Mr. Robot , qui passe sur France 2 ce soir, c’est la dernière série de folie du moment, sur laquelle il faut s’extasier. L’Obs est dithyrambique :
À la fois friandise pour geeks complotistes et pour fans de séquences commando à la « Mission : impossible », mais aussi brûlot antilibéral qui revigorera les endeuillés d’Occupy Wall Street, critique implacable d’une société aussi avide que déréalisée et, surtout, immersion dans les eaux profondes de la folie sur les pas d’Elliot, « Mr. Robot » n’est jamais aussi passionnante que lorsqu’elle oublie un peu le cyberterrorisme pour mieux nous faire vivre, de l’intérieur, l’expérience d’une psyché alternative.
Ça, c’est de la critique !
Pff, nous aussi, si on avait les salaires des 180 (moins 40) journalistes de L’Obs, on pourrait s’acheter de la cocaïne (voir Narcos, sur Netflix) et écrire aussi bien, c’est pas juste. Le reste du papier est aussi confus qu’un marché à Bagdad après une voiture explosive, ça rééquilibre un peu. Nous, c’est moins flamboyant, mais plus profond tout de même. Mr. Robot serait donc addictif, parce que transgressif et compagnie. On remarque que le complotisme, quand il vient de la machine de propagande de l’Empire, c’est génial et branché. Mais quand ça remonte des tréfonds glauques de l’Internet français, c’est dangereux, fachosphérique, le mal absolu, éloignez les enfants. Deux poids, deux mesures.
Autre illustration, le succès de la série des 5 Jason Bourne (moins l’épisode 4, sans Matt Damon). On y parle tout simplement du projet MK, transformé en « Threadstone » dans la fiction, par l’écrivain Robert Ludlum, spécialiste des scénars tordus. Cette faculté incroyable qu’ont les Américains de recycler leurs saloperies… de les rendre acceptables. Jason Bourne fait le tour de la terre, tant mieux pour la production (Universal), mais jamais, au grand jamais, dans nos médias mainstream, on ne verra un travail sérieux sur MK-Ultra, et ses descendants... contemporains. Les enfants, comprenez-nous bien, le complotisme, c’est à la télé et au cinéma, pas en vrai ! Chez nous, les manipulations n’existent pas. Pourtant, on en voit tous les jours.
Récemment, Yassine Bellatar, le petit présentateur TV de France 4 devenu humoriste en scène, a été invité par le cercle des conseillers (pour la réélection) du président Hollande.
Le 5 septembre étaient attablés, dans un restaurant du 9e arrondissement de Paris, trois proches conseillers du président Hollande : Gaspard Gantzer, responsable de la communication, Vincent Feltesse et Constance Rivière. Autour de la table, également, Julien Dray, l’ami de trente ans du président, et l’humoriste Yassine Bellatar. À l’ordre du jour : la fracture entre la gauche et les banlieues et le vivre-ensemble mis à l’épreuve par les attentats. Des thèmes qui pourraient être au cœur de la campagne du candidat Hollande.
C’est encore dans les Indiscrets du Point, et ce coup-ci, c’est Didier Porte, sur Mediapart, qui médiatise la chose :
Pour ceux qui connaissent Bellatar, Hollande, monsieur 250 Morts, et Dray, monsieur SOS Sionisme, ont encore tapé dans le mille. Dans le mille choux. Car Bellatar, qui remplit ses salles avec son spectacle communautariste, dans la lignée du Jamel Comedy Club, a à peu près autant d’influence sur le vote immigré que Frédéric Haziza sur l’histoire des idées. À propos, la manip « Jamel », montée par la paire Hollande/Lacharrière, ayant lamentablement échoué – le comédien voulait que les enfants des écoles fassent du théâtre d’impro – le pouvoir se rabat sur le premier sous-Jamel qui passe en mal de notoriété.
- Constance est au milieu, en robe de soie rouge
C’est certain que ça aurait été plus compliqué avec Bassem Braïki. Imaginez Bassem, le monsieur Gros Mots du Net, avec Constance Rivière, la trenta « chargée de la culture et de la citoyenneté » du président… Le choc thermo-citoyen majeur !
Quant à Didier Porte, qui donne des leçons d’intégrité à Bellatar, « tu ne peux pas te mettre au service du pouvoir », il ne doit pas oublier que Mediapart doit tout au président, en termes d’infos, de dossiers, d’enquêtes. Edwy Plenel est le petit artilleur de François Hollande, qui utilise l’obusier Mediapart pour bombarder anonymement ses ennemis internes et externes.
Tout cela nous amène à la polémique du jour, l’étude controversée de l’institut Montaigne (le think tank du grand capitalisme français qui a financé une étude de… Gilles Kepel sur les émeutes d’octobre 2005 dans les banlieues) sur les musulmans de France, selon laquelle un tiers de ceux-ci placeraient la loi coranique, dite aussi charria, au-dessus des lois de la République. C’est RTL qui a allumé la mèche, le 18 septembre 2016, avec ces chiffres terrifiants.
L’identitosphère se chargera de transformer ces chiffres (5,6% de musulmans en France) en autant de bombes nucléaires prêtes à péter à la gueule des bons Français. Tout ça après le lancement de la mine Zemmour anti-islam… Y aurait agenda (sioniste) que ça nous étonnerait pas ! Sinon, il était temps qu’on ait des chiffres moins flous sur la population française musulmane. Pas pour mettre deux ou trois millions d’entre eux dans des camps, juste pour arrêter les inflations/déflations arithmétiques à visée électoraliste de tous les côtés : très à droite, on exagère les chiffres et le danger, et à gauche, on minimise tout ce qui pourrait heurter ceux qui doivent réélire Hollande en 2017... si Valls ne leur rentre pas dans le chou avant. La vie politique française paralyse bien des choses.