Ceci est la première opportunité qui m’est faite de témoigner sur un média de la situation de mon enfant. Celle-ci, à mon sens, relève d’un état d’esprit ambiant, que je n’avais jusqu’alors pas réussi à déterminer, mais qui au vu des évènements auxquels la majorité de concitoyens assistent en ce moment, sans être consultés, mérite d’être portée à la connaissance d’un grand nombre. Je remercie le président d’Égalité & Réconciliation de m’avoir encouragé à partager mon expérience.
À à peine trois ans, mon enfant E., est amené à encore devoir subir une énième reconstruction de son environnement familial, affectif. Né fin 2009 pendant la fameuse « menace épidémique » de grippe A, celui-ci à subi énormément de perturbations dès le début de son existence. Il ne connaîtra pas, comme de nombreux enfants, sa grand-mère paternelle, décédée un an et demi auparavant de ce fléau qui touche toutes les familles, le Cancer. C’est lors de ce drame, si courant, que j’ai fait la connaissance de la mère de mon enfant, O. Un amour sincère est apparu alors, dans cette adversité, pourtant rien ne m’aurait laissé présager auparavant que celle-ci, que je connaissais pour faire preuve de ce besoin immodéré de faire la démonstration de son appartenance à la cause lesbienne, aurait à ce point conquis l’être en dépression que j’étais. Nous nous sommes installés peu de temps après.
À ce moment-là, j’étais en formation pour me diriger vers les métiers du secteur social, j’étais donc régulièrement sensibilisé à la sociologie, discipline que je n’abordais alors qu’en surface, de par mon activité précédente de Barman dans un café de Village.
Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai toujours perçu la sexualité comme étant une notion floue, non-figée, je me suis même à plusieurs reprises confronté à l’interrogation de ma propre orientation sexuelle. En somme j’étais le pur produit de mon époque.
Au cours des cinq premiers mois de vie de notre fils, les rapports entre nous se sont grandement dégradés, avec pour cause un état de dépression de ma part lié à un contexte familial difficile mais pourtant pas insurmontable. C’est au retour d’un extra en restauration qu’à ma grande surprise elle avait pris mon fils avec elle, vidé la maison de ses effets pour partir chez ses parents. J’étais séparé de mon enfant, ma colère était grande.
J’ai pris la décision de fuir, et d’aller me perdre en Inde pour finalement prendre conscience, face à la misère omniprésente, qu’il fallait relativiser et que ma vie n’était pas dissociable de celle de mon enfant.
Ayant abandonné mon cursus de formation, pourtant validé par les examens que j’ai passés, devant rembourser seul les divers crédits contractés à deux pour établir un foyer, j’ai dû me résoudre à mon retour de reprendre au bas de l’échelle divers postes d’intérimaire au sein d’industries diverses (abattoirs, métallurgie…) durant deux années. Je n’avais à ce moment là la possibilité de ne voir mon fils qu’à peine deux jours par mois, quand l’attitude de mon ex-compagne le permettait.
Puis elle s’est éloignée avec mon enfant, ayant trouvé un travail à une centaine de kilomètres de mon domicile. C’est à ce moment là que j’ai pu observer lors de l’alternance de nos gardes, que son entourage redevenait à l’image de ce que j’avais connu quand j’ai commencé à la fréquenter. Nos rapports s’en sont grandement dégradés, car les personnes qui la côtoyaient régulièrement à ce moment-là me jugeaient et affichaient un mépris insupportable à mon encontre.
Les choses se sont poursuivies ainsi jusqu’à ce que je prenne contact avec une association de défense des droits paternels. Très vite, j’ai pris conscience de mon ignorance concernant mes droits, étant donné qu’aucune procédure auprès d’un juge aux affaires familiales n’avait été lancée. Je disposais donc de l’égalité qui est de mise lors d’un accord amiable.
J’ai donc fait part à mon ex-compagne de mes démarches, tout en lui précisant que le fait qu’elle habite depuis près d’un an avec mon fils une adresse qui m’est inconnue pouvait me donner le droit de considérer ceci comme un rapt. Puisqu’elle habitait alors avec deux de ses amies, elle à préféré reprendre une conciliation à l’amiable, me donnant ainsi son adresse et donc le droit de visite. Les choses se sont alors calmées, nous avions renoué le dialogue. Elle me fit part de ses difficultés pour arriver à concilier sa vie professionnelle et la charge quotidienne de notre enfant ; je lui proposai alors de me rapprocher du lieu de son domicile afin de pouvoir mieux l’aider. J’ai entrepris d’ailleurs dans la foulée de trouver un nouvel emploi et un nouveau logement.
À peine deux mois plus tard, j’avais l’occasion de recevoir mon fils pendant 5 jours lors des vacances. Nous profitâmes même du moment où elle me l’amena à mon domicile pour prendre notre premier repas tous les trois, je sentais donc que les choses finiraient par s’arranger.
Le 1er novembre 2012, jour ou elle était censée récupérer E., je reçois une lettre d’adieu de sa part, contenant les clés d’un garde-meuble où étaient entreposées les affaires de mon fils. La nature très inquiétante du courrier m’a poussé à prendre contact avec ses parents et avec la gendarmerie, car le caractère désabusé du ton qu’elle utilisait pouvait laisser penser à un suicide imminent. Je réalisai peu à peu qu’elle venait d’abandonner notre enfant.
Depuis près de trois mois que j’ai récupéré ma place de père, j’ai retrouvé le sens de mon existence, pourtant j’éprouve une grande peine de voir mon fils évoluer sans sa maman. Afin de prévenir de troubles qui auraient pu être provoqués par tant d’instabilité, je me suis mis en contact avec les services sociaux pour mettre en place un suivi psychologique mesuré. Actuellement je m’organise juridiquement pour accéder à l’autorité parentale exclusive. La mère de mon enfant s’étant finalement expatriée en Australie (elle avait préparé son coup) avec sa compagne actuelle, je redoute tout de même qu’elle puisse en réclamer l’autorité et par cela encore bouleverser l’environnement affectif d’E. Étant débordé par les diverses démarches administratives j’ai fait appel aux grands parents maternels d’E. qui se sentent trahis par leur fille, dévastés par l’abandon de leur petit fils qu’ils aiment tant.
Depuis, nous tentons de reconstruire un semblant de cadre pour mon fils, qui vient de rentrer à l’école et qui semble malgré tout disposer de grandes ressources pour surmonter cette épreuve.
Si je vous ai adressé ce témoignage, ce n’est pas pour me faire plaindre, c’est pour attester qu’il existe actuellement une vraie manipulation de l’opinion publique concernant le mariage et l’adoption pour tous. Les procédés utilisés pour faire admettre au plus grand nombre que la légitimité de leurs questions n’est au fond que la preuve de leur intolérance sont absolument indignes. J’ai pu au cours de ces dernières années, voir sous mes yeux de nombreuses familles exploser en réaction aux exigences de leur propres enfants se déclarant homos, qui jusque-là dans l’ensemble étaient assez bien acceptés par celles-ci.
En effet, on accuse l’ensemble des gens qui se prononcent contre ces lois d’être sans cœur, on use de sentimentalisme exacerbé, de reductio ad hitlerum et toutes sortes d’insultes à l’intelligence de nos compatriotes, alors que pour les ultra-minorités qui exigent ces lois, aucune justification n’est demandée quand ceux-ci forcent volontairement le trait de la provocation. Mme Fourest et M. Bergé sont des agents provocateurs, ils agissent pour pousser la majorité jusque-là pacifique à céder face à leurs insultes.
Pour avoir très largement fréquenté le milieu homo quand j’exerçais dans la restauration et le milieu de la nuit, on ne me fera pas croire que ces personnes représentent un exemple de tolérance pour tous, bien au contraire, je n’ai jamais assisté à autant de veulerie, de racisme, de bêtise, d’auto-satisfaction, de vulgarité, d’inconséquence qu’en compagnie de la plupart de ces personnes. L’affirmation de leur différence se manifeste principalement par la démonstration du mépris de l’autre. Comme la plupart des Français, j’en ai marre de devoir subir les injonctions de personnes qui en plus m’accusent d’une intolérance qu’ils arborent sans que personne dans les médias ne leur fasse remarquer.
Loin de moi l’idée d’essentialiser la « communauté » homo, qui n’en est d’ailleurs pas une ; je tiens à dire qu’une majorité de ceux-ci se moquent éperdument de ces fameuses lois si chères aux lobbies divers, qui ne représentent qu’eux-mêmes. Le jeune Xavier Bongibault a raison, son action au sein de la « Manif pour Tous » est tout à fait louable et honnête, preuve en sont les insultes qu’il subit des représentants de sa soi-disant communauté.
Pour en revenir à l’avenir de mon enfant, malgré le choix de vie qu’a fait sa mère, je souhaite la voir revenir vers lui, car rien ne justifie après avoir été élevé pendant trois ans par elle qu’il doive subir son absence. Par la démarche de compréhension du contexte qu’il l’a amené à faire ces multiples revirements de personnalité, je me suis détaché de toute velléité à son encontre.
J’ai compris que ce choix de vie pouvait être aussi la conséquence d’une véritable absence de but dans la vie, d’absence d’intérêt pour des choses simples qui jusque-là constituaient le ciment de nos sociétés. La plupart des jeunes et moins jeunes qui font ce choix et qui reprochent ensuite à leurs parents de ne pas être suffisamment modernes dans leur acceptation de leurs mœurs, psychologiquement modelés pour être de serviles consommateurs, n’ont aucun doute sur la légitimité et l’urgence de leur action. Dans le même temps, les guerres, commanditées par ceux-là même qui promettent l’égalité sans combattre une seconde l’injustice sociale, ne les émeuvent pas une seconde. Tout cela me fait honte.
Adrien L.