L’obsession anti-FN du Monde vire à la pathologie mentale
Là, ça vire à la pathologie. Comme si Le Monde n’existait que pour empêcher l’arrivée inexorable du FN au pouvoir. Tant de parti pris n’améliore pas le positionnement du journal, déjà déplacé par rapport à la norme déontologique : on y bosse furieusement pour l’oligarchie, la banque, les lobbies, on ne s’embarrasse plus d’euphémismes, de formules ampoulées, de ces phrases interminables et indigestes qui faisaient la réputation (surfaite) du journal des marchés. Maintenant c’est direct en une : « ne votez pas FN car ce sont des voleurs et des menteurs et si par malheur le FN gagne vous allez tous mourir de faim ou alors fusillés dans des camps ». On déconne à peine.
C’est avec une jubilation mal contrôlée que le journal relate la perquise rock and roll qui a eu lieu au siège du FN le 17 février 2016. On résume la chose : sur ordre de la justice (elle-même aux ordres de l’oligarchie, c’est-à-dire des puissances plus ou moins avouées qui dirigent la France), des policiers investissent les locaux du FN à Nanterre. Ils arrivent dans le bureau de la présidente :
Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Marine Le Pen de se mettre à filmer, elle aussi. Quand les policiers se présentent à son bureau, la candidate à l’élection présidentielle, qui brandit son téléphone, « se réjouit ouvertement de pouvoir alimenter de vidéos les réseaux sociaux », écrivent les enquêteurs dans leur procès-verbal. Elle refuse de s’arrêter.
Au contraire, notent les policiers, la fille de Jean-Marie Le Pen « coince son téléphone portable dans son décolleté de manière qu’il puisse toujours filmer et nous demande en souriant si on viendra le chercher ». La provocation est efficace.
Finalement, les policiers renoncent à leur entreprise, qui consistait à chercher des pièces compromettantes sur les assistants parlementaires (un truc dont tout le monde se fout) :
« Eu égard à l’attitude de Mme Le Pen, il a été impossible de procéder à l’examen des supports informatiques de son bureau », déplorent les enquêteurs dans le compte rendu de perquisition.
Au cours de cet article très police de la pensée, Le Monde écrit allègrement qu’il a contacté Marine Le Pen sur les consignes du parti en cas de perquise, qui figuraient dans le dossier du juge… une violation manifeste du secret de l’instruction. Mais les « grands » journaux ont tous les droits, du moment qu’ils font le sale boulot pour les Maîtres.
La même stratégie d’esquive est pratiquée avec les journalistes. Lorsqu’une équipe d’Envoyé spécial vient au Parlement européen pour enquêter sur l’affaire, « un email nous a été envoyé pour nous dire : “France 2 est dans les couloirs, ne sortez pas de vos bureaux” », révèle un frontiste.
Bref, le FN et ses cadres sont sommés d’obéir, de lâcher l’affaire, d’accepter le verdict de l’oligarchie – et non celui des urnes – et de retourner dans leur tanière, d’où ils n’auraient jamais dû sortir, celui de la Bête immonde.
C’est pas comme ça que les rapports entre l’élite et le peuple vont s’améliorer. Dans le même ordre d’idées, la mairie de Paris en a sorti une bien bonne. Tout part d’un sujet du 20 heures de France 2 sur deux collèges du XVIIIe arrondissement, celui des Africains et des bobos, France 2 préférant les appeler respectivement « des habitants d’origine modeste et des cadres supérieurs ». On résume, bien entendu. Mais sociologiquement, ça revient à ça : les pauvres chez Hector Berlioz (musicien sous la Restauration, les royalistes et la République), les riches chez Antoine Coysevox (sculpteur sous Louis XIV). Les deux collèges ayant des résultats sensiblement différents au brevet, n’est-ce pas.
L’objet de la polémique c’est donc la Hidalgo qui veut forcer la mixité sociale, le grand truc des socialistes. Oui mais les parents de race bobo ne veulent pas. Alors ils gueulent. Est-ce du racisme ou du pragmatisme ? C’est le grand débat actuel, en vérité. On ne va pas développer la chose ici sinon on y est encore demain, et sans dormir. Car tout y est : le social, le vrai et le faux racisme, l’avenir des enfants, la vraie et la fausse gauche, les plans oligarchiques, le niveau de l’école, les méthodes d’enseignement, bref, les fractures et la réconciliation nationale.
Mieux vaut parler de Pierre Ménès, c’est moins clivant.
Pierrot, c’est ce chroniqueur foot qui a explosé il y a 10 ans dans l’hebdomadaire 100% Foot animée par Estelle Denis, madame Domenech à la ville. C’était une bonne émission, vivante, avec zéro tune – comme toujours sur M6 – mais avec plein d’infos truculentes sur le milieu. Ça changeait des plateaux chiants de Canal+ avec tous ces petits bobos encravatés et leur « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil » dans le monde du foot pro.
Ménès est arrivé, et il a tout dégommé. Il a introduit l’information, les stratégies, les arnaques, les réseaux, dans un domaine qui prenait les gens pour des cons. Naturellement, Canal a fini par le débaucher, sinon ils allaient dans le mur. Le franc-parler patriote et popu de Ménès a cartonné sur la chaîne de l’insupportable gauche caviar. Malheureusement, le succès aidant, ben le Pierrot, devenu un acteur incontournable du milieu – si bien qu’un Aulas réclamait régulièrement son droit de réponse sur la chaîne –, a pris goût au pouvoir, et à tous ses à-côtés. Les gros salaires, la bonne bouffe.
Du coup, le Pierrot il a chopé un foie comme ça, et les scientifiques nous expliquent que c’est un peu la cirrhose de ceux qui ne boivent pas (trop) mais qui bouffent mal. Une maladie très répandue chez nos cousins américains, sujets à l’obésité et à la surdose de sucre, et baptisée la maladie du soda. Pierrot a frôlé la mort, il a reçu une greffe de foie et un rein tout neuf, et il repart, frais comme un gardon, passant de 250 kilos (175 selon lui mais on se méfie) à 88.