Monsieur Soral,
Je vous ai découvert il y a environ 3 ans maintenant, dans le cadre d’un long processus « d’éveil » politique et citoyen, qui a débuté avec la crise de 2008.
Issue d’une famille de petits-bourgeois (mon père tient une petite entreprise familiale de maçonnerie), j’ai été élevée dans les valeurs traditionnelles de la méritocratie républicaine : conformément aux attentes de mes parents, j’ai poursuivi mes études, obtenu mon diplôme d’ingénieur de Centrale, et suis entrée directement dans la vie active en tant que cadre. J’ai voté « oui » à la constitution européenne comme on me l’a demandé, et j’étais persuadée, comme mon mari, que la seule façon pour la France de sortir de la crise, c’était de payer notre dette.
Le crash de 2008 nous a permis de nous intéresser plus profondément à la question, et par l’intermédiaire d’Étienne Chouard, nous avons finalement abouti sur le site d’Égalité & Réconciliation. Je dois reconnaître qu’au début vos propos m’ont effrayée, à cause de la forme (je rappelle que je suis une petite bourgeoise), mais j’ai continué à vous écouter, et j’ai fini par vous lire, parce que le fond me paraissait vrai. Ce qui m’a convaincue, c’est votre analyse sur les femmes et le féminisme. L’arrivée de mes enfants ces dernières années m’a fait ressentir d’autant plus douloureusement l’arnaque du féminisme et de l’opposition « femme-mère ». Ce n’est qu’un moyen parmi d’autres de nous rendre complètement schizophrènes, et surtout de nous mettre au service du capital sous couvert de « libération ».
Finalement, nous en arrivons à quitter Internet, après avoir quitté la télévision, pour revenir à la source, aux livres : Comprendre l’Empire, Bainville, l’Ancien et le Nouveau Testament, Clouscard, Kropotkine, Marx et tant d’autres… Les lectures que vous conseillez sont très hétéroclites, mais elles permettent de se forger un esprit critique, de comprendre qu’une autre organisation politique et sociale est possible, que la loi du marché n’est pas une loi divine mais bien une loi écrite par l’homme.
Il me semble parfois que vous êtes en train de gagner votre pari, même si le combat est très long : vous avez atteint, parmi tant d’autres, un couple d’ingénieurs qui étaient plutôt destinés à être les petites mains de la finance, des traders ou autres calculateurs de risque sur les marchés. Nous avons compris grâce à vous de qui nous étions les esclaves. Nous essayons depuis de nous émanciper et d’alerter nos proches. Cependant, comme vous-mêmes le faites remarquer, la théorie, c’est facile : la question, c’est comment réunir les forces politiques, et puis comment les mettre en mouvement. Parfois j’ai le sentiment que le combat est perdu d’avance… Et pourtant vous, vous le continuez courageusement.
Merci Monsieur Soral pour tout ce que vous faites. J’admire votre culture et votre capacité d’analyse, j’admire votre courage et votre ténacité, surtout j’admire le fait que vous mettiez ces qualités au service de notre émancipation à tous. Vous pourriez fuir ce monde, vivre le plus indépendamment possible de l’Empire. Mais vous ne le faites pas : vous continuez à vous battre pour la vérité, vous restez debout malgré les attaques, les diffamations et les trahisons. Vous avez toutes les caractéristiques du héros, à une époque où ce n’est plus tellement la mode. Vous avez pour cela toute mon admiration et tout mon amour.
Les générations futures reconnaîtront sans aucun doute la noblesse de votre combat : ils vous jugeront sur vos actes, pas sur vos traumatismes d’enfance.
Chaleureusement et respectueusement,
M.