« Les nouvelles de la Porcherie s’amoncèlent, chaque jour apportant son lot d’épluchures et de rogatons ; « l’’actualité » crépite, et ces nouvelles sont autant de crachats sur nos visages pâles… »
C’est par ces mots que s’ouvre le premier volume des textes politiques de Félix Niesche, poète et pamphlétaire, anarchiste et réactionnaire, qui collabore depuis 2007 au site de l’association d’Alain Soral, Egalité & Réconciliation.
Libelliste dans feu Flash, journal gentil et intelligent, avec son Coup de Griffe, il tient aussi depuis 2008, un blog littéraire : Le petit Quimonte illustré
Questions à Félix Niesche
Beaucoup s’interrogent : Felix serait-il un abbé défroqué ?
Félix : Je sais, presque tout le monde sur la Toile m’appelle l’abbé.
Ce malentendu provient de mon premier Bloc qui s’intitulait : Entretiens avec l’abbé Tymon de Quimonte.
Ainsi, l’abbé Tymon de Quimonte et Félix Lechat (quel nom ridicule !) n’étaient pas un seul vieux en deux personnes, mais un vrai duo Père et fils, et même une Sainte-Trinité, dont l’Esprit invisible était mon verbe.
Car l’abbé existe, je le rencontrais souvent en sa thébaïde, abîmé en d’ardents débats d’hébété en robe de bure. Et j’avais beaucoup d’agrément dans ce commerce avec cet étrange Savonarole, excommunié, mais toujours farouche partisan de la Vieille Eglise et de la Sainte-Inquisition.
N’est-ce pas paradoxal pour un « anarchiste » ?
F : Bah, je suis anarchiste à la manière d’Antonin Artaud : « parce que j’aime tellement l’Ordre que je n’en supporte pas la parodie. » Ce monde est une parodie de monde, une caricature grotesque, un cauchemar rêvé par un SA en 1933. Chacun s’ingénie à ne ressembler qu’à la pire caricature que l’on faisait alors de sa communauté, de son genre, de sa religion, de sa race, de ses penchants sexuels.
Et puis c’est mon côté réac, je pense comme Erza Pound : « qu’il reste davantage de lambeaux de civilisation encore utilisable dans les lézardes, le foutoir, les interstices de ce monument baroque et poussiéreux [l’Église de Rome] que dans toutes les autres institutions de l’Occident. »
Mais je laisse volontiers cette étiquette frelatée, comme les autres, à ceux qui la revendiquent, tous ceux qui vivent mentalement en un monde révolu, comme ce sociologue belge qui se prend pour Gramsci et vient d’écrire récemment une « analyse marxiste » lumineuse sur « la pensée d’Alain Soral » avec un éclairage de vieille lune morte depuis les années trente du dernier siècle.
Pourquoi avez-vous fermé « les Entretiens ? »
F : On ne LIT pas un blog. Ainsi Nolite mittere margaritas ante porcos, dit l’abbé, qui parle latin.
Je lui dis alors : "Je crains, monsieur l’abbé, que le lierre attache ses griffes dans les lézardes de nos hasardeuses bizarreries, que vos piquantes latinités s’émoussent, couvertes de mousse verte, que mes diatribes lasses s’altèrent en salades où rampent des hélix.
À la fin les herbes follettes, les herbettes folles vont engazonner notre vieux blog, alpage livré au morne appétit des herbivores.
L’abbé : « Le monde est une plante qui pousse » disait le Titan de la philosophie. L’herbe ne croît que par syllogisme ! Ce que vous décrivez, c’est la germination de votre blog qui disperse dans les consciences son pollen singulier.
Moi : Consciences destinées ensuite à se disperser dans les ténèbres extérieures...
L’abbé : Nul ne peut sonder la profondeur des abymes ni percer la Ténèbre. Abyssus abyssum invocat. Hanté toujours par l’idée du néant et de la finitude, mon fils, ayant toujours besoin de boire l’eau-de-vie du changement, vous ne pressentez sous les déserts de mousse du temps l’immarcescible jeunesse de vos écrits, les lambris précieux sous le salpêtre des sites."
Ainsi, nonobstant les conseils de l’abbé qui m’a toujours dit de veiller jalousement sur :« l’athanor de votre âme », et de ne pas :« vous immiscer dans les advélitations et les disputes », ivre de Vin Nouveau, je fondais le petit Quimonte illustré.
En somme ce nom, dédié au patronyme de l’abbé, était une manière d’hommage ?
F : Exactement. Cependant que l’abbé répugne à se mêler de « l’actualité », en ces temps de confusion, le pamphlet c’est ma pente, on ne se refait pas. De plus, pour citer Charles Baudelaire : « Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. »
Vous êtes un homme spirituel ?
F : Certes non. Je ne suis qu’un petit volcan qui fulmine, les entrailles brulées de laves, jugé par des éminences, de hautes éminences bien mieux élevées que moi, avec leurs cônes à des hauteurs béantes.
Ainsi j’ai répandu ma lave et j’ai reçu beaucoup de bave.
Tout de même, vous avez connu rapidement un succès d’estime.
F : Oui, auprès d’une minorité d’élite.
Mais pour beaucoup d’autres bélîtres à élytres bourdonnant au dessus de la porcherie, l’épaisseur de leur carapace leur faisait mépriser plutôt mon style comme la pire vulgarité du monde, sans songer que leur constitution native leur interdirait de supporter jamais pareille violence intérieure.
Ce sont des animaux de basse-cour qui répugnent à une pensée sauvage. Qui n’aperçoivent nulle hauteur au dessus de mes diatribes, parce qu’ils ne voient pas les cieux déchirants par dessus leur enclos.
Et Niesche c’est en référence au ’philosophe au marteau’ ?
Ce serait complètement idiot ! Pourquoi lui ôter son TZ au burin ?
Vous me direz l’Onfray l’éradique bien de sa misogynie, pour en faire Michel Nitche, un philosophe new look, très présentable pour les auditrices de « france » sous-culture. Ce qui est tout à fait comique, car Nietzsche a écrit : « Toute trace de « féminisme », même chez l’homme, suffit à fermer l’accès à mon œuvre, à interdire que l’on pénètre pour jamais dans mes téméraires labyrinthes du Savoir. »
Non, Niesche est mon nom de baptême, sauf à refaire rouler les lettres dans le scrabble anagrammé du néant.
Quant à « Lechat », je vous l’accorde, je me suis pas foulé. Mais pourquoi se fouler quand on peut feuler ?
Et bien merci Félix
Merci à vous