Monsieur Soral bonjour,
Si vous trouvez le temps de parcourir ces quelques lignes, prenez ce court témoignage comme mon apport aux nombreux remerciements que vous méritez et qui, je l’espère, maintiennent le feu dans votre cœur.
Ma fiancée et moi sommes deux jeunes gens ayant la vingtaine et issus d’un milieu particulier dont on entend guère parler chez E&R (et c’est légitime) qui est celui des « jeunes branchés » et plus globalement des jeunes artistes français actuels de la scène « underground ».
C’est une sphère semi-mondaine aux codes bien spécifiques, totalement empreinte d’idéologie mondialiste libertaire et qui, je dirais, possède un certain mépris des « gens normaux » assimilés au mythe du « beauf » à la française. Je vous passe les détails. Cependant, je ne doute pas que si vous aviez eu 20 ans aujourd’hui, connaissant bien votre parcours, vous auriez sinon appartenu à ce milieu, du moins traversé celui-ci.
Croyez-moi, les étudiants en art actuels (mais également les professeurs) sont plus détachés de la question politique qu’à aucune autre époque. Les opinions en la matière se résument uniquement au « il se dit que… » et au pathos médiatique. Une propension au vide intellectuel qui nous a poussés tous deux à quitter nos établissements respectifs à Paris il y a quelques années pour prendre une nouvelle voie.
Et cela grâce à vous. Vous nous avez permis de comprendre que certaines choses que nous apprécions dans l’art et la poésie étaient en réalité un amour profond de la France. Qu’aimer sa nation n’est pas uniquement réservé aux vieux identitaires blasés mais un vrai élan du cœur. Comprendre cela et pleurer des heures comme pour évacuer le poison de l’idéologie dominante qui m’a déraciné, a été l’une des expériences les plus intenses de ma vie. Vous nous avez permis de comprendre que le catholicisme n’est pas une religion obscurantiste et purement théologique mais un guide moral, même pour le plus endurci des rationalistes, et qu’il ne s’agit en réalité que d’amour. Vous nous avez permis de passer d’êtres trans-genres et similaires, à homme et femme complémentaires. Notre adhésion à vos idées nous ont beaucoup coûté dans un milieu essentiellement « gauchiste ». Nous avons vécu des moments tragiques et perdu la majorité de nos amis. Parfois, je me demande si vous avez conscience de l’impact de votre pensée dans le réel. Vous suivre est un vrai choix et demande beaucoup de courage…
Aujourd’hui, nous réhabilitons une ferme en Ariège afin d’en faire une base autonome durable, et la plupart de nos amis sont désormais… des paysans de l’âge de mon père dans les yeux desquels je peux sentir toute la poésie du monde. Monsieur Soral, vous pouvez vous féliciter d’avoir réappris à un jeune punk mondain à aimer les humains. Je trouve dommage que vous n’insistiez pas davantage sur le mouvement survivaliste (inspiré par Piero San Giorgio entre autre), qui est vraiment selon moi la continuité militante et logique d’E&R.
Si l’énergie et l’espoir vous manquent, pensez qu’une partie de la jeune génération, comme nous, continue de lire et d’apprendre chaque jour, pour poursuivre votre travail.
Simplement.
Luc.