Tout est politique. Entre le site de financement participatif qui lance un concours de dessins contre l’homophobie, la diatribe anti-Décodex de Frédéric Lordon dans Le Monde diplo, et la charge anti-CRIF de Mélenchon, il n’y a que des relations souterraines, mais bien réelles. Un rhizome conceptuel.
« Les homophobes sont-ils des enculés ? »
C’est sous ce titre que le collectif SOS Homophobie entend lancer sa campagne de lutte pour qu’on arrête de faire des vannes sur les homos. Elle prend la forme d’une souscription – c’est l’objet du site Ulule – qui doit devenir un livre de dessins d’humour. Tout ce que la planète BienPensante compte de dessinateurs a répondu présent pour le projet résumé ainsi :
Nous voulons inverser la tendance, passer des moqueries subies par les personnes LGBT depuis bien trop longtemps, aux moqueries sur les homophobes… une sorte d’exutoire pour la communauté LGBT et leur entourage en ringardisant cette forme d’intolérance. Traiter le problème par le rire est une autre façon de soutenir les personnes LGBT et leurs proches.
On imagine la souffrance de Pierre Bergé, et ses « proches »… Ainsi, la bataille du rire pro ou anti-homophobe est lancée. Les dessinateurs du Parti du Bien pourront se laisser aller à leur homophobo-phobie naturelle. Jusqu’au jour où les homophobes, qui auront été trop persécutés, lanceront à leur tour une souscription sur Ulule pour se moquer des homos.
Lordon contre-attaque
Malgré cette avancée magnifique sur son flanc sexuel, le Parti du Bien vient de perdre un allié sur son flanc politique. Frédéric Lordon, dans Le Monde diplo, a littéralement collé au mur déontologique Samuel Laurent et le Décodex du Monde. Déjà que la Fachosphère avait repris de volée la piteuse tentative de censure des sites d’information non alignée par le quotidien, voici que la Gauchosphère y va de son coup de savate. Et le coup est rude, rudement bien torché. Il s’intitule Charlot, ministre de la vérité. Un Samuel Laurent qui n’a visiblement pas conscience que sa trouvaille sent le furet :
Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme inconscients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre position a en tout cas valeur de symptôme.
Un long papier sur la duplicité du journal qui se fait juge et partie, donnant des bons points ici et des mauvais là, jugeant des sites douteux uniquement parce qu’ils ont « un point de vue ». Et que le Monde, cette cathédrale de neutralité, n’en aurait pas. Risible, bien sûr, et on en a déjà parlé sur E&R. Sauf que là, ce qui change, c’est que la contagion de lucidité gagne la gauche. Oh, avec un peu de retard, mais la critique du Décodex ne pouvait être que « d’extrême droite », et c’était là le piège. Du coup, elle sera aussi d’extrême gauche. Et Le Monde se retrouvera dans la tenaille, une tenaille intenable.
Un autre représentant du Système qui est dans la tenaille, c’est le CRIF. Seuls les sites d’information courageux avaient pour habitude de rappeler la duplicité de cette « petite » association, et le pouvoir réel qu’elle dissimule. Aujourd’hui, c’est Mélenchon qui dénonce ce communautarisme, un sport qui permet de marquer des points dans l’opinion souverainiste française. Mélenchon s’attaque, à travers Kalifat et son lobby, à l’électorat de Marine Le Pen, une candidate qui a trop voulu donner des gages de « non-antisionisme » ces derniers temps, histoire de se faire dédiaboliser dans les médias. Peine perdue !
- Attention, Jean-Luc, on n’est pas loin du bras d’honneur, voire de la Quenelle...
Ni Mélenchon ni Marine Le Pen n’ont été invités au dîner des Seigneurs, parce qu’ils incarneraient les extrêmes, et que les extrêmes seraient « antisémites ». Ce faisant, Kalifat et ses amis font monter les scores de leurs adversaires désignés. Et Mélenchon, toujours aussi prudent, a trouvé un angle d’attaque qui évite de passer pour antisémite, sa grande trouille : il joue sur la laïcité de l’État, du genre « dites donc les religieux, restez bien séparés de l’État s’il vous plait ». Alors qu’il sait très bien qu’il n’est nullement question de religion là-dedans, seulement de pouvoir politique profond. La religion n’est qu’un masque sur l’indicible.
Dans le même registre, le petit Klarsfeld, ce fils de chasseurs de nazis qui n’intéressaient pas les services américains, s’en prend à Macron. Vous allez nous dire, on comprend plus rien, on pensait que le lobby avait misé le paquet sur Macron ? Oui mais si Macron dévisse, il faut trouver un plan B à celui qui était déjà le plan B de Valls, vous suivez ? Et ce plan B, c’est… Fillon ! Mais un Fillon 2.0, qui vient de donner des gages aux sarkozystes, c’est-à-dire au pouvoir atlanto-sioniste français, cet État dans l’État. Et là on retombe sur et dans les pattes du CRIF. Au fait, ce Fillon 2.0, c’est quoi en termes de programme ? Oh, vous allez voir, il va revenir sur sa poutinophilie et son assadophilie, par exemple. Ce qui compte vraiment, pour les maîtres de notre pays.
C’est dans cette optique qu’on peut décrypter les paroles de Nadine Morano ce matin chez Jean-Jacques Bourdin, quand elle lance « François Fillon a un projet de vérité, un programme fort qu’il doit encore adapter ». C’est de la langue de bois, mais de la langue de bois très claire !