Cher Alain Soral,
Je souhaitais vous remercier pour les heures de vidéo prêtes à regarder que vous proposez régulièrement.
Je l’avoue, j’ai longtemps été dubitatif, plutôt à cause de l’image que je m’étais faite de vous qu’à cause d’un réel désaccord quant à la teneur de votre message, bien que je vous connaisse depuis plusieurs années maintenant. J’ai commencé à réellement m’intéresser à vos analyses lorsque mes amis se sont mis à me faire visionner certains passages de vos commentaires d’actualité, et vos développements m’ont paru en tous points argumentés, viables, et honnêtes.
Je souhaitais cependant revenir sur votre intervention à propos des officiers généraux, que je ne souhaite pas nier, mais tout du moins nuancer. Et pour cela, je vous parlerai de mon père, décédé il y a peu, général de brigade de deuxième section (c’est-à-dire deux étoiles, retraité – avant son décès).
L’armée est devenue le royaume du clientélisme, du lèche-bottisme, et de la soumission, c’est à n’en pas douter. Cependant, il reste parmi les officiers généraux un noyau d’irréductibles, souvent catholiques.
Mon père m’a expliqué que tous les officiers à partir de colonel se voient proposer un rôle dans la franc-maçonnerie. Ce n’est donc pas une rumeur.
Ceux qui acceptent franchissent la barrière de la soumission, et sont des merdes, ceux qui refusent en paient parfois le prix avec des carrières moins fulgurantes que les autres.
Plusieurs éléments ont contribué à ce que mon père soit bien freiné dans sa carrière :
D’une part, mandaté dans les années 2000 pour une étude sur le côté opérationnel de l’armée française, il rendit à cette époque un rapport explosif de 500 pages qui démontait entièrement l’idée que l’armée, désorganisée, impuissante et mal dotée était capable de faire face à un conflit majeur et affirmait qu’elle commençait, déjà à l’époque, à être totalement soumise au bon vouloir américain. Je n’ose pas imaginer ce qu’il en est aujourd’hui.
À cette même époque, il dut évaluer des officiers, et ses supérieurs (compas-équerre) lui demandèrent de bien noter certains de leurs amis, ce que mon père refusa par honnêteté.
Ces éléments lui coûtèrent en tout dix ans de blocage d’avancement. Dans l’armée, l’honnêteté ne paie pas…
En fin de carrière, avec la loi Sarko de réforme du budget de la Défense, nombre de personnels civils de la Défense se retrouvèrent non-renouvelés dans leur contrat. Mon père avait pour mission de leur retrouver un emploi, ce qui fut empêché pour des raisons obscures d’influence, et il se retrouva un an plus tôt que prévu à la retraite, empêchant ainsi la fin de sa mission : ce fut donc le chômage pour un certain nombre de personnes.
Par ailleurs, vous disiez que les généraux n’avaient jamais mis les pieds sur le terrain ; c’est vrai pour beaucoup, mais il en existe de deux sortes : les bureaucrates des armes qui devraient avoir pataugé dans la boue (infanterie, cavalerie, artillerie) et les bureaucrates qui sont plus dans une logique logisticienne, stratégique et intellectuelle, ce qui fut le cas de mon père et qui ne l’empêcha pas d’être chef aimé et extrêmement compétent.
Vous demandiez également à ce que les généraux retraités rendent leur solde ; cependant, après 35 années offertes à la France, une santé et une vie de famille sacrifiées pour passer des semaines et des week-ends à dormir au bureau pour travailler plus sans gagner plus que la solde, avec une famille nombreuse à nourrir, je trouve normal qu’il ait accepté sa solde !
En effet le seul travail que peut exercer un général retraité est soit prof dans une école de commerce pour des avortons libéraux semi-handicapés mentaux, soit bénévole dans l’organisation d’une association.
Enfin, je souligne également qu’un général reste rappelable à tout moment. Ainsi le problème de la surdotation en généraux tient plus de la liquidation dernière des soldats du rang (à cause des contrats non-renouvelés) parallèlement à un nombre de décès de généraux insuffisants, que d’une gestion erratique à la nord-coréenne !
Ceci étant dit, j’espère ne pas vous avoir trop importuné avec ces rectifications qui me semblaient opportunes.
Très cordialement,
G.R.