L’actualité de ce lundi 18 avril est chargée comme un mulet sur un chemin de montagne. Longtemps, les mulets ont aidé les hommes à monter le matériel, la nourriture, sur des hauteurs parfois inaccessibles. Seul un mulet pouvait porter des charges qui auraient tué un homme, sur des sentiers escarpés, pour aller vers des 2 000, des 3 000 mètres. Les refuges alpins sont des modèles de solidité et d’utilité. Aujourd’hui, les mulets ont été remplacés par les 4x4 et les hélicos, mais ils ont fait leur part dans la France.
Le Système au secours de Finkielkraut
Une fille bien roulée qui se balade en mini-jupe dans une cité, on sait tous que c’est risqué. On ne cautionne pas, on admet que c’est pas normal qu’elle ne puisse pas s’habiller comme elle veut en France (si objectivement elle n’est pas à poil). Eh bien Finkielkraut qui traverse la place de la République pour aller humer la Nuit Debout, c’est un peu la même chose : il s’expose.
On ne cautionne pas les propos violents, même s’il n’y a pas eu mort d’homme. On peut aussi rétorquer que ses violentes prises de position à l’encontre de ses anciens « camarades » gauchistes ou des musulmans de France, ont généré une certaine colère, surtout que personne ne peut officiellement lui répondre sur ces sujets. Ces attaques, une majorité de Français les subit depuis des décennies, sans droit de réponse possible. Et quand une poignée de Français lui répondent sur l’Internet, les médias officiels leur étant interdits, ils se font attaquer, amalgamer (avec les nazis ou les terroristes, au choix, fromage ou dessert), criminaliser.
C’est exactement ce qui est arrivé à Wiam Berhouma, lorsqu’elle a apporté la contradiction à Finkielkraut dans l’émission Des Paroles et des actes, diffusée en janvier 2016 sur France 2.
DPDM dans DPDA
Selon le CSA, France 2 aurait dû avertir le téléspectateur de l’engagement politique de ce contradicteur « musulman » (il fallait ça devant un « juif », tu parles d’un plan de table de la rédaction en chef de l’émission). Berhouma est ou a été proche des Indigènes de la République. Et alors ? Finkielkraut est bien proche des milieux sionistes islamophobes de droite, et le CSA ne dit rien ! Mais c’est deux poids deux mesures, nom d’une pipe à Michel Field ! DPDM !
Voilà toute l’injustice de ce jeu truqué à mort : à peine tu effleures l’icône actuelle du Système, que toute la tribu solidaire te tombe dessus. Sur Twitter, tous les représentants du Système y ont été de leur message de soutien au philosophe, ou de condamnation des quasi-terroristes antisémites de la place de la République.
Après enquête, on découvrira qu’il s’agit de Jeunes Communistes. Tiens, les revoilà. À ce propos, sachez que le PC a plus de militants que le PS. Officieusement, 70 000 contre 60 000 à jour de cotisation. Mais les chiffres en ce domaine sont invérifiables, tellement ça triche et tripote les stats, dans les « fédés ».
Conclusion : on n’a pas le droit de chatouiller Finky, mais on peut proférer des menaces de mort à l’encontre de Dieudonné ou de Soral, ou insulter les mal-pensants comme le fait Abel Mestre du matin au soir sur Twitter. De la graine d’Haziza, celui-là ! C’est une provocation acceptable, tolérée, encouragée même. Une honte pour la Justice, dont on se demande comment elle peut encore s’appeler justice.
De manière générale, les Élus ne se cachent plus. Par élus, on n’entend pas les membres plus ou moins avoués du lobby sioniste, détrompez-vous, mais l’élite française décomplexée, qui lâche ses coups pour son profit et contre ses adversaires, le plus souvent désarmés, sachant qu’elle a la justice et les médias avec elle. Fourest et Askolovitch parlent de « saloperie » à l’encontre des Nuit Debout qui ont viré Finky, et ça passe comme une lettre à la poste. Et ils conservent leurs invitations, leurs émissions, leurs prébendes, malgré cette absence de déontologie et de mesure caractérisée. Ne parlons même pas de morale...
Bon, en même temps, ne soyons pas naïfs, ça a toujours été comme ça : au vainqueur le droit, au vaincu les devoirs. On oserait, on dirait qu’on vit encore sous le joug du procès de Nuremberg. Il faut donc, du côté des pauvres, des dominés et des résistants, faire preuve d’un double sang-froid : sang-froid devant la dureté de la situation, et sang-froid devant les agressions et provocations, auxquelles ces catégories brimées ne peuvent répondre, sous peine de répression immédiate. Cependant, l’impunité de nos élites est un piège : ceux qui se laissent aller à insulter les Français, les pauvres, les musulmans, les activistes antisystème, les humoristes couillus, les penseurs non alignés, ceux-là ont été trop loin. Ils ont passé le cap du pardonnable, et les jeunes ne leur pardonneront pas. Quel que soit leur engagement, de droite ou de gauche, ils ont ça dans leur sang, et vu l’horizon socio-économique, certains n’ont plus rien à perdre.
Il se peut qu’un terrorisme réel monte d’en bas, qui ne soit pas contrôlé par la police politique ou le renseignement militaire. Toute situation sociale explosive entraînant mécaniquement un durcissement de l’engagement, une fraction de ces engagés décide de passer à l’action violente. Nous n’en sommes qu’aux prémices. Ceux qui jouent avec le terrorisme pourraient bien se retrouver dans le viseur de vrais terroristes...
La fabrique de l’authentique
Sinon, pour ceux d’en haut, tout a l’air de bien aller, ces profiteurs du Système ne se rendent compte de rien. Ils sont hors-sol, déconnectés de ce qu’on vient d’établir, et ne mesurent pas le déchirement, la distance avec ceux dont le Système profite. Nous avons ainsi déniché un article incroyable sur L’Obs, qui a donné carte blanche à Christine Angot pour tailler une bavette sur la route avec les hommes politiques en lice pour 2017.
Vous avez bien lu : Angot, la femme au style heureusement inimitable, est rémunérée pour des reportages sur les représentants politique du Système. Celle qui écrit comme un pied-bot chronique pour commencer la pré-campagne de celui qui veut refaire le coup de Chirac de 1995. Souvenez-vous : 1993, Chirac est au fond du trou. Balladur l’a trahi, avec Sarkozy dans ses bagages, il se voit président, Le Monde le voit président, les élites le voient président, et pendant ce temps, Chirac bat la campagne, bouffe du pâté avec les ploucs, des pommes avec les maraîchers, de la bidoche avec les chevillards… Il invente un genre, ça devient un mythe, le Chirac bouche pleine, un verre de pinard à la main, capable d’enfourner deux têtes de veau au Petit Bougnat (Paris XVIIe), de flatter la croupe d’une cularde charolaise ou d’une journaliste du Figaro.
Aujourd’hui, c’est devenu banal, un must, un passage obligatoire, une figure imposée. Adieu spontanéité, adieu naturel, Bruno Le Maire est bien gentil, il a été un bon ministre de l’Agriculture, mais tout ça sent le réchauffé, l’artificiel, le fabriqué… Quand les « Français » en question qui rencontrent le candidat à la présidentielle ne sont pas eux-mêmes des militants de son parti… L’essentiel étant l’image que tout cela produit dans les médias, la proximité, la sympathie, l’honnêteté... Un pipeau intégral monté pour camoufler les ambitions personnelles dévorantes, qui justifient tout. On est toujours pris d’un sentiment de pitié quand on voit des sans-dents gober les salades de carnassiers.
Un carnassier qui est tout sauf naïf, c’est bien François le Premier, qui sera probablement le dernier de sa lignée. Notre chef bien-aimé, nanti de ses 14% de popularité, est parti samedi pour quatre jours de détente au Liban, en Égypte et en Jordanie, pour une tournée pas vraiment triomphale au Proche-Orient. N’est pas Chirac qui veut (qui avait adoubé Hassan Nasrallah à ses débuts), et encore moins De Gaulle. Il sera accompagné de Droopy, alias Jean-Yves Le Drian, et de la pimentée Audrey Azoulay, qui fait office de ministre des Affaires étrangères. Quant à Ayrault, il a dû rester à la maison garder les enfants. Mais c’est toujours mieux que la catastrophe Fabius. Ah, les secrets d’alcôve de la Ve République…
Le pays des pharaons et celui du cèdre nous achètent des armes, mais avec de l’argent saoudien. C’est toujours ça de pris aux Américains. Ce lundi, notre saoudien de président est toujours l’invité d’al-Sissi, très proche des Saoudiens lui aussi : difficile de cracher sur 30 milliards de dollars. Et voilà comment le petit royaume hachémite se paye la diplomatie française et le gendarme égyptien, au cœur de l’action.
Sissi bosse pour l’axe israélo-américain, et ses armes vont servir en Libye. Elles ont déjà servi, d’ailleurs : l’aviation égyptienne a bombardé les djihadistes à Derna et à Syrte, en février 2015, à l’est du pays (près de l’Égypte, donc), suite au massacre de 21 coptes par Daech.
La déstabilisation libyenne a du bon, pour les marchands d’armes. On se souvient que Basil Zaharoff, le grand marchand de mort de la fin du XIXe siècle, jouait sur les conflits frontaliers pour vendre la came de Vickers, le groupe anglais soutenu par les grandes banques d’affaires, dont Rothschild. Il a ainsi réussi à doubler, voire tripler son chiffre d’affaires en vendant de l’artillerie aux Turcs, de la marine de guerre aux Russes, et des sous-marins aux Grecs.
Curieusement, en 2016, cette région est toujours instable, et fait la joie des multinationales de la guerre. Le conflit russo-turc, à l’origine du réveil du volcan du Haut-Karabagh, nous replonge deux siècles en arrière. Les Turcs, qui ont été utilisés par l’Empire pour déstabiliser la Syrie, seront-ils sacrifiés sur l’autel des intérêts du même Empire ? Dieu le dira.