La plantureuse Annick Girardin est souriante. Il y a de quoi : son ministère et ses administrés nagent en plein Noël. Le cadeau préélectoral du jour, c’est l’annonce de la construction de 600 logements flambant neufs (on rajoute flambant neufs parce que ça fait encore plus fort) pour les employés les plus modestes de la fonction publique d’État. Car la vie en Île-de-France n’est pas donnée, surtout quand on se rapproche de Paris. Quand tu touches un appart de fonction, qui plus est neuf, tu ne peux que voter PS.
Des esprits mal intentionnés diront que les logements iront de toute façon à des fonctionnaires PS. Possible, mais difficile à vérifier. On se doute bien que le policier qui a refusé de serrer la main à Valls et Hollande ne touchera pas son trois pièces cuisine avec vue sur la Tour Eiffel en 2017. En général, en politique, on récompense les gens de son camp, et on punit les autres. Ça tombe bien, le PS est truffé de fonctionnaires de la FPT, la fonction publique territoriale, celle qui a bénéficié de la décentralisation (de Deferre en 1982) et qui a vu ses effectifs carrément doubler depuis 1998.
Pour l’instant, la facture des cadeaux clientélistes de Hollande se chiffre à plus de six milliards d’euros. Simillard, simillard ! Mais 600 Français heureux – un sur cent mille – ça n’a pas de prix. Le plus malheureux du jour, c’est Paul Pogba. À la fin du match contre l’Albanie, gagné sur le fil par les Bleus – les observateurs auront remarqué que beaucoup de matches à l’Euro se gagnent dans les cinq dernières minutes – la pépite tricolore, hors caméra, a fait un geste à base de bras plié et d’avant-bras opposé.
La presse, en mal de scandale depuis l’affaire Benzema (qui a fait vendre grave du papier), a sauté sur l’occasion et fabriqué « l’affaire Pogba ». Qui a été défendu par un avocat inattendu : Nicolas Anelka. L’auteur de la quenelle en Angleterre ! Là, ça prend des proportions quasi-terroristes !
Au fait, l’explication de ces buts qui interviennent dans les arrêts de jeu ?
Le money time, comme disent les commentateurs de la NBA. Ce moment où tout se joue, où tout peut basculer, d’un côté ou de l’autre. Le moment, à partir de la 85e minute, où une équipe peut s’effondrer, parce qu’elle n’a pas les nerfs. Le mental. Mais le mental, c’est quoi ? Pas juste de la méthode Coué, du genre « je suis fort on est forts », mais le sens de la souffrance, qui donne le goût de la victoire. C’est pour ça que les grandes équipes gagnent toujours, statistiquement. Que le Real de Madrid empile les Ligues des Champions.
Mais pourquoi les équipes font-elles presque toujours 0-0 jusqu’à la 85e ?
Parce que les entraînements et les tactiques s’uniformisent, comme s’uniformisent les pays européens. Il n’y a plus grande différence – de jeu – entre la Croatie, l’Allemagne, la France, l’Albanie, alors qu’il y a 30 ans, on pouvait deviner un Allemand à son style bourrin, un Français à sa finesse (et sa naïveté), un Italien à son vice… Les équipes ont depuis entrepris d’éradiquer leurs différences nationales, mais une chose, une chose a résisté au rouleau compresseur de la normalisation : le joueur d’exception.
En politique, on appelle ça l’homme providentiel, et avec l’équipe qu’on a à l’Élysée et Matignon, on sent bien qu’il manque un Zidane. Qui sera le Zidane de la politique française ?
Changement de martyr
Des qui ont failli prendre un carton rouge, ce sont les policiers fascistes qui ont envoyé une grenade de désencerclement dans le dos d’un manifestant, le 14 juin, lors de la manif monstre rassemblant un million de personnes contre la loi Travail à Paris. Lui causant un trou de 5cm de diamètre, qui brûlait devant les témoins horrifiés.
Ça, c’était la version officielle de la presse de gauche anti-flics et de la bande à Taranis News, qui aimerait voir la France en flammes. En réalité, les choses sont moins manichéennes : le manifestant est un jeune homme de nationalité suisse, la manif n’avait rien à voir avec les grandes « Manif pour Tous » de 2013, qui ont dépassé allègrement le demi million de manifestants (pacifiques), et à qui le sinistre Delanoë avait demandé 100 000 euros pour les pelouses massacrées du Champ-de-Mars. À ce tarif, combien Hidalgo va demander aux vrais et faux antifas ?
Mais le pire est à venir : alors que la presse se déchaînait contre les « violences policières », les vidéos de la scène et une enquête de Libé montrent que le projectile, une fusée de détresse, provenait plutôt des rangs des manifestants.
Merde alors, les médias de gauche et les antifas tenaient enfin, après Clément Méric, un nouveau martyr (qui va heureusement mieux) de la Cause, et voilà qu’il part en fumée... Il va falloir provoquer d’autres violences. Du boulot en plus, et pas payé... Eux qui n’aiment pas le travail, ils sont servis.