Vue de la Lune, la Terre donne en ce moment un spectacle étrange : des petites lumières clignotent l’une après l’autre dans toutes les grandes villes, selon un plan difficile à saisir. Ce sont les explosions de djihadistes, dont l’organisation couvre la planète entière. La mère de Satan, est le nom de l’explosif que ces fils du diable utilisent.
Top Chef du djihad
On retrouve donc la mère de Satan dans les fameuses ceintures de bombes qui pètent un peu partout aujourd’hui. Une sorte de réveillon mondial mais pas drôle, et qui se prolonge. Avec une malchance au tirage.
Il y avait le Loto, et sa chance sur un million de gagner le gros lot, il y aura le Morto, ou Loto de la Mort, avec une « chance » – disons, une probabilité – sur un million de crever dans un attentat. Le miracle, et la tragédie.
Le quotidien des Français et des Belges n’a pas changé. Passée la frousse pour les témoins indirects (les télé-témoins) des tueries, ou la terreur pour les témoins directs, la société reprend son cours normal. Elle digère l’événement. Que peut-on changer dans son quotidien ? Rien. On retourne au travail, et chez soi. Pour ceux qui travaillent et qui ont un toit. Mais surtout, on doit faire confiance à ceux qui nous gouvernent. Et c’est ça le plus difficile. Car on a la sensation qu’ils tiennent nos vies entre leurs mains, et on n’aime pas ça.
Le plan média mondial de la psychose terroriste
Daech aurait crucifié un prêtre le jour du Vendredi Saint. Tout est dans le « aurait » et dans la reprise média. Les attaché(e)s de presse de la très nébuleuse « nébuleuse » se frottent les mains : en moins de deux ans, le Groupe État islamique a gagné une cote de popularité – négative mais c’est pas grave – qui dépasse largement celle de Coca Cola ou d’Adidas. Celui qui ne connaît pas Daech aujourd’hui est soit une buse soit un psychotique lourd enfermé à Cadillac (Gironde). Un plan média colossal réussi avec quelques poignées de dollars et d’employés suicidaires. En une série de coups médiatiques, la notoriété de la marque Daech a connu une montée vertigineuse, pour atteindre le firmament, le nirvana des publicitaires. Ce vieux pruneau de Séguéla doit apprécier l’exploit. Peut-être qu’on verra bientôt, dans nos rues occidentales, des jeunes (blancs-becs) arborer des tee-shirts noirs à l’effigie du djihad, avec des inscriptions en arabe incompréhensibles mais jolies. On en est presque là, en Occident.
Le débat à la con du jour : pour ou contre la diffusion de la photo choc
Plus marronnier, tu meurs dans un vieux numéro de France-Soir.
« Elle est en soutien-gorge, il a été blasté par le souffle de l’explosion, on peut aussi considérer que c’est une atteinte à sa dignité. »
On vous laisse réfléchir trois secondes à l’intervention du maître de cérémonie, Thomas Hugues, et on change de sujet, sinon on va dire des méchancetés.
Et maintenant la question que les journalistes français ne se posent jamais : fallait-il inviter BHL ?
En fait, la réponse est simple, et les journalistes innocents : puisque BHL s’auto-invite, on n’a pas besoin de l’inviter. Il choisit ses émissions comme on choisit ses plats au restaurant, pour sa promo personnelle ou celle de ses livres, que personne ne lit.
À propos, la direction de la Prospective du Groupe public (France Télévisions), a publié les conclusions d’un rapport sur les changements de comportement vis-à-vis de l’outil télévisuel. D’abord, c’est la fin de la linéarité – je regarde les programmes à la télé les uns après les autres dans le sens voulu par les programmateurs – au profit du streaming délinéarisé – je regarde ce que je veux sur ce que je veux (écran PC/Mac, mobile ou tablette) quand je veux et je me fiche des chaînes. Conséquence, les abonnements TV déclinent, et la vidéo en ligne (VOD ou gratuite ou piratée) explose.
La télé risque donc, à terme, de migrer sur l’Internet, c’est-à-dire, en termes moins policés, d’être bouffée par le Net. Avalée. Engloutie. Ce qui n’empêchera pas la production de programmes inédits ou exclusifs (films, séries, rencontres sportives), destinés à ceux qui pourront se les offrir. Canal+ est justement en train de racheter son concurrent Bein Sports pour 1,5 milliard d’euros, mais qui voudra payer 20, 30 voire 50€ par mois pour du foot et des films ? Pas les jeunes, en tout cas, dont le budget est étriqué. Canal+ devrait donc mourir avec son public médian.
La question angoissante : que va devenir la propagande ? Comment la dominance va-t-elle pouvoir marteler son idéologie ? On laisse les think tanks de jeunes trentas surdiplômés qui conseillent nos élites trouver la solution.
Le selfie avec Bachar
Un trenta qui a la cote, c’est Julien Rochedy, qui a réussi le coup média de la semaine. L’ex-leader du FNJ (le Front national de la jeunesse) a fait le voyage à Damas avec, entre autres, cinq parlementaires français. Pendant que la France, représentée par la triste paire de boules molles Hollande/Ayrault, après tous les mauvais choix possibles et imaginables, est aux abonnés absents de toute solution diplomatique en Syrie, la presse tricolore tire à boulets rouges sur ces députés non alignés. Même s’ils sont de droite, ou de droite de la droite, dite populaire, peu importe. Il aurait été de l’honneur de la gauche de la gauche d’y aller aussi, pour montrer que la place de la France est du côté des victimes de la barbarie.
Après la prise de Palmyre par les forces loyalistes syriennes, le grand silence élyséen, rien, pas un communiqué. La foirade jusqu’au bout, avec le déshonneur. Le pire gouvernement de tous les temps. Une honte en pluie pour tous les Français, à cause de cette bande d’idiots ou d’escrocs, on hésite encore. Le pire : des escrocs idiots. On touche le fond.
Le cri de douleur ( ?) d’une lycéenne
Mais pendant que Julien faisait son chemin de Damas, d’autres jeunes manifestaient en France.
« On est puceau de l’horreur comme on l’est de la volupté », écrivait un certain Céline. Il semble que cette sentence a été pondue pour la lycéenne qui crie son effroi devant le matraquage de ses compagnons de manif. Les jeunes tiennent leur guerre, leur martyr. Des policiers leurs ont tapés, et ça fait mal. Désenchantement, sortie de l’enfance. On descend dans la rue pour éviter d’aller en cours, pour changer un peu le cours des choses, pour obéir aux discours abscons des professionnels de l’agit prop auxquels on ne comprend goutte mais c’est pas grave, tout le monde y va alors j’y vais, surtout qu’on défend notre Code du travail et nos retraites… et puis boum, on se fait bolosser par les flics. Merde, quand même !
Moralité ? Les manifs, c’est comme la révolution ou le terrorisme : du boulot et de la souffrance en plus pour les pauvres, sauf que c’est pas eux qui en récoltent les fruits.