Monsieur le ministre de l’Intérieur,
Nous sommes attentifs à votre cri d’alarme concernant les deux apostats Dieudonné et Alain Soral. Qu’attendez vous par ces propos d’une rare violence ? Que les citoyens se mobilisent et capturent les deux renégats, les conduisent au bûcher afin de les brûler sur la place publique ?
L’honneur de Monsieur Haziza serait ainsi lavé. Comme pour Maître Vergès, ce journaliste soucieux de professionnalisme, d’éthique et de déontologie pourrait commenter par tweet la mort de deux « salauds ».
Contrairement à l’humoriste Dieudonné et l’écrivain Alain Soral, la fonction de ministre de l’Intérieur n’invite t-elle pas à un devoir de réserve ? Sachant que M. Soral est régulièrement victime d’agressions physiques, avez-vous conscience que de tels propos émis par le ministre de l’Intérieur sont susceptibles de renforcer le sentiment d’impunité des agresseurs ?
On ne peut pas considérer Marion Sigaut, Farida Belghoul, Bassam Tahhan, Pierre Dortiguier, Jacob Cohen, Salim Laibi, Pierre Hillard... comme des antisémites.
De même, est-ce le rôle d’un ministre de l’Intérieur de favoriser la diabolisation d’un citoyen ou d’un parti politique ? Cette attitude stigmatise une partie de la population française favorable à Marine Le Pen.
Aujourd’hui, les « immigrés », Maghrébins, Roms... font peur à certains Français ; il est important d’entendre cette peur et de rechercher des solutions ensemble. L’analyse du problème de l’immigration en France implique de prendre en compte la situation internationale et les motifs qui poussent des étrangers à trouver refuge en France.
Si l’Afrique ne subissait pas les effets d’un libéralisme sauvage, d’une oppression économique, il y ferait bon vivre, les citoyens de ces pays ne fuiraient pas animés par l’instinct de survie, la France n’aurait pas à se déshonorer en traitant des réfugiés comme des criminels et les centres de rétention n’auraient pas lieu d’exister.
Le problème aujourd’hui est que la France prend le chemin de l’Afrique ou plutôt de la Grèce sur un plan économique : la crainte de l’immigration est juste le symptôme d’une crainte réaliste : celle de manquer de ressources pour vivre, tout simplement, se loger, nourrir sa famille... En France les ménages à revenus modestes sont exposés à une précarité croissante. D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre [1], 685 000 personnes sont privées de domicile personnel, 2,7 millions en logements inadaptés, 170 000 personnes en situation d’occupation précaire et 87 000 « gens du voyage » ne peuvent accéder à une aire d’accueil aménagée... Nous vous épargnerons les chiffres du chômage que vous connaissez déjà... Dans un tel contexte, les tensions intercommunautaires se trouvent exacerbées.
Nous sommes confrontés à un défi : celui de la coexistence positive dans le respect des différences ou celui de la guerre de tous contre tous.
Égalité & Réconciliation, loin d’attiser la haine, permet à des personnes de milieux, de religions différentes de se rencontrer, se connaître et collaborer ensemble, favorisant ainsi la cohésion sociale.
Comme le souligne très bien Farida Belghoul, Égalité & Réconciliation offre une tribune aux « sans voix » comme Bruno Boulefkhad. C’est une association d’utilité publique que l’on peut critiquer sans souhaiter sa disparition...
Nous vous demandons de faire confiance à l’esprit critique des Français. Il ne s’agit pas de prendre les propos de M. Soral comme parole d’Évangile ; comme celui de tout le monde, son travail comporte une part de vérité et une part de « bêtise »... Que celui qui est brillant et juste tout le temps « lui jette la première pierre ».
A. C.*
* L’auteur ayant souhaité conserver l’anonymat, ses initiales ont été changées.