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Je vous ai vu monsieur Soral a plusieurs reprises évoquer le fait que les musulmans doivent être critiques envers leurs coreligionnaires et leurs représentants, de la même manière que vous l’êtes avec Marine Le Pen, et laissez-moi vous dire que je vous rejoins entièrement là-dessus. Je pense très honnêtement que l’idée d’une pseudo-« Oumma » qu’on nous vend à longueur de journée dans les médias pour diaboliser l’islam est une terrible hypocrisie.
Laissez-moi vous dire M. Soral qu’il est très difficile de critiquer au sein de la pseudo-communauté musulmane, du fait que les « islamo-racailles » ont une vision très sélective de l’islam, un genre d’islam à la carte quoi. On cherche plus à imiter le Prophète au niveau de sa tenue vestimentaire que dans son comportement, et dès que l’on essaie de critiquer un peu cet islam de consommation et d’apparence, ici en France ou ailleurs, comme en Arabie Saoudite ou au Qatar, nous sommes tout de suite taxés de médisance. Cela remettrait évidemment en cause cet islam pratiqué par les personnes en question, qui se servent en réalité de l’islam comme simulacre pour faire un peu ce qu’il les arrange tout en se donnant bonne conscience et une bonne image auprès des gens, mais évidemment tout en ayant des comportements totalement contraire aux préceptes de la religion authentique.
Cela me rappelle d’ailleurs un hadith du Prophète, qui disait ceci :
« Vous trouverez que les gens sont comme les métaux. Les meilleurs d’entre eux avant l’islam sont leurs meilleurs après l’islam une fois qu’ils en ont bien assimilé l’esprit… Vous trouverez que les pires des gens sont les hommes à double face. Ils présentent à celui-ci une face et à celui-là une autre. »
On trouve ici la définition de ces jeunes ré-islamisés de banlieue élevés par le rap et SOS Racisme, dans la culture de la plainte victimaire tout en baignant dans la luxure et la perversité, paradigme véhiculé par des rappeurs en cagoule qui font l’apologie de l’american way of life. Le hadith essaie de nous montrer qu’en réalité, à moins d’une sincérité profonde, il est très difficile de se détacher de ce à quoi on a toujours été attaché depuis notre tendre enfance, et que finalement la recherche du sexe et du gain est toujours présente, mais cachée derrière les nobles vertus de l’islam, d’où la double face énoncée dans le hadith.
Des rappeurs qui d’ailleurs étaient soi-disant censés dénoncer un ordre établi et qui ont renoncé à toute idée réfractaire lorsqu’on leur a proposé la vie de star dont ils ont toujours rêvé (comme le dit M. Soral, il n’y a qu’a voir où a fini Joey Starr pour comprendre, c’est-à-dire dans une série ou il joue le rôle du flic ; si seulement il n’avait pas fait un tube prénommé Nique la police, cette soumission à l’empire aurait été plus difficile à cerner).
Ces prédicateurs en djellaba trouvent également, par exemple, que travailler est mauvais et serait nocif pour la foi, sous prétexte d’un univers trop perverti et où les tentations seraient trop grandes, mais par contre ne se gênent pas pour vivre, mariés de surcroit, aux crochet de leur parents ; et de venir quémander auprès des jeunes des pseudo-aumônes, à la sortie des mosquées, au nom de la charité islamique, qu’ils se chargeront de garder pour leur propre personne ou encore de piquer l’argent du RSA sans avoir jamais travaillé.
Croyez-moi, discuter avec des gens qui ont tant de choses à se reprocher est très difficile. Ils n’acceptent aucune critique, encore une fois sous prétexte de nobles vertus comme la médisance, par contre ne se gêne pas de traiter de « qufar », c’est à dire de mécréant, tout ceux qui ne font pas partie de leur cercle de consommateurs.
Donc pour résumer, selon ces gens-là, critiquer des comportements totalement aberrants de pseudo-soufis que les véritable maîtres spirituels ont toujours stigmatisés serait illicite, mais critiquer un jihad non-légitime en Syrie qui profiterait en dernière instance à Israël avec l’appui des pétro-monarchies du Golfe serait interdit ; dire que les économies de ces pays-là sont uniquement basées sur la riba [1] et sont sous les ordres du FMI, organe dirigé encore une fois par des juifs sionistes, remettre en cause tout cela serait selon eux une science de seconde zone et un combat d’arrière-garde, et finalement pour eux la riba serait simplement les agios que l’on paye à la banque si l’on fait un dépassement de paiement. Autant vous dire que leur lecture de l’islam n’est que d’un littéralisme de bas niveau, vraiment réducteur et simpliste.
Un problème secondaire disent ils. Quand on sait l’impact qu’a l’économie dans la société humaine, si Wall Street venait a perdre ses pleins pouvoirs et que l’économie spéculative disparaissait, des problèmes sociétaux tels que le chômage, le pouvoir d’achat se régleraient rapidement et les gens vivraient beaucoup mieux et seraient plus heureux. Et cela ne serait que plus bénéfique pour notre islam. Mais réfléchir à l’« islam » de cette manière demande un réel travail intérieur et une profonde sincérité.
Et je n’ai ni peur ni honte de dénoncer cela. Comment pourrais-je être gêné alors que ces personnes n’ont pas honte de leur comportement, dégradant l’image de notre belle religion qui est l’islam, tout en donnant raison, par là, à la propagande médiatique faite sur l’islam aujourd’hui concernant les dangers de l’islamisme radical venu des banlieues.
Je tenais à vous dire M. le président d’Égalité & Réconciliation, et pourquoi pas un jour de cette belle nation qu’est la France, que votre travail est noble et plus proche de celui de notre Prophète que ces pseudo-prédicateurs en djellaba, qui sont en réalité très loin du comportement de notre noble messager. D’ailleurs cette initiative de réunir aux nom de valeurs communes, et non en se cherchant des différences, me rappelle un pacte en islam que le prophète Muhammad (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) avait fait et qui se nomme le pacte des vertueux. Permettez-moi de mettre en avant le rôle de ce pacte, les leçons à en tirer ainsi que ses finalités, pacte que devraient sagement lire et tenter de comprendre les islamo-racailles de banlieue, plutôt que de takfiriser des gens comme moi qui essaient de rétablir la vérité, dans le but de les empêcher de tomber dans les pièges de l’empire en validant la politique menée par les islamo-sionistes du Qatar – car leur idéologie actuelle est plus proche de celle des sionistes que de l’islam noble et véritable.
Donc comme prévu je vous mets à la suite ce fameux pacte des vertueux qu’avait fait le prophète de l’islam :
« La vie du Prophète, paix et bénédictions sur Lui, n’a été en définitive que le reflet d’une vision généreuse, ouverte et respectueuse des hommes quelles que soient leurs croyances et convictions. Sa vie fut un témoignage constant et une incarnation exemplaire d’un certain esprit de l’accueil, de la reconnaissance et du respect profond pour l’Homme et de sa dignité qui ne saurait être relativisée.
Pour illustrer nos propos nous voulons rappeler quelques faits qui mettent en évidence cette vérité et un état d’esprit qui animaient en permanence l’agir prophétique. [...]
Le Prophète de l’islam avait beaucoup d’estime et de considération pour un pacte/alliance appelé “Hilf-al-fudul”, qui était une sorte de pacte de solidarité universelle instauré par les acteurs de la Mecque, alors polythéistes, pour soutenir tout opprimé, qu’il soit ou non citoyen de la Mecque. En effet le Prophète, paix et salut sur lui, nous dit : “J’ai été appelé à un pacte/alliance, durant la période antérieure à l’Islam (pour la protection des faibles et l’opposition à l’injustice et à l’agression). À présent, si je suis appelé en islam à me rallier à un pacte similaire, je n’y manquerai pas.”
Ce pacte, qui avait pour objet le soutien des causes justes, la promotion de la solidarité et la protection de tout opprimé auxquels le Prophète, paix et salut sur lui, pris part et dont il loua l’état d’esprit, quand bien même ces protagonistes n’étaient pas musulmans, met en avant deux leçons particulièrement intéressantes que les musulman(e)s d’Occident doivent méditer et pratiquer.
La première leçon concerne l’éthique prophétique, qui arrive à reconnaître l’autre dans ce qu’il a de meilleur, et à voir le meilleur dans l’autre. Cette éthique pousse ainsi naturellement celles et ceux qui en sont imprégnés, à chercher le commun partagé au-delà de la foi spécifique, fût-elle importante et fondamentale dans la conscience et le cheminement du fidèle. En d’autres termes, il est fondamental pour le fidèle d’être conscient que notre islamité ne nous fait pas sortir de notre humanité. Cette humanité est un fond partagé qui transcende tous les particularismes et constitue la base d’une alliance universelle à partir des valeurs communes. On peut établir des partenariats à géométrie variable car il n’est pas nécessaire de tout partager pour pouvoir agir en commun et travailler ensemble. Le Prophète nous apprend à appréhender nos valeurs d’une manière universelle et pragmatique et non pas selon une perspective exclusive et sectaire.
La deuxième leçon est une conséquence pratique qui découle de la première. La reconnaissance de l’autre n’a de sens que lorsque celle-ci pousse à envisager un travail en commun dans des chantiers de construction des bonnes œuvres utiles pour l’intérêt général. Ce pacte, si on prend en compte ses intentionnalités et son état d’esprit et si on veut l’exprimer avec un langage plus contemporain, signifierait clairement : une action politique et citoyenne dans un cadre institutionnel ouvert, accueillant des musulmans et des non-musulmans. C’est la mise en application d’une citoyenneté active au service des causes justes et universelles. Il s’agit d’un investissement dans la politique au sens noble du terme.
C’est la volonté de participation au cœur de la cité, la disponibilité pour construire des alliances politiques autour d’un socle de valeurs et de principes partagés. C’est l’idée du partenariat citoyen au service d’un projet de société fédérateur, d’une plateforme commune où peuvent collaborer, s’entraider et travailler ensemble des partenaires ne partageant pas forcement les mêmes convictions philosophiques et religieuses mais se retrouvant sur l’essentiel, comme l’opposition à l’injustice et à l’oppression, le respect de la dignité humaine, la défense des causes justes, la protection des plus faibles, le respect de l’environnement, la promotion des solidarités… [...]
Les valeurs humaines partagées par tous les hommes et reconnues comme telles, par l’ensemble de l’humanité, c’est ce que la terminologie musulmane exprime par le mot arabe “mourouwa”. C’est ce que le Prophète, paix et salut sur lui, venait appuyer et cultiver auprès des hommes au point d’affirmer d’une manière on ne peut plus claire : “J’ai été surtout envoyé pour parachever les nobles vertus.”
Ces nobles vertus qu’on désigne dans la littérature musulmane par le terme mourouwa sont d’ordre universel, ils ne sont l’apanage ni des musulmans ni des non-musulmans. Le concept de mourouwa rend compte de tout ce qui est de nature universalisable, il suggère l’idée d’une haute moralité sans connotation religieuse, de vertus humaines unanimement reconnues et partagées, des façons d’être qui font consensus, car il correspond à ce qu’il y a de plus profond, de plus noble, de plus vertueux, de plus juste dans l’innéité de l’Homme.
Selon Abou Hourayra, le Messager de Dieu a dit : “Vous trouverez que les gens sont comme les métaux. Les meilleurs d’entre eux avant l’islam sont leurs meilleurs après l’islam une fois qu’ils en ont bien assimilé l’esprit… Vous trouverez que les pires des gens sont les hommes à double face. Ils présentent à celui-ci une face et à celui-là une autre.”
Migration des premiers musulmans à Abyssinie
Celui qui étudie la vie du Prophète avec l’intention de s’en inspirer quant aux valeurs qui l’ont fondée et y puiser des principes de l’agir islamique ici et maintenant, ne peut ignorer l’évènement de l’émigration des premiers musulmans persécutés chez eux pour trouver et demander, sur recommandation explicite du Prophète, un refuge politique en Abyssinie, alors terre chrétienne et, disons, démocratique.
L’histoire retiendra la haute considération et le grand respect du Prophète à l’égard du Négus, roi chrétien humaniste d’Abyssinie, au point de recommander aux musulmans de trouver asile dans son royaume. “Il y a en Abyssinie un roi auprès de qui personne ne subit d’oppression.”
Il est évident que ce choix avait comme fondement explicite la reconnaissance et le partage de valeurs communes et de sentiments de générosité humaine, de liberté, de tolérance que représentait et défendait cet homme, fût-il non-musulman.
En faisant l’éloge de cet homme chrétien, humaniste et démocrate pour employer une terminologie plus contemporaine, le Prophète, paix et salut sur lui, établit une compatibilité de fait entre les principes que promeut l’islam et les valeurs humanistes qui font consensus et transcendent les particularismes, tels que le respect de la dignité de l’homme, la fraternité humaine, l’équité, le droit d’asile, l’État de droit, la liberté de conscience [2]... »
Croyez-moi, j’ai essayé de discuter avec eux, et la tâche s’annonce plus que difficile pour la réconciliation nationale au nom de valeurs communes, et désolé, ça n’est que mon humble avis : je suis même assez pessimiste là-dessus.
Je m’excuse pour la longueur du texte, mais je me devais d’exprimer mon ressenti, en espérant sincèrement que vous en tiendrez compte, je vous soutiendrai dans votre lutte jusqu’au bout.
De la part d’un musulman lambda et sincère – je l’espère.
