Quand on n’a plus rien à perdre, on peut se lâcher. C’est ce qu’a fait Jean d’Ormesson, l’homme de lettres, en démolissant le prochain président de la République, Alain Juppé. On va la faire courte : il trouve que la tête de liste des sondages à droite n’a pas de charisme, guère d’« enthousiasme », et que ce sera un « Chirac » bis, donc pas grand-chose en termes de changement ou de sortie de crise pour la France. C’est sûr, avec Juppé, on va pas s’éclater les rictus, mais on ne risque pas de connaître l’humiliation mondiale que les deux précédents présidents nous ont infligée. Ils ont rabaissé la France à leur niveau, tout simplement.
Avec d’Ormesson, qui doit pas être loin des 350 ans, il faut s’attendre à d’autres salves sur les candidats de droite, qu’un Croix de Feu des années 30 prendrait pour une bande de bouffons de gauche. La vraie droite a disparu, la vraie gauche aussi, et ce n’est pas un hasard : le pouvoir profond l’a voulu. Une gauche sans couilles sociales et une droite sans couilles nationales, ça présente moins de risques. La preuve, le feu nourri que Poisson se prend dans le buffet depuis qu’il a osé rapprocher deux termes, « lobbies » et « sionistes » (penser à interdire « sioniste » et « lobby ») ! Et en Amérique, même pas en France !
Alors vous imaginez, si Jean-Fred commence à parler du « lobby sioniste français », c’est direct le peloton d’exécution, le fort d’Ivry au petit matin… Interdit, verboten, djou-djou, zone rouge, this is an emergency, mayday mayday, un homme à la mer... Et là, on se dit que d’Ormesson, qui a bien vécu – il (s’)en est passé de belles dans son bureau du Figaro – et qui a dépassé les 91 ans depuis le 16 juin 2016, pourrait en lâcher une là-dessus au lieu de nous dire ce qu’on sait déjà sur Juppé ou Machin, les candidats du Système. On attend Jeannot sur le CRIF et on en reparle, d’accord ?
En 1999 #Juppé demandait + d'#immigration et critiquait ceux qui s'y opposaient.
Aujourd'hui, il s'énerve quand on le lui rappelle.
Guignol ! pic.twitter.com/6rs6sqBFnM— Napoléon (@tprincedelamour) 25 octobre 2016
On reste dans le Juppé, avec quelque chose qui ressemble à un retournement bizarre. Patrick Liste Noire Cohen reçoit hier le candidat du centre droit, et lui met sous le nez ses déclarations de 1999 sur l’immigration « bonne pour la France ». Ça alors, si on réfléchit bien, ça veut dire que PLNC est contre l’immigration, presque un vulgaire raciste ! Et Juppé de s’excuser à moitié d’avoir balancé l’injonction oligarchique, alors qu’aujourd’hui, ce qui est politiquement vendeur, c’est de taper sur les migrants ! On la refait : PLNC reproche à Juppé d’être de gauche, au fond. On aura tout vu.
Mais quand on écoute bien le successeur de François Hollande (à 1’03), on revient brutalement sur terre : libéralisme total, pas de frontières (pour les produits), alignement sur les intérêts de la dominance mondiale, fermez la boîte à espoirs !
Malgré la pique sur l’immigration, on sent bien que Patrick Liste Noire, tout gauche caviar qu’il est, prend des gants avec son futur super PDG. Ce que c’est que le servile public, tout de même…
Dans la série des trahisons à gauche, le sémillant Macron est en train de ratisser à droite et chez les jeunes pour Valls. Un scénario semble se dessiner avec le trimaran Macron-Valls-Montebourg pour 2017. Les déçus du hollandisme, quoi. On remarquera que depuis des paquets d’années, on élit toujours une fois sur deux les déçus du président précédent. L’alternance se présente comme suit : président de gauche, président de droite, déçu du président de gauche, déçu du président de droite… Si c’est pas clair c’est pas grave.
Justement, sur le pouvoir et l’alternance, Paris Première diffuse ce soir un documentaire d’humour intitulé Face au pouvoir, les 100 ans du Canard enchaîné. D’humour, parce que les dirigeants de l’organe principal des francs-maçons se disent « ni de droite ni de gauche, [mais] d’opposition ». D’opposition... au pouvoir factice, pas au pouvoir profond, rassurez-vous. Le Canard ne fera jamais une Poisson... Pas fous, les Frères !
De Juppé au Canard, en passant par Valls, Macron et Montebourg, derrière le ravalement de façade, on a un bel exemple des fausses oppositions sous contrôle et de l’invariance du système médiatico-politique. Le changement ne viendra pas d’en haut... Seule conclusion pragmatique de tout ce cinéma : continuons le combat !