Un sympathisant malintentionné nous a envoyé ce qui suit. Pourtant, on se croyait imperturbables, blasés, imbougeables mais là, avec cette pièce de théâtre, on a mis la main sur un trésor, un concentré de bien-pensance comme on n’en avait jamais vu. D’habitude, ce genre de scénario, on l’écrit en déconnant, quand on veut pousser les feux de la connerie dominante jusqu’à l’absurde, mais là ça a été pensé, écrit, mis en scène et joué. Qu’est venu faire l’excellent jazzman Michel Jonasz dans cette embuscade ?
Voici le résumé de la pièce sur ticketac.com, le site de la FNAC [1] :
Le rideau s’ouvre sur un banc et son réverbère... Nous sommes devant la rue Papillon. Sur le banc, Joseph, un vieux juif solitaire.
Soudain, des halos de gyrophare... Le contrôle d’identité d’Haïssa, un jeune rebeu : « Tu descends de ta voiture et tu sors tes papiers ! », « Mais j’ai rien fait, M’sieur »... Ça dégénère, un malentendu, une bousculade, un coup de feu…
À vingt ans, Haïssa meurt sur le coup, le 19 février 2017. Une porte s’ouvre lourdement… Haïssa entre en scène et tombe sur Joseph, tué le 16 juillet 1942, jour de la rafle du Vel d’Hiv.
La porte se referme. Ce sont deux fantômes !
Comment qu’ça donne envie d’y aller la vie d’sa mère ! Il faut s’attendre à de l’émotion car il y a un parallèle entre la persécution du juif et celle de l’Arabe, voyez-vous. On n’en dira pas plus, halte au spoilage (et à la spoliation), on sait que vous allez entrer en force au théâtre La Bruyère, ça pue le guichet fermé à plein nez ! Ah, n’oublions pas les critiques des critiques de la presse théâtre :
Figaroscope : « Une leçon d’histoire et de fraternité ! »
Le Parisien : « Drôle et touchante, la pièce fait du bien. »
France 2 : « Coup de cœur de l’année… Formidable… Courrez-y, ça vaut tous les cours d’histoires du monde. »
France Inter : « Duo rempli d’humanisme. »
France 3 : « Rejoint l’actualité, une pièce intemporelle. »
Vivement Dimanche prochain (...à Jérusalem, l’émission de Michel Drucker) : « Une pièce magnifique. »
LCP (la chaîne du harceleur Haziza) : « Une pièce forte, émouvante, qu’il ne faut pas rater. »
Bon, assez rigolé, avouons que c’était facile. La presse est tellement naze dans son ensemble, c’est-à-dire dans le chœur grotesque qu’elle produit par peur (du dérapage) et mimétisme (pour continuer à toucher les subventions) qu’on pourrait trouver chaque jour 50 occasions de rire. Pourtant, elle fait des efforts, elle essaye parfois d’être un peu féroce, mais pas trop. C’est le cas de GQ qui veut prendre le contre-pied du classement des 50 personnalités préférées des Français, ce sondage truqué où Kalifat, Valls et Haziza arrivent toujours en tête.
GQ est un magazine pour hommes « modernes », c’est-à-dire corrompus par ce mélange de lâche dépolitisation, de gauchisme sociétal et d’appétit de consommation féminin. Appétit féminin et pas consommation féminine, nuance.
Quels sont les politiques les plus détestés par les Français cette année ? pic.twitter.com/gVqzAXRpHA
— Vanity Fair France (@VanityFairFR) 8 décembre 2017
Tiens, le harceleur Haziza n’est pas dans le top 5. D’habitude, il est toujours dans les bons coups. À propos, on a remarqué que malgré sa mise à pied, il était encore sur LCP à diriger le débat politique Entre les lignes . Malgré les mains au cul et aux nichons, il... ah non, merde, il figure certes sur la page de la Chaîne parlementaire mais il n’est plus aux commandes du débat qui était – maintenant on peut le dire sans risque de procès – complètement naze entre les fats représentants de la presse de soumission !
- Frédo-la-procédure a été remplacé par une poupée gonflable !
Évoquer la fabuleuse carrière – courte mais ô combien enrichissante – de Frédo-la-procédure nous emmène tout naturellement, avec un art consommé de l’enchaînement bien lubrifié, vers le harcèlement sexuel, un sujet à la mode qui nous permet de parler de cul tout en faisant croire qu’on traite de politique et de sociologie. C’est qu’on est malins, sur E&R.
Une fois n’est pas coutume, on revient sur un article malheureux qui a été diffusé par on ne sait quel raté de l’Éducation nationale sur notre site. Il s’agit de l’affaire de harcèlement qui pollue l’école Polytechnique. L’article E&R s’est basé sur une source plutôt fiable, l’enquête de Mediapart, et là on n’est pas ironiques. Mediapart a les moyens de ses ambitions, ils ne sont pas soumis au racket permanent de la justice française comme d’autres. De plus, ils ont de bien riches parrains, alors qu’E&R est né dans une grange, un soir de Noël, sur la paille...
Bref, des polytechniciens et ciennes ont été corriger le tir en commentaires, ce qui est appréciable. Ça veut déjà dire qu’E&R attise le débat, qu’on est punis par l’oligarchie et tous ses prolongements larbinesques, mais que les gens nous considèrent. Un bon point, donc. Secundo, alors qu’il y a même pas de primo – mais ici c’est liberté d’expression et compagnie – faut pas prendre la dérision pour argent content. Certes, l’image et la vanité de cette prestigieuse école ont été touchées, mais par une mini torpille. Que les polytechniquophiles se rassurent, elle s’en remettra. L’école, pas la torpille.
- Anne Chopinet, la première polytechnicienne, avec le président Pompidou en 1973, année du basculement financier de la France
D’un point de vue plus politique, nous ne sommes pas contre l’excellence, on l’a maintes fois prouvé sur ce site en s’attaquant à l’entreprise suicidaire de l’enseignement égalitariste du couple Hollande-Belkacem. Pas la peine de montrer nos papiers sur ce coup-ci. En revanche, si la sélection naturelle ne nous choque pas, les meilleurs à l’école finissant à l’ENA ou à l’X, et parfois aux deux, on doit bien admettre que le prix de cette hypersélection est un échec massif pour les autres (150 000 zozos sortent chaque année de la scolarité sans rien).
En gros, l’élite française n’est pas assez démocratique. Cela ne veut pas dire qu’il faille faire entrer un Rom au QI de hérisson à l’X par le moyen de la discrimination positive à la Richard Descoings – paix à son âme SM –, non : il faut élargir la pyramide de la formation des élites. On l’a déjà dit 85 fois, une nouvelle élite politique se forme malgré les interdits oligarchiques dans l’ombre, à l’écart des circuits habituels, et E&R en fait partie, en tant que petite université populaire (PUP). Petite mais musclée. Nous ne sommes pas les seuls à informer, former ou réinformer, loin s’en faut, mais on est dans le peloton de tête des universités parallèles. Une sorte de fac de Vincennes nationale et sociale.
La France ne peut pas se contenter comme couches de renouvellement de ses élites de deux promotions de l’ENA et de l’X chaque année, dont le meilleur produit est le jérusalémiste Jacques Attali. Vous voyez où ça mène ? On se fout comme de notre première nuit de cristal des trois mains au cul à l’X en dix ans, ce qui compte, ce n’est pas de former 200 ou 300 cadres pour la nation chaque année, mais 10 000, 20 000 mecs et nanas capables de penser le présent et l’avenir. De plus, et on l’a mis dans l’article, les diplômés de l’X préfèrent désormais le privé au public, moins rémunérateur. Nous, c’est le contraire : on forme une élite pour le public.
Eh oui, à l’X, comme dirait Laborit, on forme des polytechniciens monoconceptualistes et chez E&R, des monotechniciens polyconceptualistes. Et les grands hommes ne viennent pas des grandes écoles, ça se saurait. Il jaillissent toujours d’en bas au bénéfice de secousses politico-sismiques de grande envergure. La vision, ça ne s’apprend pas à l’école, mais sur le terrain, au contact, comme disent les militaires !
Sur ce, bonne continuation à cette école qui cumule tous les avantages, quand un pauvre lycée de banlieue ne dispose que de merde en barre comme matos. Voilà un truc à repenser. Cela ne veut pas dire « supprimons l’excellence, supprimons l’X et tout ira bien », non, au contraire : Xons l’école française.