
qu’on les retrouve de l’extrême gauche à l’extrême droite,
des républicains jusqu’au royalistes. Et qu’ils épousent
intégralement en vérité, le fonctionnement politique de ce pays.
Y’a aucun problème là-dessus.
Et qu’ils soient d’’ailleurs
hommes ou femmes. Moi j’aimerais bien avoir une musulmane en
foulard monarchiste. Une autre révolutionnaire d’extrême gauche
qui devrait essayer de justifier un peu comment elle pourrait
cautionner le mariage homosexuel. Ça serait intéressant. Et des
musulmanes, je sais pas moi, enfin ce que tu veux. Il y a aucun
problème là-dessus.
À M. Soral, dans
une vidéo, j’ai cru entendre que vous justifiez les massacres
serbes lors de la guerre de Yougoslavie. Pouvez-vous vous expliquer ?
Alain Soral – Tu
commences ? [à Albert Ali]
Albert Ali – Non, vas-y, je te
laisse faire.
Alain Soral – C’est
simple. Ma position, c’est toujours la lutte contre l’Empire
mondialiste et la défense des entités de résistance au
mondialisme. La Yougoslavie qui était une fédération qui
fonctionnait à peu près depuis 1945, avec des chrétiens, des
orthodoxes et des musulmans, a été disloquée au tournant des
années quatre-vingt-dix. C’était une volonté de mise au pas et
de destruction de l’Empire. Il faut lire l’excellent travail de
Michel Colon là-dessus. [Michel Colon, Poker menteur. Les
grandes puissances, la Yougoslavie et les prochaines
guerres]
Et il se trouve que la communauté
historiquement la plus puissante et la plus résistante, bien que
Tito n’était pas serbe, c’était la communauté serbe. Donc il y
a eu destruction, non seulement de la Yougoslavie, mais aussi
diabolisation de la communauté serbe. Et pour ça, Bernard-Henri
Lévy, qui est votre meilleure source, vous a dit que les
Serbes étaient des gens qui mangeaient des enfants, qui violaient
des femmes, etc., etc.
En réalité, on a organisé comme
on essaye de le faire en France – ça s’appelle la balkanisation
d’une certaine manière –, on a organisé une guerre civile
interethnique et interreligieuse en Yougoslavie, qui a abouti
d’ailleurs à la destruction, à la fois des Croates, des Serbes et
des Bosniaques, etc. C’est-à-dire que c’est des entités toutes
petites entièrement soumises. On en entend plus parler. Les
identitaires croates, vous ne les voyez plus, ils ont disparu. Et
donc pour ça, on a diabolisé les Serbes. Donc les Serbes sont
rentrés dans une guerre civile avec les Croates, les Bosniaques, les
Slovènes, etc. Et les guerres civiles sont toujours sales, surtout
quand c’est sur des petits périmètres avec des communautés
interpénétrées. Donc il y a eu des viols, des massacres dans tous
les sens. Les Serbes n’ont pas plus violé et massacré que les
autres. C’est Bernard-Henri Lévy qui vous le dit.
Donc j’ai défendu les Serbes car
c’est eux qui s’opposaient à la destruction de la Yougoslavie
par l’Empire mondialiste dont les représentants de cette
destruction de la Yougoslavie, au niveau de la propagande, ont été
Bernard-Henry Lévy, vous vous en rappelez. Qui a fait d’ailleurs
un film qui s’appelait Bosnia.
Albert Ali – Kouchner.
Alain Soral – Et après qui a
amené à ce que le Gauleiter de cette région dévastée
ait été Bernard Kouchner. Donc à un moment donné,
moi je vous invite à être un peu intelligent. C’est-à-dire que
quand c’est Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy qui vont
disent : « Votre ennemi, c’est les Serbes. », déjà
commencez à vous poser la question par vous-mêmes, voyez. Parce que
finalement, c’est aussi Bernard-Henri Lévy qui vous a dit que le
bon musulman devait détruire la Libye.
Donc je n’ai pas défendu les
Serbes parce qu’ils avaient violé et massacré des musulmans. J’ai
défendu les Serbes car c’est la communauté historiquement
structurée qui s’est opposée le plus violemment à la
balkanisation et à la destruction de la Yougoslavie par une
importation par l’Empire et par ces agents clairement identifiés,
d’une guerre civile interethnique et interreligieuse qui est, je le
répète, la répétition de ce qu’on va essayer de faire en France
demain.
Donc demain, c’est comme si vous
disiez : « Oui, les Français de souche violent et
massacrent des femmes et des enfants musulmans. » Moi, je vous
dirai : « Ben non, j’ai les infos contraires. Les zivas
de banlieue n’arrêtent pas d’égorger des Français de souche ».
Ça sera vrai malheureusement dans les deux sens. Ça s’appelle une
guerre civile. Dans une guerre civile, tout le monde tue tout le
monde. Et c’est pour ça que je veux y échapper. Et c’est pour
ça donc que j’étais pour ceux qui essayaient d’échapper à la
guerre civile qui a détruit la Yougoslavie et qui a été, je le
dis, importée de l’extérieur en s’appuyant sur la mafia
albanaise, de l’argent saoudien. Je suis allé moi sur place, sans
doute pas vous, et j’ai pu le vérifier, tout ça. Les agents
anglais, la KFOR, le rôle de.
Albert Ali – L’argent saoudien.
Alain Soral – L’argent
saoudien. Les mosquées wahhabites blanches dans lesquelles ne vont
pas les musulmans qui sont des musulmans de culture turque bosniaque
ou kosovare. La mafia albanaise, les trafics d’organes couverts,
etc. On a vérifié tout ça depuis. C’est-à-dire un chaos absolu
dont tous les petits peuples sont les victimes, qu’ils soient
bosniaques, croates, musulmans ou serbes.
Car il faut bien savoir que dans ces
guerres civiles dégueulasses, ceux qui payent le prix, ce sont
toujours les petite gens quels qu’ils soient. Parce que un coup y’a
une razzia et on tue cinquante personnes. Le lendemain, y’a la
vengeance et on tue cinquante personnes de l’autre côté. C’est
ça qui s’est passé. Et y’a ceux qui sont au dessus, c’est
toujours les mêmes. Bernard-Henri Lévy, le nouvel ordre mondial
machin, qui tirent les ficelles, arment les gens et font le
commentaire.
Et je dis : échappons à ces
manipulateurs et affinons notre culture et notre connaissance.
C’est pour ça qu’on a fait le
site Égalité et Réconciliation. C’est pour amener souvent
d’autres informations sur le Libye, sur la Syrie, pour pouvoir au
moins croiser les sources. Et déjà la première chose à faire,
c’est d’échapper au discours dominant. Quand TF1, France 2,
Bernard-Henri Lévy, Kouchner, le président de la République, le
ministre des Affaires étrangères vous disent : « C’est
ça qui se passent en France, dans les banlieues, en Afghanistan, en
Libye, aux États-Unis ou en Grèce, » ou où que ce soit, déjà
ce n’est probablement pas la vérité.
Donc ne fonctionnez pas sur ces
informations. Vous ne pouvez pas être un rebelle et un résistant si
vous travaillez sur un matériel que vous ne critiquez pas. Voilà,
c’est ça que je veux dire. Si vous gobez le matériel de base,
quoi que vous fassiez, de toute façon vous serez un collabo. Vous
serez ce qu’on appelle « un idiot utile ». Voilà,
c’est ma réponse. Maintenant, c’est la deuxième question, je
crois.
À M. Ali, qu’entendez-vous par
« français de culture musulmane » et le fait que la
présence de musulmans en France soit un « accident de
l’histoire » ?
Albert Ali – Merci. Donc pour
répondre à la question sur la présence musulmane en Europe « comme
erreur de l’histoire », ce que j’entends par là, c’est
que pour ceux qui se plongent dans l’histoire musulmane, on
comprend que le message prophétique qui arrive au départ chez des
Arabes bédouins du désert avait vocation universelle. Premier
élément.
Et il avait aussi une vocation
globale, c’est-à-dire d’apporter à la fois une spiritualité, une
transcendance, un lien avec le ciel, et un système d’organisation,
un système de représentations du monde, de valeurs et une loi.
De là, historiquement, ce qui a
découlé, c’est la création d’une société organisée, avec
une administration, un État, ce qu’on appelle le modèle califal,
qui est dans la tradition musulmane le modèle califal originel,
celui des quatre premiers califes, qui est pour nous, un modèle de
gouvernance, etc.
Historiquement – on ne va pas
rentrer dans les détails – mais cet État musulman s’est étendu
extrêmement rapidement. Et il est porteur de ce qu’on appelle une
« civilisation syncrétique », c’est-à-dire un message
porteur d’une universalité, qui lorsqu’il arrive dans une
société et qu’il est accepté. Si on prend le cas par exemple des
Perses. Les Perses n’avaient aucun intérêt historiquement à
suivre les Bédouins d’Arabie qu’ils méprisaient. Les Bédouins
arrivent, les Arabes du désert arrivent, ils n’ont jamais
construits plus de deux étages, c’était des nomades du désert,
mais le système de représentations qu’ils ont apporté a très
rapidement été assimilé par la civilisation perse qui est restée
perse dans son identité profonde, dans sa culture, dans ses
habitudes, dans ses mœurs, dans sa constitution mentale, comme dit
Gustave Lebon – donc je vous renvoie à lui d’ailleurs, à
la fois pour comprendre ce qu’il a appelé lui « la
civilisation des Arabes » et aussi pour le passage qu’il
consacre aux Perses.
Et donc ce modèle, si vous voulez,
de gouvernance et de structure sociale et politique, qu’on appelle
le califat, s’est étendu à un certain moment de l’histoire.
Puis il est passé par une phase de
décomposition et de décadence qui a ensuite amené la soumission
des pays musulmans, des peuples musulmans, aux autorités ou à une
puissance étrangères.
Ce qui est d’ailleurs, pas
logique, même au-delà de l’islam. C’est pas logique d’être
dominés par vos voisins.
Et donc, quand on dit que c’est
une erreur de l’histoire, c’est que les musulmans effectivement
ont vocation à vivre pleinement leur religion, dans sa globalité,
dans une société musulmane constituée.
Or aujourd’hui, cette société
musulmane n’existe pas. Tous les partisans de ceux qui disent :
« On vit mal en France, on peut pas bien pratiquer notre
religions, etc. », je les invite effectivement. On peut
d’ailleurs aller dans le berceau de l’islam. Aujourd’hui si
vous allez en Arabie, ben j’aimerai bien voir ceux qui parlent de
discriminations en France. Qu’ils aillent faire un tour en Arabie.
L’Arabie, si tu débarques avec un million d’euros, tu veux
monter une société, tu dois aller voir un Aryen saoudien, c’est
la race supérieure. C’est-à-dire que tu ne peux rien faire sans
avoir un Saoudien qui signe à ta place et qui te représente et bien
sûr qui empoche la moitié des bénefs. C’est la race supérieure.
Il est musulman comme toi. Tu peux débarquer, « Mon frère !
la mosquée ! » Ouais mais à la fin, quand il s’agit
d’administratif, de papiers, de carte de résidence, d’avantages
sociaux, de business, il prend tout et tu n’existes pas,
juridiquement.
Donc quand je dis « que c’est
une erreur de l’histoire », c’est que normalement
effectivement, l’idéal islamique, si tant est qu’on puisse
l’atteindre, c’est effectivement des musulmans chez eux,
majoritaires dans leur culture d’origine. Donc pour les immigrés
berbères qui sont en France aujourd’hui, ben c’est dans leur
milieu berbère originel, et dans le cadre d’une société
gouvernée par les principes de l’islam. Ça, c’est normalement
la règle historique, qui est la règle primaire.
Seulement, l’histoire et la
décadence du monde musulman a fait qu’un certain nombre de peuples
musulmans se sont retrouvé dominés. Ce qui et aussi un accident de
l’histoire et une anormalité.
Et d’autres se sont retrouvés
dans la situation de l’immigration, de l’exil, et se sont
retrouvés comme minorités – ce qui est notre cas aujourd’hui –
dans un espace culturel qui n’est pas celui de nos pères et dans
une espace religieux qui n’est pas le nôtre. Donc c’est dans ce
sens que je dis que c’est un accident de l’histoire et que c’est
une anomalie.
Mais ça ne veut pas dire que c’est
un obstacle à épouser à la fois la culture et ce qu’on appelle
donc l’inculturation du fait religieux. Donc, c’est-à-dire que les
fondamentaux de la théologie s’adaptent tant que le pays d’accueil
ne réduit pas.
Alain Soral – Une remarque.
Albert Ali – Oui.
Alain Soral – Je veux faire
une remarque immédiatement. C’est la même chose qu’un
catholique intègre, qu’on appelle intégriste, qui vit en
République en France. Normalement, un catholique intègre doit être,
je le dis, monarchiste.
Albert Ali – Monarchiste.
Alain Soral – Et pour une
monarchie théocratique, c’est-à-dire pour le retour du roi de
France.
Albert Ali – Le droit divin.
Alain Soral – Eh ben, ça
veut dire qu’à un moment donné, le catholique français intègre
a le même problème que le musulman français. Il vit en réalité
dans une République maçonnique qui est, comme je le dis, une
religion qui ne dit pas son nom. Et c’est sans doute la religion la
plus intégriste de toutes. Il suffit d’entendre Peillon ou
Mélenchon aboyer pour le comprendre. Finalement, le
catholique a l’habitude de la défaite et le musulman a l’habitude
de la défaite politique qui amène la défaite théologique. Puisque
finalement, le catholicisme de Vatican II est aussi une religion qui
dominait le monde ou un monde à un moment donné, qui a admis, après
la Deuxième Guerre mondiale, qu’il fallait qu’elle transige avec
les dominants judéo-chrétiens et qu’elle en rabatte un peu pour
ne pas crever.
Donc finalement, le catholique et le
musulman doivent très bien comprendre ce que c’est que de ne pas
pouvoir vivre leur foi pleinement. Parce qu’un catholique qui veut
vivre sa foi pleinement ne peut pas vivre en république laïque et
maçonnique. Et un musulman non plus. Mais malheureusement, la vie
étant ce qu’elle est, et comme on ne peut pas faire le baluchon
parce qu’on ne sait pas trop où aller, que ce soit le musulman ou
le catholique intègre.
Albert Ali – On reste là.
Alain Soral – Ils se
disent : ben on est en France dans un système de domination qui
est contraire à nos valeurs politico-théologiques. Puisque les
vraies religions sont une politique et une théologie, sinon c’est
que c’est une religion morte. Quand ça ne gère plus que les âmes
et que ça abandonne le politique, c’est que c’est fini.
Normalement la religion catholique
traditionnelle est une religion d’État – ça veut bien dire ce
que ça veut dire – et c’est un système politico-spirituel. Ça
s’appelle l’Ancien Régime.
Donc nous savons très bien, nous,
de quoi Albert Ali parle. C’est que nous sommes, nous, catholiques,
si je décidais de redevenir catholique – ce que je suis au départ
– et que j’allais jusqu’au bout de ma logique, ce qui amène à
la lecture de Maurras – le nationalisme intégral passe
nécessairement par la monarchie et le catholicisme ; faut lire
Maurras pour le comprendre –, eh bien je comprends très bien ce
que veut dire Albert Ali. Et on peut se comprendre entre catholiques
et musulmans. Nous sommes dans une terre où il y a une religion
d’État dominante qui s’appelle la franc-maçonnerie
républicaine. Et nous sommes donc des parents pauvres et qui sommes
contestés dans nos fondamentaux.
Mais nous sommes aussi des citoyens,
nous sommes ici. Et nous ne sommes pas aussi persécutés comme du
temps des guerres de religion et il n’y a pas de Saint-Barthélemy.
Mais donc effectivement, nous ne pouvons pratiquer notre foi que
relativement, c’est-à-dire réduite à la sphère, on va dire
spirituelle.
Albert Ali – Cultuelle.
Alain Soral – Et interdite
de politique parce que la politique est sous domination d’une
religion d’État qui s’appelle la République de Mélenchon.
Et ce qui me fait marrer moi,
d’ailleurs, c’est que l’immense majorité des musulmans de
France ont voté pour le Parti socialiste, c’est-à-dire pour le
représentant en chef de cette religion anti-islamique et
anticatholique qui d’ailleurs affiche son anticatholicisme de
manière virulente et n’ose pas le faire avec les musulmans parce
que c’est leur électorat. C’est pour dire qu’ils vous prennent
pour des imbéciles. Parce qu’en réalité, leur anti-religiosité
rabique qui est exprimé par Peillon, Mélenchon et toute la
franc-maçonnerie socialiste, montre systématiquement encore du
doigt aujourd’hui le catholique qui est le vaincu d’hier – son
ennemi autochtone dans une guerre civile ; c’est aussi une
forme de guerre civile – et n’ose pas trop montrer le musulman.
Mais c’est la même haine, pour les mêmes raisons. Eh ben, Albert
Ali et moi, sommes un catholique et un musulman vivant dans un pays
qui est le nôtre.
Albert Ali – Colonisés.
Alain Soral – Mais dont la
religion d’État nous est profondément hostile. Eh ben, on fait
comme on peut pour vivre selon nos valeurs, malgré tout. Et
effectivement, on reste là, on ne part pas, et on ne subit pas non
plus la Saint-Barthélemy. Eh ben, c’est la situation objectivement
du musulman et du catholique.
Albert Ali – Pour compléter sur
l’anomalie historique et sur le concept effectivement « de
français de culture musulmane » entre guillemets parce que
effectivement, y’a pas de culture musulmane en-soi, en vérité. Et
simplement même pour des populations immigrées venues de la sphère
musulmane qui sont restées peu pratiquantes et qui ont même
abandonné leur religiosité, voire complètement même abandonné
leurs croyances et sont devenues athées ou autres, il reste toujours
des marqueurs identitaires en lien, même si on le sait pas, avec
l’islam.
Et très souvent d’ailleurs, vous
voyez que plus on est éloigné de la pratique pure du dogme, etc.,
plus on sacralise des aspects périphériques ou moins importants.
Si vous prenez par exemple le cas de
la fête de l’Aïd, elle est pratiquée par une grande majorité de
musulmans issus de l’immigration – peut être même par des
musulmans de culture – et parfois ce sont des gens qui ne
pratiquent pas, qui ne vont pas, par exemple, à la mosquée ou qui
jeûnent juste au moment du ramadan, voire même pas du tout.
Mais plus on est éloigné
effectivement des fondamentaux du culte et du dogme, et plus on
s’attache à des éléments de périphérie.
Donc dans ce sens-là, il existe
effectivement des Français de culture musulmane qui sont aussi des
Français qui ont un lien avec cette histoire, et qui peut-être dans
trois, quatre, cinq, dix générations seront intégralement
assimilés, ne feront aucune référence à l’islam, et seront
peut-être même athées, catholiques, peu importe. Et c’est dans
ce sens-là que je l’entends. Je ne dis pas que c’est un concept
qui est valide en-soi.
Je suis professeur
d’histoire-géographie, et comment envisagez-vous la relecture de
l’histoire que vous proposez alors que l’apprentissage scolaire
est principalement détenu par la communauté que l’on n’a pas le
droit de nommer ?
Albert Ali – Il cherche la
bagarre, lui. J’allais dire, ça fait plaisir de revoir des vieux
visages d’il y a dix ans, quinze ans. Mais je suis désolé, je te
connais pas. Je sais pas qui tu es.
Dans le public – Maintenant vous
me connaissez.
Albert Ali – Non, non mais, si
vous voulez, le sujet qui est abordé effectivement, on revient aussi
à l’histoire de la double nationalité. On ne peut pas se
permettre demain de critiquer le double national franco-israélien
qui va passer son service militaire dans les checkpoints. Comment il
s’appelle notre ami ?
Alain Soral – Arno Klarsfeld.
Albert Ali – Notre ami Klarsfeld,
donc qui va contrôler du palestinien, etc., avec l’uniforme et
dire : « Oui, c’est ignoble, c’est injuste. », et
finalement conserver aussi cette même double nationalité, voire se
retrouver demain dans la même situation. Là, c’est pareil. Sur la
question de l’histoire, quand je dis effectivement c’est
important, c’est d’abord pour des raisons pratiques. Parce que
réviser l’histoire, c’est essentiel. C’est la façon dont les
historiens travaillent en continu.
Et dans notre situation aujourd’hui
de trouble et de tension dans laquelle nous sommes, nous avons besoin
de cette démarche de révision et de sélection parce que c’est
une écriture de l’histoire sélective, pour en faire des éléments
fédérateurs.
Maintenant quant à l’histoire
officielle, celle effectivement des manuels scolaires et de comme
dirait notre ami Dieudo, de Fernand Nathan qui nous cassait les
pieds, d’abord ça pose la question effectivement de l’écriture
de l’historie officielle post Seconde Guerre mondiale. Puisque vous
savez que sur ce sujet-là, on a pas le droite de dire grand-chose
finalement. Ce qui est d’ailleurs grave d’un point de vue
historique. Et c’est étonnant parce que même ceux qui sont issus
des lobbies, des réseaux, qui ont imposé cette loi, aujourd’hui
commencent à dire : « Il faudrait réviser la loi Gayssot
», etc. Les Lévy et autres.
Bon effectivement, en tant que
musulmans, en tant que Français musulmans, on se doit de travailler
à faire sauter ces verrous-là et dire : y’a des lois
mémorielles mais le législateur n’a pas à légiférer sur
l’histoire ni à la fixer, parce qu’elle est mouvante. L’histoire
est historique et elle évolue au fur et à mesure des recherches.
Mais tu soulèves une question en
vérité beaucoup plus profonde que celle-là, puisque tu es
enseignant. C’est la question de l’enseignement de
l’histoire à l’école et de l’enseignement tout court. Parce
que nos programmes scolaires aujourd’hui sont totalement sous emprise
– il faut relire Bernardin, Machiavel pédagogue.
Il l’a écrit en quatre-vingt-quinze. Donc c’était déjà y’a
seize ans –, y’a seize ans il disait déjà comment les
programmes mondialistes travaillent au sein de l’Europe de l’Ouest
à refondre l’intégralité des programmes pour imposer
effectivement une certaine lecture de l’histoire et une visée
conforme au projet mondialiste.
Et c’est là où on revient à ce
qu’on disait tout à l’heure. Quels sont nos combats ?
Travailler sur ce combat-là par
exemple, c’est cent fois plus important que continuer à dire :
il faut faire du testing à l’entrée des boîtes de nuit.
Sur des questions fondamentales
comme celles-là, où sont les musulmans ?
Sur la question par exemple de la
protection des valeurs essentielles comme celle par exemple le Christ
– où on voit des gauchistes athées laïcards bombarder le visage
du Christ d’excréments – où sont les musulmans alors que c’est
notre prophète ?
Donc c’est des combats comme
ceux-là, la question des programmes, la question des lois
mémorielles, la religion choisie qu’elle ne nous concerne pas…
Nous, on est pas concernés par cette histoire. On a pas participé à
fabriquer du Zyklon B. On ne sait pas ce que c’est. Nos pères à
cette époque, ils étaient plutôt en train d’éviter les
bombardements dans les Aurès ou ils étaient fellahs
dans la Mitidja. Et cette histoire en vérité, non seulement elle ne
nous concerne pas, mais on ne doit pas avoir de scrupule ni de peur à
se dire : mais moi j’en suis encore à la souffrance des
Amérindiens. J’ai pas le temps encore de pleurer sur cette période
de l’histoire. J’en suis à cinq cents ans en arrière où à
l’époque déjà – et là il faut fouiller effectivement
derrière, encore une fois – les Amérindiens ont été exterminés,
les Indiens ont été exterminés. Y’a personne pour pleurer pour
eux. Moi j’aimerais bien parler plutôt de cette phase-là de
l’histoire aux enfants que de parler de l’histoire contemporaine.
Alain Soral – Pour répondre
à la question de manière plus pratique, je pense que la question se
pose d’un enseignant qui a une distance par rapport à la
propagande historique officielle, la douleur que ça doit être
d’être fonctionnaire, d’être obligé d’appliquer les
programmes en risquant de perdre son boulot. Ce qui veut bien dire
que la question, elle est là.
C’est quand j’entends moi une
jeune maghrébine me dire : « C’est quand même le
PS qui nous donne le plus de postes », eh ben à ce moment-là,
il faut être une maghrébine franc-maçonne, parce que là, ce n’est
pas douloureux.
Mais si on est une Maghrébin
français musulman, de force, de faire bouffer aux enfants des écoles
le charabia et le mensonge maçonnico-impérialiste, ça doit être
très douloureux. Et si vous ne le faites pas, l’inspection de
l’académie, etc., vous perdez votre travail. Ce qui veut dire
qu’on est toujours dans la soumission et dans l’indigénat en
réalité, quand on accepte ce genre de cursus.
Et malheureusement, je n’ai pas
beaucoup la solution. Mais quand je parle de rétablir un rapport de
force en France, on sait très bien que la ligne directrice de
l’histoire de France officielle, c’est pas l’apologie de la
France éternelle, vous le savez aussi. C’est la diabolisation de
la France colonisatrice, collabo, etc., etc. Et finalement, quand je
parle de rééquilibrage communautaire, si réellement il y avait des
communautés suffisamment puissantes en France pour faire
contrepoids, elles pourraient faire contrepoids à l’intérieur de
l’institution sur justement que les programmes scolaires ne servent
pas qu’un seul maître. Or on est face à ce déséquilibre total
qui fait que même un fonctionnaire de l’Éducation nationale qui
se dit : « Je suis un musulman prof d’histoire,
donc j’ai atteint un certain niveau. », en fait c’est pas
vrai. Parce que si jamais il pète de travers sur le programme
officiel, il se fait sortir de l’Éducation nationale.
Et ça doit être une douleur
terrible parce qu’il n’a pas les moyens économiques de faire
autre chose. Finalement il se dit : « Je tiens ce poste,
c’est mieux que si c’est un mec de la LCR qui le tient. »
Et en même temps, il est obligé de faire de la propagande
minuscule, ce qui doit être terriblement douloureux.
Moi, j’ai renoncé à tout ça. Je
suis passé de l’opposition à la résistance. Je suis.
Albert Ali – Dans le maquis.
Alain Soral – Dans la
position de la dissidence soviétique. Tout le monde ne peut pas le
faire. J’ai pris des risques et tout le monde ne peut pas le faire.
Mais en réalité, vous [à
l’enseignant dans le public], vous êtes l’incarnation de la
fragilité d’une communauté, de ce qu’elle représente. Mais les
cathos trad. exactement qui veulent faire des écoles et qui sont
obligés d’accepter, pour des raisons d’argent, ce qu’on
appelle le contrat d’association et ce qu’on appelle finalement
les écoles sous contrat. Ces écoles sont obligées aussi de faire
du laïcarisme intégriste de la même façon.
Albert Ali – Enseigner Darwin.
Alain Soral - Parce que
sinon, elles ne peuvent pas fonctionner. Et c’est toujours pareil.
Et c’est à un moment donné, est-ce qu’on peut échapper à
ça, et comment ?
Et tout ça est un long combat, je
dirais en dernière instance, politique, qui passe par un
rééquilibrage et un respect. Respect de visions du monde et donc de
visions historiques. Malheureusement dans ce combat-là, on a un
certain nombre de collabos dans votre propre camp.
Parce que chaque fois qu’on
diabolise la France, le peuple français, la colonisation, la
collaboration sur les critères de l’antiracisme et de
l’antifascisme, on se tire une balle dans le pied aussi en tant que
musulman, en réalité. Et c’est tout ça la complexité.
Mais moi, j’entends votre
question : c’est comment pourrais-je faire de l’histoire
honnête telle que je l’ai comprise sans perdre mon travail ?
Eh ben pour l’instant,
malheureusement, la réponse c’est qu’il n’y a pas de solution.
Et ça prouve bien que vous êtes dans une situation d’extrême
fragilité, bien que fonctionnaire d’État. Et c’est un constat.
Et dernière remarque. L’école de
Toulouse où il y a eu quatre morts récemment, je vous garantis
qu’eux, personne ne va leur demander ce qu’ils enseignent à
leurs élèves. Et je vous garantis que ce ne sont pas du tout les
valeurs républicaines. Je le sais parce que j’ai un membre de mon
association qui est pion dans une de ces écoles. Il dit :
« Mais c’est inouï que ces gens-là touchent de l’argent
de la République française pour véhiculer un message pédagogique
qui est le contraire absolu permanent même des droits de l’homme,
de l’universalisme républicain, etc. » Or personne n’oserait
jamais critiquer le fait que ces écoles ont le statut effectivement
aussi de.
Albert Ali – Écoles sous contrat.
Alain Soral – Et qu’elles
touchent de l’argent de l’État, etc. Et là on peut se poser la
question. Et si jamais des musulmans voulaient faire la même chose,
il y aurait un déferlement contre eux des médias, etc., etc., en
disant ce sont des écoles coraniques qui poussent au djihad, etc.
Donc ça prouve bien que tout est
une question de rapports de force communautaires en réalité et que
la voie courte qui dit : « Je suis gentil avec le
Parti socialiste, il nous donne des postes », c’est quand
même de l’indigénat. C’est-à-dire effectivement, vous avez le
salaire mais la soumission qui va avec. Et qu’il faut que vous
choisissiez. Il n’y a pas le salaire et l’autonomie.
Alors qu’il y en a qui ont le
salaire – et le gros salaire parce qu’en général, il y a des
grosses subventions – et l’autonomie totale. Eh ben ça nous
prouve bien qu’il y a dans la République, qui est une espèce
d’habillage pour les enfants, un rapport de force communautaire. Et
que c’est celui-là qui détermine en dernière instance l’histoire
qu’on peut ou ne peut pas enseigner.
Et ça nous oblige à nous poser la
question de savoir qu’est-ce que c’est qu’une action politique
à long terme. Et une fois de plus, je vous le dis, les cathos trad.
sont dans la même situation que vous. Et ils sont Français de
souche depuis.
Albert Ali – Deux mille ans.
Alain Soral – Depuis le
baptême de Saint-Louis, de Clovis. Depuis 1500 ans.
Albert Ali – 498.
La laïcité
républicaine ne devrait-elle pas suffire au maintien de la paix
civile ?
Alain Soral – Je crois que
vous nous dites ce qui est le discours de Marine Le Pen officiel, qui
est un discours assez généraliste et politiquement, on va dire,
assez efficace, mais assez ramasse-tout. C’est-à-dire que finalement
la laïcité, c’est le vivre ensemble et c’est le respect de
toutes les religions confinées dans leurs sphère privée, etc.,
etc.
Sur le papier, c’est vrai. Moi, je
suis d’accord. Mais en réalité la façon dont ça se passe sur le
terrain réel de la politique réelle, la République laïque
n’existe pas, c’est un mensonge.
J’aimerais bien qu’elle existe.
Et je vous dis, elle ne pourra exister que par un rééquilibrage
communautaire. C’est-à-dire qu’en réalité ça part du bas pour
remonter vers le haut.
Pour qu’effectivement la laïcité
soit respectée en France, il ne faut pas que la laïcité soit le
masque de la synagogue. Or ce n’est pas moi qui le dis, c’est
Bernard-Henri Lévy. Il dit : « Ces synagogues qui
sont le symbole de la République ».
C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on
a une domination communautaire qui est très forte et ce qui se
vérifie par le dîner du Crif qui est tout sauf laïque – je mets
sur mon site régulièrement des prêches de Adler, etc. –
qui fait qu’en réalité, ce qu’on appelle la laïcité, c’est
la soumission à une double religion qui ne dit pas son nom –
on va dire la religion maçonnico-sioniste – de gens qui sont
plutôt de culture catholique et aussi de culture musulmane, souvent
en les humiliant. Et que forcément, le résultat n’est pas très
efficace.
Et moi, je suis pour effectivement
que le consensus républicain, exactement comme. Je vous signale que
ce dont vous rêvez existe notamment dans des tas de pays arabes.
En Syrie, il y a un consensus global
qui s’appelle le baasisme qui officiellement est un régime laïque,
tenu par une minorité alaouite mais qui est en réalité, dans ce
monde complexe et compliqué qu’est le monde arabe, un équilibre
de communautés, chrétienne, chiite, sunnite, etc., dans le but de
ne pas sombrer dans la guerre civile.
Ce qui veut dire qu’en réalité,
dans certains pays justement arabo-musulmans – ça existait aussi
en Iraq du temps de Saddam Hussein – il y a des pouvoirs qui
réellement sont des consensus d’équilibre communautaire. Mais
parce qu’on admet dans ces pays-là qu’il y a des communautés et
que la paix civile et sociale dans un État complexe ne peut résulter
effectivement que d’un consensus de communautés.
En France, dans la Constitution
française, les communautés n’existent pas. Il faut le savoir.
Rien ne doit exister entre le citoyen de la nation. C’est le
préambule de la Constitution française. Or en réalité le
citoyen-individu n’est rien, et la nation est une pure abstraction.
Et tout en fait n’existe que par ce qu’on appelle les nouveaux
corps intermédiaires qui sont les réseaux. Et ces réseaux sont
d’ailleurs occultes.
C’est pour ça que la
franc-maçonnerie, qui est toute-puissante dans la République
française, est toujours niée quand on en parle, parce que c’est
contraire à la Constitution, puisque c’est quelque chose
d’antidémocratique, d’initiatique et d’ésotérique. Donc
c’est antidémocratique et antirépublicain. Ce qui veut dire que
la République historiquement laïque est un mensonge intégral.
C’est ça le problème.
Donc il faudrait que ça devienne
une vérité pour que je vous donne raison.
Et le problème, c’est que comme
je l’ai dit, dans la situation telle qu’elle est, pour que la
société française soit réellement une société qui mette la
laïcité au dessus des luttes communautaires
ethnico-confessionnelles, il faudrait que ça passe par une charte de
réconciliation des communautés
Albert Ali – Un CNR.
Alain Soral – Qui disent
effectivement : nous mettons la République française au-dessus
de toutes nos communautés pour éviter les tensions. Or aujourd’hui,
c’est pas comme ça. La République française est sous contrôle
d’une puissance double, clairement identifiée, qu’on peut
appeler maçonnico-sioniste et qui en fait dicte sa loi à travers un
mensonge laïco-républicain aux autres communautés en les menaçant,
les humiliant et en cooptant certains, qu’on appelle collabeurs.
Je vais pas parler de Boutin.
On a les mêmes. Madame Boutin représente les catholiques de France.
Vachement !
Donc si ceci n’était pas un
mensonge, je serais d’accord avec vous. Mais pour que ça puisse
fonctionner, il faudrait d’abord que ça cesse d’être un
mensonge. Et aujourd’hui, le genre de débat qu’on a, c’est de
faire un audit honnête de ce qu’est la République laïque
officielle. La République laïque officielle est globalement un
mensonge qui cache des dominations de réseaux et d’autres
soumissions.
Et je le dis aujourd’hui. Pour que
finalement la République laïque française tienne les promesses
qu’elle nous avait faites, étant donné que ça ne peut pas se
faire par une intercession divine, il faut que ça se fasse par un
rééquilibrage communautaire. C’est-à-dire qu’il faut que les
communautés se fassent respecter.
Or aujourd’hui, nous avons une
communauté hyper-minoritaire qui dicte sa loi à des communautés
très importantes, qui sont la communauté chrétienne de souche et
la communauté musulmane. Et aujourd’hui, la communauté musulmane
est instrumentalisée dans une stratégie de perturbation. Et moi, je
fais cette analyse qui est je le dis, risquée – ça s’appelle
mettre ses mains dans le cambouis – et honnête.
Et elle ne s’oppose pas, cette
analyse, au discours général de Marine Le Pen qui dirait :
« Il faut absolument que la laïcité soit au dessus pour qu’on
n’ait pas ces bagarres de prières de rue, etc. » Je pense
d’ailleurs et Albert Ali va nous le confirmer. Un musulman français
intelligent et authentique n’est pas pour les prières de rue. Les
prières de rue sont interdites dans les pays du Maghreb, dans les
pays arabes. On sait très bien que c’est stratégiquement très
maladroit, les prières de rue.
Albert Ali – C’est pas le
meilleur profil qu’on montre.
Alain Soral – Donc voilà.
J’aimerais bien que la République française laïque soit la
République française laïque telle qu’on nous l’a promise. Pour
ça, y’a un rééquilibrage des rapports de force communautaires à
faire. Ça ne se fera donc pas par le haut mais par le bas. C’est
pour ça que nous parlons aujourd’hui.
Et de dire : « Vive la
laïcité, la République est au dessus de nous tous et tout va bien
et on rentre tous chez nous ! » c’est un vœu pieux mais
ça ne changera rien. C’est nier des problèmes qui s’imposent à
nous.
Si nous parlons aujourd’hui de la
question musulmane en France, c’est qu’elle est au cœur du débat
politique, au cœur de la problématique. Et je ne peux pas juste la
nier par de la rhétorique. C’est comme dire : « Il n’y
a pas d’aveugles en France, il n’y a que des non-voyants. Il n’y
a pas de nains, il n’y a que des gens de petite taille. »
C’est toujours pareil. C’est la même chose.
Alors que Marine Le Pen dise ça,
c’est une déclaration qui est très bien. Mais derrière, le
travail est à faire. Et le travail, ça consiste aussi – ce que
Marine fait d’ailleurs, soyez-en conscients – à rencontrer les
élites franc-maçonnes via d’ailleurs Monsieur Maître Collard,
de rencontrer les élites musulmans – si tant est qu’elles aient
des représentants légitimes. Ça se fait un peu en ce moment par
Fils de France, parce que malheureusement les élites musulmanes de
France ne sont même pas les élites musulmanes de France.
Car la communauté musulmane en tant
que communauté dominée – ce qui est un marqueur – ne choisit
pas ses représentants. Et la démonstration politique d’une
communauté non-autonome, c’est que ce n’est pas elle qui désigne
ses représentants, voyez. Les représentants sont choisis par
l’autre communauté. Or vous savez très bien aujourd’hui que le
CFCM, etc., sont choisi par le Crif.
Albert Ali – Chalghoumi.
Alain Soral – Si vous ne le savez
pas, je vous l’apprends.
Donc pour qu’il y ait un débat
intercommunautaire avec au dessus la République française, il
faudrait déjà que celui qui parle des musulmans ne soit pas un
avatar du Crif, que celui qui parle des catholiques ne soit pas aussi
un avatar du Crif, comme Madame Boutin et Monsieur Vanneste.
Alors que là aujourd’hui, nous
avons que des représentants du Crif, avec un qui est déguisé en
musulman, un qui est déguisé en catholique, etc., etc. Et ça,
c’est la réalité que j’ai le courage de dénoncer.
Et je pense que là-dessus, ça sera
admis par tous les musulmans ici honnêtes. Vous êtes une communauté
de sept millions d’âmes en France, vous n’avez jamais choisi une
seule fois vos représentants. Les gens qui parlent en votre nom,
vous ne les avez pas choisis. Ils vous trahissent et vous déshonorent
systématiquement. Et on sait très bien que c’est au mieux la
République qui les choisit pour vous, voyez. Et c’est un problème
parce qu’en général, ils sont là pour vous déshonorer et pour
jouer contre vos intérêts bien sentis.
Et je dirais la même chose pour les
catholiques. Aujourd’hui, quand le cardinal ou l’évêque de
Paris condamne les catholiques qui sont allés s’agenouiller pour
interrompre la pièce de théâtre qui s’appelait.
Albert Ali – Picnic machin.
Alain Soral – Oui, je sais
pas quoi, qui était une pièce de théâtre payée avec l’argent
public, en partie.
Albert Ali – Golgota picnic.
Alain Soral – Golgota
picnic où on jette des excréments sur le visage du Christ, etc.
Le prélat officiel de la religion
catholique pour le diocèse de Paris a condamné les catholiques qui
sont allés s’agenouiller pour dire qu’ils s’opposaient à ce
blasphème.
Eh ben, je sais que ce type-là ne
représente pas les catholiques. Lui aussi a été choisi par la
franc-maçonnerie dominante, on le sait très bien depuis Vatican II.
Vatican II est un ralliement à la
fraternité universelle maçonnique et une soumission effectivement
de la religion catholique à la religion mondialiste, pour ne pas
disparaître. C’est-à-dire qu’on a sauvé les ors du Vatican, mais
on a renoncé au Christ, en gros. C’est ma position.
Donc votre question était
compliquée. C’est oui j’aimerais que la France soit une
République laïque qui maintienne en harmonie et en paix, une
relation de force communautaire, car c’est la réalité de toutes
les sociétés du monde et de la société française aussi. Mais
pour ça, il faudrait pratiquer un rééquilibrage communautaire par
le bas, qui vienne de la base.
Et ce rééquilibrage communautaire
passe par le fait que déjà les représentants des communautés,
dans les débats républicains, soient choisis par les communautés
qu’ils sont censés représenter. C’est-à-dire qu’ils soient
mandatés par leur propre communauté.
Ce qui n’est pas le cas
aujourd’hui, que ce soit pour les catholiques, pour les musulmans.
Et d’ailleurs même on sait très
bien que Nicolas Sarközy président – donc représentant de la
communauté française – était objectivement un agent américain
et un agent israélien. C’est clair et net par ses combats et ses
décisions. Nous ne sommes pas représentés par les gens de notre
communauté, nous, Français.
Mon représentant naturel et
légitime était Jean-Marie Le Pen, c’est une certitude pour moi,
car lui se bat pour mon pays, j’en suis sûr. Mais c’est un
marginal qui se fait cracher à la gueule et insulter exactement
comme un islamiste.
C’est les deux catégories
insultées par la République française. Ce sont les nationalistes
français traités « d’extrême droite » et de
fascistes et les musulmans traités d’islamistes et d’intégristes.
Je le redis.
Donc, c’était une question
complexe. Je suis d’accord sur le projet d’une République qui
chapeaute les communautés dans un équilibre on va dire de
séparation de l’Église et de l’État. Ce n’est pas le cas
aujourd’hui. Et pour y arriver, il faut pratiquer du rééquilibrage
communautaire. Sinon, on est dans les abstractions, on est dans les
mensonges.
En abandonnant l’assimilation, nous rentrons dans un monde
anglo-saxon ou chacun se bat pour sa paroisse ?
Alain Soral – Ça n’a
jamais existé l’assimilation. L’assimilation, c’est toujours
une communauté qui domine. L’assimilation, c’était le projet de
la IIIème République. La IIIème République, c’est la République
de Jules Ferry, qui je vous signale est le saint patron
officiel du président qui vient d’être élu par la majorité des
musulmans de France.
Albert Ali – Races supérieures.
Alain Soral – C’est l’apologie
de la colonisation au nom de la race, la religion maçonnique
intégrale, etc. Donc c’est un rapport de force. Donc ce qu’on
appelle l’assimilation, c’est l’assimilation à la communauté
dominante. Si vous commencez à ne pas vouloir comprendre ce que je
viens de vous expliquer, c’est-à-dire que ça n’a jamais existé
des situations où il y a une instance politique pure représentative
et des individus.
En réalité, cette représentation
officielle de l’État français qui est de dire : il y a
l’État qui représente l’intérêt général et les individus
citoyens qui ont un pouvoir de représentation par le vote
démocratique ; tout ça est une mascarade intégrale.
Et si vous admettez cette mascarade,
vous dites : il ne faut pas tomber dans une société de
communautés à l’anglo-saxonne. Il faut pour qu’on puisse
effectivement à la limite aller au-delà de la pure lutte
communautaire horizontale, il faut déjà admettre qu’il n’existe,
dans la politique réelle, que les réseaux et les communautés.
Et qu’en réalité les lois du
sang et les lois du Dieu et les lois raciales sont permanentes dans
tout le système occidental. Toutes les dynasties qui règnent au nom
de la démocratie y compris au États-Unis sont des oligarchies
dynastiques raciales et de sang. Les types sont là depuis deux
siècles. Je suis désolé. Que ce soient les Rockefeller, que
ce soient les Rothschild, que ce soient
les Bush, ce sont des dynasties, ce sont des réseaux. Ils
sont membres des Skull & Bones, ils sont membres de
grandes universités américaines, etc. Ce sont des familles, ils
sont membres de religions.
Vous voyez très bien que le seul
président catholique qu’il y a eu aux États-Unis, c’est
Kennedy : il est mort assassiné. Vous voyez ce que je
veux dire.
Donc si vous êtes dans la vision du
monde que ce pauvre professeur d’histoire est obligé de vous
enseigner, en réalité pour que vous ne compreniez rien à la
politique et que donc vous subissiez comme un bon mouton toute la
domination par tout le Fernand Nathan qu’on vous a fait bouffé. Le
but, ce n’est pas de faire de vous un citoyen conscient qui peut
être décisionnaire de son propre destin. C’est de faire de vous
un couillon de votant qui ne comprend jamais rien à la réalité du
politique. Ce qui amène à l’auto-alternance, Sarközy puis
Hollande. Et c’est « le changement, c’est
maintenant. »
Comme disait Dieudonné : un
dans la gueule, un dans le cul. Et que la majorité des imams de
France ont appelé à voter Hollande au premier tour ! Eh ben
moi, je vous incite à vous cultiver politiquement. C’est un peu
comme dans le film, avec la pilule bleue, la pilule rouge. Et je vous
le dis : c’est très douloureux le travail de conscience.
Dans le public – Oui, je suis
d’accord avec vous.
Alain Soral – Et c’est
douloureux et dangereux.
Dans le public – Je suis français,
expatrié en Hollande, et je vois que le communautarisme en fait, a
donné plus de réussites en fait avec les gens issus de
l’immigration. Alors qu’en France, y’a pas de réussite.
Alain Soral – Oui, bien
sûr. Et c’est pour ça que j’ai l’honnêteté de dire ça.
J’ai l’honnêteté de dire ça et les gens disent : mais
finalement vous êtes un républicain et finalement, vous êtes pour
le communautarisme !?
Je dis que finalement, le
communautarisme est plus honnête. De toute façon, il existe quoi
qu’il arrive. Si la communauté turque est moins montrée du doigt
en tant que communauté musulmane, c’est parce qu’elle est plus
communautaire dans sa cohésion et sa conscience d’être truque.
Elle pose moins de problème et elle obtient plus de privilèges au
niveau même des privilèges dans le Xème arrondissement, voyez c
que je veux dire, à Paris.
Et que si vous dites : je suis
un citoyen français, rien ne doit exister entre la nation et la
citoyenneté, j’ai bien appris mon catéchisme et je travaille pour
réussir mon examen de fonctionnaire et je vais devenir, moi
maghrébin, fonctionnaire de police, etc., et donc je vais défendre
un peu les miens, vous arrivez à un résultat zéro. C’est
malheureusement comme ça.
Et je vous le dis : la
République ne peut provenir en réalité que d’un consensus de
réseaux et de communautés. Et pour que y’ait une certaine
égalité, il faut qu’il y ait réellement un équilibre, en fait
un équilibre du poids des communautés.
Et qu’aujourd’hui, tout le
mensonge républicain vient du fait, non pas du fait qu’il y ait du
communautarisme, mais qu’il y ait un déséquilibre très, très,
grand, inouï, des rapports de force communautaires.
Ne pensez-vous pas
être trop agressif vis-à-vis de Tariq Ramadan, alors qu’il
représente autant, voir plus, la droite des valeurs que Marine Le
Pen ?
Alain Soral – Déjà, j’ai
croisé plusieurs fois Tariq Ramadan depuis ces dix dernières
années, et je l’ai soutenu très longtemps parce que je pense que
dans un vide qui a correspondu au vide des années quatre-vingt-dix,
notamment à l’époque de la loi sur le foulard, Tariq Ramadan, par
son érudition, son élocution, était bien plus à même d’incarner
une certaine fierté musulmane que les musulmans de service qui
étaient en général des blédards manipulés par tous les pouvoirs
d’ici ou d’ailleurs. C’est sûr qu’entre l’imam de Drancy
et Tariq Ramadan, y’a pas photo. Donc j’ai très longtemps été
pour Tariq Ramadan, contre ses opposants comme Caroline Fourest.
Et puis à un moment donné, je lui
ai posé des questions en direct et en indirect auxquelles il n’a
jamais voulu répondre. Et surtout, j’ai remarqué que
progressivement. Au départ il dénonçait la main mise de certains
intellectuels sur la France. Il parlait même de listes. Donc il
dénonçait une domination. Il a d’ailleurs été sanctionné pour
ça, assez secoué. Et petit à petit, j’ai remarqué que son
discours s’était infléchi et que plus son discours
s’infléchissait, moins je le trouvais légitime pour deux raisons.
D’abord je posais cette question
claire et nette. Les représentants des Français de confession
musulmane sont toujours choisis de l’extérieur. Et même quand on
a l’impression qu’ils sont choisis de l’intérieur, ils
viennent de l’extérieur. Il y a sept millions en France de
Français musulmans, pourquoi cela fait maintenant quinze ans qu’il
n’y a que Tariq Ramadan pour parler des musulmans français ?
Il n’est pas français. C’est
quand même clair, non ? Il ne vit pas en France, et il ne vit
pas – c’est pas une question de théologie, c’est une question
de stratégie politique et de vie quotidienne –, il ne sait pas ce
que c’est que vivre en général en tant que français pauvre,
puisque les musulmans sont socialement issus des classes inférieures
– je parle pas des Saoudiens du Vésinet. Il ne sait pas
concrètement ce que c’est que le rapport quotidien aux Français
de souche dans une situation aggravée par la crise économique et
manipulée. Et les réponses théologiques à ces questions
quotidiennes n’ont aucune valeur.
Car la loi républicaine, comme vous
le savez, est une loi terrestre de rapport de forces et elle est
changeable. Alors quand Ramadan dit : « La loi sur le
foulard est illégale par rapport à la loi républicaine. »,
il a pas compris qu’il suffit que la franc-maçonnerie se réunisse.
Ils font des planches et ils font changer la moi. La loi est un
rapport de force en France.
Donc je trouvais que sa réponse
pseudo-théologique, ou théologico-politique était à côté de la
plaque, car il valait mieux intégrer le rapport de force et
comprendre, une fois de plus, les ennemis primaires et secondaires.
Et moi je n’étais pas l’ennemi primaire de Ramadan. Simplement à
un moment donné, nos relations se sont refroidies.
Et notamment je dis, pendant un
certain temps, il valait mieux que ce soit Ramadan qui parle plutôt
que l’imam du bled payé par les services algériens, par le régime
marocain via le projet Aladin et la famille Azoulay,
ou etc., etc.
Mais à un moment donné, je me suis
dit : il tient la place pendant un certain temps mais
finalement, à force de la tenir, il la bloque. Parce que où sont
les jeunes Français musulmans qui sont montés derrière lui, pour
enfin que les Français se disent : il y a des Français
musulmans qui parlent et ce ne sont pas toujours des étrangers qui
parlent ? Parce que le Français de base, y’a un piège. Quand
on donne la parole à Tariq Ramadan, le Français de base se dit :
oh ! il est très fort ce dialecticien étranger qui représente
finalement l’islam de l’étranger. C’est un petit malin, c’est
un bon dialecticien. D’ailleurs on comprend jamais quand il répond
à une question, ce qu’il veut vraiment dire, tellement il est fort
en dialectique. Je me dis, finalement de choisir Ramadan pour parler
au nom des musulmans, c’est pas lui qui choisit, on l’invite.
Est-ce que ce n’est pas un piège tendu pour que les Français se
disent : les musulmans sont des étrangers qui ne répondent
jamais clairement aux questions qu’on leur pose ?
Donc je me dis, à un moment donné,
Tariq Ramadan, plus le temps a passé, plus il était étranger qu’il
n’y ait pas parmi les sept millions de Français musulmans, un
musulman français – que ce soit un musulman converti ou un
musulman issu de l’immigration qui a bac plus sept – qui
s’exprime parfaitement et qui puisse parler en tant que Français
musulman. Pourquoi faut-il allé chercher un Suisse d’origine
égyptienne qui enseigne en Angleterre ?
Je me dis à un moment donné, même
Ramadan lui-même devrait chercher des gens pour aller parler à leur
place. Parce que quoi qu’il dise, même s’il le dit bien, il est
piégé par ce qu’il est. Vous voyez ce que je veux dire.
C’est-à-dire on se dit, un : y’a pas de musulman pour parler
au nom de musulmans. Les musulmans sont le parti de l’étranger, ce
sont des antifrançais. Et deux : Ramadan malheureusement est
très souvent sur les positions anticolonialistes, antifrançaises,
mondialistes, c’est-à-dire pro-immigration. Je vois pas pourquoi un
Français musulman serait pour l’immigration.
Dans le Public – A l’image de la
phrase de Carl Schmitt, (inaudible)
Alain Soral – C’est lui
qui progressivement. Moi, une fois j’étais invité au congrès de
l’UOIF. Je m’y suis rendu. Nous nous sommes retrouvés à un
moment donné sur une photo avec lui moi et Dieudonné. Moi,
j’ai des sympathies avec des gens du Front national. En permanence
on me dit : qu’est-ce que tu fais avec les musulmans ? A
Ramadan on peut dire : qu’est-ce que tu fais d’un seul coup
à discuter avec Soral ?
Moi, je n’ai pas écrit un texte
long comme le bras pour me laver les mains après les lui avoir
serrées. J’assume de rencontrer Ramadan et de lui parler. Lui a
dit : « J’ai rencontré Soral. Mais c’est une erreur.
Je me suis lavé la main après le lui avoir serrée. »
La dernière fois, moi j’ai
défendu [Souhail] Chicha
contre Caroline Fourest. Lui a fait un texte de solidarité
avec Fourest contre Chicha, au nom de la liberté de pensée
voltairienne. Excusez-moi, Voltaire pour moi,
c’est pas une référence au niveau des valeurs – moi je suis
rousseauiste. Et au niveau de l’islam, je vois pas.
Ramadan n’est plus le Ramadan d’il
y a dix ans. Il n’est plus le Ramadan d’il y a dix ans parce que
le contexte a changé et que maintenant, il bloque une place, alors
qu’il aurait dû former des gens pour effectivement incarner les
Français musulmans respectables et respectés par les Français. Or
pour l’instant, il bloque la place, il la garde.
Et puis petit à petit, son
évolution s’est quand même faite. C’est qu’avant il était
quand même quelqu’un qui tenait la dragée haute au pouvoir
sarkozyste sur des lignes antisionistes et de domination
communautaire assez claire. Et aujourd’hui, sur l’affaire libyenne,
il a accompagné la pacification libyenne d’Al-Qaïda tout en
disant après coup, une fois que Kadhafi est mort, que Kadhafi
était un grand leader africain qui essayait de faire une monnaie
pour l’Afrique, qui avait aidé l’Afrique, etc. Kadhafi qui était
d’ailleurs, et un musulman et un arabe.
Donc là je me dis : comment se
fait-il qu’il a soutenu Bernard-Henri Lévy ?
Parce que là, je vais vous la faire
courte. Derrière, il était avec Bernard-Henri Lévy sur la
pacification de la Libye.
Eh ben moi, je me suis fâché avec
un ami de vingt-cinq ans qui est Marc-Édouard Nabe,
voyez. J’ai dit : on est en guerre et maintenant tu es de
l’autre côté. Donc tu es mon ennemi parce que moi, je suis
aujourd’hui contre la destruction impériale de la Libye – c’est
fait – et je suis aussi contre la destruction impériale de la
Syrie. Et je refuse d’admettre la lecture impériale de la Syrie,
comme quoi ça serait une guerre de méchants alaouites contre des
gentils sunnites. Je pense que c’est beaucoup plus compliqué que
ça.
On sait aujourd’hui d’ailleurs
que ce sont des agents extérieurs armés. En fait, c’est la
stratégie Al-Qaïda.
Et malheureusement Ramadan n’est
plus le Ramadan d’il y a dix ans.
Et certaines questions que je lui
pose, il ne veut pas y répondre.
Je dis à un moment donné, y’a
deux stratégies. C’est à qui profite le crime ? Et cherchez
l’argent. Qui te paye et à quoi tu sers ?
Je vois qu’aujourd’hui, Ramadan
monte un centre de recherche islamique au Qatar. Je me dis, c’est
un gros handicap pour lui, parce que le Qatar, c’est une base
américaine, vous le savez très bien, c’est un pays, quand on veut
défendre le statut social des Français musulmans sur le plan du
droit du travail et de la citoyenneté, au Qatar c’est :
interdiction de partis politiques, interdiction de syndicats, base
américaine, Berbères milliardaires décadents et les travailleurs
immigrés, on leur prend leurs passeports.
Si demain j’acceptai l’argent
d’une dictature néonazie, voyez, vous auriez des problèmes avec
moi. Je veux dire Ramadan à un moment donné se met en danger
lui-même quand il accepte l’argent des qataris. Et qu’on me dise
pas : « Oui, mais il a pris l’argent, il fait ce qu’il
veut. » On travaille toujours pour qui vous paye. Le professer
d’histoire le sait, là-bas. Quand il est payé par l’Éducation
nationale, il est obligé de faire le programme officiel. Et s’il
s’en éloigne, il sera viré.
Donc Ramadan quelque part est pris
malgré lui progressivement dans une logique mondialiste à laquelle
il est intégré, qui fait que de plus en plus, je le vois de moins
en moins légitime pour parler des musulmans de France parce qu’il
est pas français. Et je le vois de plus en plus sur une ligne de
collaboration musulmane au projet mondialiste, qui est peut-être des
accords secrets – ou pas secrets – passés entre les Frères
musulmans et un certain redécoupage du Maghreb et du Moyen-Orient.
Tout ça, on le constate par ce qui se passe en Égypte, ce qui se
passe en Tunisie, etc.
Et je vois que quand je lui pose ces
questions, il dit : « Soral est fou, il est complotiste. »
Et il invite Marc-Édouard Nabe pour faire un truc anti-Soral, ce qui
est une maladresse terrible de sa part, parce qu’il est obligé de
désavouer Nabe sur toutes les questions.
Je dis moi : j’attends que
Ramadan me réponde, voilà, tu vois. Et moi, si vous regardez,
historiquement, je n’ai jamais attaqué Ramadan. Je le fais depuis
quelques mois. Depuis 2002, je ne fais que le défendre, y compris à
l’intérieur du Front national, etc. Et j’ai toujours dit que je
préfère avoir comme voisin Tariq Ramadan que Caroline Fourest.
C’est-à-dire un type bien élevé qui est d’ailleurs un concitoyen
suisse – nous sommes citoyens de Genève tous les deux –, bien
élevé, cultivé et charmant d’ailleurs physiquement, qu’une
lesbienne hystérique payée par Bernard-Henri Lévy pour m’emmerder,
voyez. Donc effectivement entre Ramadan et Caroline Fourest, je
choisis Tariq Ramadan.
Mais quand je vois que lui, dans le
même temps, entre Chicha et Caroline Fourest, il choisit Carolin
Fourest, je me dis : est-ce qu’il n’a pas perdu un peu de
liberté par rapport à avant ? Est-ce qu’il n’est pas
coincé par certaines alliances qu’il a passées, etc., parce que
je sais que sa chaire d’islamologie à Oxford est payée par le
Qatar ?
Et puis je me dis à un moment
donné, quand je m’intéresse à l’islam profond, je lis et
j’écoute cheikh Imran Hosein. Et cheikh Imran Hosein est un
théologien musulman. Tariq Ramadan est un islamologue. Un
islamologue, c’est pas un musulman. Un islamologue, c’est
quelqu’un qui avec les outils de la laïcité occidentale étudie
l’islam comme on dissèque une souris. Comment est-on islamologue
et musulman ? À un moment donné, il faut choisir. C’est
comme un juif laïque. Je ne crois pas au juif laïque et je ne crois
pas au islamologue musulman.
Et je trouve, moi, que Tariq Ramadan
– en mon âme et conscience parce que je suis un mystique et en
même temps un intellectuel – est un politique pur qui a une
logique et qui a une stratégie. Et à un moment donné, dans sa
logique et dans sa stratégie, il me semble qu’il est antinational,
antinationaliste, qu’il est pro-immigration et qu’il est pour
perpétuer le malaise postcolonial. Je le vois assis à côté
d’Houria Bouteldja à Bobigny et assis à côté d’Alain Gresh
du Monde diplomatique. Alain Gresh, [Dominique] Vidal,
etc. Vous voulez que je vous fasse remonter tout le logiciel du Monde
Diplomatique, de Vidal et de Gresh ?
Donc je dis à un moment donné,
c’est Tariq Ramadan qui a bougé. Ce n’est pas moi. Moi je suis
resté le même en face de lui. Et lui, il croise de moins en moins
mon regard, il dévie. Et moi, je fais remarquer.
Et je le fais remarquer aussi pour
Marine Le Pen. Je dis : Marine Le Pen avec l’affaire Merah, tu
as raté le deuxième tour de la présidentielle. Tu es tombé dans
tous les pièges de l’amalgame. Délinquant, musulman, immigré,
voilà. C’était un piège qui a été tendu. Elle est tombée
dedans.
Et moi, je passe beaucoup de temps à
critiquer le Front national. Je passe autant de temps à critiquer le
Front national qu’à critiquer Ramadan. Je critique tout le monde.
Même moi-même parfois. Je critique parfois mes pensées d’hier.
Parce que je suis plus communautaire qu’il y a dix ans. Parce que
j’ai découvert, à force d’études, que le communautarisme était
permanent dans la République française soi-disant citoyenne et
laïque.
Donc moi, je dis : j’essaye
d’avoir un dialogue avec un musulman. Je lui pose des questions. Il
refuse d’y répondre parce que je pense que ces questions sont
gênantes. Mais je pense qu’à la limite, ces questions, c’est à
vous, musulmans français, de les lui poser.
Est-ce qu’aujourd’hui Ramadan ne
joue pas plus une carte de l’islam dans une logique internationale
voire mondiale qui est peut-être la logique des Frères
musulmans ? Et est-ce que cette logique globale est
l’intérêt des musulmans français ?
Je pense qu’en ce moment, ces deux
stratégies : défendre le français musulman ou défendre une
logique de la place de l’islam dans le processus mondialiste, ce
sont deux logiques qui rentrent en confrontation. Or vous votre
intérêt, c’est quoi ?
C’est de défendre le musulman
français au quotidien ou de défendre une certaine stratégie d’une
participation d’un islam mondialiste à un processus mondialiste ?
Et cette question, je la pose à
Ramadan. Elle me paraît très conceptuellement posée clairement. Je
suis tout sauf un dingue, même si j’ai une communication assez
libertaire qui est la mienne. Je suis l’enfant du Professeur Choron
plus effectivement que de, je ne sais de quel religieux catholique on
pourrait parler. Donc évidemment, j’ai une forme d’expression
parfois outrancière et provocante. Mais là, je vous ai sorti une
analyse conceptuelle assez rigoureuse. J’aimerais que point par
point, Tariq Ramadan y réponde. Mais ce n’est pas à moi qu’il
doit répondre. À la limite je m’en fous. C’est à vous qu’il
doit répondre.
Pour M. Ali. Quelle
sont pour vous les trois principales menaces pour un citoyen français
musulman ?
Pour M. Soral. Le
Front national se rallie-t-il au sionisme ?
Alain Soral – Déjà, ça
ne vous a pas échappé que je suis passé par le Front national
pendant un an et que j’en suis sorti. Et quand je suis allé au
Front national, c’était sur deux questions. La question sociale.
J’avais dit d’ailleurs quelque chose qui a été acté par le
Front national. Si le Front national n’évolue pas, de libéral à
mouvement qui défend le peuple du travail – c’est-à-dire la ligne
effectivement antimondialiste – ce mouvement est mort, il n’a
plus aucun sens. Sur ce combat-là, j’ai gagné. Effectivement
Marine Le Pen aujourd’hui est sans doute la candidate qui a
le discours le plus cohérent en réalité en économie. C’est-à-dire
les dangers de la mondialisation libérale, la nécessité du
protectionnisme raisonné et la nation comme structure la plus
efficace pour protéger les acquis sociaux des travailleurs, que ce
soient les travailleurs du prolétariat ou de la classe moyenne. Donc
là-dessus, le Front national est sur une ligne qui me paraît très
sérieuse et très intéressante et qui fait aussi que moi j’ai
voté Marine Le Pen au premier tour.
Je pourrais le dire ou ne pas le
dire. Parce que effectivement, c’est ça pour moi, la chose la plus
importante : c’est la lutte contre le projet mondialiste, le
capitalisme financier qui est en train de détruire.
La Grèce est en train d’être
détruite, pas par l’islam ou le sionisme, mais par Wall Street.
Nous serons détruits aussi par Wall Street demain ni par le sionisme
ni par l’islam. Mais on peut faire des connexions entre Wall Street
et le sionisme. On ne peut pas faire de connexion entre le sionisme
et l’islam.
Sur l’autre sujet qui était :
il faut tendre la main aux musulmans français au nom de la droite
des valeurs – ce que j’appelle la droite des valeurs –, je n’ai
pas été suivi pour des raisons de résistance interne au Front
national.
Le Front national est constitué
comme de tranches successives.
La tranche la plus ancienne, c’est
les royalistes. C’est ceux qui n’ont pas admis la Révolution
française et qui sont monarchistes. Y’en a encore.
Après, c’est ceux qui n’ont pas
admis qu’on considère la République de Pétain comme une
trahison. Pour eux, ils disent : c’est l’armistice, c’est
la défaite, c’est la gestion de la défaite. Donc, c’est la
deuxième strate.
Première strate, royalistes vaincus
par la République, deuxième strate, Français qui désavouent de
Gaule. C’est à chaque fois d’ailleurs des strates de perdants.
C’est pour ça que les musulmans
peuvent bien comprendre le Front national : c’est une
accumulation de défaites. Donc vous pouvez bien vous comprendre,
pour reprendre la petite plaisanterie d’Albert Ali.
Et la troisième strate, vous le
savez très bien, c’est la perte de l’empire colonial et
notamment de l’Algérie française. On le sait très bien, c’est
la troisième strate. Louis Aliot représente cette strate-là.
C’est-à-dire c’est un descendant de Pied-Noir de Perpignan qui est
encore, genre : « Les bougnoules nous ont chassés. Il
n’est pas question qu’on les laisse venir chez nous. »
Voyez, ça c’est des logiciels sociologiques.
Marine Le Pen est d’une autre
génération. Elle n’a pas de problème avec l’Ancien régime.
Elle n’a pas de problème avec Pétain. Elle n’a même pas de
problème avec l’Algérie française. Elle essaye, elle, d’amener
le Front national à être un mouvement d’opposition réellement au
système UMPS, d’être le parti d’opposition au mondialisme
généralisé incarné aussi bien par l’UMP que par le PS. Mais
elle doit tenir compte des strates de son parti.
C’est comme quand vous voulez
bouger le monde musulman en France. Vous tenez compte des imams, des
leadeurs historiques du mouvement, des associations telles qu’elles
existent qui parfois sont effectivement des traces de colère
algérienne, des traces de pouvoir marocain, des traces d’influence
saoudienne, etc.
Donc moi je me suis éloigné du
Front national parce que sur le plan de la main tendue à l’islam,
ça n’y était pas. Mais par contre, c’est compris par les élites
du Front national que c’est une stratégie possible et qu’elle
est intelligente. Et que « gauche du travail et droite des
valeurs », c’est le vrai logiciel du Front national, si vous
les réconciliez.
Marine Le Pen ne peut pas le prendre
puisque ça vient de moi. Et ça admettrait qu’il y a quelqu’un
qui pense au-dessus d’elle ou à côté d’elle. Mais si vous
regardez aujourd’hui le Front national, les gens qui vont dans les
débats, vous avez deux types que vous voyez en dehors de Marine Le
Pen. Vous avez Philippot et Aliot.
Philippot, c’est Soral. Ça vient
de chez nous. C’est critique de la mondialisation systématiquement
et jamais de stigmatisation des musulmans. Vous avez remarqué,
jamais. Aliot, c’est l’inverse. C’est : « Je suis
de droite ». Il tombe dans tous les pièges.
Je ne parle pas de Jean-Marie Le
Pen. De toute façon, je ne toucherai pas car je suis un vrai
traditionaliste. C’est le patriarche, on n’y touche pas. Qu’il
ait fait des erreurs ou pas, je n’insulte pas mon père ni mon
grand-père. Je ne touche pas à Jean-Marie. Et je vous demande de le
comprendre. Je ne vous demande pas de cracher sur Ben Bella
ni sur Abd el-Kader, voyez.
Pour nous, nationalistes français,
le Front national, c’est notre FLN. C’est un front de libération
nationale.
Après il faut bien comprendre de
quoi. Carl Schmitt : libéré de quoi ? Libération
primaire, secondaire, libération apparente, libération réelle,
libération profonde, libération superficielle. C’est là où il
faut faire une analyse globale qui est aussi un pari.
Car il y a une question musulmane de
France. Evidemment qu’il y en a une ! Est-ce qu’on s’en
sort par le haut où par le bas ?
Moi j’ai dit, le message que j’ai
envoyé à Marine Le Pen, c’est que dans l’affaire Merah, elle a
montré qu’elle était encore un être politique d’opposition et
d’extrémisme. Et les français veulent un président de
réconciliation qui règle les problèmes par le haut. C’est-à-dire
que même que si les Français n’aiment pas les musulmans, ils ne
veulent pas du bain de sang. Ils veulent que ça se règle en
douceur. Et un président de la République dans une démocratie
commerçante avancée, doit être un grand diplomate. Et je dis :
Marine Le Pen pour moi est tombée dans le piège Merah parce qu’elle
a accepté l’amalgame voyou de banlieue, mensonge d’Al-Qaïda et
islam. Or il fallait découpler ces trois choses.
Et donc elle est redevenue pour le
peuple français, inconsciemment, un leader extrémiste. Or un leader
extrémiste ne peut pas être au deuxième tour des présidentielles.
Donc je prolonge mon raisonnement.
Et je pense que derrière, pourquoi
elle est tombée dans ce piège ? Parce qu’elle a des
conseillers. Et je pense que l’influence de la branche Louis Aliot
est encore importante. Mais je vous dis que l’avenir du Front
national nécessairement, c’est le triomphe de la branche
Marine-Philippot plutôt que la branche Marine-Aliot. Parce qu’il y
en a un qui représente l’avenir, l’intelligence, la culture, qui
s’exprime bien dans les médias et qui est capable de tenir tête
même à Emmanuel Todd, et un autre, excusez-moi, qui n’est
absolument pas performant. Ce qui est remarqué par tous les
gens du Front national. Parce que quand Aliot passe à la télé, on
a l’impression d’une moule qui est sur un rocher. Il n’a aucun
sens de la dialectique, il a toujours un coup de retard, il tombe
dans tous les pièges de dire qu’il est de droite, face à
Besancenot, alors que Besancenot, c’est le social-traître
par excellence ; c’est un trotskard.
Alors que Philippot connaît bien
tout ça, voyez.
Et donc je pense que de toute façon
naturellement. Moi je suis en dehors du Front et j’envoie des
critiques. Je fais un travail d’avant-garde et de métapolitique.
J’envoie des concepts et des critiques aussi bien d’ailleurs aux
musulmans qu’au Front national. Je dis : voilà y’ aune
idée, vous pourriez peut-être la prendre ; y’a une critique,
vous devriez l’entendre. Je le fais autant pour les musulmans que
pour le Front national.
Et je le fais autant pour la
communauté juive, vous l’avez remarqué. Je dis : à mon avis
la communauté juive se met en danger en ce moment en incarnant
beaucoup trop, à travers Israël, un suprémacisme théologico-racial
et militaire qui est très dangereux. Y’a une voie de retour à la
République bien comprise en jouant le jeu justement de la
République. Il faut faire attention car en dernière instance, je le
dis, ça se retournera aussi contre vous.
J’envoie le même message
fraternel en réalité aux juifs qui respectent la charte patriotique
et même aux religieux que j’appelle les orthodoxes juifs, qui eux,
je le dis, sont des individus qui craignent Dieu et non pas qui se
prennent pour Dieu. Ce qui est tout à fait le contraire.
Je dis finalement que le juif laïque
se prend bien plus pour le peuple élu que le juif religieux qui lui
se pose en permanence la question de savoir s’il est digne de
l’élection ; alors que l’autre pense que racialement et
tribalement, il a Dieu en lui.
Ce qui veut bien dire – ce qui est
très important – que finalement, je reçois aujourd’hui beaucoup
de messages de fraternité de juifs orthodoxes. Qui juifs orthodoxes
authentiques sont antisionistes et tendent la main aux deux autres
monothéismes à travers le respect pour les religions du livre,
voyez.
Donc il y a une réelle possibilité
de réconciliation catholico-islamico-judaïque, qui était la
Jérusalem avant le sionisme, voyez, où les trois monothéismes, qui
sont très imbriqués, existent d’un point de vie urbain dans des
gens qui se rendent des visites respectueuses. Le tombeau du Christ,
etc., etc.
Donc pour répondre un peu
longuement à la question. Je ne suis pas au Front national. Je pense
que le destin du Front national, s’il veut être un grand parti
d’opposition, doit être la ligne Marine-Philippot qui est très
proche de la mienne plutôt que la ligne Marine-Aliot. On le
vérifiera dans les années à venir.
Je ne suis pas dans la tête de ces
gens-là non plus. C’est pour ça que je m’en suis retiré. Car
je ne veux pas assumer des choix d’un parti politique quand je n’ai
pas la réponse.
Et quand vous dites que Marine Le
Pen effectivement fait des signes de gentillesse envers les
sionistes, je vais vous expliquer pourquoi, alors qu’ils
l’insultent copieusement. Et si vous voulez vérifier le sionisme
du Front national, regardez le vote des binationaux israéliens.
Est-ce que vous avez les statistiques ?
Quatre-vingt-huit pour cent, je
crois, pour Sarközy et 2% pour le Front national. Donc les sionistes
n’aiment pas le Front national. Y’a pas de secret.
Et puis regardez comment les
journalistes traitent Marine Le Pen. Ils n’oseraient même pas le
faire avec Ramadan, excusez-moi.
Donc je ne suis pas dans le Front
national. Je me pose des questions comme vous. Je pense que la
logique, si Marine Le Pen est intelligente, est une ligne qui
ressemble à la mienne et qui donc, à terme, sera la main tendue aux
musulmans.
Mais que ça serait d’autant plus
facile pour le Front national de tendre la main aux musulmans, que
les musulmans seraient représentés par Albert Ali plutôt que par
Houria Bouteldja. Parce que si vous me dites : qu’est-ce que
Marine le Pen a fait pour nous ? Je dis : qu’est-ce que
vous avez fait pour Marine Le Pen ? Qu’ont fait les musulmans
dans leurs représentants officiels depuis quarante ans sinon dire
oui à l’immigration et « mort aux fachos français »
traités de sous-chiens.
C’est très compliqué pour qu’un
type du Front national comprenne qu’il n’y a pas que de la haine
de l’immigré musulman, parce qu’on confond tout. Pour un mec Front
national de base, l’Arabe, c’est celui qui hait le patriote
français qui vote Front national. Donc pour que le Front national
fasse quelque chose pour vous, il faudrait envoyer des signes, non
pas d’allégeance et de soumission – ce n’est pas comme ça que
ça marche – mais des signes déjà qui changent aussi l’image
que les gens du Front national ont des musulmans.
Or finalement, à quoi servent les
Houria Bouteldja, à quoi servent les gens comme ça ?
C’est à créer, excusez-moi, de
la haine intercommunautaire. Et comme par hasard, à qui profite le
crime et d’où vient l’argent ? Je dis toujours ça.
Quand on voit d’un seul coup que
finalement, les gens qui empêchent la réconciliation nationale sont
payés par ceux qui ont intérêt que cette réconciliation nationale
ne s’effectue pas.
Donc j’ai répondu un peu
longuement et globalement. Je ne suis pas au Front national. Je
critique le Front national. Je pense que l’avenir du Front
national, s’il est intelligent, est plutôt ma ligne. Et je pense
que pour que le français qui vote Front national. C’est-à-dire le
français de souche inquiet et en colère pour des raisons
socio-économiques mais aussi pour des raisons d’identité
culturelle – car son identité culturelle est contestée en
permanence par des tas de chose : le mondialisme anglo-saxon
mais aussi un certain islam de provocation à travers les prières de
rue, etc., sans doute manipulées via la wahhabo-salafisme par des
gens qui finalement sont main dans la main avec les Américains et
les sionistes ; c’est la question que je pose à Ramadan.
Eh ben, je dis que si les musulmans
se comportent intelligemment, le Front national sera sans doute plus
intelligent dans sa manière aussi de se comporter. Et tout ça sera
globalement positif pour la France, pour les Français, qu’ils
soient de confession musulmane ou je dirais de souche, chrétiens. Et
c’est mon travail permanent de réconciliation. Ce qui est le plus
dangereux, faut le savoir.
Albert Ali – La question
effectivement de hiérarchiser les ennemis, les adversaires, c’est
extrêmement important. Je disais tout à l’heure qu’on est
enfermés dans des faux combats et des combats parfois
d’arrière-garde, parce qu’il y a une histoire de
conditionnements des idéologies dominantes avec lesquelles on a été
structurés en tant qu’enfants issus de l’immigration. Si je
devais effectivement donner trois catégories importantes, la
première est l’essentielle, non pas parce qu’on le dit, mais
parce qu’on part d’une analyse encore une fois propres à nos
sources, sans emprunter des catégories imposées. C’est
effectivement le mondialisme.
Le mondialisme qu’est-ce que
c’est ?
C’est l’idéologie qui consiste
finalement à faire des hommes les serviteurs d’autres hommes,
d’une élite.
Et si on revient aux fondamentaux du
Coran, on a un modèle qui nous est proposé dans le Coran :
c’est le modèle de Pharaon. Pharaon, est décrit dans le Coran
comme étant non pas simplement celui ayant commis le péché de
l’associationnisme – et donc le péché suprême c’est-à-dire
d’associer au divin une autre divinité –, mais il a été plus
loin. Il a dit : « Je suis Dieu ». Et si vous lisez
bien, vous avez le triptyque du pouvoir.
Vous avez Pharaon comme modèle du
pouvoir politique – donc de l’oligarchie dominante – qui se
prend pour Dieu.
Vous avez Coré de la Bible,
donc Qarun dans le Coran, qui est
le banquier et dont le Coran dit : « Que si on mettait
l’essentiel de toutes les clefs de ses coffres, il faudrait
plusieurs personnes, plusieurs hommes pour le soulever. » Donc
la puissance de la Banque.
Et enfin Haman, son
conseiller de l’ombre, qui finalement symbolise les réseaux
occultes et le conseil et la manipulation médiatique.
Ce triptyque du pouvoir qui est
décrit dans le Coran, on le retrouve exactement aujourd’hui dans le
modèle de domination mondiale qui est en train de se manifester.
Parce que finalement qu’est-ce que c’est que le pouvoir
mondialisme aujourd’hui ? C’est une élite dirigeante qui
fonde d’abord son pouvoir sur quoi ?
Sur l’argent. Or qu’est-ce que
nous disent encore une fois les textes musulmans, pour revenir à
nos catégories ? L’utilisation abusive et de domination de ce
que le Coran appelle le ribâ
– la dérive usuraire – est décrite comme « une guerre
déclarée à Dieu ». C’est le summum de la désobéissance.
Or le pouvoir aujourd’hui est incarné par qui ? Par la
Banque. Et vous avez tous entendu parler du leader de la première
banque mondiale aujourd’hui, [Lloyd] Blankfein, aujourd’hui
qui dit quoi ?
Il a dit tout simplement, il a
déclaré à Wall Street : « Je suis un banquier qui tous
les jours fait le travail de Dieu. » Il définit son métier :
il fait le travail de Dieu.
Alain Soral – De son Dieu.
Albert Ali – Oui, voilà. De son
Dieu usuraire.
Et donc on a aujourd’hui un
pouvoir financier monstrueux qui utilise un niveau jamais égalé
dans l’histoire. Parce que la dérive usuraire interdite à
l’époque du prophète par exemple, c’était : j’ai cent
dinars d’or, je t’en prête cent et du me rends cent-vingt. Donc
c’était encore quelque chose de factuel et c’était une valeur
réelle.
Aujourd’hui, le système bancaire
mondial, c’est le summum de la ribâ,
donc le summum de l’intérêt. Et c’est le système de domination
qui est aujourd’hui incarné par la Banque et par une oligarchie qui
est en train d’apparaitre en plein jour.
Et qui dit quoi ?
Qui dit qu’elle va jusqu’à
vouloir désacraliser la vie. Puisqu’on brevette le vivant, on
pousse des sociétés occidentales, les sociétés du monde, à faire
les avancées sociétales les plus avancées possibles, les plus
éloignées possibles.
Donc ça serait le deuxième danger,
c’est effectivement les avancées sociétales. Pourquoi ?
Ben quand on a une avancée
sociétale, on peut difficilement revenir en arrière. Quand la
mini-jupe s’est imposée, on est même aujourd’hui en phase d’en
parler, puisque on ne parle même plus de la mixité. On est déjà
dans l’homoparentalité, proposition numéro trente de notre
président actuel. Donc aujourd’hui, c’est homoparentalité et
mariage homosexuel.
Donc vous ne pouvez même plus
discuter de la mixité à l’école qui est une catastrophe
généralisée, qu’on nous a présentée comme une valeur de la
République alors qu’en vérité, c’est encore une fois une
manipulation des masses. Et si vous voulez encore avant, d’autres
avancées sociétales, on ne peut plus aujourd’hui les contester.
Donc deuxième danger, après le
mondialisme comme système de domination qui veut désacraliser la
vie, qui veut fusionner, détruire les religions, qui veut couper,
casser la transcendance.
Aujourd’hui, c’est en vérité
Pharaon et son triptyque du pouvoir qui est l’ennemi numéro un. Et
ça, à travers une vision purement coranique. Aujourd’hui, c’est
le premier adversaire qui aujourd’hui se manifeste dans les faits
par la spéculation sur la nourriture, pour affamer des peuples
entiers, pousser les populations du monde à des flux migratoires
monstrueux pour créer des chaos.
Demain, quand le Pakistan n’aura
plus d’eau et sera affamé, 190 millions de personnes, on en fait
quoi ? L’Égypte ?
Donc aujourd’hui, on est face à un
bouleversement planétaire et un danger imminent devant nous.
Dernière catégorie, donc j’aurais
dit, la question du multiculturalisme. Donc même si effectivement
Alain historiquement dit que la France a toujours été effectivement
une organisation de différentes communautés, les Auvergnats, les
Bretons, les communautés politiques, etc., il n’empêche que pour
nous les musulmans, même si on peut parler d’une communauté
spirituelle et d’une communauté musulmane d’un point de vue
purement religieux, les faits objectifs, c’est que nous sommes
issus d’une histoire, d’un agglomérat de plusieurs dizaines de
communautés aux traditions, aux cultures, aux langues, aux racines
et aux intérêts complètement divergents.
Donc autant effectivement on peut
réfléchir éventuellement à coordonner une parole musulmane
cohérente qui peut peser dans le débat, autant si on n’arrive pas
à dépasser le multiculturalisme interne, les oppositions
ethnoculturelles internes, par un projet d’adoption de la culture
française majoritaire avec une approche sélective dans ce qui fait
la culture française. Non pas bien sûr le McDo, mais plutôt la
cuisine fine française, pour donner l’exemple de arts culinaires.
Eh bien le multiculturalisme, c’est
à mon sens le troisième danger qui peut aujourd’hui complètement
déstabiliser l’homogénéité d’une future communauté
française.
Et pour en revenir au danger des
avancées sociétales, on n’a pas entendu les musulmans sur ces
sujets. Et c’est là effectivement où on les voit les plus
absents.
Alain Soral – Pire, non
pire ! Le seul mouvement politique français qui se rapproche
des positions de l’islam, c’est le Front national. Sur
l’homosexualité, l’avortement, etc.
Or globalement, les musulmans ont
voté pour le Parti socialiste qui est le plus en pointe sur la
destruction de toutes les valeurs traditionnelles : mariage
homosexuel, etc.
Donc il faut vous poser des
questions à un moment donnée sur certaines cohérences.
C’est-à-dire que je voulais par
méchanceté lire un jeune musulman qui m’avait envoyé une
réponse, parce que je reçois beaucoup de mails par Internet. Et il
dit. Je disais moi : l’intérêt du musulman d’être
patriote. Et le mec me disait : « Les maghrébins ne se
soumettent qu’à Dieu. On est de passage sur terre. Le temps passe
vite. La vraie vie est dans l’au-delà. On est tous égaux devant
Dieu. Les premiers à entrer au paradis seront les pauvres dans
l’islam. » Et il me dit tout ça, genre : « Je ne
suis soumis qu’à Dieu. »
Et moi je lui ai répondu très
simplement, je lui dis : le problème, c’est qu’en réalité,
vous vous soumettez d’abord au Parti socialiste, voyez.
Ça, c’est revenir un peu les
pieds sur terre, voyez. Moi, j’aime pas les gens qui me vendent
leur mystique et qui disent qu’ils n’ont pas peur de la mort
parce qu’ils croient réellement à l’au-delà et qui vivent dans
la touille permanente simplement du flic.
J’ai quand même constaté chez
certains gens avec qui j’ai essayé de collaborer une lâcheté
incroyable.
Dieudonné et moi on est
toujours là. Jamel Debbouze, il est plus là,
voyez.
Donc on prouve sa foi par ses actes.
On ne fait pas d’effets d’annonces, voyez. On prouve qu’on
croit à la transcendance parce qu’on est prêt, comme je le fais
moi, à mettre sa vie en danger, réellement. Parce que moi je suis
Alain Soral. Tout le monde sait qui je suis et ce que je dis. Et
sinon, on ferme sa gueule. C’est ça que je veux dire.
Or y’a beaucoup de gens qui me
parlent de leurs croyances en machin, etc., et ils sont d’une
trouille sociale incroyable. Et ça, c’est se poser ces questions
effectivement de l’ennemi principal et secondaire à l’intérieur
de sa propre tête et à l’intérieur de son propre être. Demander
le respect : d’abord se respecter soi-même et se respecter
par ses actes et sa cohérence. J’ai vu chez certains une
incohérence incroyable et un baratin incroyable, entre ce qu’ils
disaient et ce qu’ils faisaient.
Et dernier petit rebond, la
politique mondialiste qui est une politique financière de
destruction, etc., elle touche qui en premier lieu en France ?
Les basses classes sociales.
Et qui sont les basses classes
sociales en France, globalement ?
Est-ce que c’est Bernard-Henri
Lévy et ses copains ?
C’est essentiellement les gens
issus de l’immigration et le petit peuple de Français de souche,
on va dire prolétariat, classes moyennes. Ce sont en réalité les
musulmans et les électeurs du Front national. C’est triste à dire
mais c’est comme ça. Ce sont les premières victimes du processus
et de la violence mondialiste.
Or c’est toujours triste de voir
que ces gens-là qui sont en fait solidaires au niveau de ce qu’ils
subissent en termes d’êtres de classes – on peut faire de
l’analyse un peu socio-économique – sont en réalité les
victimes du même processus économico-social.
Ils devraient avoir donc une
solidarité sociale bien comprise. Or ils sont poussés
systématiquement à se considérer les uns et les autres comme
ennemis, et finalement, les uns à voter – je vais le dire –
au Front national mais finalement, au deuxième tour, beaucoup pour
Sarközy, genre : « Quand même puisqu’on ne peut pas
avoir l’extrême droite, on aura la droite. » Alors que je ne
vois aucune rapport, moi, entre le nationalisme bien compris et le
sarkozysme.
Le sarkozysme, c’est le
mondialisme, et les gens qui votent Front national, c’est les
anciens mecs du Parti communiste qui en ont marre de voir leurs
acquis sociaux effondrés, la désindustrialisation du Nord, etc.
Donc normalement, sur le plan de la
solidarité socioéconomique, avec une analyse socioéconomique
sérieuse, on devrait avoir les victimes du processus mondialiste,
qui est un processus économique et politique, ensemble au nom de la
solidarité de classe contre leurs prédateurs.
Or malheureusement, on voit du coté
du Front national des types qui te disent : « Je vais
quand même voter plutôt Sarközy au deuxième tour parce que la
droite, c’est moins loin de l’extrême droite. » Et ils
votent pour un agent de l’Empire américano-sioniste sans aucun
problème.
Et de l’autre côté, excusez-moi,
des musulmans qui disent : « Ben moi, je vais voter pour
François Hollande parce que quand même, c’est le moins pire pour
les immigrés. »
Effectivement, le pouvoir est fort
parce que le pouvoir sait nous dominer en nous emmenant sur des
fausses pistes, etc. Le travail effectivement schmittéen :
quels sont les ennemis primaires et secondaires ?, c’est
comprendre quel est notre être de classe.
Parce que vous n’êtes pas
seulement « Français musulmans ». Vous êtes aussi
peut-être chômeur, vous êtes peut-être ouvrier métallurgiste,
vous êtes peut-être petit artisan. Et ça, il faut en venir compte.
Or quel est le parti politique qui
objectivement défend le mieux les acquis des salariés, qui lutte le
mieux contre la désindustrialisation, qui vous fait d’ailleurs les
meilleurs propositions sur le plan économico-social ?
Il se trouve, je suis désolé de le
dire, que c’était Dupont-Aignan et Marine
Le Pen.
Or à un moment donné, le musulman
ne vote que sur des questions de marqueurs religieux comme le
foulard, etc., et ne se pose jamais la question de son être
économico-social. Or pour être un musulman respecté, en réalité,
ça passe d’abord par avoir une assise économico-sociale solide.
Quand vous êtes un miséreux et un mandant, vous ne pouvez pas vous
faire respecter, même au niveau de votre religion. C’est une
évidence.
C’est pour ça que je dis toujours
que l’intelligence musulmane bien comprise est de faire les choix
politiques qui correspondent aussi à leurs intérêts de classe.
Donc quelle est globalement la
sociologie socioéconomique des musulmans ?
Il faut se poser cette question. Et
c’est toujours reconstruire le problème comme ça, je dirais
humblement, du bas vers le haut. Déjà le : « Moi, je
vote pour le PS parce qu’ils sont plus sympas avec les immigrés »
Je vous dis : « Vous n’êtes pas immigré, vous êtes
Français de souche ! »
Et l’immigration est ce qui vous
met le plus au chômage. Les premiers mecs mis au chômage par une
stratégie d’immigration incontrôlée sont les français issus de
l’immigration qui sont OS1, OS2, etc., par le dumping social, etc.
Eh ben, il serait temps quand même,
à un moment donné, à l’intérieur de votre propre communauté,
comme du temps où il y avait des cours d’économie fait pour les
ouvriers par les cadres du Parti communiste – du temps où je
respectais le Parti communiste – c’est qu’il y ait des cours de
sociologie politique faits aux Français musulmans qui souvent
d’ailleurs ont effectivement un déficit de culture
économico-sociale pour des raisons d’origine de classe. Mais en
même temps que de leur expliquer les valeurs du Coran, on pourrait
aussi leur expliquer ce que c’est que l’économie et quel est
leur être socio-économique.
Et ils verraient d’ailleurs, comme
il vient de le faire [Albert Ali] avec les métaphores de Pharaon,
que finalement le Coran lu par lui ou par d’ailleurs cheikh Imran
Hosein est un très bon outil de conscience politique et de
conscience géopolitique, quand on le lit bien.
Et j’attends encore Ramadan sur
ces terrains-là. Ramadan ne se pose jamais la question, excusez-moi,
de l’origine économico-sociale du musulman. Tout simplement parce
que lui fait partie de la bourgeoisie et de l’hyperclasse. Il ne
sait pas ce que c’est qu’un musulman prolétaire.
Or un musulman prolétaire, voyez,
c’est un Français prolétaire musulman. Il est français, il est
prolétaire et il est musulman. Ce sont des déterminations qui se
combinent. On n’est pas juste musulman.
Un Saoudien je dirais de Neuilly, ce
n’est pas pareil qu’un chômeur qui a quatre enfants à nourrir,
dans une cité HLM de la banlieue de Lille. Et si on dit : « De
ça, j’en ai rien à foutre parce que le salut est au-delà et Dieu
y pourvoira. », on se ment à soi-même et on se fout de ma
gueule.
Et malheureusement, très souvent,
quand je pose ces questions économico-sociales à un musulman que je
prends en défaut en réalité et qui est vexé, il me dit :
« Oui, mais nous, tu comprends, la vie n’a pas
d’importance. La vie sur terre n’a pas d’importance !? »
Ben alors, pourquoi tu cherches à
tout prix que le Parti socialiste te file un boulot d’éducateur de
quartier, connard ! Tu vois. Si la vie n’a pas d’importance.
C’est ça la question.