Valls et les éléments de langage
Le pavlovisme ça marche, à la condition que tout le monde ignore Pavlov. Quand les foules commencent à comprendre la façon dont on les manipule, les ingénieries tombent à plat les unes après les autres. C’est ce qui est en train de se passer avec Manuel Valls, social-démocrate ambitieux passé par le PS pour accélérer son ascension, utilisant un grand parti de gouvernement pour arriver à ses fins, tout en copiant la méthode dure de l’ex-président de la République, le libéral Nicolas Sarkozy.
« Et moi je pense que je dois gagner tout simplement parce qu’il faut que la gauche gagne pasque la France a besoin de la gauche… »
Oui mais voilà, entre-temps, de l’eau croupie charriant du concept crevé a coulé sous les ponts du peuple, qui a compris qu’on lui refaisait le même coup de Trafalgar. N’ayant pas suffisamment d’imagination pour changer de stratégie in extremis, l’ex-Premier ministre continue sur sa lancée, alors qu’il va droit dans le mur. Les électeurs l’attendent de pied ferme, avec une défense bien en place. Quand on a les plans de l’adversaire, pas la peine d’attaquer, il suffit de le laisser approcher et de le détruire par les flancs.
- Élisabeth Martichoux prête à mettre une taloche à Manuel Valls
« Il faut faire sens, il faut faire France ! »
Ce mercredi matin sur RTL, Valls a enfilé dans un ordre pathologique les mots clés qui étaient censés jusque-là déclencher l’adhésion des foules de gauche : « France », « Français », « modèle républicain », « modèle social », « service public », « sécurité sociale », « République forte », « France juste », « pacte républicain », « menace terroriste », « laïcité au cœur », « égalité femme/homme », toutes ces merdes. Un véritable salmigondis d’expressions qui ne fonctionnent plus sur un public rétif, survacciné par une succession de quinquennats et de septennats bourrés des mêmes mensonges. Nous voilà donc avec un candidat dit de gauche, qui redoute de ne pas passer les demi-finales, et qui fait en sorte que la primaire ne cartonne pas, pour s’en sortir indemne.
En face, il devra ferrailler avec trois gauchistes, Hamon, Montebourg et Peillon, ceux qu’on appelait autrefois les « réformateurs » ou les « rénovateurs » du PS. Les quadras qui voulaient tout casser, dé-hollandiser le parti, et lancer la « VIe République » chère à Montebourg. Dans chaque appareil on trouve ces jeunes loups qui ont envie de bouffer le chef, et qui finissent en général bouffés par lui. Dans le RPR des grandes années, les quadras Léotard, Noir, Carignon et Millon avaient fini désossés par Pasqua, sur ordre de Chirac. Là, c’est Hollande qui n’en a fait qu’une bouchée. Vendus pour un maroquin, ces « nouveaux socialistes » n’ont plus rien à proposer qui excite les foules. Pour schématiser, Vincent Peillon se dit au centre du PS (« Moi je ne me recentre jamais, parce que je n’ai jamais quitté le centre »), tandis que Montebourg et Hamon se trouveraient à sa gauche, Valls étant bien entendu à droite.
Vincent Peillon veut plus de réfugiés (socialistes)
Hier soir, dans L’Entretien politique sur France 2, le couple Pujadas-Salamé invitait Vincent Peillon à développer son programme. Pour les ignorants, une petite vidéo résume bien le candidat à la primaire des 20 et 27 janvier 2017 :
.@Vincent_Peillon candidat à la présidentielle !
"on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique"
(2008) pic.twitter.com/QXnYDSC8ke— fautpaspousser ن (@fautpaspousser) 11 décembre 2016
Gros franc-mac des familles, cathophobe de compétition, au moins le gars est-il clair. Ça change du salmigondis vallsien. Face au duo de journalistes pas très intéressés par leur vis-à-vis, le bouffeur de curé joue la prudence. Ses déclarations antichrétiennes ont écorné sa crédibilité. Alors il va axer son discours sur les « valeurs » de la gauche, qui selon lui ont été bafouées sous le règne de François-le-Petit. Pour Vincent, la France n’a pas accepté assez de « réfugiés » et a failli à sa mission historique droit-de-lhommiste. C’est sûr qu’on aurait pu avoir plus de djihadistes passés par les filières migratoires et donc plus d’attentats. Mais on fait ce qu’on peut. L’Europe, tout comme la France, est coupable :
« C’est un crime historique dont l’histoire se souviendra… L’Europe n’a pas été à la hauteur… Elle a foulé aux pieds ses valeurs… »
Le moment le plus drôle de cette émission restera sans doute celui où François Lenglet, l’expert économique qui passe les programmes au gril comptable, lance, en guise d’entrée : « Vincent Peillon est un candidat pro-européen. » Là, tout est dit. D’ailleurs, Vincent ne s’en cache pas : « Je suis sans doute le seul mais c’est mon ancienneté, à avoir fait expertisé mon projet et par le FMI et par la Commission européenne. » Terrible. Des millions de Français fustigent et souffrent de la soumission de nos gouvernements successifs à l’oligarchie bruxelloise et à la finance internationale, magnifiquement incarnée par un FMI dirigé par des personnalités en butte avec la justice, mais non, Vincent affirme haut et fort son européisme et son internationalisme. Un mystère probablement dû à la respiration de l’air vicié des pièces obscures qui servent de repères aux occupants sataniques des loges maçonniques (ouf).
Cédric Herrou bientôt décoré par Georges Soros ?
La liberté d’expression, c’est laisser Peillon rêver de la disparition définitive de la France le soir sur France 2 et Valls délirer le matin sur RTL. Le problème, c’est que des esprits simples croient à ces salades, et les appliquent. Dernier exemple en date, le cas Cédric Herrou. Croyant bien faire, obéissant avec application à la stratégie sorossienne, Cédric, agriculteur frontalier de son état, a fait passer plus de 200 migrants de l’Italie à la France. Dedans, il y a peut-être un futur Mozart, ou un futur Abaaoud. C’est pas exactement le même profil. Cédric se retrouve devant le tribunal correctionnel de Nice pour avoir enfreint la loi. Son cœur crie :
« Mais quoi ? Il faudrait fermer les yeux et continuer à voir des gamins mourir sur l’autoroute »
Pour l’instant, on n’a heureusement pas vu de mineurs morts sur l’autoroute, à part les victimes quotidiennes des accidents de voiture… Mais Cédric tient bon, et transforme ce procès en tribune. Il encourt 5 ans de prison et 30 000 euros d’amende pour « aide à l’entrée et au séjour irréguliers ». Il est vrai qu’avec la politique irresponsable de nos dirigeants, les citoyens ne savent plus trop ce qu’il faut faire. Du côté des écolos, on applaudit : Cécile Duflot estime que ceux qui aident les migrants « doivent être remerciés, pas condamnés ».
Vous avez dit « responsables » ?